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La vie de la cathédrale au Moyen Âge
JEAN-MICHEL MATZ
Au Moyen Âge, la vie d’une cathédrale engage une multiplicité d’acteurs : évêques,
bien entendu, dignitaires et chanoines du chapitre, bas-chœur souvent pléthorique, mais
aussi fidèles et représentants des pouvoirs civils. La fonction d’une cathédrale ne se limite
pas à la seule sphère du religieux car elle joue un rôle dans tous les domaines de la vie
quotidienne (culture, économie, politique…). La cathédrale de Quimper est un véritable
édifice identitaire pour la communauté urbaine et, à plus grande échelle, pour la
communauté diocésaine.
En dépit de la légende hagiographique qui fait de Corentin le premier évêque de
Cornouaille, les sources ne conservent pas de trace irréfutable de Quimper comme ville
épiscopale avant le IXe siècle raison pour laquelle la liste épiscopale de Cornouaille
présente bien des incertitudes et l’historicité même de certains évêques reste encore à
démontrer. Il s’agit donc d’une promotion tardive, mais Quimper a fini par rejoindre Dol,
Nantes, Rennes, Saint-Brieuc, Saint-Malo, Saint-Pol-de-Léon, Tréguier et Vannes dans le
groupe des évêchés de l’ancien duché de Bretagne.
La cathédrale est devenue l’édifice majeur de la cité épiscopale et son personnel un
acteur de premier plan dans la vie quotidienne de Quimper. Au XIe siècle, avec l’accession
du comte de Cornouaille Hoël au trône ducal de Bretagne, Quimper élargit ses horizons et
la ville connaît une forte croissance dont profitent pleinement les églises jusqu’au
début du XIVe siècle. À quelques années de distance, deux fléaux s’abattent alors sur la
cité. La Peste noire de 1348 et ses récurrences aux XIVe et XVe siècles ramènent la
population à 4500 ou 5000 habitants. Le second fléau est la guerre de succession de
Bretagne (1341-1364) qui voit les maisons de Montfort et Penthièvre se disputer le
pouvoir ducal. Comme de nombreuses villes marchandes, Quimper choisit le camp
Montfort ; ce choix lui vaut d’être assiégée en 1344 par le parti adverse avant d’être livrée
aux pillages et aux massacres. La victoire de Jean IV de Montfort à Auray en 1364 règle
l’affaire, mais des troubles ponctuels entretiennent l’insécurité jusqu’au XVe siècle.
Vouloir étudier la vie d’une cathédrale dans son contexte suppose de disposer de
sources. Elles sont malheureusement d’une grande pauvreté pour les périodes reculées, ce
qui explique que le présent chapitre portera essentiellement sur les XIIIe-XVe siècles sauf
lorsque le cartulaire de l’Église de Quimper, qui rassemble des actes compris entre la fin
du XIe et le début du XVe siècle, vient jeter un éclairage antérieur.
LES ÉVÊQUES DE CORNOUAILLE
L’évêque, un seigneur
La famille des comtes de Cornouaille a réussi à s’imposer par le biais du cumul des
fonctions comtale et épiscopale. Ainsi, au début du XIe siècle, Binidic II est à la fois comte
et évêque de Cornouaille ; il se démet de son évêché en faveur de son fils Orscand, évêque
également marié auquel succède son propre fils Binidic III jusqu’en 1113. Le cumul de
fonctions civiles et ecclésiastiques n’est en rien incompatible avec le droit canon sans
parler du pape dans les États de l’Église, de nombreux évêques sont également comtes ou
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ducs. En revanche, il est clair que le mariage des clercs et la transmission héréditaire des
biens et titres d’Église ne sont plus du tout conformes aux nouvelles prescriptions édictées
dans le cadre de la réforme grégorienne.
