Bilan du siècle : de l’impérialisme
à la vague révolutionnaire de 17
et à la révolution coloniale,
prélude à une révolution mondiale
Introduction : une nouvelle période historique
Nous sommes clairement aujourd’hui dans une nouvelle phase du capitalisme, une nouvelle période que la
bourgeoisie appelle « mondialisation » et qu’elle présente, comme à chaque étape de sa domination, comme un
horizon indépassable. Si nous voulons discuter du bilan du siècle passé, c’est précisément pour réfuter cette idée du
capitalisme indépassable et pour revenir sur une évolution historique de laquelle on fonde notre conviction qu’une
révolution mondiale, bien plus large que toutes celles qui ont précédé, est en gestation dans cette nouvelle période.
Toute époque est évidemment façonnée par l’époque qui précède. Il s’agit donc d’avoir une vision globale de
l’évolution historique et en l’occurrence de l’évolution du capitalisme, pour se libérer de l’instant qui domine les
esprit, et qui permet au pressions idéologiques de la bourgeoisie, à ses mensonges de combattre les aspirations
d’émancipation, égarant bon nombre d’opprimés du côté de la démagogie d’extrême droite. Longtemps, la jeunesse
a été présentée comme apolitique par cette même idéologie. Mais elle a fait récemment irruption dans la rue,
montrant qu’elle a une conscience politique et des aspirations à la liberté et à la démocratie. Seulement, comme
beaucoup, elle manque de repères clairs, de références historiques qui arment cette conscience et qui lui donnent
une compréhension du présent pour transformer ses aspirations en véritable force révolutionnaire.
Ces références sont nécessaires parce que l’histoire nous permet de comprendre quelles sont les tendances
économiques, politiques et sociales actuelles. Elle nous a légué, en plus d’un attachement à un camp social, les
idées qui nous permettent cette compréhension, les idées de la lutte, celles du socialisme et du communisme, nées
du combat, et qui ont évolué au travers des révolutions des opprimés, des réactions de la bourgeoisie et de
l’évolution du capitalisme et donc de la lutte des classes. Nous faisons donc ce bilan du siècle aujourd’hui pour
nous réapproprier l’histoire et comprendre les conditions nouvelles de cette lutte des classes.
Mais parler d’une nouvelle phase, de conditions nouvelles, ce n’est pas forcément évident pour tous. La LCR
elle-même n’a pas cette analyse que nous sommes dans une nouvelle période depuis très longtemps, tout
simplement parce que les délimitation des périodes historiques sont des choses assez vagues sur lesquelles on ne
peut pas mettre de date précise. On a commencé à prendre conscience d’une nouvelle donne avec les grandes luttes
de 95, qui marquaient un renouveau, et avec les scores de l’extrême gauche. Evidemment, ce n’était que
l’expression d’une évolution en profondeur dans les faits économiques, dans les rapports de force entre les
bourgeoisie et entre les classes à l’échelle internationale, qui ne peuvent se comprendre qu’en comprenant le
développement historique à plus long terme.
Un des grands évènements de la fin du XXème siècle, c’est la fin de l’URSS. Elle a marqué la fin d’une
période, ouverte au début du siècle le capitalisme de libre concurrence du XIXème laissait la place à
l’impérialisme et aux grandes puissances colonisatrices qui ont conduit l’humanité à la première guerre mondiale.
L’impérialisme était une nouvelle étape dans la lutte des classes, dont la conséquence a été une vague
révolutionnaire sans précédent, initiée par la révolution russe, qui a mis fin à la guerre et qui a changé la face du
monde pour 80 ans. C’est cette révolution qui a déterminé toutes les autres, jusqu’au révolutions coloniales. Elle a
été un référence pour les opprimés face au capitalisme qui enfantait la guerre, la crise, le fascisme puis à nouveau la
guerre. Elle a été un repère pour les peuples colonisés qui bien souvent se sont reconnus dans l’étiquette
communiste, quel que soit le contenu qu’y mettaient les directions nationalistes, contre l’impérialisme et auquel ils
ont arraché par la lutte leur indépendance.
