Term S – Physique Chapitre 9 La mécanique de Newton C’est en voyant tomber une pomme que Newton aurait découvert le concept de gravitation universelle, universelle car elle concernerait le monde des cieux autant que celui d’ici-bas. Il a également énoncé les trois lois qui régissent le mouvement des corps. Isaac Newton (1642–1727) vu par Gotlib dans ses Rubriques à brac dans les années 1970. Le génial touche-à-tout britannique aurait eu une révélation sur la gravitation en voyant une pomme tomber. D’ici à attraper mal à la tête, c’est peut-être un peu fort… 1 – Mouvement du centre d’inertie d’un solide 1.1 – Quelques rappels Nous nous limitons au lycée à la mécanique du point matériel, c’est-à-dire à l’étude du mouvement d’un point de masse m dans l’espace et le temps. Au mieux pourrons nous qualifier le mouvement de l’ensemble de points immobiles les uns par rapport aux autres et constituant un solide indéformable. Nous ne pourrons pas, pour le moment, parler du mouvement des solides déformables. Le référentiel est le solide par rapport auquel on étudie le mouvement d’un système. Il est indispensable à toute étude mécanique, puisque la nature du mouvement d’un point dépend du référentiel dans lequel on l’étudie. Observer : mouvement de la balle lâchée du vélo, rétrogradation des planètes, etc… On associe le plus souvent au référentiel un repère d’espace O ; i, j, k choisi de telle sorte que la description du mouvement soit la plus simple possible un repère de temps, dont l’origine des dates est souvent choisie afin de coïncider avec le début du mouvement ou d’une phase caractéristique Quand un solide est en mouvement de chute, il existe un point de ce solide qui décrit le plus souvent un mouvement plus simple que les autres : ce point est le centre d’inertie du solide, on le note G. Observer : beret.avi Le centre d’inertie d’un solide homogène est confondu avec son centre de symétrie (s’il en possède un !). Tout système matériel pouvant être ramené à un ensemble de particules A1, A2, …, AN de masses respectives m1, m2, …, mN, on peut trouver la position du centre d’inertie G par la techniques des barycentres, m1 GA1 m2 GA2 mN GAN 0 ou encore m OA m2 OA2 mN OAN OG 1 1 m1 m2 mN 2 1.2 – Vecteur position La position du centre d’inertie d’un système peut être repérée à chaque instant par le vecteur position OG . z G(t) k x i O j y Dans le repère d’espace attaché au référentiel d’étude (cartésien ou orthonormal direct le plus souvent), il s’écrit OG x i y j z k Si le solide est en mouvement, les coordonnées x, y et z sont des fonctions du temps : c’est pour quoi on les note de manière générale x(t), y(t) et z(t). L’ensemble des positions occupées successivement par le point G au cours du temps constitue la trajectoire de ce point. 1.3 – Vecteur vitesse A l’aide d’un mobile autoporteur, il est possible d’obtenir la chronophotographie d’un mouvement simple en faisant abstraction des forces de frottements ; en effet, le dispositif éclateur de ce système livre un enregistrement que l’on peut exploiter facilement. Observer : TP « Etude expérimentale de la 2ème loi de Newton » Sur ce type d’enregistrement, on peut définir le vecteur vitesse d’un point G de manière approchée. Le document présenté est à l’échelle ½ ; l’intervalle d’éclatement τe entre 2 étincelles est τe = 45 ms. Prenons l’exemple du point M8. Le vecteur vitesse en ce point se définit par M M v8 7 9 2 e M 7 M 8 M 8 M 9 2 0,80 0,85 37 cm.s 1 . 2 e 2 0, 045 Pour définir rigoureusement ce vecteur à l’instant tn quelconque, nous supposons connue la position de G à chaque instant t et nous la notons G(t). La valeur de la vitesse est v8 G tn G t est d’autant plus proche du vecteur vitesse en G(tn), vG tn , que l’intervalle de t tn temps t t tn est petit. A la limite, Le vecteur G tn G t OG t OG tn lim t tn t tn t tn t tn ce que nous pourrons encore nous permettre de noter OG vG tn lim t 0 t Cette limite est la dérivée du vecteur position par rapport au temps, dOG vG tn tn dt Dans le référentiel choisi pour étudier le mouvement, le vecteur vitesse du centre d’inertie G du solide à l’instant t est égal à la dérivée par rapport au temps du vecteur position OG à cet instant vG tn lim 3 dOG dt Le vecteur vitesse est alors porté par la tangente à la trajectoire à l’instant t et orienté dans le sens du mouvement. vG t P P L0 L M19 M18 M17 M16 M15 M14 M1 M13 M12 M2 M11 v8 M3 M10 M9 M5 M8 M 7 M6 M4 Expression du vecteur vitesse en coordonnées cartésiennes