À partir du XIe siècle, les évêques de Cornouaille ne sont plus comtes. Cela ne signifie
pas la perte de tout pouvoir temporel. En effet, à Quimper, l’évêque est le principal
seigneur car il tient la ville intra-muros presque entièrement en sa main ; hors de sa cité,
son temporel couvre en partie ou en totalité le territoire de 32 paroisses. Contrairement à
d’autres régions comme la Normandie les abbayes en ont été les bénéficiaires, les
restitutions des dîmes et des églises par les laïcs qui les avaient usurpées autre facette de
la réforme grégorienne ont bien profité aux évêques dans les diocèses de Basse-
Bretagne. Le prélat est détenteur du pouvoir de ban dans ses domaines. Il tient des fours
banaux et possède pêcheries et moulins. Police, justice et maintien de l’ordre sont de son
ressort, motif pour lequel il a un auditoire dans le palais épiscopal et des prisons ; en 1425,
le duc autorise Bertrand de Rosmadec à ériger des fourches patibulaires. Pour la bonne
gestion de son temporel, le prélat a depuis au moins 1250 son sénéchal, chargé de lever
sur ses dépendants les rentes et devoirs annuels, secondé par des agents subalternes.
En tant que prélat et comme seigneur, l’évêque de Cornouaille entend régenter la ville
close, mais l’autorité du duc s’accommode de plus en plus mal de cette lourde chape à
mesure que progresse l’État princier. Dès le XIIIe siècle se pose le problème du périmètre
de leurs compétences respectives en matière de défense et de fiscalité. En 1209, l’évêque
s’oppose à l’édification d’une maison ducale et jette l’interdit sur le fief du duc ; l’affaire
rebondit sous les Montfort qui veulent bâtir un château, mais l’évêque Thibaud de
Malestroit excommunie les officiers du duc et jette l’interdit, cette fois sur le diocèse. Un
château est toutefois achevé en 1453. Le pouvoir épiscopal ne résiste pas mieux pour la
fiscalité. Le XIVe siècle connaît la multiplication des aides de guerre, taxes portuaires et
autres fouages auxquels sont soumis les gens de l’évêque. Le même Thibaud de Malestroit
dénonce la hausse exorbitante de toutes ces levées fiscales. L’impôt ducal demeure.
Il n’en reste pas moins que le siège épiscopal de Cornouaille est rémunérateur. D’après
les comptes des collecteurs pontificaux du milieu du XIVe siècle, il est taxé comme
Rennes et Saint-Malo à hauteur de 1000 florins, loin devant Vannes (350), Tréguier
(460) ou Léon et Saint-Brieuc (800), mais derrière Nantes (1500) et surtout Dol (plus de
3000) qui est le diocèse le moins étendu mais celui où la seigneurie temporelle de
l’évêque est la plus puissante.
L’évêque, un pasteur ?
Entre le XIIIe et le XVe siècle, 25 évêques se succèdent sur le siège de Quimper, avec
des durées d’épiscopat extrêmement variables. Le plus bref est celui de Thomas d’Anast,
nommé le 18 février 1321, qui fait son entrée solennelle le 21 mars 1322 pour mourir trois
mois plus tard. Le plus long concerne Alain Morel, élu par le chapitre au printemps 1290,
mort le 1er décembre 1320.
Liste des évêques de Cornouaille (XIIIe-XVe s.)
1192-1218 : Guillaume
1335-1352 : Alain Le Gall
1219-1245 : Rainaud
1352-1357 : Geoffroy de Coëtmoisan
1245-1261 : Hervé de Landeleau
1357-1383 : Geoffroy Le Marhec
1261-1267 : Guy de Plouvenez
1383-1408 : Thibaud de Malestroit
1267-1280 : Yves Cabellic
1408-1416 : Gatien de Monceaux
1283-1290 : Even de La Forêt
1416-1444 : Bertrand de Rosmadec
1290-1320 : Alain Morel
1444-1451 : Alain de Lespervez
1321-1322 : Thomas d’Anast
1451-1472 : Jean de Lespervez
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1322-1324 : Bernard du Pouget
1472-1479 : Thibault de Rieux
1324-1326 : Guy de Laval
1479-1484 : Guy du Bouchet
1326-1330 : Jacques de Corvo
1484-1493 : Alain Le Maout
1330-1333 : Yves de Boisboissel
1493-1501 : Raoul Le Moël
1333-1335 : Alain Gontier
La situation a été particulièrement instable au début du XIVe siècle quand 6 évêques se
succédèrent en 15 ans, car Quimper était alors une simple étape dans la foire aux
bénéfices organisée par la papauté d’Avignon. À la mort d’Anast, Jean XXII nomma
Bernard du Pouget, transféré à Nîmes sans même avoir été consacré à Quimper, tout
comme son successeur Guy de Laval, transféré au Mans. Jacques de Corvo quitta
Quimper pour Toulon en ayant à peine résidé, et le suivant, venu depuis le siège de
Tréguier, laissa Quimper pour Saint-Malo. La carrière d’Alain Gontier s’est faite en sens
inverse : évêque de Saint-Malo, il vint finir ses jours à Quimper. La cathédrale a donc été
privée de son évêque pendant bien longtemps !