Le XXème siècle, c’est donc le siècle des révolutions face à l’impérialisme. Mais c’est aussi le siècle de la
réaction, le siècle qui a vu les Etats Unis triompher de ses concurrents impérialistes d’abord, puis de ce qui restait
de la révolution, en se débarrassant de l’URSS. Ce qu’il reste, c’est un nouveau rapport de force mondial entre les
classes, en faveur de la bourgeoisie, sous l’égide des Etats Unis. L’impérialisme a cédé la place à un capitalisme,
toujours impérialiste, mais de libre concurrence, à une mondialisation de l’économie qui abat les frontières et pille
les peuples dans une euphorie boursière. Un capitalisme qui semble sans limite, comme au début du XXème siècle.
Mais les mêmes causes engendrent les mêmes effets et la poursuite du travail commencé par la révolution russe au
siècle dernier est une perspective nécessaire et inévitable.
Voilà pour une présentation rapide du XXème siècle. C’est donc une large période historique qu’on va
survoler en nous arrêtant sur les évènements essentiels qui nous permettent de comprendre la situation actuelle.
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I / Le capitalisme à l’heure impérialiste : guerre et vague révolutionnaire
On va faire un petit retour en arrière, au XVIIIème siècle, à l’époque le capitalisme est né, à travers deux
révolutions. La première est une révolution idéologique, sanctionnée par la révolution française, qui établit dans les
consciences comme dans la loi que « la propriété bourgeoise est la condition du bonheur ». La deuxième
révolution qui se déroule essentiellement au XIXème en Angleterre et en France avant de s’étendre à l’Europe et à la
planète, est économique : c’est la révolution industrielle, l’apparition de l’industrie moderne, permise par les
progrès techniques et sur la base d’une exploitation sans limite des travailleurs, faisant de la propriété, « condition
du bonheur », la cause de tous les malheurs des opprimés. C’est à cette époque que le mouvement ouvrier se
constitue et combat pour la première fois, en 1848, en 1871, ces combats dont on a discuté la dernière fois, et au
travers desquels les idées socialistes et communistes sont apparues comme les idées de la lutte révolutionnaire. Ces
premières expériences ouvrières ouvrent la voie à une révolution en gestation, face au capitalisme qui, sous l’égide
de l’Angleterre, livre dans une fuite en avant l’Europe, puis le monde, au capitalisme de libre concurrence.
A) L’impérialisme : 1870-1914
Depuis la révolution industrielle, la grande industrie se développe en provoquant la ruine de la petite
industrie et au prix d’une exploitation féroce des travailleurs, hommes, femmes et enfants. Le capitalisme de libre
concurrence développe la mondialisation de l’économie avec la multiplication sans précédent des échanges
rattachant chaque partie de l’économie mondiale à la domination des grandes puissances dominées elles-mêmes par
l’Angleterre. Cette domination de l’Angleterre provoque une réaction de l’Allemagne, de la France, des USA et du
Japon. Partout, le protectionnisme se dresse pour aider à la naissance d’économies nationales. Le développement de
l’industrie sans précédent ne trouvait pas un marché à sa mesure.
Après une énième crise boursière, cette première phase de développement industriel aboutit à une longue
période de dépression économique. Les bourgeoisies européennes ne sortent du marasme qu’en partant à la
conquête de nouveaux marchés dans le même temps que la crise provoque une vague de concentrations qui permet
l’utilisation à grande échelle des nouveaux progrès technologiques. C’est la deuxième révolution industrielle.
L’exploitation du pétrole, l’utilisation de l’électricidans l’industrie, révolution dans la sidérurgie, l’extension du
chemin de fer dans le monde entier, l’automobile, puis l’avion, bouleversent la société. La concentration de la
production aboutit à la formation des monopoles qui disposent d’énormes capitaux. Les banques qui gèrent ces
capitaux s’allient aux industries et prennent une place déterminante au détriment de la Bourse. De cette union des
banques et des industries, naît une oligarchie financière qui concentre entre ses mains des masses de capitaux qui
s’investissent partout il y a un profit à prélever. C’est la naissance du capital financier. L’exportation des
capitaux vers les colonies ou d’autres pays devient une activité particulièrement lucrative. Ainsi s’opère un partage
du monde entre groupements capitalistes qui agissent sous la protection de leur Etat, grâce à son intervention,
notamment par la politique du sabre et du goupillon pour conquérir de nouvelles colonies. Ce partage du monde
entre les grandes puissances capitalistes d’Europe se fait principalement au profit de l’Angleterre et de la France et
au détriment de l’Allemagne, sanctionné en 1895 par le Traité de Berlin.
