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Les modèles en apprentissage : comment construire une séquence ?
D’après Jean-Pierre Astolfi – Conférence Université d’été – Marseille 1988
Georges Chappaz –Hermès – Formation – Conseil - Création
Il faut bien admettre que ces conditions ne sont en général pas remplies pour le public
d'aujourd'hui.
1. 2 - Le modèle du conditionnement
La pédagogie dite behavioriste, introduite par Skinner et Watson au début du siècle, a
constitué un essai pour sortir de ce premier modèle. Leur idée centrale est qu'il faut
considérer les structures mentales comme une boîte noire à laquelle on n'a pas accès, et
qu'il est plus efficace de s'intéresser aux "entrées" et aux "sorties" qu'aux processus eux-
mêmes.
On s'attache alors à définir les connaissances à acquérir non pas de manière
"mentaliste" (compréhension, esprit d'analyse ou de synthèse, …) mais en termes de
comportement ("behavior" en anglais) observable que l'on attend en fin d'apprentissage.
De là sont issus notamment l'enseignement programmé, une bonne part de la pédagogie
par objectifs (PPO) et de l'enseignement assisté par ordinateur (EAO). Toute la
méthodologie classique de définition des objectifs, popularisée par l'ouvrage connu de
Mager, dérive de ce modèle d'apprentissage. Chaque objectif y est, en effet, formulé
ainsi : l'apprenant devra être capable de … suivi d’un verbe d'action. Un verbe d'action
(distinguer, nommer, reconnaître, classer…) et non un verbe mentaliste (comprendre,
savoir, réfléchir …), c'est-à-dire une "sortie", un comportement final attendu de l'élève.
Notons qu'on a souvent opposé faussement "objectifs de comportement" et "objectifs de
connaissance", sans voir que le "comportement" dont il est ici question n'est pas une
attitude ou une manière d'être de l'élève (sens usuel du mot) mais la manifestation
observable de la maîtrise d'une connaissance.
Dans ce modèle behavioriste, l'apprentissage résulte d'une suite de conditionnements.
L'enseignant découpe la tâche à réussir en unités suffisamment petites pour faire réussir
les élèves (stratégie dérivée du conditionnement animal que Skinner a étudié chez les
pigeons), puis les enchaîne entre elles de la même façon. Il récompense les premières
bonnes réponses obtenues ce qui permet leur renforcement positif.
C'est une pédagogie de la réussite, qui essaie d'éviter l'erreur grâce au découpage des
apprentissages. Si, malgré tout, celle-ci survient, elle est à charge de l'enseignant et/ou du
programme, non plus de l'élève. Et au lieu de la sanction du premier modèle, prennent
place ici remédiations, boucles d'apprentissage et réécriture du programme.
Ce modèle a sans doute eu des effets positifs (et reste un passage obligé dans la
formation des maîtres), car il lutte efficacement contre le dogmatisme verbal, et oblige à
se centrer sur l'élève et sur la tâche intellectuelle que celui-ci doit réussir. il fait prendre
conscience des écarts souvent considérables entre ce que l'on se propose de faire acquérir,
et ce qui se passe réellement pour l'apprenant. La traduction de l'activité des élèves en
objectifs comportementaux amène, en effet, à se rendre compte que ce sont les objectifs
de rang taxonomique inférieur qui sont de facto le plus souvent visés, par-delà des