Le droit canon précise avec minutie les tâches de l’évêque, responsable du salut de son
peuple. Investi d’un pouvoir d’ordre, il doit présider aux célébrations liturgiques,
administrer les sacrements, ordonner prêtres et diacres et jouer un rôle éminent pour la
pénitence des cas qui lui sont réservés. Le prélat exerce un magistère et doit diffuser
l’Évangile et pourvoir à l’instruction de ses ouailles par la prédication. Pour remplir ces
missions, il dispose d’une administration et d’instruments : le synode diocésain regroupe
souvent dans la cathédrale le clergé autour de l’évêque, en principe deux fois par an,
pour traiter d’affaires diverses et promulguer des statuts synodaux ; la visite pastorale,
annuelle, doit mener le prélat en personne dans les paroisses et les établissements
ecclésiastiques de son diocèse pour inspecter les églises et le clergé et contrôler la
conformité de la vie des fidèles à la norme mais en 1423, Bertrand de Rosmadec reçoit
du pape licence de faire visiter par procureur.
En l’état de la documentation, les évêques de Cornouaille se signalent davantage
comme administrateurs que sous le jour de pasteurs zélés. En matière d’administration,
Alain Le Gall a procédé à la remise en ordre de la vie ecclésiastique dont le diocèse avait
besoin après la forte instabilité épiscopale des années passées et les débuts de la guerre de
succession de Bretagne. Ancien vicaire général de Corvo et de Gontier, donc rompu au
gouvernement diocésain, on lui doit l’initiative – en date du 18 octobre 1351 de
rassembler toutes les chartes de la cathédrale dans un cartulaire afin « de garantir de la
ruine les droits et libertés de l’Église de Quimper notre épouse. […] Une triste expérience
nous a appris combien depuis dix ans, par le malheur des guerres, elle a eu à souffrir dans
ses droits et dans ses personnes, dans son chef et dans ses membres. »
Mais les pasteurs existent aussi. Alain Morel est de ceux-là. Il réglemente en 1294 la
nomination aux bénéfices vacants pour que le soin des âmes ne soit pas trop longtemps
mis en péril et obtient quelques années plus tard, avec d’autres évêques de Bretagne, une
bulle pontificale qui rappelle aux religieux mendiants un couvent de Franciscains s’est
ouvert à Quimper en 1232/3 à l’initiative de l’évêque Rainaud l’obligation qui leur est
faite de laisser aux curés des paroisses dans lesquelles ils ont quêté le quart des aumônes
reçues. Avec la même volonté de préserver le cadre paroissial, Geoffroy Le Marhec
promulgue des statuts synodaux par lesquels il impose aux curés de respecter la résidence,
d’assurer la célébration rigoureuse de l’office, l’administration des sacrements et
l’éducation du peuple ; il affirme aussi le monopole paroissial en matière de sépulture et il
est le premier évêque à formuler l’obligation pour chaque curé de tenir un registre des
baptêmes, mariages et sépultures mesure reprise à Nantes, Saint-Brieuc ou Rennes au
XVe siècle. L’ensemble de sa législation permet de le ranger au nombre des évêques
réformateurs de Bretagne à la fin du Moyen Âge.