De 1890 à 1913, c’est ce que la bourgeoisie appelle la « Belle époque », c’est-à-dire une époque d’expansion
impérialiste et de prospérité économique des trusts qui réalisent des profits monopolistiques garantis par leurs Etats.
La concentration croissante des richesses se fait au prix d’une exacerbation de l’exploitation, des inégalités, d’un
pillage des colonies qui paralyse et étouffe le développement social et économique des pays dominés.
Mais de la prospérité naissent les causes de la guerre et de la révolution. En effet, Plus les capitalistes
investissent dans les moyens de production, dans le capital fixe, plus leur taux de profit tend à diminuer puisque les
progrès techniques font qu’ils exploitent moins de travail vivant, pour produire plus.
Cette diminution entraîne une exacerbation de la concurrence entre impérialismes. Le militarisme et la
censure de la démocratie deviennent les traits dominants des grandes puissances, de l’Allemagne en particulier, qui,
devenue une puissance économique plus moderne que l’Angleterre reste privée de débouchés pour ses capitaux et
se prépare donc à remettre en cause le partage du monde par la guerre.
B) Le mouvement ouvrier : 1875-1914
Mais cette période de prospérité qui conduit à la guerre, c’est aussi une période d’essor du mouvement
ouvrier. La sociale-démocratie, c’est-à-dire les partis socialistes réunis dans la Deuxième Internationale, qui
regroupent des millions de travailleurs en Allemagne et en France en particulier, constitue le socle sur lequel se
forment les hommes et les consciences qui, après la guerre, vont être les acteurs de la vague révolutionnaire.
Après l’écrasement de la Commune de Paris en1871, le mouvement ouvrier, en quelques années, s’était
réorganisé comme jamais face à l’exploitation féroce et à la morale dominante distillée par les patrons et les écoles
de la République. La classe ouvrière héritait de la combativité et de la conscience de classe forgée au travers de la
Commune et des les années 1880, elle s’organise massivement en partis de classe et en syndicats révolutionnaires,
malgles lois d’exception qui interdisent les organisations ouvrières. La Deuxième Internationale est créée, le 1er
mai est décrété journée de lutte pour les 8h de travail par jour. La bourgeoisie, impuissante face à cette force
devenue incontournable est obligée de reconnaître les organisations ouvrières. La période de prospérité dans
laquelle se forment les impérialismes est aussi une période de luttes politiques, économiques et sociales
incessantes, liées à des perspectives révolutionnaires.
Mais le mouvement ouvrier, qui aspire à prendre son sort en main n’est confronté aucune grande lutte
sociale. En effet, la période d’expansion, même si en ligne de mire se dresse le danger de la guerre dont la social-
démocratie est tout à fait consciente, éloigne la pratique militante quotidienne de la perspective révolutionnaire.
L’illusion naît même dans les rangs ouvriers que le capitalisme est capable de surmonter les crises et qu’ils peuvent
améliorer leur sort, par la lutte, dans le cadre de ce système. Ces idées, le réformisme, sont défendues par certains
cadres de la social-démocratie comme Millerand en France ou Bernstein en Allemagne. En effet, la bourgeoisie,
tout en la combattant, essaie de domestiquer la classe ouvrière, en s’appuyant sur ces illusions qui voient le jour et
en distribuant des miettes au Bernstein ou Millerand (qui entre au gouvernement bourgeois en 1898) pour théoriser
et propager ces illusions et s’acheter la paix sociale. Ces illusions sur le capitalisme gagnent du terrain et à la veille
de la guerre, l’aile gauche de la social-démocratie, qui voit venir la guerre et qui perçoit des possibilités
révolutionnaires, est minoritaire.
Evidemment, quand la guerre éclate, le mouvement ouvrier s’effondre montrant l’ampleur de l’adaptation au
capitalisme et du décalage entre la théorie révolutionnaire et les pratiques quotidiennes. Les dirigeants de la
Deuxième internationale se rallient presque tous à leur bourgeoisie, consacrant la faillite de la social-démocratie.
Le PS actuel est issu de cette faillite du mouvement ouvrier (et a poursuivi la faillite jusqu’au bout).
Ceci dit, l’essor de la Deuxième Internationale a servi puisqu’elle a permis au mouvement ouvrier, grâce à
une minorité consciente (Lénine, Trotski, Rosa Luxembourg,…) qui a é formée par la social-démocratie, de
relever la tête pendant la guerre et d’atteindre son apogée.
