
Le crédit à moyen terme mobilisable est un crédit à l’investissement d’une durée
inférieure à 7 ans. Il peut être affecté à des secteurs privilégiés (habitat, exportation,
investissement rural, équipement) et bénéficier de clauses favorables. Aujourd’hui en voie de
disparition, il était né après 45 pour financer la reconstruction en permettant aux banques de
réescompter des titres à 3 mois renouvelables pendant 5 ans (Jacques Rueff considère cette
technique comme la cause de l’inflation).
Le crédit à moyen long terme s’est développé au XX°. L’Etat a rendu cette technique possible
en créant des organismes spécialisés dont la fonction est d’accorder des prêts à long terme à
certains secteurs : Crédit Foncier (1852, habitat), Caisse des dépôts et consignations (1797,
collectivités locales), Crédit national (1945). Après 70, les autres banques ont été encouragées
à l’utiliser. Il a permis à de nombreux ménages d’accéder à la propriété (d’autant qu’ils
bénéficiaient de la situation inflationniste).
Depuis 45, l’influence importante des banques sur le mode de financement des
économies permet la mise en place d’une économie d’endettement (Hicks) : les agents
économiques disposent de fonds prêtés par les organismes bancaires. En France, elle trouve
son origine dans le faible recours de l’Etat au marché financier en raison de son faible
endettement après 45 et son désendettement (59-73). Parallèlement croissent les crédits au
secteur privé. L’Etat impose des taux faibles qui permettent aux banques de se pourvoir en
ressources peu coûteuses, les emprunteurs bénéficient de taux réels nuls, voire négatifs. Cette
politique d’argent bon marché stimule croissance, accumulation de capital, investissement,
voire surinvestissement. Des privilèges sont accordés à certains crédits, dits bonifiés (les taux
d’intérêt sont fixés en dessous du taux du marché, la différence est payée par l’Etat) qui
expliquent notamment la modernisation de l’agriculture.
Mais cette économie d’endettement engendre une forte création monétaire : dans le cas
français, l’étude faite par Lutfalle et Patat (Histoire monétaire de la France, 1987) montre que
M2 a augmenté de 14% par an entre 1948 et 1973, contre 5% pour le PIB. La monnaie a joué
un rôle crucial dans la dynamique de l’économie, mais aussi dans l’inflation.
2. Avantages et inconvénients de l’intermédiation
A l’issue de la période, on considère qu’il s’agit d’un mode de financement archaïque
en raison de l’endettement, voire du surendettement des agents et de la crise dans laquelle
l’économie est précipitée.
Pour la France, ce système a permis aux entreprises d’assurer leur financement (masse
de fonds propres très faible, pas de marché des capitaux). Cet endettement n’était pas lourd
tant que la croissance perdurait et que les taux d’intérêt restaient faibles. La structure de
financement a un effet d’entraînement pour la croissance, tant que celle-ci reste supérieure
aux taux d’intérêt réels.
L’entrée dans une économie ouverte rend impossible ce mode de financement. Le seul
moyen de lutter contre l’inflation est d’effectuer un contrôle administré de la masse monétaire
par encadrement du crédit (limitation ou affectation à certains secteurs). Ce contrôle est très
arbitraire : il empêche la fluidité du crédit et son allocation en fonction du seul calcul
économique (conséquences discriminatoires). Il faut donc s’orienter progressivement vers un
autre mode de financement, d’autant que les besoins des agents en capitaux sont de plus en
plus importants.
A la fin des années 70, on passe à une économie de marchés financiers du fait de l’importance
du déficit public et du refus de le financer par l’inflation : l’Etat doit faire appel à l’épargne
des agents économiques. Le renversement de politique conduit à une politique de taux
d’intérêt forts dictée par le renversement américain de 79.