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Dissertation, sujet n°5 TES janvier 2009
Correction Sujet n°5: Dissertation : La croissance économique contribue-t-elle à
réduire les inégalités dans les pays développés?
La culture de nos sociétés industrielles place l’égalité au cœur de ses valeurs (égalités des droits et des chances). Par
opposition, l’inégalité se définit comme une différence discriminante entre les individus, interprétée en termes de
hiérarchie (de revenus, d’emploi, de durée de vie, de diplômes…). Ainsi, les inégalités sont non seulement économiques mais
aussi sociales, culturelles et politiques.
On constate dans les PDEM une diminution séculaire des inégalités. Ainsi, plus un pays se développe, plus les inégalités se
réduisent. Or la croissance, hausse durable de la production d’une économie, étant la caractéristique principale des
sociétés développées, il semble légitime de se questionner sur son rôle dans cette réduction des inégalités.
Mais, depuis les années 80, les inégalités économiques se creusent à nouveau. Ainsi, jusqu’à quel point la croissance
économique permet-elle de réduire les inégalités ?
Si la croissance apparaît comme une condition nécessaire à la réduction de inégalités (en témoigne la période des Trente
Glorieuses), elle ne semble pas une condition suffisante.
I/ La croissance, une condition nécessaire au recul des inégalités.
A. Le partage des fruits de la croissance permet un resserrement des inégalités
Resserrement des inégalités de revenus et de consommations : hausse de la richesse créée permet amélioration du niveau
de vie et donc de la consommation. Exemple de la croissance des trente glorieuses :
- partage des forts gains de productivité dégagés dans l’industrie en faveur des salariés : hausse du niveau des
rémunérations des salariés notamment les plus modestes et hausse des revenus distribués grâce aux créations d’emplois
principalement moyennement qualifiés (doc 4) : plein emploi
Illustration période 1970, 1975 (doc 2), qui marque la fin des Trente Glorieuses, le revenu fiscal des 10 % des ménages de
salariés ayant les revenus les plus faibles a augmenté plus vite que celui des 10 % des ménages salariés ayant les revenus
les plus élevés (+ 28.2% contre 23.4%), ce qui a entraîné mécaniquement une réduction des inégalités du revenu fiscal
entre catégories extrêmes.
- accès à une consommation de masse (tant individuelle que collective : santé, éducation qui sont des biens supérieurs cad
dont la consommation augmente quand les revenus augmentent) s’est traduit par un rapprochement indéniable des normes
de consommation et donc des conditions matérielles entre les catégories sociales (doc 6) : La hausse du pouvoir d'achat
des salaires s'accompagne d'une hausse de la consommation des biens d'équipement favorisée par la baisse des prix,
résultant des gains de productivité. Ainsi, pour ce qui concerne la télévision, la part des ménages appartenant à la PCS
cadre possédant un téléviseur était de 38,6 % en 1962 et de 91,2 % en 1985, alors que pour les ouvriers ces pourcentages
étaient respectivement de 27,3 % et de 94,1 %. Si la différence entre la part des cadres supérieurs et celle des ouvriers
possédant une automobile était de 50,7 points en 1962, elle n'est plus que de 8,9 points en 1985. Les agriculteurs ne
semblent plus être un groupe très différent des autres car leur consommation de biens durables est quasiment équivalente
à celles des autres catégories socioprofessionnelles (doc 6).
B. La croissance facilite l’intervention des pouvoirs publics en faveur d’une réduction des inégalités
Croissance économique permet hausse des recettes fiscales et ainsi financement par l’Etat :
- d’une politique de redistribution en faveur des plus démunis,
- d’un système de protection sociale mettant l’ensemble de la population à l’abri des risques de pauvreté, permettant un
accès aux soins plus massif, le versement de retraites et donc le maintien du niveau de vie pour les retraités…
- d’un système éducatif et de formation qui se démocratise et se massifie pour permettre l’égalité des chances.
C. Le ralentissement de la croissance, à contrario, conduit à une aggravation des inégalités.
La période de croissance faible voire de récession 1993 intervenue entre 1990 et 1996 est marquée par la hausse du
chômage et le recul de 1,2% du revenu fiscal des ménages salariés. Mais alors que les 10% de ménages salariés les plus
modestes voient leur revenu chuter fortement (-24,6 %) les 10% de ménages salariés les mieux payés connaissent une
progression modérée de leur revenu fiscal (+1,8%) (doc. 2).
Il est beaucoup plus difficile, en période de mauvaise conjoncture, d'éviter accroissement des inégalités. En effet, les
salariés les plus modestes, les moins qualifiés sont parmi les premiers à amortir les chocs macroéconomiques et à voir leur
situation se dégrader (chômage, sous-emploi).
(Alors que la reprise de la croissance à partir de 1997 a permis une hausse des emplois non qualifiés)
Transition : Il parait donc très difficile de parvenir à une réduction des inégalités sans trouver les moyens de stimuler la
croissance économique. Pour autant, cette dernière ne constitue en rien une garantie de réduction des inégalités.
En effet, la croissance ne s'est pas arrêtée avec la fin des trente Glorieuses. Ainsi entre 1974 et la fin des années1980,
le PIB de la France a continué de croître sur un rythme annuel moyen supérieur à 2%. Cette augmentation des ressources
n'a pas empêché le développement du chômage et le creusement des inégalités.