C) La vague révolutionnaire
En effet, la guerre a tout balayé : le mouvement ouvrier d’abord… puis les illusions qu’il avait sur la capacité
du capitalisme à surmonter les crises et à assurer la prospérité et la paix. Une fois les conclusions tirées par des
millions de travailleurs envoyés au massacre dans les tranchées, une seule solution s’imposait contre la guerre : la
lutte révolutionnaire. Et de fait c’est une vague révolutionnaire qui éclate en 1917-1918, initiée par la Russie, qui
était à la fois le « maillon faible de la chaîne capitaliste » (selon la formule de Lénine) et le seul pays ou un parti, le
parti bolchevique, n’avait pas capitulé devant les classes dominantes.
Cette révolution, c’est une démonstration de la puissance des masses : alors qu’elles réclamaient du pain et la
paix, il leur a fallu quelques jours seulement pour renverser le vieil ordre tsariste et quelques mois pour mettre en
place un pouvoir ouvrier et en finir avec la guerre. Elle est la démonstration que le capitalisme, dans ses pires
heures, est capable d’engendrer des prises de conscience rapide, en l’espace de quelques mois et entraîner les plus
larges masses dans la lutte révolutionnaire. Elle est aussi la démonstration que le capitalisme, aussi puissant qu’il
soit, aussi militarisé qu’il soit est impuissant devant les masses révolutionnaires. La classe ouvrière russe, à la tête
de l’ensemble de la population s’est emparée de l’appareil militaire, de l’appareil d’Etat pour le réorganiser, pour
décréter la paix, pour réorganiser l’économie. Elle a lancé un appel aux travailleurs du monde entier pour entrer en
lutte, pour participer à la révolution mondiale qui commençait, en appelant à la constitution des partis communistes
et en créant le parti mondial de la révolution : la Troisième Internationale. Alors on ne va pas revenir sur les détails
de la révolution russe dont on a déjà discuté la dernière fois, mais simplement dire qu’elle a été un encouragement
pour tous les opprimés pendant la plus grande partie du XXème siècle et que ce pouvoir ouvrier qui fie la
bourgeoisie impérialiste, qui lui impose d’arrêter la guerre, va changer durablement la face du monde et créer une
nouvelle donne pour la lutte des classes dans le monde entier.
La vague révolutionnaire qui a suivi immédiatement la révolution russe et qui a duré jusqu’en 1923, sous
l’influence de la troisième internationale révolutionnaire a été l’illustration de l’immense espoir suscité par la
révolution russe qui exportait ses soviets. Même une fois la vague révolutionnaire vaincue par la bourgeoisie, trahie
et écrasée par la social-démocratie devenue contre-révolutionnaire, même quand le stalinisme est sorti de la
réaction bourgeoise qui isolait et affaiblissait l’URSS, même quand la troisième internationale s’est débarrassée de
ses rangs des derniers révolutionnaires internationalistes, les trotskistes en particulier, la révolution russe est restée
une référence, un espoir pour les peuples et les classes ouvrières du monde entier. C’est cette solidarité, la force des
idées qu’elle représentait face à la barbarie du capital financier qui lui ont permis de tenir 80 ans avant que la
bourgeoisie en vienne à bout. L’URSS a démontré au passage la supériorité de son organisation économique, de la
planification qui l’a hissée au 2ème rang mondial en partant de rien, malgré la dictature de la bureaucratie stalinienne
et le retour progressif du vieux fatras bourgeois auquel elle aspirait de puis le début.
Ce sont les idées qu’elle représente, ce défi à l’impérialisme, qui ont fait de la révolution russe un
encouragement à tous les peuples jusqu’aux peuples colonisés qui, après la 2ème guerre vont à leur tour prendre les
armes pour leur émancipation. La révolution russe fait figure d’une première et décisive étape de la révolution
mondiale, poursuivie par la suite par les peuples colonisés et qu’il reste à terminer.
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II / Le capitalisme, c’est la crise et la guerre
En attendant, dans l’entre-deux-guerres, la lutte des classes se poursuit et après la vague de réaction,
l’écrasement de la vague révolutionnaire et l’isolement de l’URSS, le capitalisme et son fonctionnement
anarchique, incontrôlable par les hommes, masque ses contradictions internes derrière une période de croissance et
d’euphorie boursière. Mais rapidement la crise éclate puis le fascisme et une nouvelle logique guerrière, la première
guerre, interrompue par l’irruption des masses révolutionnaires n’ayant rien réglé sur le plan de la concurrence
entre les impérialismes et le repartage du monde.
