NOTES SUR LE LANGAGE Notre langue française contrairement aux autres langues (anciennes ou modernes) se distingue dans la construction d’une phrase. Le sens commun de la grammaire nomme tout d’abord dans une phrase, le sujet, le verbe, et le complément. Le français ne se corrompt pas ! tout ce qui n’est pas intelligible n’est pas français ! Les poètes et les littérateurs brûlant de leur passion pour l’écriture, embrasés dans leur déterminisme à retranscrire leurs émotions ont choisi de renier la structure initiale plutôt que de donner raison à la raison. Comment peut-on émettre une telle pensée ? Un auteur raisonnable, cela n’est pas concevable ! Les chefs-d’œuvre n’existeraient pas ! Georges Sand, Molière, Francis Jammes, victor Hugo Jean de La Fontaine… non plus ! Ces faiseurs de mots, ces êtres épris de notre belle langue ont usé de pétulance et de désinvolture en adoptant des tournures différentes, des inversions outrecuidantes, des syntaxes plus ou moins audacieuses. Ils se sont fourvoyés pour notre plus grand plaisir dans la mélopée en bravant tous les obstacles afin de mieux faire rejaillir leur pensée. Il nous font comprendre que la passion gouverne tout ! A force de contrastes, de variations, de courbes, d’harmonie et de style, ils nous livrent l’état dans lequel ils se trouvaient au moment où ils composaient leurs partitions. Ils se sont inscrits sans le savoir et pour l’éternité dans le monde verbal. Ces artistes ont pris une place considérable en perpétuant un langage dans le langage. Des milliers de citations, de fragments de textes, de poésies, de lettres sous toutes formes d’écritures demeurent notre patrimoine littéraire. Un texte est une véritable partition de musique. Le comédien doit suivre inéluctablement sans fausse note la mélodie que nous joue le poète. Comme si c’était son dernier rôle, à l’instar d’un virtuose, son instrument (voix) doit virevolter en respectant la mélodique expressive, les pauses, le rythme, l’inflexion, la cadence et dépeindre la pensée exacte de l’auteur. Le plaisir que vous éprouvez à restituer un texte gonflera le cœur des spectateurs qui ne se contentent pas très souvent de voir et d’entendre de bons comédiens mais recherchent à capter des personnages ineffables, exceptionnels, immortels. Le spectateur s’identifiera toujours à un véritable interprète et aura tendance à railler les théâtreux. Si je vous parle de la structure d’un texte, de la construction d’une phrase c’est pour vous faire comprendre l’impact des mots placés à tel ou tel endroit, en début ou en fin de phrase selon l’effet que l’on veut donner. Le talent d’un écrivain est sans conteste le style. Le talent d’un comédien est sans conteste sa singulière interprétation. Si je vous parle de tout cela c’est pour mieux aborder l’étape suivante et entrer un peu plus dans la décomposition d’un texte : 1 Un texte est logique s’il est chargé de sens, c’est pour cette raison que je vous demande de vous rapprocher au plus près encore des mots sur le papier car je souhaiterais que vous jongliez avec eux et que vos balles à aucun moment ne tombent, je veux les voir se heurter, s’entrechoquer, tinter, claquer, virevolter mais jamais tomber ! Sans rythme, sans mesure votre phrase peut paraître insignifiante et absurde. Un texte s’explore, s’exploite et dépend de la phonétique, de la sémantique, de la syntaxe, de la logique, de la rhétorique, de la métrique, de la prosodie et de l’étymologie. Imprégnez-vous bien de tout cela ! J’espère avoir trouvé les mots, je souhaite qu’ils résonnent en vous, qu’un déclic se produise et que peu à peu, ces quelques lignes prennent une place importante dans votre interprétation. Martine Amsili 2 Vers : n.m. Assemblage de mots mesurés et rythmés selon certaines règles fixées. Alexandrin : n.m. Vers de douze syllabes. L'alexandrin date du début du XIIe siècle. Son nom qui lui a été donné qu’au XVe siècle, est dû à un poème en vers de douze syllabes sur Alexandre le Grand écrit par un anonyme( le roman d’Alexandre) qui parut à la fin du XIIe siècle et connut un vif succès. Au XIIIe s, il est utilisé dans les discours majestueux, les chansons de geste remaniées puis il tombe dans l’oubli. Il ne reparaît vraiment que dans la deuxième moitié du XVIe siècle. L'alexandrin classique est divisé en deux groupes de six syllabes, appelés Erreur! Signet non défini.. Syllabe : n.f. Unité phonétique, son composé de consonnes et de voyelles que l’on prononce d’une seule émission de voix. Hémistiche : n.m. Demi-vers ou mesure(six syllabes ou pieds) de même longueur. Césure : n.f. Coupe principale dans un vers, cependant la césure s’impose selon le texte. Diérèse : n.f. (ou diphtongue) : n.f. Syllabe formée de la combinaison de deux voyelles qui prononcées d’une seule émission de voix, se détachent et font entendre deux sons : inqui-étude, Di-eu, ri-en, mélodi-eux, affliction etc… Synérèse : n.f. 3 Par opposition à la diérèse, la synérèse est la prononciation d’une seule émission de voix de deux voyelles. On fait une synérèse quand on prononce le mot in-quié-tu-de et une diérèse quand on prononce le mot : in-qui-é-tu-de. Rejet : n m. Bref groupe de mots qui complète un groupe syntaxique placé au vers précédent. Exemple : Est-il vrai que parfois le triste coeur d'Agathe Dise: Loin des remords, des crimes, des douleurs...Baudelaire) Contre-rejet : n.m Mot qui amorce une phrase qui se prolonge dans le vers suivant. Le contre-rejet (comme le rejet) permet de mettre en relief un mot de valeur, une idée, quelque chose de fondamental. J'ai vu des archipels sidéraux ! et des îles Dont les cieux délirants sont ouverts au vogueur. (Rimbaud) Accent tonique : n. m. Dans un vers, certaines syllabes sont plus accentuées que les autres. C'est ce qui crée le rythme. Placer les accents permet ensuite de placer les coupes (la césure en particulier) et de mesurer le rythme. On représente l'accent ainsi: ' (dans l'exemple ci-dessous, les syllabes accentuées sont en gras) ex: En vain / sur les autels // ma main / brûlait l'encens (Racine) Prose : n.f Nom féminin, du latin prosa, de prosa (oratio), «discours qui va en droite ligne». Forme du discours écrit qui n'est pas soumise aux règles de la poésie formelle ; tout discours oral spontané. Écrire en prose. Protase : n.f Dans l'analyse d'une phrase musicale, la protase désigne la première partie de la phrase, généralement une intonation montante, suivie d'une acmé puis d’une apodose. 4 Apodose : n.f Dans l'analyse musicale d’une phrase, l’apodose désigne la deuxième partie de la phrase. Elle est d'intonation inverse à la protase. si la voix monte dans la protase, elle descendra dans l'apodose. Acmé : n.f Dans l'analyse musicale d'une phrase, l'acmé représente le point culminant de l'intonation entre la protase et l' apodose. Exemple : 5