Marine Maréchal Groupe 3
Leslie Despré-Belin
Conférence de méthode de sociologie
Séance 4 : Initiation à la pratique sociologique, la question de recherche
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Etude du texte de Philippe CORCUFF « Figures de l’individualité de
Marx aux sociologies contemporaines »
o Traitement de l’individualité dans la sociologie de Karl Marx à Pierre
Bourdieu
-Ligne de fracture entre individu et collectif apparaît comme un « axe structurant »
pour la sociologie. (père fondateur sociologie, Durkheim, établit lui-même cette nette
séparation pour distinguer 2 disciplines bien séparées : la sociologie de la psychologie)
-Sociologie = étude des faits sociaux, faire ressortir les déterminismes sociaux à
l’origine des actions individuelles.
Individualité n’est-elle alors qu’illusoire, dans le sens où tout serait déterminé par des
faits sociaux antérieurs ? Ou peut-on encore imaginer une part irréductible de liberté
individuelle, de singularité chez les sujets étudiés ?
-Dépassement du cadre holiste ou individualiste méthodologique pour le relationnisme
méthodologique : individu pris dans un ensemble de circonstances historiques et sociales.
Ce qui est premier n’est ni l’individu (individualisme méthodologique) ni le tout social
(holisme) mais les relations sociales ; l’individu et le tout collectif en sont des produits.
Ainsi, on retrouve chez bon nombre de sociologies du 19 et 20èmes siècles cette méthode,
alors même que l’on rejetait l’étude de l’individualité en sociologie : Marx (rapports
sociaux), Norbert Elias (interdépendances), Pierre Bourdieu (champs),etc.
Constructivisme ( construction sociale de la réalité) en fait partie.
-Assumer les présupposés anthropologiques que l’on peut avoir dans notre regard sur
l’individu, la condition humaine, pour contribuer non pas à aller à l’encontre d’une
objectivité scientifique, mais au contraire pour compléter les analyses avec d’autres
concepts = dialogue avec la philosophie.
o L’apport de la philosophie :
Paul Ricœur : l’identité-mêmeté et l’identité-ipséité
Identité-mêmeté = ensemble des dispositions durables à quoi on reconnaît une personne.
-Traits objectivables de la personne.
-Part objective, non volontaire et non nécessairement consciente de l’identité d’une personne.
-Catégorie qui n’existe que par rapport au groupe.
-Répond à la question « que suis-je ? »
+la notion d’habitus : système de dispositions durables et transposables incorporé par l’individu pendant les
apprentissages multiples de son existence. Habitus de classe : conditions d’existence, un certain
conditionnement qui seraient identiques. Probabilités de faire des expériences communes.
Mais aussi habitus individuel, car individus d’une même classe ne sont pas obligés de faire tous les mêmes
expérience, diversité. Il y a des dispositions relatives à un tout social, que chacun module en fonction de sa
propre individualité = composé individuel dans un tout collectif.
Exemples : le genre, le caractère ou personnalité, profession…
Identité-ipséité = figure du maintien de soi, sens de sa propre unité et continuité, de son authenticité.
-Part subjective de l’identité, être soi-même pour soi. Se rendre irréductible aux rôles sociaux incarnés.
Cohérent par rapport à une expérience dispersée = réflexion de l’individu sur soi.
-Saisir un « qui » irréductible à tous les quoi, c’est-à-dire une forme de permanence dans le temps qui
apporte une réponse fiable à la question ‘Qui suis-je?’. Cette réponse, Paul Ricoeur l’a trouvée du côté de la
parole donnée, telle qu’elle dit le maintien de soi :
Le maintien de soi, c’est pour la personne la manière telle de se comporter qu’autrui peut compter sur elle.
Parce que quelqu’un compte sur moi, je suis comptable de mes actions devant un autre. Le terme de
responsabilité réunit les deux significations : compter sur..., être comptable de...
-c’est l’émergence ou la constitution d’un « je » empêchant l’individu d’être totalement son rôle ou sa
position.
Exemples : n°de sécu…
Jocelyn Benoist : les moments de subjectivation
-On ne manifeste pas une identité à soi mais une singularité ponctuelle = jaillissement subjectif à un moment
donné.
- La "solitude" où je "me" trouve me reconduit vers les autres, vers l'expérience d'autres formes de la
relation sociale, en dehors des codes établis. Le moi se noue et se dénoue, d'un code à un autre. L'échelle de
ces variations est la subjectivité.
+ notion d’agapè (Luc Boltansky) : moments d’insouciance engageant dans un amour singulier débarrassé de
tout calcul rationnel.
Exemples : dire « je t’aime »
Transition : C’est dans cette dynamique de l’intersubjectivité que l’on peut
étudier la réception de la série Desperate Housewives : interaction mise en scène de
l’identité des personnages, des idéaux-types masculin-féminin, et de l’identité du
téléspectateur.