A) De la crise de 29 au fascisme
L’Europe sort de la guerre à genoux, détruites par les destructions, affaiblie par la vague révolutionnaire. Au
contraire, les Etats Unis sont les grands vainqueurs. Entrés tard en guerre et échappant aux destructions, ils ont
bénéficié d’un développement économique qui leur a permis de se doter de l’industrie la plus moderne de toutes les
puissances impérialistes, grâce aux profits de guerre.
Si elle ne s’est pas encore imposée comme bourgeoisie dominante, la bourgeoisie américaine incarne tout de
même la prospérité, garante de la paix. La social-démocratie contre-révolutionnaire européenne se fait le valet du
nouvel impérialisme, vantant ses mérites et sa capacité à assurer la paix. Elle crie à qui veut l’entendre que la
Grande guerre était la « der des ders ». Mais c’est mal comprendre le fonctionnement du capitalisme à son stade
impérialiste.
Les capitaux américains affluent partout. Les Etats Unis partent à la conquête du monde, ils sont les
créanciers de toutes les grandes puissances et se livrent grâce à leurs capitaux à une lutte d’influence sur les
colonies avec sa principale rivale, l’Angleterre à qui elle dispute la domination du monde. Les dollars font tomber
les frontières protectionnistes s’investissent partout dans la production, dans le crédit et la spéculation. L’euphorie
du libéralisme, qui se traduit par une euphorie boursière et… une crise de surproduction classique, inhérente au
capitalisme mais qui prend des proportions jamais atteinte, propres à l’impérialisme et à l’économie mondialisée.
C’est du modèle américain que vient la crise qui se manifeste brutalement par le krach boursier de 1929 mais dont
les causes sont plus profondes : les salaires n’ont pas suivi les profits et les investissements et ne peuvent donc
absorber toute la production. Les ventes baissent, l’inquiétude des investisseurs se développe, les capitaux refluent,
les faillites se multiplient et la bourse s’effondre dans un mouvement de panique.
La crise, dont on peut dire qu’elle est la crise de l’émergence américaine, entraîne une récession sur toute la
planète, plongeant les peuples et les classes ouvrières dans le chômage et la misère. L’Europe est touchée de plein
fouet et en particulier l’Allemagne qui, étranglée par sa position de vaincue de la 1ère guerre, s’effondre dans une
crise sans précédent. Mais toute les Etats européens sont touchés, proportionnellement à leur endettement auprès
des Etats Unis. Les barrières protectionnistes se redressent pour protéger les marchés intérieurs et les vieilles
tensions entre les Etats réapparaissent. C’est la lutte pour les débouchés pour écouler les surplus de production et de
capitaux. La France et l’Angleterre, disposant encore de leur empire colonial sont relativement moins touchées par
la crise que l’Allemagne. La bourgeoisie allemande, étranglée dans ses frontières, menacée d’une révolte sociale
dans laquelle la petite bourgeoisie ruinée pourrait prendre toute sa place, fait appel au fascisme, comme l’a fait plus
tôt la bourgeoisie italienne et le fera plus tard la bourgeoisie espagnole.
Le fascisme ou le nazisme en Allemagne, c’est un appareil d’Etat et idéologique fort qui utilise la rage de la
petite bourgeoisie dépossédée pour briser la classe ouvrière, la démocratie, pour mettre au pas toute la population
dans un effort de production immense pour, en augmentant l’exploitation, renouer avec les profits, se militariser et
rejouer dans une nouvelle guerre le partage du monde.
B) La révolution, seul rempart contre la guerre
Dans cette période de tensions entre impérialismes, la guerre est ressentie comme inéluctable. Avec le
fascisme, les illusions dans la démocratie et le pacifisme de la bourgeoisie tombent. Le mouvement ouvrier, affaibli
par la réaction bourgeoise à la précédente vague révolutionnaire, par la crise et par la montée du fascisme dans
toute l’Europe va malg tout relever la tête, partout il n’est pas brisé. Aux Etats Unis, en Indochine, en
Palestine, au Maroc et partout en Europe excepté en Allemagne et en Italie, on assiste dans les années 30 à une
nouvelle montée révolutionnaire qui se pose contre le fascisme, contre la guerre à venir, mais aussi contre les
conditions d’existence imposées au monde du travail par la bourgeoisie qui veut lui faire payer sa crise. Et c’est en
France et en Espagne que ces luttes ont pris le plus d’ampleur en 1936 et 1937.
