Philosophie
La connaissance scientifique et l’existence humaine
1
INTRODUCTION
La fin du vingtième siècle et le début du vingt et unième
siècle sont marqués par des progrès scientifiques très développés.
Il ne faut pas en douter, car notre vécu quotidien nous le prouve
à suffisance. Il y a une nouvelle découverte scientifique tous les
jours. Ce siècle récent a été, comme le disent certains penseurs,
un siècle de progrès. Ainsi la connaissance scientifique et
l’existence humaine trouve leur conception plus défini et débattu
par Gaston Bachelard et Jean Paul Sartre.
PROBLEMATIQUE
La description scientifique de la nature est aujourd'hui très
éloignée de sa conception commune et quotidienne. Ainsi la
description qu'a donnée Nicolas Copernic de l'univers n'a pas
modifié notre langage courant pour lequel le soleil "se lève" et "se
couche", conformément à notre expérience empirique. De même,
la théorie de la relativité d'Einstein pose que l'écoulement du
temps n'est pas partout uniforme.
Cette description empêche de reconnaître une réalité physique à
la notion de simultanéité. Pourtant, personne au quotidien ne
douterait que l'expression "réglons nos montres" soit pleinement
légitime. Faut-il reprocher à la science de se perdre dans une
abstraction aveugle à l'expérience concrète ? Faut-il réamorcer les
défiances des empiristes contre un rationalisme pas trop
cartésien ? La science peut- elle sans dommages s'éloigner de
l'expérience empirique immédiate et manipuler des objets de plus
en plus abstraits, de moins en moins descriptibles par des
concepts autres que mathématiques ? C'est ce constat d'un
divorce entre les concepts du physicien et les conceptions
communes tirées de l'expérience empirique immédiate, dont
Bachelard veut tirer les fruits. Notre objectif est de montrer
justement, à la suite de Gaston Bachelard, comment se réalise le
rationnel dans l'expérience physique à l'ère du nouvel esprit
scientifique.
Philosophie
La connaissance scientifique et l’existence humaine
2
A- DECRIPTION DU PROCESSUS D’ELABORATION DE LA
CONNAISSANCE SCIENTIFIQUE.
I- PRESENTION DE GASTON BACHELARD
1- Qui est Gaston BACHELARD ?
Gaston BACHELARD Philosophe français, Gaston Bachelard
naît le 27 juin 1884, en Champagne, à Bar-sur-Aube. Il passe son
enfance dans la province la plus rustique où l'homme n'a pas
perdu le contact avec les éléments premiers. Nanti de son
baccalauréat, il entre dans l'administration des Postes (1903-
1913). En disponibilité pour raison d'études dès 1913, il prépare
le concours d'élèves ingénieur des Télégraphes et achève
parallèlement sa licence de mathématiques. La guerre de 1914-
1918 brise son destin. En 1919, il renonce à son ambition
d'ingénieur et entre dans l'enseignement secondaire. Il est
professeur de sciences au collège de Bar-sur-Aube de 1919 à
1930. A 35 ans, il engage de nouvelles études. Agrégé de
philosophie en 1922, il obtient de demeurer à Bar-sur-Aube, à la
fois professeur de sciences et de philosophie. En 1928 paraissent
les deux thèses, soutenues en 1927, Essai sur la connaissance
approchée et Etude sur l'évolution d'un problème de physique, la
propagation thermique dans les solides.
2- Quelques œuvres écrite de Gaston BACHELARD
La Faculté des Lettres de Dijon l'appelle en 1930, puis la
Sorbonne en 1940 (où il restera jusqu'en 1954).Il publie en
1934 Le Nouvel Esprit scientifique, en 1938 La formation de
l'Esprit scientifique, en 1940 La Philosophie du non, en 1942 L'eau
et les rêves, La terre et les rêveries du repos en 1946, La terre et
les rêveries de la volonté en 1948. Il entre à l'Académie des
sciences morales et politiques en 1955 et obtient le Grand Prix
National des Lettres en 1961, année où il publie La flamme d'une
chandelle. Il meurt à Paris le 16 octobre 1962.
Philosophie
La connaissance scientifique et l’existence humaine
3
3- Proposition de piste par Bachelard pour l'élaboration
de la science
Gaston Bachelard nous propose des pistes de réflexion sur la
manière de procéder à l'élaboration de la science, et d'après un
esprit qui se veut « scientifique ». Sa réflexion entend apporter un
correctif qu'il juge important pour le progrès scientifique lui
même, au sens englobant du terme. Et c'est cela qui lui permet de
parler de « nouvel esprit scientifique ».
II- PROCESSUS D’ELABORATION DE LA CONNAISSANCE
SCIENTIFIQUE.
Parlant de science, G. Bachelard en perçoit, mieux qu'un savoir
figé, un ensemble de recherches soucieuses d'objectivité, un
réalisme reconstruit, un rationalisme appliqué.
1- Esprit Scientifique
Le concept « Esprit scientifique » est né du souci de rendre
l'homme plus rationnel dans le domaine scientifique. Bachelard
remonte au stade vulgaire de la connaissance pour situer les
moments déterminants des insuffisances épistémologiques. Pour
lui, la révolution scientifique qui a fait l'objet de préoccupation au
dix-neuvième siècle a fait que l'esprit scientifique se démarque de
la connaissance du commun des mortels, c'est-à-dire de la « Doxa
», en imposant le concept de science, comme savoir raisonner ou
connaissance méthodiquement fondée, Epistémè.5
A ce niveau, l'effort des philosophes est louable : ils ont cherché à
sauver l'homme de la récalcitrante, surtout de la doxa. Ils ont
posé l'esprit comme celui qui se veut non habituel, étant donné
que les habitudes, c'est-à-dire les actes inquisitoires, en
constituent un frein6.
