Philosophie
La connaissance scientifique et l’existence humaine
L'homme de science doit être un ascète de la rationalité, car
l'esprit scientifique comme esprit rationaliste selon Bachelard «
...est la réalisation du rationnel dans l'expérience physique... » .
C'est un esprit qui exige de l'homme un effort pour éloigner de la
pensée l'influence du sentiment et de l'arbitraire de la volonté.
Selon l'auteur, l'esprit scientifique doit dépasser les phyllies, il
doit au préalable adopter l'attitude « critique » et créative en tant
qu'il est nourri d'un souci d'accroissement de la clarté et non
d'une répétition permanente des acquis non rectifiés. C'est ce qui
fait dire à Federigo que: «la physique au lieu d'offrir une
vérification plus précise de la mécanique classique conduit plutôt
à en corriger les principes»9. La science est donc d'abord un esprit
à adopter; car au-delà de tout savoir acquis l'esprit humain doit
pouvoir élaborer des lois ou une théorie ; ainsi conduit, l'esprit
humain critiquée celui-ci a le pouvoir de récupérer une théorie ;
dûment critiquée10.
Certes, ce qui caractérise l'esprit scientifique dans l'optique
bachelardienne, c'est la complémentarité de la critique et de la
rectification. Ainsi, pour parvenir à l'esprit scientifique, il est
indispensable d'éliminer, de la connaissance, les projections
psychologiques, spontanées ou inconscientes. Dès lors, la
véritable psychologie de l'esprit scientifique sera bien près d'être
une psychologie normative, une pédagogie en rupture avec la
connaissance usuelle.
D'après Bachelard, dans la formation individuelle, un esprit
scientifique passerait nécessairement par les trois états suivants,
beaucoup plus précis et particuliers que les formes contiennent :
L'état concret où l'esprit s'amuse des premières images du
phénomène et s'appuie sur une littérature philosophique
glorifiant la nature, chantant curieusement à la fois l'unité
du monde et sa riche diversité.
L'état concret-abstrait où l'esprit adjoint à l'expérience
physique des schémas géométrique et s'appuie sur une
philosophie de la simplicité. L'esprit est encore dans une
situation paradoxale : il est autant plus sûr de son
abstraction que cette abstraction est plus clairement
représentée par une intuition sensible.
L'état abstrait où l'esprit entreprend des informations
volontairement soustraites à l'intuition de l'espace réel,
volontairement détachées de l'expérience immédiate et