
temps, la guerre ne peut reprendre à nouveau qu'après la fin de la trêve
(9:3-5)
. Mahomet aurait écrit des messages aux différents chefs de son
temps, leur demandant de devenir musulmans. S'ils étaient monothéistes et
désiraient le rester, ils devaient se soumettre au pouvoir politique des
musulmans et payer un tribut. S'ils refusaient l'une ou l'autre solution, ils
devaient se préparer à la guerre. S'ils étaient non-monothéistes, ils n'avaient
le choix qu'entre la conversion et la guerre
.
La Terre de mécréance peut bénéficier d'un traité de paix temporel,
devenant ainsi Dar ahd, pays de traité. D'après Abou-Yousof (d. 798), le
grand juge de Bagdad, "il n'est pas permis au représentant de l'Imam de
consentir la paix à l'ennemi quand il a sur eux la supériorité de forces; mais
s'il n'a voulu ainsi que de les amener par la douceur à se convertir ou à
devenir tributaires, il n'y a pas de mal à le faire jusqu'à ce que les choses
s'arrangent de leur côté"
. Abou-Yousof ne fait que paraphraser le Coran:
"Ne faites pas appel à la paix quand vous êtes les plus forts" (47:35). Trois
siècles plus tard, Mawerdi (d. 1058) reprend le même raisonnement
. Ibn-
Khaldun (d. 1406) distingue entre la guerre (jihad) menée par les musul-
mans et la guerre menée par les adeptes des autres religions. Seule la guerre
offensive des musulmans est légitime du fait qu'ils ont une mission
universelle visant à amener toutes les populations à entrer dans la religion
musulmane, "bon gré mal gré". Ceci n'est pas le cas des adeptes des autres
religions qui n'ont pas de mission universelle, et par conséquent leur guerre
ne peut être que défensive
.
2. Frontière religieuse classique et migration
La migration a marqué la communauté musulmane dès ses débuts. Les bio-
graphes de Mahomet nous rapportent comment ce dernier envoya certains
de ses adeptes en Abyssinie pour les mettre à l'abri des persécutions des
Mecquois. Il leur donna un message à l'intention du roi d'Abyssinie lui
demandant de bien les accueillir, de reconnaître qu'il est le messager de
Dieu et d'abandonner l'orgueil. Plus tard, Mahomet demanda au roi de
devenir musulman pour avoir la vie sauve (aslim taslam), et de lui renvoyer
les immigrés. Ce qu'il aurait fait selon les sources musulmanes
.
Ces étapes sont exposées par Mawlawi, Faysal: Al-usus al-shar'iyyah lil-ilaqat bayn al-muslimin
wa-ghayr al-muslimin, Dar al-irshad al-islamiyyah, Beyrouth, 1988, p. 33-47.
Voir ces messages dans Hamidullah, Muhammad: Documents sur la diplomatie musulmane à
l'époque du prophète et des khalifes orthodoxes, Maisonneuve, Paris, 1935, vol. II, p. 21, 22, 34 et
41; Hamidullah, Muhammad: Majmu'at al-watha'iq al-siyasiyyah lil-ahd al-nabawi wal-khilafah
al-rashidah, 5ème éd., Dar al-nafa'is, Beyrouth, 1985, p. 110, 116, 145, 162.
Abou-Yousof Ya'koub: Le livre de l'impôt foncier, Paul Geuthner, Paris, 1921, p. 319.
Mawerdi, op. cit., p. 31 et 98-105.
Ibn-Khaldun: Muqaddimat Ibn-Khaldun, Matba'at Ibn-Shaqrun, Le Caire (s. d.), p. 202.
Hamidullah: Al-watha'iq al-siyasiyyah, op. cit., p. 100-107.