Traduction officieuse et littérale du texte latin

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Traduction officieuse et littérale du texte latin.
DECRET
POUR L'INTRODUCTION DE LA CAUSE DE BEATIFICATION
DE
MARIE DE LA PASSION
(HÉLÈNE PHILIPPINE DE CHAPPOTIN DE NEUVILLE) FONDATRICE DES
FRANCISCAINES MISSIONNAIRES DE MARIE
Noble femme, qui a vraiment bien mérité dans son activité pour l'Église, et pour l'Église
missionnaire, Marie de la Passion, dans le monde Hélène Marie Philippine, née de Charles de
Chappotin de Neuville et de Sophie Galbaud du Fort le 21 mai de l'année 1839, dans la cité épiscopale
de Nantes en France, montra dès ses premières années des exemples remarquables d'une âme
généreuse et pieuse. Deux jours après sa naissance elle fut baptisée et, à dix ans, le 31 mai 1849 elle
fut confirmée et reçut en même temps pour la première fois la communion eucharistique. Les
exercices spirituels, qu'elle fit au mois d'avril 1856, lui offrirent l'occasion de cultiver ensuite sa vie
intérieure avec plus de diligence et de s'offrir complètement au service de Dieu.
Poussée intérieurement à embrasser la vie religieuse, sur le conseil de l'Évêque de Nantes
Alexandre Jaquemet, elle entra dans le monastère de sainte Claire de la même ville le 9 décembre
1860, et là, se sentant appelée par Dieu à une plus parfaite oblation d'elle-même, elle s'offrit en victime
le 23 janvier 1861 pour l'Église, le Souverain Pontife, les prêtres et le salut des âmes. Étant tombée
gravement malade, elle dut quitter le monastère, y ayant demeuré moins de deux mois. Toutefois elle
ne cessa pas d'avoir un ardent désir de la vie religieuse. Dès qu'il lui fut permis, sa santé étant
suffisamment rétablie, sur le conseil du Père Adolphe Petit, prêtre de la Compagnie de Jésus, le 17 mai
1864, elle entra dans la Société de Marie Réparatrice, récemment fondée, et y revêtit l'habit religieux
le 15 août, prenant le nom de Marie de la Passion.
Pendant son noviciat dans la même Société, Marie de la Passion, le 19 mars 1865, n'étant pas
encore religieuse professe, fut envoyée en mission dans le Vicariat apostolique du Maduré, dans l'Inde,
mission confiée aux Religieuses Réparatrices. Ayant terminé son noviciat d'une manière digne d'éloge
dans le couvent de Tuticorin, le 3 mai 1866 elle prononça ses vœux temporaires. Comme, à cause de
ses dons remarquables de prudence et d'intelligence, elle était très estimée de la fondatrice de la
Société, Marie de Jésus, le gouvernement de la communauté de Tuticorin lui fut confié le 5 août de la
même année; et un an après, le 9 juillet 1867, elle était nommée Supérieure provinciale des maisons
situées dans l'Inde. Pendant qu'elle exerçait cette charge, elle prononça ses vœux perpétuels le 15
janvier 1871.
La nouvelle Supérieure provinciale s'appliqua d'une main prudente et forte en même temps à
résoudre les conflits et surmonter les difficultés qui faisaient malheureusement obstacle à la formation
religieuse des sœurs indigènes. Il y avait, en effet, dans la mission deux Instituts religieux de ce type,
fondés dans les années 1854 et 1856, mais toutefois encore insuffisamment formés à la vie religieuse.
Sous le gouvernement prudent et sûr de Marie de la Passion, tandis que la discipline était restaurée, la
paix et la concorde commencèrent bientôt à refleurir et la vie religieuse reprit une nouvelle vigueur.
Mais ce ne fut pas approuvé unanimement par tous; bien plus, certains de ces opposants qui
supportaient mal la manière d'agir droite et impartiale de Marie de la Passion, n'eurent pas de repos
jusqu'au moment où ils la virent privée du gouvernement de la province.
En effet Marie de la Passion qui, depuis 1875, résidait dans le couvent d'Ootacamund dans le
vicariat apostolique confié aux Missions Étrangères de Paris, fut, le 22 janvier 1876, privée de sa
charge. Comme les difficultés s'aggravaient, dix-neuf des trente-trois sœurs Réparatrices qui
travaillaient dans la mission, jugeant ne pas pouvoir en conscience acquiescer aux accusations portées
contre Marie de la Passion, cherchèrent refuge à Ootacamund sous l'autorité du Vicaire Apostolique,
Mgr. Bardou. Ce dernier, ayant considéré attentivement la question sous ses différents aspects, estima
qu'il fallait soumettre toute l'affaire à la décision du Saint-Siège et jugea nécessaire le départ de Marie
de la Passion pour Rome. Celle-ci entreprit donc le 22 novembre 1876, avec deux compagnes, le
voyage de Rome, où elle fut bien reçue par le Souverain Pontife Pie IX qui lui donna la faculté de
fonder le nouvel Institut des Missionnaires de Marie le 6 janvier 1877.
