LE CHAPITRE CATHÉDRAL ET LES CHANOINES
Organisation et fonctionnement du chapitre
Comme dans la plupart des cathédrales, les desservants de l’église Saint-Corentin
formèrent d’abord une communauté régulière, sous la direction d’un abbé. Cependant, le
XIIe siècle fut marqué par un ample mouvement de sécularisation des chapitres cathédraux
– même si Saint-Malo n’a été sécularisé qu’en 1319 – qui passa par l’abandon de la vie
commune et la partition de la mense capitulaire, tenue jusqu’alors collectivement, en un
certain nombre de prébendes attribuées désormais personnellement au titulaire de chaque
canonicat. La chronologie du processus reste indécise dans le chapitre de Cornouaille : il
était encore régulier d’après un acte de 1128, mais chaque chanoine avait sa prébende en
1173. Le chapitre comprenait alors 12 chanoines, puis 15 à partir de 1213 et enfin 16 ; le
chiffre de 15 fut retrouvé en 1460 quand le pape Pie II unit une prébende à la mense
épiscopale pour permettre à l’évêque de participer aux délibérations du chapitre.
Quatre d’entre eux avaient rang de dignitaires. Le diocèse étant divisé en 2
archidiaconés (Cornouaille et Poher), il y avait 2 archidiacres, représentants de l’évêque
dans leur circonscription qu’ils étaient tenus de visiter chaque année – même si
l’archidiacre Pierre de Kerloaguen (1463-1497) avait reçu le droit de visiter le Poher par
procureur. Le trésorier avait la charge des finances capitulaires. Quant au chantre, il avait
la direction du chœur pour le chant et l’ordonnancement des cérémonies.
Une fois la prébende décrochée – par collation épiscopale, nomination pontificale… –,
le chanoine était solennellement reçu membre du chapitre. Il devait prêter serment d’en
respecter les statuts et acquitter une sorte de droit d’entrée appelé « droit de chape »,
pratique dont le coût n’a cessé de s’élever : 8 livres en 1271, 12 en 1357, 15 en 1469 et 20
en 1486. Il était ensuite installé dans sa stalle du chœur. Chaque prébende avait une stalle
attitrée, désignée par le nom de la paroisse qui formait sa prébende ; le chanoine était tenu
d’assurer la charge d’âmes dans cette paroisse, mais elle était remplie par un vicaire, qu’il
devait présenter à l’évêque depuis la décision prise en synode diocésain en 1270.
Les chanoines de Quimper devaient comparaître en réunions appelées chapitres. Les
chapitres ordinaires, hebdomadaires, les rassemblaient pour la gestion des affaires
courantes. Les chapitres extraordinaires se tenaient plusieurs fois par an, au lendemain de
certaines fêtes, à l’occasion desquels étaient promulgués des statuts de réforme. Ils
devaient encore se réunir à chaque vacance épiscopale pour élire un nouvel évêque, mais
l’interventionnisme pontifical dans la désignation aux bénéfices a limité les occasions
d’élection : sur les 19 évêques entre la fin du XIIIe et la fin du XVe siècle, 6 seulement ont
été élus (Morel, Le Gall, Monceaux, Rosmadec, le second Lespervez et Le Maout).
Chaque titulaire d’une prébende percevait deux sortes de revenus. Les « gros fruits »
étaient un revenu annuel fixe, que l’on ne pouvait encaisser qu’après avoir fait acte de
trois mois consécutifs de résidence une fois son canonicat obtenu – stage appelé
« rigoureuse » dans les cathédrales de la France de l’Ouest. Les autres revenus, en nature
et en argent, étaient les distributions, proportionnelles à la présence aux heures canoniales,
à la procession du dimanche ainsi qu’aux chapitres. Avant 1287 fut institué un clerc
chargé de distribuer les jetons de présence. Les statuts synodaux (1276, 1284, 1292…) et
les statuts capitulaires fixaient les conditions requises pour prétendre à ces distributions et
les causes légitimes de dispense (infirmité, études…).
Depuis qu’ils avaient abandonné la vie commune, les chanoines devaient disposer de
maisons prébendales. Au début du XIIIe siècle, le chapitre n’en avait aucune. Elles furent
obtenues par des donations, le plus souvent de la part de membres du chapitre (1219,