Peu après, François Mitterrand participe au gouvernement des secrétaires généraux voulu par le
général de Gaulle avant l'installation du gouvernement provisoire à Paris.
Invité à « plancher » devant l'atelier « L'Abbé Grégoire », affilié à la loge maçonnique Grande Loge de
France (GLF), il est expulsé manu militari à la demande de Jean Pierre-Bloch, qui ne peut tolérer la
présence d'une personne décorée de la Francisque dans une loge[13].
Le 27 octobre 1944, il épouse Danielle Gouze.
En 1945, François Mitterrand et André Bettencourt apportent un témoignage en faveur du fondateur
du groupe L'Oréal, mais aussi collaborateur et ancien financier de la Cagoule, Eugène Schueller[14].
François Mitterrand est alors (brièvement) engagé comme président-directeur général des Éditions du
Rond-Point (et directeur du magazine Votre Beauté) appartenant au groupe fondé par Schueller [15].
En février 1946, François Mitterrand adhère à l’Union démocratique et socialiste de la Résistance
(UDSR), qu'il préside ensuite de 1953 à 1965 et qui lui offre un premier laboratoire politique[16].
Le 10 novembre 1946, François Mitterrand est élu député de la Nièvre à la tête d'une liste « Unité et
action républicaine », au programme anticommuniste.
En 1949, il est élu conseiller général du Canton de Montsauche-les-Settons. Il est réélu en 1955, 1961,
1967 et 1973.
En 1947 François Mitterrand devient l'un des plus jeunes ministres de France [17] avec le portefeuille
des Anciens Combattants dans le gouvernement du socialiste Paul Ramadier. Dans les années qui
suivent, il détient plusieurs portefeuilles ministériels, dont ceux de l'Information, de la France d'outre-
mer, et le ministère délégué au Conseil de l'Europe.
En mai 1948, parmi 800 délégués (dont Konrad Adenauer, Léon Blum, Winston Churchill, Harold
Macmillan, Paul-Henri Spaak et Altiero Spinelli), il participe au Congrès de la Haye, à l'origine du
Mouvement européen, auquel il adhère[18].
En 1950, René Pleven le nomme ministre de l'outre-mer. Il est partisan de l'instauration d'une union
franco-africaine où les territoires d'outre-mer jouiraient d'une autonomie négociée et librement
consentie et s'efforce d'améliorer le sort des Africains, encore soumis à un régime très dur. Il est alors
traité de « bradeur d'empire » : il s'attire dès cette époque une vive hostilité de la part des colons et du
RPF, le parti gaulliste de l'époque, qui s'exprime notamment par la voix de Jacques Foccart, Édouard
Frédéric-Dupont et Maurice Bayrou[19]. Il participe aux négociations entamées par René Pleven pour
légaliser le Rassemblement démocratique africain et apparenter les députés RDA à l'UDSR. Afin de
consolider cette politique libérale, « François Mitterrand relève le gouverneur Laurent Péchoux, qui
avait été nommé par son prédécesseur Paul Coste-Floret pour démanteler le RDA. François Mitterrand
s'aliène alors le MRP[20]. »
En août 1951, le Mouvement républicain populaire obtient de René Pleven que François Mitterrand
quitte le ministère de l'Outre-Mer. Ne faisant plus partie du gouvernement, François Mitterrand
devient président du groupe parlementaire et renforce son influence sur l'UDSR, et obtient l'élection,
au poste de secrétaire général, d'un ses partisans, Joseph Perrin. Pour autant, il reste loyal à René
Pleven, resté président du Conseil[21].
En 1952, François Mitterrand devient Ministre d'État sous le gouvernement d'Edgar Faure. Il prend en
charge le dossier tunisien et esquisse un plan d'autonomie interne. Mais le gouvernement Faure est
renversé six semaines seulement après sa formation. Les libéraux en matière coloniale (c'est-à-dire
ceux qui refusent la répression systématique, et prônent l'égalité des droits entre colons et colonisés,
puis l'autonomie, voire l'indépendance si elle est réclamée avec force par la population et un
interlocuteur crédible) sont provisoirement écartés du pouvoir[22].
Après la formation du gouvernement d'Antoine Pinay, François Mitterrand critique la participation
systématique de l'UDSR aux gouvernements et demande un recentrage à gauche. Il dénonce à