En coordonnées cartésiennes, les vecteurs unitaires étant constants, le vecteur vitesse a pour expression dx vx (t ) dt dy vG (t ) vx (t ) i v y (t ) j vz (t ) k v y (t ) dt dz vz (t ) dt 4 Mouvements particuliers Si le vecteur vitesse est constant, le point décrit un mouvement rectiligne uniforme. v Si SEULE la valeur de la vitesse est constante, le mouvement est uniforme, mais la trajectoire reste queclconque. v 1.4 – La notion de force Le concept mathématique de vecteur est encore d’un grand secours pour modéliser les actions mécaniques. Un vecteur force se caractérise par Un point d’application Une direction Un sens Une norme ou intensité, exprimée en newtons et ces quatre caractéristiques permettent de représenter des actions telles que Le poids Les frottements La poussée d’Archimède La force de rappel élastique Nous détaillerons ces forces ultérieurement. Rappelons que la notion de force est indépendante du référentiel utilisé pour la description du mouvement d’un solide. 2 – Première et troisième lois de Newton 2.1 – Première loi de Newton : principe d’inertie Dans un référentiel galiléen, si la somme vectorielle des forces extérieures qui s’exercent sur un solide est nulle (solide pseudo-isolé), le vecteur vitesse du centre d’inertie est un vecteur constant, et réciproquement. Fxt 0 vG Cste Le centre d’inertie d’un solide soumis à des forces qui se compensent doit donc être soit immobile vG 0 , soit animé d’un mouvement rectiligne uniforme. La première loi de Newton ne s’applique qu’au centre d’inertie du solide. Elle ne dit rien sur le mouvement des autres points. 5 Dans la suite du cours, nous ne nous intéresserons plus qu’au mouvement du centre d’inertie. Le principe d’inertie ne s’applique que dans certains référentiels appelés référentiels galiléens. Avant de résoudre un problème de mécanique, il faut s’assurer que le référentiel choisi pour étudier le mouvement du centre d’inertie est galiléen. C’est le cas, par exemple, du référentiel géocentrique ou du référentiel héliocentrique pour nos expériences quotidiennes. Le référentiel terrestre n’est pas galiléen, mais on peut le considérer comme tel pour les mouvements de courte durée.1 Si la feuille est immobile, le référentiel envisagé, celui de la feuille, est un référentiel terrestre : G a alors un mouvement rectiligne et uniforme. Lors d’un déplacement de la feuille, en revanche, le référentiel de la feuille n’est plus galiléen : le mouvement de G est alors radicalement modifié… 2.2 – Troisième loi de Newton : le principe des actions réciproques Deux corps sont en interaction si le mouvement ou le repos de l’un dépend de l’existence de l’autre. C’est un cas très fréquent dans la vie de tous les jours : lorsqu’on s’assoit quelque part, etc… En réalité, un référentiel n’est galiléen qu’avec une certaine approximation. La qualité de cette approximation est fonction de la durée des expériences réalisées : le référentiel terrestre est un bon référentiel galiléen si la durée de l’expérience menée est négligeable devant celle de la rotation diurne de la Terre (soit environ 24 h)… Ce n’est pas le cas, par exemple, si l’on étudie le mouvement de Mars (d’où la formation d’épicycles de rétrogradation). 1 6 Le tir à la corde ! On considère deux corps A et B en interaction. FA / B est la force exercée par A sur B, et FB / A la force exercée par B sur A. Quel que soit l’état de mouvement ou de repos des deux corps, les deux forces vérifient toujours l’égalité vectorielle FA / B FB / A Quelques illustrations Le chariot à réaction, avec un ballon de baudruche Observer : ballon.gif L’allumette Observer : allumette.gif Sur l’eau Observer : bateaurouge.gif La troisième loi de Newton est vraie que le référentiel soit galiléen ou non. Le principe des actions réciproques permet d’expliquer la propulsion : c’est la force exercée par le sol sur les roues motrices, opposée à la force exercée par les roues sur le sol, qui propulse le véhicule vers l’avant. 3 – Deuxième loi de Newton : le principe fondamental de la dynamique En classe de 1ère S, nous avons vu que, dans un référentiel galiléen, si le vecteur vitesse vG du centre d’inertie d’un solide varie, la somme vectorielle F ext des forces qui s’exercent sur le solide n’est pas nulle, et réciproquement. De plus, le vecteur Fext et le vecteur vG calculé sur un très petit intervalle de temps ont la même direction et le même sens. 3.1 – Etude expérimentale voir Etude expérimentale de la 2ème loi de Newton.doc vG Les vecteurs Fext et sont à chaque instant proportionnels, le coefficient de proportionnalité étant 2 e la masse m du solide. 