IEP 1ère Année
Introduction aux systèmes politiques / Darras
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Introduction : l’approche scientifiques des phénomènes politiques ; définitions.
1 système = 1 modélisation.
Système politique :
EASTON : « est défini par l’ensemble des interactions par lesquelles les objets de valeurs sont répartis par voie
d’autorité dans une société. »
Intérêts :
- Comparaison avec un modèle
- Intégrer la fonction interne et l’environnement externe
- La rétroaction (feedback loop)
- Prendre en considération les effets de système ou « effets de composition » (Boudon), effets pervers.
- Consensus + ou nécessaire autour de l’idée même de système.
Limites :
- notion peu pertinente pour comprendre les crises.
- Analyse ahistorique, approche synchronique (plus qu’achronique).
- Approche systémique explique souvent comment mais pas pourquoi ça marche.
- Glorification à outrance du système politique.
- Dérives comparatistes des systèmes politiques (écueil de l’ethnocentrisme)
- Caractéristiques conservatrices :
Organicisme : stigmatisation d’une approche trop systémique.
Terme de politique :
Polysémie : GB polity (institutions), policy (politique publique), politics (compétition).
Un problème politique = socialement labellisé comme tel par société. Elevé à ce rang par ceux qui sont intéressés par la
labélisation du problème.
WEBER dans Economie et société : l’Etat n’a pas de fonction politique. Ses pouvoirs diffère selon les sociétés.
Action sociale : « Une action sociale est orientée politiquement lorsqu’elle a pour objet d’influencer la direction d’un
mouvement politique, en particulier l’appropriation, l’expropriation, la redistribution ou l’affectation des pouvoirs
dictatoriaux. »
Puissance : signifie « toute chance de faire triompher au sein d’une relation sociale sa propre volon ». Relation
asymétrique.
Domination : « la chance, pour des ordres spécifiques, de trouver obéissance de la part d’un groupe déterminé
d’individus » ; ordre au sens d’injonction ; structure, agencement objectif et stable de la relation sociale. Permet
entretenir l’intérêt vital des dominants.
Pouvoir politique : s’impose à tous sur un territoire et une population déterminés.
Dernier recours du politique : la contrainte physique légitimée.
Pourquoi obéit-on ? Crainte, peur, tradition, croyance, en validité d’une injonction. Etant socialisés, on apprend à obéir,
habitude (conditionnement). + attente d’un avantage en retour.
Pouvoir politique veut rendre tolérable et désirable la domination. Vécue comme nécessaire.
Dominants = mystifiés. Relation pouvoir / savoir. Pouvoir doit assurer l’unité du groupe. Permet de transformer
des rapports de force en rapport de sens. Il est le support de la force. Derrière lui il y a la contrainte physique. Relation
impersonnelle et institutionnalisée. Tant qu’il y a monopole de cette contrainte légitime, l’Etat perdure.
Sera qualifié de groupement de domination politique politischer Verban »)celui dont « l’existence et la validité
des ses règlements sont garantis à l’intérieur d’un territoire géographique déterminable par l’application et la menace
d’une contrainte physique de la part de la direction administrative ». Sous sa forme moderne emblématique moderne
l’Etat : «une entreprise politique de caractère institutionnel, dont la direction administrative revendique avec succès dans
l’application des règles le monopole des contrainte physique légitime » Weber.
Weber : typologie analytique et idéal-typique.
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3 types de dominations légitimes :
légale rationnelle ou statutaire : croyance en légali des directives donnés par ceux appelés à exercer
domination. Le droit est la fois le cadre et le vecteur du pouvoir. Domination propre à l’Etat moderne.
traditionnelle : croyance quotidienne en sainteté de tradition atemporelle et en la légitimité de ceux appelés à
l’exercer.
charismatique : soumission extraordinaire au caractère sacré, héroïque ou à la valeur exceptionnelle d’une
personne. Mode de domination provisoire, de transition, elle ne peut se pérenniser sous sa forme originelle, elle est vouée à
se transformer ou à se « routiniser ». C’est la domination des crises. Fonction du crédit que les masses lui accordent.
Homme providentiel. Elle cède la place à une autre domination.
1ère partie : SOCIOLOGIE HISTORIQUE DES SYSTEMES POLITIQUES
CHAPITRE I - LA POLITIQUE DES SOCIETE DE L’ORALITE
SECTION I - La division du travail social et l’émergence d’un centre politique
A - Les solidarités mécaniques et organiques(Tönnies, Weber, Durkheim)
1. Sociétés traditionnelles : pas ou peu institutionnalisées, monopolisation
insuffisante de la violence physique.