Différents témoignages montrent clairement que Marie de la Passion, dans ces circonstances très
difficiles, agit avec prudence et sagesse, sans jamais manquer à la charité ni à l'obéissance. Entre
autres, au mois de janvier 1877 elle écrivait de Rome aux sœurs qui attendaient dans l'Inde le résultat
de ses démarches: «Mes chères filles, je vous fais une promesse et réclame quelque chose de vous
toutes, c'est que dans son examen on donne une petite place pour voir si on a manqué à la charité, soit
en pensée, soit en parole, vis-à-vis de ceux qui nous ont fait souffrir. »
Selon la faculté que le Pape Pie IX lui avait donnée, elle fonda une maison de noviciat à SaintBrieuc, en France, le 5 avril 1877 sous la protection de l'Évêque de Saint-Brieuc. Le 25 du même mois
et de la même année elle fut élue première Supérieure Générale du nouvel Institut. Retournant à Rome
dans l'année 1882, elle y rencontra le Ministre Général de l'Ordre des Frères Mineurs, le Père
Bernardin de Portogruaro, qui l'admit dans le Tiers Ordre de Saint François et la confia à la direction
du Père Raphaël Delarbre, membre du même Ordre. Marie de la Passion composa ainsi les
constitutions du nouvel Institut et fonda un couvent à Rome le 18 août. Tandis que tout semblait
prospérer, Marie de la Passion, à cause des injustes accusations de nouveau soulevées contre elle, fut
sur ordre de Léon XIII déposée de la charge de Supérieure Générale le 16 mars 1883; acceptant l'ordre
du Souverain Pontife avec docilité et sans aucune excuse, elle écrivit au Cardinal Vicaire: «La volonté
de Sa Sainteté sera accueillie de toutes les Missionnaires de Marie avec respect et obéissance. J'espère
avec le secours de mon Immaculée Mère, leur en donner l'exemple.» Un an après, le 8 avril 1884, le
même Souverain Pontife, ayant reconnu que les accusations contre Marie de la Passion manquaient de
tout fondement, la déclara innocente. En conséquence elle fut réélue à l'unanimité Supérieure Générale
le 26 juillet 1884 afin de pouvoir s'occuper de la consolidation de l'Institut et compléter l'œuvre
commencée. Le nouvel Institut, affilié dès lors au Tiers Ordre franciscain, commença à porter le nom
de Franciscaines Missionnaires de Marie. Il reçut le décret de louange du Saint-Siège dans l'année
1885; en 1890, le 17 juin, il obtint l'approbation définitive et finalement le 11 mai 1896 l'approbation
définitive des Constitutions écrites par la fondatrice.
Marie de la Passion, qui, poussée par un grand zèle des âmes ne s'épargnait ni les fatigues des
voyages, ni d'autres multiples travaux pour répondre aux nécessités et aux demandes de nombreuses
missions, dans un sentiment constant d'humilité, disait avoir agi dans la fondation de l'Institut comme
un âne qu'on fait marcher à force de coups. Cherchant avant tout et en toute chose la gloire de Dieu,
elle s'adonna avec une très grande sollicitude à la formation spirituelle des Franciscaines
Missionnaires de Marie, qu'elle voulait victimes, adoratrices, missionnaires, afin qu'elles puissent
continuer efficacement dans leur vie la mission de la Vierge Marie, et elle ne cessait de les pousser à la
perfection par des écrits admirables, basés sur une doctrine très élevée et une spiritualité missionnaire.
Femme remarquable, marquée d'un amour inextinguible de l'absolu, forte dans les tribulations et les
souffrances, toujours sereine, facile au pardon et généreuse, éminente par un zèle infatigable, douée
d'un cœur large, d'une intelligence non commune et d'une volonté persévérante, totalement livrée à
Dieu dans son oblation et donnée au salut des âmes, elle tient une place notable dans l'histoire de
l'Église et dans le développement de la spiritualité missionnaire et se distingue par sa renommée de
sainteté, sa sincérité et sa droiture.
Quand Marie de la Passion acheva, le 15 novembre 1904, à San Remo, son pèlerinage terrestre,
elle laissait 86 maisons fondées dans le monde entier, parfois dans des contrées très lointaines et
inaccessibles, et environ 2000 sœurs Franciscaines Missionnaires de Marie.
Comme après la mort de Marie de la Passion sa renommée de sainteté allait croissant, surtout dans
la famille religieuse qu'elle avait fondée, un procès informatif ordinaire sur sa renommée eut lieu dans
les années 19181922 dans le diocèse de Vintimille, puis des procès rogatoires furent instruits à Rome
(1918-1923), à Southwark (1919), à Fribourg (1920), â Coïmbatour (1919-1920), à Paris (1921), à
Innsbruck (1922), et encore un procès additionnel à Rome devant le Promoteur de la Foi (1927).
Entre temps de nombreuses lettres postulatoires parvenaient au Souverain Pontife envoyées par
des cardinaux, des évêques, des prêtres, des religieux de différents Instituts et par des laïques,
demandant l'Introduction de la Cause par le Saint-Siège. Les écrits de Marie de la Passion ayant été
examinés, la S. Congrégation, alors appelée des Rites, avec l'approbation du Pape Pie XII, publia le 2
juillet 1941 le décret permettant de procéder ultérieurement.
Toutes les normes du droit ayant donc été observées, sur la demande du Rév. Père Antoine
Cairoli, postulateur général de l'Ordre des Frères Mineurs, le Congrès particulier eut lieu le 13 juin
1978 et fut suivi de la Congrégation particulière, le 12 décembre de la même année, avec comme
Relateur ou Ponant le Cardinal Pierre Palazzini. Dans ces réunions sur la question si la Cause de la
Servante de Dieu Marie de la Passion devait être introduite, tous les Pères donnèrent une réponse
affirmative, si toutefois cela était agréé du Souverain Pontife.
Une relation diligente ayant été présentée sur tous ces points au Pape Jean Paul II par le soussigné
Cardinal Préfet, Sa Sainteté, dans l'audience concédée à celui-ci le 19 janvier 1979, ratifia et confirma:
La Cause de la Servante de Dieu Marie de la Passion doit être introduite.
Donné à Rome, le 19 janvier 1979.
Card. CONRAD BAFILE, Préfet.
L. † S.
†JOSEPH CASORIA, Archevêque titulaire de Forum Novum, secrétaire.
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