Application à la série « de l’intime » Desperate Housewives
o Un phénomène de société. Pourquoi un tel succès ? Le pouvoir
explicatif de la sociologie
-L'idée de Desperate Housewives est venue à Marc Cherry lorsqu'il regardait un documentaire sur le procès
d'Andrea Yates (qui avait en 2001 noyé ses cinq enfants dans une baignoire) et a dit à sa mère qu'il ne
comprenait pas comment une femme pouvait faire cela. Elle lui a répondu qu'elle comprenait parfaitement et
que ça lui était arrivé d'avoir de telles pensées lorsque Marc Cherry et sa sœur étaient enfants et
n'arrêtaient pas de pousser à bout leur mère en balançant tout sur les murs. Il s'est dit que si sa mère était
capable d'avoir de telles pensées, toutes les femmes pouvaient en avoir également.
-Les recettes du succès ? "De l'amour, de l’humour, de la passion, de la trahison et une dose de crime
Monde dans lequel on aimerait vivre : tout le monde est beau !
-Pour les femmes : part de ce qu’on a vécu ; projection dans le futur.
celle que je suis, celle que j’aimerais être, celle que je ne voudrais pas devenir et celle
que je risquerais de devenir.
-Pour les hommes : il y a celle qu’ils ont, celle qu’il aimeraient avoir, celle qu’ils ne
supporteraient pas, et celle qu’ils ont peur que leur femme devienne. Hommes ne se
sentent pas représentés (personnages masculins peu aboutis ? Série plutôt féminine ?)
Mise en scène de « types » masculin féminin
o Mise en pratique des concepts d’identité sur le téléspectateur
Renvoi à la part objective de l’identité : identification (voire
fusion totale avec le personnage) pour une personnalité, un
caractère, des valeurs, un « habitus »
Identification : processus par lequel un lecteur ou un spectateur reconnaissent en eux
des traits psychologiques semblables à ceux des héros d'une œuvre, personnalité, façon
de vivre, de réagir.
S’identifier : se vouloir similaire (à quelqu'un)
-Laura Bush “Nine o'clock, Mr. Excitement here is sound asleep, and I'm watching
Desperate Housewives. Ladies and gentlemen, I am a desperate housewife”
Blog imaginaire de Bree Van De Kamp = fusion totale avec le personnage
Retour sur soi parfois inconscient : Commentaire Blog de Bree : Vos contradictions, les
nuances de votre personnalité, en aident plus d'une à se reconnaître, à se remettre en
question, à s'accepter même.
Quatre profils féminins types : la femme-enfant (Suzanne), la garce (Gabrielle), la
frustrée (Lynette) et la névrosée (Bree). « Etiquettes », « profils » que l’on applique à
chaque individu : existence d’une part d’identité qui n’existe que par rapport à un
collectif
Identité pour autrui : morale, regard des voisins,… Apparence, extérieur / intimité,
intérieur. Conformisme. Pression sociale. Toujours être en accord avec ses rôles sociaux
failles (mère de famille)
On peut questionner l’attirance que l’on a pour la série : voir comment les gens
répondent : en terme d’identité ? d’esthétique ? Fait ressortir une part d’aveuglement ?
Renvoi à la part subjective : comment le téléspectateur se
perçoit-il par rapport aux autres téléspectateurs ?
Recherche de singularité par rapport au conformisme (illusion ??)
Identité pour soi, souci de cohérence du moi Présentation de soi en tant que
téléspectateur (authenticité de l’individu en le renvoyant à sa propre histoire, ce qui le
singularise d’autres « individus-spectateurs »)
La série desperate housewives a t-elle eu une grande influence sur votre vie ? réponse
peut porter indice de cette fabrication et mise en scène d’un moi cohérent et stable.
Question sur la façon de regarder la série : relative au mode de vie : regarder la
télévision ou pas (habitus) ; façon de la regarder, en famille en couple ou entre amis ;
tous les épisodes d’un coup (marathon DH sur Canal + décalé) tous les mardis soirs sur
M6 = rituel : « chaque dimanche a 21h je m'assois devant notre grosse télé avec un gros
paquet de pop-corns dans les mains j'éteins la lumière et je regarde desperate
housewives ». Honte/ fierté de regarder
La subjectivation : sympathie, attachement pour un
personnage, personnage préféré (sondages)
Attachement des téléspectateurs à certains personnages (qui sont en fait fragiles,
incertains, qui doutent, souffrent, qui symbolisent une sorte de malaise (ou de mal-être)
social, etc.).
Agapè (Luc Boltanski) : moments d’insouciance où l’on fait preuve d’un amour singulier et
désintéressé (en dehors de tout calcul) pour une personne. Pas conditionné par la
réciprocité (d’où peut d’appliquer à une série télévision)
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