On y distingue : Solidarité mécanique : société traditionnelle, stable, pas de mobilité spatiale et sociale, autosubsistance,
contrôle social est assuré, c’est « l’éternel hier ».. (Durkheim)
Solidarité organique : différenciation croissante où il y a complémentarité et émergence d’un centre du
pouvoir en charge de coordonner, unifier, parce qu’il faut organiser la division du travail. (Durkheim).
Tönnies, quant à lui, fait la distinction entre Gemeinschaft et Gesellschaft.
Gemeinschaft : ensemble d’individus unis par des liens durables, à la fois affectifs et non volontaires : Ceux du
village ou de la corporation professionnelle, ceux de la famille ou du groupe ethnoculturel.
Gesellschaft : Association d’individus fondée sur une participation volontaire, et tournée vers une utilité
commune.
B - Les visions du monde trifonctionnelles des indo-européens(Dumézil)
3 ordres immuables ds nos sociétés : - ceux qui prient religieux
- ceux qui combattentguerriers
- ceux qui travaillentpaysans
La découverte du capitalisme entraîne une nouvelle division du travail.
SECTION II - Les quatre invariants de
l’anthropologie politique
: les menaces de désordre ou
les conditions d’émergence d’un chef
A - Il n’existe aucune société où les règles soient automatiquement respectées .
Occasions de conflits nombreuses, nombreuses interdictions, leur transgression entraîne l’exclusion et la mort.
B - Toute société est segmentée. (présence de clans).
Du fait de l’impératif d’exogamie (P. Clastres)
C - Il n’existe pas de sociétés égalitaires.
Le groupe politique est un groupe poly-segmentaire. Il y a toujours un groupe qui bénéficie des rapports sociaux.
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D - toutes les sociétés doivent faire face aux sociétés voisines, aux périodes d’incertitude ou
de catastrophes naturelles…
Nécessité d’une force unifiante qui va prendre en charge l’ensemble des problèmes. Pour P.Clastres : « le pouvoir politique
est une nécessité inhérente à la vie sociale. On peut penser le politique sans la violence, on ne peut penser le social sans
le politique. En d’autres termes, il n’y a pas de société sans pouvoir, cette force unifiante possiblement provisoire. »
SECTION III - L’extraordinaire diversité des formes politiques
primitives
.
A - Des sociétés de l’anarchie ordonnée aux Empires africains.
Dans les sociétés de l’oralité, hiérarchie des normes règles non écrites ms très efficaces. Sociétés primitives sont
moins enclin au changement. On considérait que s’il n’y avait pas de trace d’écriture, alors il n’y avait pas d’histoire : c’est
faux ; il existe des formes sociales et politiques très variées :
1. La variété des systèmes kachins des hautes terres de Birmanie étudiées par
Edmund Leach.
Les Kachins parlent le Jigh paw, même langue mais deux modes d’organisation distincts :
-GUMLAO
Organisation patriarcale avec un système de résidence patrilocal. C’est un système aristocratique hiérarchisé et
héréditaire. Les anthropologues l’ont baptisé le système Kachin. La structure particulière de ce système est liée à leur
appropriation du sol : vivant de culture sur brûlis, ils sont contraints de vivre en petite communauté avec une chefferie de
type héréditaire ; contrainte de menace physique avec protection en échange. Leur société est divisée en 4 classes : prince,
aristocrates, peuples et esclaves. Autorités judiciaires composés d’un conseil des chefs.
-GUMSA
Modèle égalitaire et mocratique où chaque village est indépendant politiquement. Aucun village n’est supérieur à
l’autre : propre rituel, pas de distinction de sang, très social, pas de tribut à payer. Autorités judiciaires composés d’un
conseil des anciens
Les 2 modes, selon Leach, peuvent se succéder ou se juxtaposer. Mais les mythes et rituels st quasi les mêmes.
Conclusion de Leach : derrière des différences phénoménologiques, il existe des liens. Théorie cyclique du
changement social : on peut passer du type gumsa à gumlao mais il y aura toujours un retour au mode gumsa. Le mode
Gumsa incite à la rébellion et instaure un ordre temporaire Gumlao qui ne peut lui traiter sur un pied d’égalité les lignages
qui le compose, théorie cyclique du changement social.
2. L’Etat du Rwanda pré-colonial étudié par Jacques Maquet
2 ethnies :
- les Hutus (80% de la population et qui sont essentiellement des paysans).
- les Tutsis (20% de la population et qui sont des pasteurs et des guerriers sédentaires).
