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INSTITUT F.M.A
fondé par Saint Jean Bosco
N.788
Bien Chères Sœurs,
Le rendez-vous de la lettre circulaire mensuelle me donne la joie d'entrer dans
chacune de vos Communautés.
Dans le climat post-capitulaire, je viens à vous avec une parole qui veut être une
simple réflexion qu'inspire la récente expérience du Chapitre et que je confie à
votre diligence et à la profondeur de votre engagement dans la vocation.
Ensemble vous saurez la développer, l'enrichir, l'adapter à votre vie actuelle pour
qu'elle devienne occasion de croissance en communion et en responsabilité, de
façon à entraîner d'autres personnes dans la mission éducative au service de la vie.
Riche de sens est le proverbe :« Si j'ai une pomme, si tu as une pomme et que nous
l'échangeons, nous avons une pomme chacune; si j'ai une idée, si tu as une idée et
que nous l'échangeons, nous avons deux idées ».
Le partage multiplie les ressources personnelles et communautaires, il favorise le
dialogue avec les autres forces de la localité et promeut la qualité de nos
présences.
C'est une richesse de la communauté à découvrir et à valoriser : les qualités de
chacune peuvent être enrichies dans l'échange que demande la mission commune,
en créant des réseaux de solidarité qui s'étendent pour entraîner d'autres personnes
dans le même mouvement fécond.
Notre rencontre mensuelle voudrait être une occasion pour favoriser ce
dynamisme.
SUR LA ROUTE DE L'EGLISE VERS LE TROISIEME MILLENAIRE
Nous nous encourageons ainsi à marcher dans les sillons que l'Eglise est en train
de tracer vers le troisième millénaire et à traduire dans la vie quotidienne le style
de relations qu'a proposé le XXe Chapitre Général.
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Au cours des trois ans de préparation au Jubilé, l'Eglise médite le mystère de
l'amour du Père, du Fils et de l'Esprit-Saint, en encourageant ses fils à accueillir
avec humilité, gratitude et des sentiments de solidarité, le don de communion avec
les trois Personnes divines.
Dans les Eglises locales, dans les paroisses, dans les différents organismes, on
propose des initiatives pour aider à parcourir le chemin de l'Eglise vers l'an 2000.
Je suis sûre que chaque communauté aura à cœur de s'engager activement sur la
même route, en multipliant les énergies dans l'unité et en apportant en tout milieu
notre contribution avec humilité et avec joie.
Le jubilé est célébré dans un milieu socio-culturel pluraliste, nous sommes
appelées, avec une force nouvelle après le Chapitre, à insuffler les ressources de la
passion éducative, propres à notre charisme, au service de la culture de la vie, avec
la sollicitude de Marie.
Nous nous plaçons avec confiance à l'intérieur de cette société complexe,
conscientes de la nécessité de trouver des réponses qui aident à centrer la vie sur
l'essentiel. Comme le fit Jésus qui, à une époque de préceptes nombreux et
compliqués, ramène le rapport religieux à l'unique précepte : l'amour.
Dans nos propositions, il nous faudrait discerner l'essentiel, conscientes certes, de
la limite, de l'aspect partiel, mais aussi de la logique des petits pas orientés vers
les vastes horizons de la foi.
Quand elle est partagée par beaucoup de monde, cette logique transforme
évangéliquement la culture plus que les interventions, parce qu'elle réveille et
mobilise les consciences, elle les libère de la dépendance et de la résignation en
face de la culture dominante.
Le dialogue, par l'intermédiaire de la lettre circulaire voudrait favoriser aussi cette
marche vers l'essentiel. Une marche qui ne prétend pas pouvoir compter sur
des réponses rassurantes, arriver à de grandes synthèses, mais qui veut soutenir la
tension à vivre constamment en état de discernement.
Considérons la vie de Marie, une succession d'Annonciations qui l'ont toujours
trouvée attentive et unifiée autour de l'unique amour.
Ainsi Marie Dominique, sur le chemin vers Borgo Alto, répond pour nous aussi à
son annonciation : « A toi je les confie ». Au cours des temps, comme
l'évoquent les Actes du Chapitre par la parabole du regard (p.36-38), elle
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continue à regarder par nos yeux les nouvelles générations de jeunes auxquelles
nous sommes envoyées.
Nous nous insérons dans une histoire de salut, en nous sentant en communion non
seulement entre nous et avec les sœurs qui nous ont précédées, mais aussi avec
tous nos frères et sœurs du monde qui forment le grand Corps mystique de
l'humanité.
1997 : année de Jésus-Christ
Dans les lettres circulaires de cette année je voudrais situer dans les temps
liturgiques la recherche de Jésus qui dure toute la vie mais qui, pour l'année 1997
nous est indiquée par le Pape comme la voie d'ouverture vers le prochain Jubilé.
La parole du Recteur Majeur dans l'Etrenne et la réflexion du Chapitre nous
conduisent à approfondir la connaissance de Celui qui est à l'origine de notre
appel. Son visage s'illumine sur nous, particulièrement en ce temps de carême - si
essentiel et entièrement centré sur le drame de la passion - Jésus se révèle à
nous à travers l'empreinte mystérieuse du Saint Suaire. Son regard dépasse les
paupières baissées et nous accompagne dans la vision du mystère de chaque heure.
Ce regard, apparemment voilé, se pose sur nous avec tendresse et compassion. Il
se pose sur le monde entier.