Dans ces deux pays, la lutte s’est ouverte contre la poussée de l’extrême droite, après une démonstration des
forces d’extrême droite dans la rue le 6 février 1934 en France, et après l’entrée au gouvernement de 2 ministres
d’extrême droite en Espagne la même année. Les révoltes, comme à Oviedo en Espagne en 34, les luttes et les
grèves ouvrières obligent la bourgeoisie des deux pays à lâcher du leste et à faire appel à des gouvernements de
front populaire en 1936. Les PS et les PC, alliés aux radicaux, parti réactionnaire de la petite bourgeoisie,
constituent des gouvernements pour faire taire les mouvements ouvriers. Les PS, fidèles à la bourgeoisie sont
rejoints par les PC staliniens qui amorcent un virage à droite dès 1935 en s’alliant à leur bourgeoisie sous prétexte
de la nécessaire unité nationale contre le danger du fascisme. En 1936, à l’élection du front populaire, des grèves
d’ampleur éclatent partout en France, mettant en place des comités de grève, des occupations d’usines, posant dans
les faits le problème du contrôle de l’économie par le monde du travail. C’est ce qui fait dire à Trotsky, alors, que
« la révolution française a commencé ». Mais il n’existe alors aucune force révolutionnaire pour organiser la lutte
et contrecarrer la réaction de la bourgeoisie qui, grâce au PS et au PC, réussit à faire rentrer les ouvriers dans le
rang, au prix de concessions économiques sur les salaires et les congés payés.
Au même moment, en Espagne, un mouvement de grève se déclenche à l’élection du Front populaire
espagnol. La bourgeoisie, moins puissante que la bourgeoisie française, panique et Franco, à la tête de l’armée,
tente un coup d’Etat pour briser la classe ouvrière. C’est alors un mouvement ouvrier de masse qui se lève, qui
s’arme et qui repousse Franco au sud de l’Espagne. Les travailleurs espagnols entame leur révolution en
collectivisant les terres, en commençant à réorganiser l’économie dans la province de Barcelone. Cette révolution
est alors le dernier rempart contre la guerre, un espoir pour toutes les classes ouvrières matées par la bourgeoisie,
brisées par le fascisme mais pour lesquelles la révolution espagnole représente une perspective d’émancipation
comme l’avait été la révolution russe. Mais la bourgeoisie républicaine tout comme la 3ème internationale préfère
encore Franco et le fascisme à une révolution. Le PS et le PC s’acharnent à enterrer cette révolution, le PC se
faisant même l’agent de la répression armée contre les révolutionnaires. Finalement, en 1938, la classe ouvrière est
vaincue, embrigadée dans les armées régulières de la bourgeoisie républicaine qui ne peuvent résister aux armées
franquistes. La bourgeoisie a évité le pire en se payant le luxe que la classe ouvrière soit écrasée.
En 1938, Franco est au pouvoir en Espagne tandis qu’en France, toutes les conquêtes ouvrières sont reprises
une à une. En 1939 le PC est interdit et les pleins pouvoirs sont donnés à Pétain par l’assemblée du Front populaire
moins le PC. La classe ouvrière est alors vaincue partout. La bourgeoisie a brisé les derniers remparts à la guerre
qui est alors inévitable.
C) Guerres mondiales : la barbarie des impérialismes qui se cherchent un leader
Il y a donc eu deux guerres mondiales en 25 ans, 2 boucheries pour le partage du monde entre les
impérialismes. Que la concurrence et la lutte pour le partage du monde soit la cause fondamentale de la guerre,
c’est à peu près admis pour la première. Mais pour la 2ème, la bourgeoisie campe sur son mensonge de « la
démocratie contre le fascisme », largement relayé dans le monde du travail, par les réformistes et les staliniens qui
vouent un culte à la Résistance française. Il s’agissait bien sûr de masquer la responsabilité de l’impérialisme pour
étouffer tout risque de crise révolutionnaire. Reste évidemment que ni la crise de 29, ni le fascisme, ni la 2ème
guerre mondiale ne sont des accidents mais qu’ils sont bien le produit de la logique folle du capitalisme et des
rapports de forces entre puissances impérialistes.
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