Distinction par leurs vêtements, leur apparence physique…
Situation initiale : Au XVIème, il s’agissait d’une société sans écriture qui était homogène et sans différenciation
de classe car souvent pas de propriété. La société était fondé sur l’unité politique et linguistique, le Roi et l’armée levant les
impôts et faisant régner l’ordre. Jusqu’au XIXème, histoire de conquêtes, de luttes dynastiques, de réformes
institutionnelles mais stoppé par la colonisation.
Tutsis : structure sociale très hiérarchisée, ils entretiennent des rapports de type féodal en maintenant sous leur
dépendance le Hutus. Concentration du pouvoir sous un seul seigneur se fait progressivement. La dynastie des Tutsis est les
Mwamis. Tous les gouvernants sont Tutsis et dominent les Hutus. Après l’indépendance, les Tutsis pour retrouver leur
autorité ont opéré des massacres contre les Hutus, ce qui causa de forts exodes de population dans le Rwanda.
3. Les sociétés acéphales ou sociétés de l’anarchie ordonnée : les Nuers du
Soudan étudiés par Evans-Pritchard et la chefferie chez les Indiens d’Amérique
du Sud étudiées par Pierre Clastres.
Les Nuers au Soudan
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Les Nuers st des agriculteurs et éleveurs ; leur société repose sur un mode de filiation patrilinéaire et de classe
d’âge. Ils se déplacent suivant les saisons, la vie est organisé autour du problème de l’eau, mariage, commerce et guerre
entre les tribus. Aucune organisation institutionnelle si ce n’est un chef en peau de léopard. Il règle les litiges mais n’a pas
le monopole : il ne peut pas utiliser la force pour imposer son pouvoir qui n’est pas quelque chose en soi. Ils se rassemblent
tous contre les Dinkas pour faire la guerre. Evans- Pritchard montre qu’il y a du politique en dehors de l’Etat, c’est ce qu’il
appelle « l’anarchie ordonnée ».
Les sociétés amérindiennes
Les Indiens d’Amérique du Sud, production de subsistance, division du travail par sexe. La violence qui existe non
pas d’une classe par rapport à l’autre mais d’un homme sur un autre. Le pouvoir du chef est infini, il répète les mythes, et
parle tout le temps ; supériorité technique mais pas politique, il apaise et persuade. Mais il n’a pas le droit de faire plus car
il pourrait le payer de sa vie. Pour Clastres, « une société est primitive s’il lui fait défaut le roi comme source légitime de
la loi », ils sont « sans foi, sans loi, ni roi ». Les gens de la tribu n’ont aucun devoir envers lui. Si jamais le chef provisoire
se prend au jeu, on l’exécute, ainsi on se prémunit d’un système étatique.
B - Les modes de régulation primitifs : L’opinion publique, les mythes, les rituels.
1. L’opinion publique
Les sociétés sans pouvoir politiques sont régulées par un pouvoir non officiel de l’opinion publique(Lowie)
Dans ces sociétés primitives, l’opinion individuelle n’existe pas ou peufaible division du travail.
La vie collective n’est pas née de la vie individuelle, mais c’est au contraire, la seconde qui est née de la
première . (Durkheim). La place de chacun est déterminée et l’opinion se rattache à de petites sociétés.
Rôle de la parenté est également important ds des sociétés gentilistesfonctionnement p/r à la famille ou rapports
sociaux p /r au sang.
2. La structure des mythes
Ce sont des représentations collectives et croyances représentées dans les mythes réactivés périodiquement par des
rituels en vue de socialisation. Malinowski le définit comme une charte sociale garantissant la forme existante de la
société avec son système de distribution du pouvoir, des privilèges et de la propriété.
Balandier ajoute :
dans les sociétés segmentaires, les seuls gardiens du savoir portant sur le passé, st
généralement les détenteurs du pouvoir ; dans les sociétés étatiques, la conscience historique parait plus vive et
étendue.
Toutes les sociétés humaines vont construire des mythes, il y a équivalence entre l’ordre du cosmos et l’ordre
social. Durkheim et Mauss vont montrer que la place de chacun dans les sociétés archaïques obéit à une logique duale :
Ex :opposition de la Vie et de la mort, de l’homme et de la femme et en même temps complémentarité car nécessité de
l’homme et de la femme ordre mythique rend ici compte de l’ordre social :
On distingue : Ordo rerum (ordre des choses)
Ordo hominum (ordre des homes).
3. Les rites
Les mythes sont réactualisés à travers les rituels.
a) L’échange du don et du contre don :
Les groupes de bénéficiaires dépendent paradoxalement parce qu’ils sont contraints de rendre par contre don, il
permet d’éviter la guerre par lé dépendance des échanges. Il s’agit de la forme archaïque du contrat selon Mauss.
b) La Kula des tribus polynésiennes et de Nouvelle-Guinée.