Le serviteur de Jahwé est surtout l'obéissant au Père, L'agneau qui ne se
soustrait pas au sacrifice, l'homme des douleurs qui consomme dans la solitude son
abandon à la volonté du Père - difficile à comprendre même par celui qui est le
Fils premier-né - révèle dans son humanité que Dieu est amour et que la créature
humaine, faite à son image, ne peut se réaliser que dans le don sincère d'elle-même
dans l'amour.
Durant ces jours, en marche avec Jésus obéissant, nous lui demanderons d'être
pour nous Maître d'obéissance dans la foi, comme il le fut au cours de sa vie
terrestre, sur les routes de Palestine. Nous nous laissons interpeller par sa Personne
comme quelques femmes qu'il rencontra sur sa route.
Jésus, en bon hébreu, parlait par les faits qui sont arrivés jusqu'à nous par
l'intermédiaire de l'Evangile.
Rappelons maintenant ensemble deux moments durant lesquels le Christ se déclare
et est reconnu comme Celui qui porte à son achèvement le dessein du salut de
Celui qui l'a envoyé.
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La volonté de mon Père comme nourriture
C'est l'heure du repas de midi, le soleil tape sur le puits de Sichar. La femme de
Samarie court vers la ville pour raconter qu'elle a trouvé celui qui a lu toute sa
vie.
Les disciples, d'abord préoccupés de voir Jésus qui parle avec une femme, lui
adressent maintenant une invitation plus intelligente : ils le prient de manger. Mais
il répond : « J'ai à manger une nourriture que vous ne connaissez pas ». Perplexité
chez les Apôtres présents : « Quelqu'un peut-être lui a donné à manger ? ». Jésus
répond sans laisser de doutes : « Ma nourriture est de faire la volonté de
celui qui m'a envoyé ».
A la Samaritaine il avait parlé de l'eau, en se référant à une réalité essentielle à la
vie, pour lui faire comprendre l'importance d'une chose que l'on ne pouvait ni
toucher ni voir, mais qui serait devenue une source entière dans son cœur. Et elle
n'aurait plus souffert de la soif.
Avec les disciples, Jésus adopte la même pédagogie. Ils lui disent de manger et, au
fait, rien n'est plus concret que la nourriture à midi. Lui, alors, déclare que l'unique
nourriture qui le rassasie est de faire la volonté de son Père (cf. Jn 4, 34).
Une leçon pour les disciples et pour nous. L'obéissance n'est pas l'exécution d'un
ordre, mais c'est entrer d'une façon si vitale dans le dessein de Dieu qu'on en désire
la réalisation comme l'affamé sa nourriture.
Bien plus, dans ces paroles, Jésus ne se pose pas en victime; évidente est
seulement la volonté de s'identifier à ce que veut le Père. Non seulement, pour le
Fils de Dieu, réaliser l'œuvre qui lui a été confiée est un besoin fondamental,
comme de prendre la nourriture.
De même notre Règle de vie rappelle la même attitude de jésus quand elle dit, à
l'article 30 : « Par la profession d'obéissance la F.M.A.proclame que Dieu est le
Seigneur; elle s'abandonne avec confiance en Lui ».
Une autre caractéristique qui nous est suggérée par Jésus quand il parle de la
volonté de son Père comme la nourriture c'est le sens de la vie quotidienne
et de la non exclusion de quelque élément de la vie, si petit soit-il.
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Comme la nourriture est composée de produits variés, tous importants cependant,
ainsi notre journée nous donne des occasions différentes qui, parfois, peuvent nous
sembler marginales, négligeables, alors que, au contraire elles forment la bonne
diététique de l'obéissance.
Ce qui compte c'est de donner consistance aux différentes
circonstances : répondre aimablement à qui nous interpelle, accueillir l'imprévu
avec paix, regarder les différences d'opinion avec sympathie, accepter un conseil,
admettre ses propres erreurs. Petites choses, banales si elles sont faites comme un
exercice qui se répète, sans âme. Si au contraire nous les découvrons comme partie
d'un dessein plus vaste qui est la volonté du Père, elles deviennent les petits pas
du long chemin de la sainteté.
Nous lisons dans notre règle de vie : « Nous sommes appelées à vivre l'obéissance
évangélique en communion avec le Christ et en commun entre nous,
membres de son Corps Mystique. Le Christ, Fils et Envoyé du Père, s'est fait
obéissant jusqu'à la mort, et la mort sur une croix. Il s'est fait ainsi serviteur de ses
frères pour les libérer tous et les rassembler dans la société des rachetés » (C. 29).
Les Actes du Chapitre Général exprime à nouveau ainsi la qualité de notre
obéissance : « Avec Jésus nous avons choisi d'obéir au Père et nous trouvons en
Lui le chemin d'une liberté plus vraie et plus profonde Nous nous plaçons à la
suite de Jésus, l'homme libre qui réalise le projet du Père, par l'unique force de
l'amour. Comme Lui et comme Marie, la servante du Seigneur, nous servons le
projet de Dieu pour que toute l'humanité soit rejointe et entraînée dans cet amour
libérateur » ( p. 73-74).
Parfois nous perdons de vue le visage de Celui qui nous a appelées et nous nous
arrêtons à considérer les médiations qui nous le représentent et qui ne sont pas
toujours suffisamment transparentes.
Souvent, en réfléchissant sur l'obéissance, on insiste sur l'apparente opposition
entre volonté et dépendance. Aujourd'hui, pour le couple d'époux aussi, on parle
de soumission réciproque. Mais on ne peut assumer cette attitude que quand on
comprend que « l'obéissance et l'autorité sont des aspects complémentaires d'une
même participation à l'offrande du Christ. Elles s'appuient sur une volonté
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