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Si Thibaud de Malestroit et Gatien de Monceaux se sont montrés soucieux de la vie
religieuse, leur successeur Bertrand de Rosmadec est sans doute la grande figure de
l’épiscopat de Cornouaille de la fin du Moyen Âge. Par son gouvernement et sa vie
exemplaire, il est mort en 1445 en « estime de sainteté » on dit aussi qu’Hervé de
Landeleau est mort en odeur de sainteté et en 1313, une femme aveugle recouvrit la vue
auprès de son tombeau. Rosmadec est l’entrepreneur du grand chantier de la cathédrale à
partir de 1424 (portail, tours, sacristie…). Quimper lui doit aussi la fondation d’une
aumônerie et l’assignation aux pauvres d’un fond de 260 livres en faveur des autres
hôpitaux de la ville. Il offrit les orgues à la cathédrale, fonda six enfants de chœur avec un
maître (donc une psalette), fit réaliser des images de la Vierge et de saint Jean et légua au
trésor de son église de très nombreux objets précieux.
Après lui, les indices d’une pastorale active sont bien plus ténus. Jean de Lespervez
fait construire la chapelle du Sacré-Cœur, Gui du Bouchet tient un synode à Quimperlé en
1483 et Alain Le Maout établit plusieurs fondations pieuses dans sa cathédrale,
notamment une chapellenie de quatre messes hebdomadaires dans la chapelle dédiée à
Marie Madeleine dans laquelle il élit sa sépulture.
Le recrutement des évêques
Le duc Pierre Mauclerc s’était engagé en 1218 à respecter le libre choix des évêques
par les chapitres cathédraux, ce qui revint en fait à laisser s’exercer l’influence des rois de
France dans les diocèses bretons. Le prélat du XIIIe siècle est devenu un agent actif de la
pénétration capétienne en Bretagne. L’évêque Rainaud – qui en 1239 accorda à la fabrique
les annates (la première année de revenu) de toutes les églises à sa collation, en vue des
travaux du chevet est dit « Français d’origine ». En 1302, Alain Morel adhère à la
sentence du roi Philippe IV le Bel contre le pape Boniface VIII. Dans la première moitié
du XIVe siècle, avec l’appui des papes d’Avignon, les évêchés de Bretagne continuent à
relever du réseau des bénéfices dont la monarchie dispose facilement pour ses serviteurs.
Du Pouget et Coëtmoisan sont promus par la faveur du roi sans jamais venir, ni l’un ni
l’autre à Quimper et le dominicain Jacques de Corvo est confesseur de la reine.
Tout change à partir du milieu du XIVe siècle, quand la guerre de succession est
remportée par Montfort, avec l’appui des Anglais, contre un prétendant, Charles de Blois,
ardemment soutenu par les rois de France et par Geoffroy Le Marhec, ce qui lui valut de
sérieuses frictions avec ses chanoines. La Bretagne prétend désormais à l’autonomie de la
décision politique. « L’évêque devient à certains égards le premier représentant du duc sur
place, bien plus que l’émanation des populations locales, car l’entente entre Bretagne et
Saint-Siège aux XIVe et XVe siècles laisse peu d’espace de liberté aux chanoines en matière
d’élection épiscopale » (J. Kerhervé). Avec Thibaud de Malestroit conseiller du duc et
frère de Jean, chancelier de Bretagne s’ouvre l’ère des protégés du prince. Monceaux est
conseiller et ambassadeur, Rosmadec également conseiller, les Lespervez sont
respectivement frère et fils de Charles, second président de la Chambre des comptes et Le
Maout président de cette même institution ; quant à Bouchet, il a été vice-chancelier du
duc. La plupart des évêques cumulent donc charges ecclésiastique et civile ce qui
contribue sans doute à expliquer leur faible inclination pastorale.
Le renforcement du pouvoir ducal a permis au prince de dialoguer directement avec la
papauté. Les nominations d’évêques ont respecté leur entente scellée par le concordat de
Redon (14 août 1441). Le pape s’y engage à désigner des évêques fidèles et agréables au
duc ou recommandés par lui. En 1453, le pontife accorde qu’aucun étranger au duché ne
serait nommé à un bénéfice en Bretagne, sauf si le prince le demande.
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LE CHAPITRE CATHÉDRAL ET LES CHANOINES
Organisation et fonctionnement du chapitre
Comme dans la plupart des cathédrales, les desservants de l’église Saint-Corentin
formèrent d’abord une communauté régulière, sous la direction d’un abbé. Cependant, le
XIIe siècle fut marqué par un ample mouvement de sécularisation des chapitres cathédraux
même si Saint-Malo n’a été sécularisé qu’en 1319 qui passa par l’abandon de la vie
commune et la partition de la mense capitulaire, tenue jusqu’alors collectivement, en un
certain nombre de prébendes attribuées désormais personnellement au titulaire de chaque
canonicat. La chronologie du processus reste indécise dans le chapitre de Cornouaille : il
était encore gulier d’après un acte de 1128, mais chaque chanoine avait sa prébende en
1173. Le chapitre comprenait alors 12 chanoines, puis 15 à partir de 1213 et enfin 16 ; le
chiffre de 15 fut retrouvé en 1460 quand le pape Pie II unit une prébende à la mense
épiscopale pour permettre à l’évêque de participer aux délibérations du chapitre.
Quatre d’entre eux avaient rang de dignitaires. Le diocèse étant divisé en 2
archidiaconés (Cornouaille et Poher), il y avait 2 archidiacres, représentants de l’évêque
dans leur circonscription qu’ils étaient tenus de visiter chaque année même si
l’archidiacre Pierre de Kerloaguen (1463-1497) avait reçu le droit de visiter le Poher par
procureur. Le trésorier avait la charge des finances capitulaires. Quant au chantre, il avait
la direction du chœur pour le chant et l’ordonnancement des cérémonies.
Une fois la prébende décrochée par collation épiscopale, nomination pontificale… –,
le chanoine était solennellement reçu membre du chapitre. Il devait prêter serment d’en
respecter les statuts et acquitter une sorte de droit d’entrée appelé « droit de chape »,
pratique dont le coût n’a cessé de s’élever : 8 livres en 1271, 12 en 1357, 15 en 1469 et 20
en 1486. Il était ensuite installé dans sa stalle du chœur. Chaque prébende avait une stalle
attitrée, désignée par le nom de la paroisse qui formait sa prébende ; le chanoine était tenu
d’assurer la charge d’âmes dans cette paroisse, mais elle était remplie par un vicaire, qu’il
devait présenter à l’évêque depuis la décision prise en synode diocésain en 1270.
Les chanoines de Quimper devaient comparaître en réunions appelées chapitres. Les
chapitres ordinaires, hebdomadaires, les rassemblaient pour la gestion des affaires
courantes. Les chapitres extraordinaires se tenaient plusieurs fois par an, au lendemain de
certaines fêtes, à l’occasion desquels étaient promulgués des statuts de réforme. Ils
devaient encore se réunir à chaque vacance épiscopale pour élire un nouvel évêque, mais
l’interventionnisme pontifical dans la désignation aux bénéfices a limi les occasions
d’élection : sur les 19 évêques entre la fin du XIIIe et la fin du XVe siècle, 6 seulement ont
été élus (Morel, Le Gall, Monceaux, Rosmadec, le second Lespervez et Le Maout).
Chaque titulaire d’une prébende percevait deux sortes de revenus. Les « gros fruits »
étaient un revenu annuel fixe, que l’on ne pouvait encaisser qu’après avoir fait acte de
trois mois consécutifs de résidence une fois son canonicat obtenu stage appelé
« rigoureuse » dans les cathédrales de la France de l’Ouest. Les autres revenus, en nature
et en argent, étaient les distributions, proportionnelles à la présence aux heures canoniales,
à la procession du dimanche ainsi qu’aux chapitres. Avant 1287 fut institué un clerc
chargé de distribuer les jetons de présence. Les statuts synodaux (1276, 1284, 1292…) et
les statuts capitulaires fixaient les conditions requises pour prétendre à ces distributions et
les causes légitimes de dispense (infirmité, études…).
Depuis qu’ils avaient abandonné la vie commune, les chanoines devaient disposer de
maisons prébendales. Au début du XIIIe siècle, le chapitre n’en avait aucune. Elles furent
obtenues par des donations, le plus souvent de la part de membres du chapitre (1219,
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