Personne morale qui pratique le don et le contre don selon Malinowski après on a redéfinit la Kula comme une
organisation politique, car les plus riches sont les plus actifs.
c) Le Potlatch des indiens du Pacifique Nord :
Ensemble de cérémonies marquées par des dons que se font entre eux les groupes sociaux distincts, qui
témoignent, par le nombre ou la valeur de ces dons, d’une rivalité symbolique entre ces groupes. Rituel un chef de clan
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va jeter un défit de don (richesses) il va falloir pour les autres clans répondre au don et celui qui ne peut pas devra se
soumettre à l’autorité du plus riche, ainsi on évite d’avoir recourt à la guerre.
d) Les duels et chants des Inuits :
Leur mode de vie traditionnel est conditionpar la chasse et la pêche. Ils sont complètement acculturés ; mais
l’importance économique de leur territoire a contribué à leur faire prendre conscience de leur identité.
Ils se sont adaptés au temps et à la vie grâce à un système politique et aux innovations. Ils refusent toute forme
d’autorité individuelle et de pouvoir coercitif. C’est un modèle de société acéphale, les conflits sont réglées par le chaman,
on ridiculise l’autre publiquement par le rire.
e) La torture rituelle
On inscrit sur le corps les valeurs du groupe : la douleur est importante. Ex des indiens du Chaco qui se mettent un
os de jaguar dans les parties génitales ou encore les Indiens Mandans qui doivent faire 4 jours de jeûne sans dormir.
L’écriture sur les corps :
Le corps médiatise l’acquisition d’un savoir et ce savoir s’inscrit sur le corps. Il s’agit de créer une cicatrice
ineffaçable qui sera la mémoire du groupe. Pour Clastres, il s’agit de prévenir des abus de Pouvoir et de faire ainsi
dissuasion : « tu n’auras pas le désir du pouvoir, tu n’auras pas le désir de soumission ». Il y a également des rites
d’institutions (Bourdieu) qui servent à marquer le passage de l’enfant à l’homme.
Goffman étudie les « institutions totales » qui cherchent à réduire la sphère privée afin que l’individu se
conforme aux normes du groupe au travers de technique de mortification (utilisation d’un numéro, standardisation de la
vie, déstructuration temporelle et spatiale).
SECTION IV - Des sociétés semi-différenciées
A - La politique en Mésopotamie
1. Les traces d’une civilisation millénaire oubliée
-3200-3800 : invention de l’écriture (-3200). Rayonnement scientifique et culturel, les Sumériens s’installent en
Mésopotamie entre le Tigre et l’Euphrate. 3 grands Dieux : Enlil, Enki et An. Lagash, Kish et Ur st alors les 3 capitales
successives.
-1750 : Babylone s’impose comme capitale, s’effondre et renaît plusieurs fois. Chute en 330 suite par Alexandre
le Grand.
Le Roi le plus connu est Hammourabi ; d’où le code Hammourabi qui fonde principes et sanctions
Eléments : vallée fertile, conditions naturelles favorables, système d’irrigation développé qui est la base du
système monarchique (domination hydraulique). Appropriation de la périphérie par le centre, plus l’idéologie religieuse
particulière, plus la loi du monopole Elias : toute libre concurrence engendre un monopole, une cité veut toujours en
vassaliser une comparable.. Invention de l’écriture va permettre de transmettre les ordres.
Les monarques ne bénéficient pas d’un pouvoir absolu : ils avaient besoin de l’adhésion de 2 assemblées. Une
assemblée était la chambre des anciens et l’autre la chambres des citoyens en état de porter des armes. On a même retrouvé
la trace d’un procès verbal. Samuel Noa Kramer parle même de société démocratique. (Même si cela est un peu
anachronique).
2. l’épopée de Gilgamesh
Textes de littératures retrouvés sur des tablettes d’argile : Le thème de Gilgamesh, roi d’Ourouk, qui devant le
pouvoir grandissant d’Agga, roi de Kish veut la guerre. Mais l’assembles des anciens refuse, celle des citoyens accepte.
3. les récits de la vie politique des Dieux
Importance de la religion : assemblée de Dieux de 3 à 50 membres et qui sont aussi nombreux que les déesses. Ce
sont des dieux qui ont un défaut : jaloux, en colère qui mentent mais qui sont pourtant vénérés par la population qui érige
des temples en leur honneur. Les déesses sont membres de l’assemblée céleste à l’inverse des Démons. Le Dieu des dieux
et Présiden de l’assemblée des Dieux est Anu.
Vision tripartite :
Anu est le Dieu des dieux
Enki est le souverain des eaux et propose des amendements et des modifications aux lois annoncées par Enlil.
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