7 vG 2 Pour une même force appliquée, plus la masse est grande, plus la variation du vecteur vitesse pendant Δt = 2 τe est petite. La masse caractérise donc l’inertie du solide, c’est-à-dire la difficulté qu’on a à modifier son mouvement. Pour cette raison, m peut être qualifiée de masse inertielle2. vG Le vecteur rend compte de la variation de vitesse par rapport au temps : on l’appelle plus 2 e couramment accélération. F ext m 3.2 – Vecteur accélération De même que v4 v G5 v G3 est la limite du vecteur aG est la limite quand t 0 du vecteur OG quand t 0 , le vecteur accélération t vG t vG t 0 t Cette limite est la dérivée par rapport au temps du vecteur vitesse. aG lim Dans un référentiel donné, le vecteur accélération aG du centre d’inertie G d’un solide à l’instant t est la dérivée par rapport au temps du vecteur vitesse vG à cet instant aG t d vG dt Cherchons la dimension de l’accélération. 1 vG L.T a L.T 2 G T t Dans le système international d’unités, l’accélération s’exprime donc en mètres par seconde au carré, m.s–2. Expression en coordonnées cartésiennes On rappelle que les vecteurs unitaires du repère cartésien sont constants au cours du temps. Par conséquent, dvx ax (t ) dt dv aG t ax (t ) i a y (t ) j az (t ) k a y (t ) y dt dvz az (t ) dt dOG d dOG d 2 OG Comme vG t , nous pouvons aussi écrire que aG t . Ainsi, dt dt dt dt 2 2 On peut en effet distinguer la masse inertielle intervenant dans cette relation et dans les caractéristiques dynamiques du mouvement du solide, et sa masse grave qui intervient dans l’expression de son poids (résultat de l’interaction gravitationnelle entre le solide et la Terre, le plus souvent). Dans les conditions classiques (ie. non relativistes), masse grave et inertielle sont équivalentes. 8 d x ax (t ) dt 2 d2y aG t a y (t ) 2 dt d 2z a ( t ) z dt 2 2 v v a a av 0 av 0 mouvement accéléré mouvement retardé 3.3 – Enoncé de la deuxième loi de Newton La relation F ext m vG 2 e devient, à la limite, la deuxième loi de Newton, F ext m aG Dans un référentiel galiléen, la somme vectorielle des forces extérieures appliquées à un solide est égale au produit de la masse du solide par le vecteur accélération de son centre d’inertie, Fext m aG Comme la première loi, la seconde loi de Newton ne s’applique qu’au mouvement du centre d’inertie ; la relation qu’elle annonce n’est valable que dans les référentiels galiléens. Remarque : cette relation implique une équivalence dimensionnelle riche de sens. Fext m aG M .L.T 2 Le newton peut donc être vu comme la valeur de la force qui, appliquée à une masse de 1 kg, lui communique une accélération de 1 m.s–2. Remarque : de l’inertie Pour une force de caractéristiques données, l’effet diffère selon la masse du système qui subit l’action. Prenons le cas trivial où une force F apparaît comme cause du comportement du système : l’accélération aG caractérise alors l’effet de l’action. En écrivant aG F m 9 On voit que pour une force F d’intensité fixée, l’accélération est d’autant plus faible que la masse du système est grande. On dit que la masse du système a un rôle inertiel : elle s’oppose à l’évolution du mouvement (résistance) ; ce caractère est parfois différencié du rôle grave de la masse (gravitation). 4 – Application à la chute verticale d’un solide dans un fluide 4.1 – Etude expérimentale On considère l’exemple simple de la chute d’une bille dans un liquide visqueux. Les outils informatiques de pointage et le tableur nous permettent d’exploiter les vidéos du phénomène. Cette courbe montre l’existence de deux régimes, Un régime initial ou régime transitoire, pendant lequel la vitesse augmente d’abord rapidement puis de plus en plus lentement. Pendant cette première phase, le mouvement de la bille est accéléré. Un régime asymptotique ou régime permanent, pendant lequel la vitesse est constante, la bille ayant atteint une vitesse limite. Pendant cette seconde phase, le mouvement de la bille est uniforme. Le temps caractéristique τ de la chute est le temps qui correspond au passage d’un régime à l’autre. On le définit comme l’abscisse du point d’intersection de l’asymptote avec la tangente à l’origine. 