Par « l'esprit scientifique », on entend esprit critique, esprit qui se
rapporte (qui se réfère à) et qui, dans une discipline scientifique
de n'importe quelle obédience, a rompu ou doit chercher à rompre
avec toute tendance subjectiviste et/ou sentimentaliste, en
fonction d'une tendance ascétique, entendu comme possibilité
pour tout homme d'être austère devant une expérience
scientifique tout en mettant de côté tout préjugé7.
Philosophie
La connaissance scientifique et l’existence humaine
4
L'homme de science doit être un ascète de la rationalité, car
l'esprit scientifique comme esprit rationaliste selon Bachelard «
...est la réalisation du rationnel dans l'expérience physique... » .
C'est un esprit qui exige de l'homme un effort pour éloigner de la
pensée l'influence du sentiment et de l'arbitraire de la volonté.
Selon l'auteur, l'esprit scientifique doit dépasser les phyllies, il
doit au préalable adopter l'attitude « critique » et créative en tant
qu'il est nourri d'un souci d'accroissement de la clarté et non
d'une répétition permanente des acquis non rectifiés. C'est ce qui
fait dire à Federigo que: «la physique au lieu d'offrir une
vérification plus précise de la mécanique classique conduit plutôt
à en corriger les principes»9. La science est donc d'abord un esprit
à adopter; car au-delà de tout savoir acquis l'esprit humain doit
pouvoir élaborer des lois ou une théorie ; ainsi conduit, l'esprit
humain critiquée celui-ci a le pouvoir de récupérer une théorie ;
dûment critiquée10.
Certes, ce qui caractérise l'esprit scientifique dans l'optique
bachelardienne, c'est la complémentarité de la critique et de la
rectification. Ainsi, pour parvenir à l'esprit scientifique, il est
indispensable d'éliminer, de la connaissance, les projections
psychologiques, spontanées ou inconscientes. Dès lors, la
véritable psychologie de l'esprit scientifique sera bien près d'être
une psychologie normative, une pédagogie en rupture avec la
connaissance usuelle.
D'après Bachelard, dans la formation individuelle, un esprit
scientifique passerait nécessairement par les trois états suivants,
beaucoup plus précis et particuliers que les formes contiennent :
L'état concret l'esprit s'amuse des premières images du
phénomène et s'appuie sur une littérature philosophique
glorifiant la nature, chantant curieusement à la fois l'unité
du monde et sa riche diversité.
L'état concret-abstrait où l'esprit adjoint à l'expérience
physique des schémas géométrique et s'appuie sur une
philosophie de la simplicité. L'esprit est encore dans une
situation paradoxale : il est autant plus sûr de son
abstraction que cette abstraction est plus clairement
représentée par une intuition sensible.
L'état abstrait où l'esprit entreprend des informations
volontairement soustraites à l'intuition de l'espace réel,
volontairement détachées de l'expérience immédiate et
Philosophie
La connaissance scientifique et l’existence humaine
5
même en polémique ouverte avec la réalité première,
toujours impure, toujours informe.
2- Le Rationalisme
Dans son Vocabulaire technique et analytique de
l'épistémologie, Robert Nadeau définit le rationalisme comme
étant toute philosophie qui met en évidence le rôle de la seule
raison dans l'acquisition et la justification du savoir12. Descartes,
grâce à son doute méthodique, affronte la dualité onto-
cosmologique. Et, corrigeant l'idéalisme platonicien avec
l'intellectualisme aristotélicien, il maintient la coexistence dans
l'univers de substances pensantes et de celle uniquement étendue
c'est-à-dire des hommes et de l'espace. Son épistémologie est dite
rationaliste. Car, elle ne ramène pas la réalité des choses aux
idées, mais reconnaît la part de l'intuitive de la raison dans la
saisie des idées, qui sont la seule chose de la pensée. Donc la
certitude cognitive n'est possible que moyennant le bon usage du
bon sens. Cela commence par la «tabula rasa» ou le doute.
Se faisant, le rationalisme récuse toute connaissance purement
idéaliste à laquelle la perspective heideggérienne semble
s'attacher en affirmant :
l'homme «est la pensée se pensant elle-même absolument... la
subjectivité en tant qu'Ego Cogito est la conscience qui représente
quelque chose, rapporte en retour à elle-même ce qui est
représenté et aussi l'accueille chez elle»:
Qui dit «la pensée se pensant», voit l'homme en tant qu'un être de
la pure raison. Mais, il sied et c'est important d'énumérer à ce
niveau quelques déviationnismes causés par le rationalisme,
notamment l'anthropocentrisme et l'anti-théisme.
a. L'anthropocentrisme moderne
L'excès de rationalisme est évidemment à l'origine de
l'anthropocentrisme moderne. L'homme éprouve une nouvelle
conscience de lui-même; sa confiance en la seule capacité
intellectuelle de l'homme évacue toute énigme du monde.
L'exploration et la découverte de soi le conduit à affirmer une
nouvelle conscience de lui-même comme cogito tout transparent.
Se découvrant pour ainsi dire un sommet et une source même de
1 / 17 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !