Intervention - jeudi 11 novembre 2010 - Caudebec–en-Caux

Seul le prononcé fait foi.
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Intervention - vendredi 11 novembre 2011
Commémoration du 11 novembre 1918.
Armistice de la Première Guerre mondiale.
Mesdames et Messieurs les Maires,
Mesdames et Messieurs les élus,
[Monsieur le Président du Souvenir français,]
Messieurs les Présidents d’associations d’Anciens combattants, de Déportés et
Victimes de guerre,
Messieurs les Porte-drapeaux,
Mesdames et Messieurs les représentants des autorités civiles et militaires,
Mesdames et Messieurs les représentants du corps enseignant,
Cher(e)s élèves et membres du CMJ
Mesdames, Messieurs, chers amis,
Monsieur Christophe Bouillon, Député, et Madame Martine Blondel,
Conseillère générale, ont le regret de vous faire part de leur absence en cette
matinée et vous prie de bien vouloir les en excuser.
3 août 1914, l’Allemagne déclare la guerre à la France !
Le jeu en cascade des alliances et la participation des Empires coloniaux
mondialisent rapidement un conflit né des différents européens.
Seul le prononcé fait foi.
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Saignées humaines sans précédent, les tranchées boueuses massacrent deux
millions d’Allemands et un million et demi de Français.
Les anciens combattants, dans toute l’Europe, sont légions. Immortalisés en
Joueurs de Skat
par Otto Dix au sortir des hostilités, ces mutilés ne sont plus
que l’ombre des jeunes hommes qui prirent les armes de 1914 à 1918.
Amputée à jamais de 3,4 % de son peuple, la France vit quatre années de
privations, de souffrance et de larmes.
Rassemblés face à ce
Monument de la Victoire
, nous rendons hommage, en ce
jour, aux hommes qui donnèrent leur vie au front mais aussi à ceux qui en
revinrent profondément meurtris.
En ce 11 Novembre, nous rendons hommage aux femmes, aux enfants qui
prirent leur relais, aux champs, dans les usines. Aux veuves et orphelins qui
virent leur existence entaillée par tant de pertes humaines.
Aujourd’hui, nous rendons hommage à l’ensemble des Françaises et des
Français qui endurèrent une guerre, pour la première fois, totale.
Une guerre totale, militaire certes, mais mobilisant l’ensemble des énergies.
Gouvernement d’Union nationale, participation coloniale et économie de
guerre… Aucune personne, aucun secteur n’échappa au conflit.
Seul le prononcé fait foi.
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La mutation de l’économie française en économie de guerre s’effectua au prix
d’efforts financiers inouïs.
Tant et si bien qu’en 1917, Louis Klotz, ministre des finances de Georges
Clemenceau, entreprit de persuader le Tigre de contracter un crédit auprès
des Etats-Unis. Georges Clémenceau s’exprimera en ces termes devant son
ministre : « l’Allemagne paiera. » Certain de la victoire et refusant ainsi une
aide financière américaine.
L’armistice signé à Rethondes le 11 novembre 1918, les belligérants victorieux
s’accordèrent unilatéralement au sujet des sanctions à infliger à l’Allemagne.
Au président américain, Woodrow Wilson, qui trouvait celles-ci trop
exigeantes, Georges Clemenceau rétorqua : « l’Allemagne paiera. »
Le 28 juin 1919, le Traide Versailles est signé dans la galerie des Glaces du
château du même nom. Ce traité oblige l’Allemagne :
A la reconnaissance de sa responsabilité dans l’entrée en guerre,
A la perte de 13 % de son territoire et de 10 % de sa population,
A la démilitarisation et à l’occupation de la Ruhr et de la Sarre,
A limitation de son armée à 100 000 hommes,
A cela vient s’ajouter le versement de 25 milliards de marks-or au titre des
réparations, une somme colossale.
Seul le prononcé fait foi.
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Humiliant, vexatoire, unilatéral, ce traité devait parachevé la Der des ders et
être père de paix en Europe. Au contraire, Il portait en lui les germes d’une
période trouble et d’un conflit à venir.
Qualifié de diktat outre-Rhin, il assomma la jeune République de Weimar, la
condamna au marasme économique et social et nourrit les discours nazis des
années 1920 et 1930.
Dans le même temps, les Etats-Unis autrefois débiteurs devenaient créditeurs
d’une l’Europe vieille, usée et fatiguée et lui ravissaient la place de première
puissance économique mondiale.
Aujourd’hui.
A l’heure la crise de la dette a déjà fait chuter plusieurs gouvernements et
met en difficulté de nombreux Etats européens,
A l’heure le prix du crédit fixé par les marchés financiers dépasse
l’entendement et contraint les peuples grecs, italiens, français… à une cure
d’austérité redoutable,
A l’heure où les agences de notations voudraient avoir le dessus des peuples et
des démocraties,
A l’heure où le président du fonds souverain chinois « pense que les lois sociales
sont obsolètes » et prône le démantèlement de celles-ci comme condition
l’obtention d’un prêt,
Seul le prononcé fait foi.
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A l’heure ou l’Europe est en proie aux incertitudes, il faut se souvenir de notre
histoire en rappelant que ce n’est ni l’humiliation, ni la vexation, ni
l’unilatéralisme qui doivent s’imposer aux peuples européens.
La Grèce paiera !
L’Italie paiera !
L’Espagne paiera !
La France paiera ! Et la liste pourrait être longue
Certes, les temps à venir sont troubles et nous sommes inquiets. Mais, forte des
enseignements du Diktat infligé à l’Allemagne, l’Europe ne peut se contenter
d’un Diktat financier privant les Etats d’une partie de leur souveraineté et les
peuples de l’usage de la démocratie.
L’Europe et les pays membres doivent faire preuve de réalisme, de solidari
et d’ambition pour surmonter cette épreuve et poursuivre la construction d’un
espace souverain, juste et pacifié. Le risque, c’est la montée des extrêmes qui
pourrait mettre à mal nos démocraties.
Clore une guerre s’avère chose plus aisée qu’édifier la paix. Nos aïeux en furent
témoins.
Sauver les Etats en asphyxiant leurs peuples est plus aisé que les aider
fraternellement en bâtissant un avenir commun. C’est pourtant ce dont les
Français et les Européens ont besoin.
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