contre Marie de la Passion, cherchèrent refuge à Ootacamund sous l'autorité du Vicaire Apostolique,
Mgr. Bardou. Ce dernier, ayant considéré attentivement la question sous ses différents aspects, estima
qu'il fallait soumettre toute l'affaire à la décision du Saint-Siège et jugea nécessaire le départ de Marie
de la Passion pour Rome. Celle-ci entreprit donc le 22 novembre 1876, avec deux compagnes, le
voyage de Rome, où elle fut bien reçue par le Souverain Pontife Pie IX qui lui donna la faculté de
fonder le nouvel Institut des Missionnaires de Marie le 6 janvier 1877.
Différents témoignages montrent clairement que Marie de la Passion, dans ces circonstances très
difficiles, agit avec prudence et sagesse, sans jamais manquer à la charité ni à l'obéissance. Entre
autres, au mois de janvier 1877 elle écrivait de Rome aux sœurs qui attendaient dans l'Inde le résultat
de ses démarches: «Mes chères filles, je vous fais une promesse et réclame quelque chose de vous
toutes, c'est que dans son examen on donne une petite place pour voir si on a manqué à la charité, soit
en pensée, soit en parole, vis-à-vis de ceux qui nous ont fait souffrir. »
Selon la faculté que le Pape Pie IX lui avait donnée, elle fonda une maison de noviciat à Saint-
Brieuc, en France, le 5 avril 1877 sous la protection de l'Évêque de Saint-Brieuc. Le 25 du même mois
et de la même année elle fut élue première Supérieure Générale du nouvel Institut. Retournant à Rome
dans l'année 1882, elle y rencontra le Ministre Général de l'Ordre des Frères Mineurs, le Père
Bernardin de Portogruaro, qui l'admit dans le Tiers Ordre de Saint François et la confia à la direction
du Père Raphaël Delarbre, membre du même Ordre. Marie de la Passion composa ainsi les
constitutions du nouvel Institut et fonda un couvent à Rome le 18 août. Tandis que tout semblait
prospérer, Marie de la Passion, à cause des injustes accusations de nouveau soulevées contre elle, fut
sur ordre de Léon XIII déposée de la charge de Supérieure Générale le 16 mars 1883; acceptant l'ordre
du Souverain Pontife avec docilité et sans aucune excuse, elle écrivit au Cardinal Vicaire: «La volonté
de Sa Sainteté sera accueillie de toutes les Missionnaires de Marie avec respect et obéissance. J'espère
avec le secours de mon Immaculée Mère, leur en donner l'exemple.» Un an après, le 8 avril 1884, le
même Souverain Pontife, ayant reconnu que les accusations contre Marie de la Passion manquaient de
tout fondement, la déclara innocente. En conséquence elle fut réélue à l'unanimité Supérieure Générale
le 26 juillet 1884 afin de pouvoir s'occuper de la consolidation de l'Institut et compléter l'œuvre
commencée. Le nouvel Institut, affilié dès lors au Tiers Ordre franciscain, commença à porter le nom
de Franciscaines Missionnaires de Marie. Il reçut le décret de louange du Saint-Siège dans l'année
1885; en 1890, le 17 juin, il obtint l'approbation définitive et finalement le 11 mai 1896 l'approbation
définitive des Constitutions écrites par la fondatrice.
Marie de la Passion, qui, poussée par un grand zèle des âmes ne s'épargnait ni les fatigues des
voyages, ni d'autres multiples travaux pour répondre aux nécessités et aux demandes de nombreuses
missions, dans un sentiment constant d'humilité, disait avoir agi dans la fondation de l'Institut comme
un âne qu'on fait marcher à force de coups. Cherchant avant tout et en toute chose la gloire de Dieu,
elle s'adonna avec une très grande sollicitude à la formation spirituelle des Franciscaines
Missionnaires de Marie, qu'elle voulait victimes, adoratrices, missionnaires, afin qu'elles puissent
continuer efficacement dans leur vie la mission de la Vierge Marie, et elle ne cessait de les pousser à la
perfection par des écrits admirables, basés sur une doctrine très élevée et une spiritualité missionnaire.
Femme remarquable, marquée d'un amour inextinguible de l'absolu, forte dans les tribulations et les
souffrances, toujours sereine, facile au pardon et généreuse, éminente par un zèle infatigable, douée
d'un cœur large, d'une intelligence non commune et d'une volonté persévérante, totalement livrée à
Dieu dans son oblation et donnée au salut des âmes, elle tient une place notable dans l'histoire de
l'Église et dans le développement de la spiritualité missionnaire et se distingue par sa renommée de
sainteté, sa sincérité et sa droiture.
Quand Marie de la Passion acheva, le 15 novembre 1904, à San Remo, son pèlerinage terrestre,
elle laissait 86 maisons fondées dans le monde entier, parfois dans des contrées très lointaines et
inaccessibles, et environ 2000 sœurs Franciscaines Missionnaires de Marie.
Comme après la mort de Marie de la Passion sa renommée de sainteté allait croissant, surtout dans
la famille religieuse qu'elle avait fondée, un procès informatif ordinaire sur sa renommée eut lieu dans
les années 19181922 dans le diocèse de Vintimille, puis des procès rogatoires furent instruits à Rome
(1918-1923), à Southwark (1919), à Fribourg (1920), â Coïmbatour (1919-1920), à Paris (1921), à
Innsbruck (1922), et encore un procès additionnel à Rome devant le Promoteur de la Foi (1927).
Entre temps de nombreuses lettres postulatoires parvenaient au Souverain Pontife envoyées par