4.2 – Forces exercées sur le solide Pour modéliser cette chute, rappelons les caractéristiques des forces exercées sur la bille. Diagramme objets-interactions frottements Liquide Poussée d’Archimède Terre Bille poids Le poids Le poids ou force de pesanteur est la force qui modélise l’action de la Terre sur un corps. C’est une force verticale, dirigée vers le bas. En un lieu donné, sa valeur est proportionnelle à la masse m P=m×g avec P : poids en newton (N) m : masse en kilogramme (kg) g : intensité du champ de pesanteur en newton par kilogramme (N.kg–1) La poussée d’Archimède 10 Un solide immergé dans un fluide est soumis de la part de celui-ci à une action mécanique appelée poussée d’Archimède. Cette action est modélisée par une force verticale, dirigée vers le haut. Sa valeur est égale au poids du fluide déplacé = fluide × V × g avec : poussée d’Archimède en newton (N) fluide : masse volumique du fluide en kilogramme par mètre-cube (kg.m–3) V : volume du solide immergé en mètre-cube (m3) G : intensité du champ de pesanteur en newton par kilogramme (N.kg–1) La force de frottement Un solide en mouvement dans un fluide est soumis à des forces réparties en surface qui dépendent de la nature du liquide, de la forme du solide et de la rugosité de la surface. La valeur de ces forces augmente avec la vitesse du solide. Dans le cas d’une boule en chute verticale, la somme vectorielle de toutes ces forces est une résultante verticale, opposée au mouvement : on l’appelle force de frottement fluide. Son expression en fonction de la vitesse est complexe, sauf dans deux cas particuliers, aux faibles vitesses (on parle d’un écoulement laminaire), la valeur de la force de frottement est proportionnelle à la vitesse, f=kv aux grandes vitesses (on parle d’un écoulement turbulent), la valeur de la force est proportionnelle au carré de la vitesse, f = k’ v² Dans les deux cas, f est opposé à v . 4. 3 – Application de la deuxième loi de Newton La bille étudiée est soumise aux trois forces étudiées précédemment, le poids P la poussée d’Archimède la force de frottement f k v que l’on considèrera proportionnelle à la vitesse puisque la vitesse de chute est faible Le mouvement est étudié dans le référentiel terrestre, supposé galiléen pendant la durée de la chute. La deuxième loi de Newton à la bille : P f maG On choisit un axe (Oz) orienté vers le bas. Puisque les vecteurs et f sont orientés en sens contraire de l’axe vertical (Oz) choisi (disons par exemple orienté vers le bas), l’égalité vectorielle devient dv m z m g fluide V g k vz (t ) dt Après division par m, on obtient finalement V k dvz g 1 fluide vz (t ) dt m m Notion de vitesse limite dv Lorsque la vitesse limite est atteinte, la bille chute à vitesse constante, donc z 0 . La relation dt précédente entraîne alors V k g 1 fluide vz ,lim (t ) 0 m m d’où l’on tire 11 vz ,lim g m fluide V k Cette égalité peut être mise sous la forme g bille fluide V k Cette expression montre que la vitesse limite augmente si la masse volumique de la bille augmente la masse volumique du liquide diminue vz ,lim 4.4 – Résolution de l’équation différentielle par la méthode d’Euler La méthode d’Euler permet d’obtenir une solution approchée de l’équation différentielle en remplaçant vz(t) par son approximation affine locale. Nous noterons Δt le pas de calcul ; la relation d’Euler s’écrit dvz vz tn 1 vz tn t dt t tn L’équation différentielle établie au 4.3 peut se mettre sous la forme dvz A B vz (t ) dt dans laquelle A et B sont des constantes. La relation d’Euler devient vz tn1 vz tn A B vz tn t La connaissance de la vitesse à l’instant to = 0 s (ici vz(0) = 0) permet de calculer vz(t1) avec t1 = to + Δt, et ainsi de suite. L’équation différentielle est résolue de proche en proche en répétant le même calcul : c’est une méthode numérique itérative. Cette méthode est fondée sur une approximation. Le résultat est d’autant plus proche du résultat théorique que le pas de calcul est petit. Dans le cas de la chute dans un fluide, on considère que le résultat est correct lorsque le pas de calcul est très inférieur au temps caractéristique : Δt << τ. 4.5 – Validation du modèle Pour valider le modèle choisi pour la force de frottement (f = kv ou f = kv²), on confronte les résultat obtenus par la méthode d’Euler et l’expression de f choisie avec les résultats expérimentaux. Le régime asymptotique donnant la vitesse limite permet de calculer la valeur de k Si la courbe expérimentale et la courbe d’Euler se superposent pendant le régime transitoire, le modèle choisi est correct. Dans le cas contraire, il faut poser une nouvelle hypothèse pour l’expression de f et recommencer les calculs 12