Examens préalables à la mise en oeuvre de
l'Assistance Médicale à la Procréation (AMP). Les
couples à risques pour le VIH, le VHC et le VHB
(30b)
Docteur Pascale Hoffmann
Octobre 2003
Pré-Requis :
Résumé :
Mots clés :
Assistance médicale à la procréation, VIH, VHC, VHB
1. Introduction
Pour apporter une aide efficace à un couple stérile, il est en premier lieu nécessaire d'identifier
aussi précisément que possible le ou les troubles en cause, afin de choisir le traitement
approprié, qui ne fait pas forcément appel aux techniques d'assistance médicale à la
procréation (AMP).
Par ailleurs, la loi fait obligation au médecin de prendre toutes les précautions nécessaires
pour éviter la transmission de maladies infectieuses ou autres lors des manœuvres d'AMP.
Un certain nombre de données doivent donc être réunies concernant l'homme et la femme
pour constituer le dossier du couple. La gestion de ce dossier doit respecter les règles du
secret médical :
Le secret médical est individuel et s'applique impérativement à l'intérieur du couple.
Il est interdit au médecin de donner, sur la demande isolée de l'un des membres du
couple, des renseignements sur l'autre partenaire.
Le dossier ne peut donc être remis dans sa totalité à aucun des deux partenaires qui en
ferait la demande isolément.
Chacun des membres du couple recevra le double des examens qui le concernent.
Les comptes rendus des actes d'AMP (inséminations et fécondations in vitro) sont en
revanche donnés aux deux partenaires, car il s'agit d'un acte auquel ils ont acceptés par
écrit de participer en commun.
2. Examens chez l'homme
2.1. Examen clinique
Il est indispensable que l'homme vienne au moins une fois en consultation, pour
donner des renseignements sur ses antécédents personnels et familiaux : maladies
générales ou génitales, opérations, prise de médicament.
Lorsque le sperme est normal, il n'est en général pas nécessaire de procéder à un
examen physique.
Si le sperme est anormal, il est en revanche souvent utile de procéder à un examen
général et génital, en faisant cas échéant appel à un urologue.
2.2. Examens complémentaires
Ne sont données ici que des informations générales sur les indications et la réalisation des
examens. Techniques et résultats sont exposés dans une autre section.
2.2.1. Sérologies
VIH : recherche du virus de l'immunodéficience humaine (virus du SIDA).
Tréponématoses : VDRL, TPHA. Recherche l'existence d'une syphilis. En cas de
positivité, l'avis d'un spécialiste sera demandé pour savoir s'il s'agit d'une séquelle
d'atteinte ancienne sans contagiosité, ou si la maladie est évolutive et contagieuse,
auquel cas un traitement sera nécessaire avant d'aller plus loin.
Chlamydia : Si l'infection est évolutive, les germes seront présent dans le sperme et il
existe un risque infectieux majeur. Le traitement s'impose et l'AMP n'est possible
qu'après guérison.
Hépatite B
Hépatite C
2.2.2. Spermogramme-spermocytogramme
Même dans les cas ou plusieurs contrôles ont été faits précédemment ailleurs, un
spermogramme sera à faire impérativement dans le laboratoire de l’équipe d’accueil. Il y a
pour cela deux raisons principales : la première est que les résultats de l'examen dépendent
beaucoup de la technique employée et celle-ci est variable ; la seconde est qu'il faut avoir
examiné le sperme pour pouvoir juger de la meilleure méthode à employer pour le préparer en
vue d'une insémination ou d'une FIV.
2.2.3. Spermoculture
Dans le cas où des germes sont repérés, il faut les identifier, en préciser le nombre et tester
leur résistance aux antibiotiques. Il faut obtenir des résultats de contrôle après traitement
négatifs pour pouvoir commencer une technique d’AMP.
2.2.4. Biochimie du sperme
Cet examen consiste à doser dans le liquide spermatique certaines substances sécrétées par les
cellules des canaux excréteurs. Il aide à repérer et à localiser des lésions de ces canaux. Il est
prescrit surtout en cas d'azoospermie, ou lorsque est soupçonnée la présence d'un obstacle sur
la voie excrétrice.
2.2.5. Caryotype
Il est indiqué lorsqu'il existe de graves altérations du sperme ou qu'une FIV avec ICSI est
envisagée. En effet, les anomalies du sperme peuvent être en rapport avec des anomalies
chromosomiques, et si une grossesse est obtenue, il y alors un risque qu'elles soient transmises
à l'enfant.
2.2.6. Dosages hormonaux
Les hormones utiles à doser chez l'homme sont la FSH, la LH, la testostérone et la prolactine.
Ils sont prescrits en cas d'insuffisance spermatique sévère ou d'azoospermie, pour savoir où se
situe la cause. Schématiquement : élévation de la FSH lorsque l'anomalie résulte d'une
altération des testicules, FSH normale lorsque les testicules fonctionnent et qu'il existe un
obstacle à l'excrétion des spermatozoïdes.
2.2.7. Echographie prostatique et testiculaire
L'échographie prostatique est demandée lorsqu'il existe une infection spermatique, pour
rechercher si celle-ci n'est pas liée à une infection prostatique (prostatite chronique), dont le
traitement sera indispensable pour obtenir la guérison.
L'échographie des bourses est indiquée en cas d'insuffisance spermatique importante, car
celle-ci peut être le signe révélateur d'une tumeur testiculaire, à un stade ou elle est encore
impossible à repérer par l'examen physique. Elle permet aussi d'évaluer une varicocèle.
3. Examens chez la femme
3.1. Examen clinique
Des renseignements aussi précis que possible seront demandés sur les antécédents
personnels et familiaux : maladies générales ou génitales, opérations, durées des
cycles et caractères des règles, grossesses, traitements.
Un examen gynécologique complet est indispensable. Il sera pratiqué lors de la
première consultation si nécessaire.
3.2. Examens complémentaires
3.2.1. Sérologies
Rubéole
Toxoplasmose
VIH
Tréponématoses : VDRL, TPHA.
Chlamydia
Hépatite B
Hépatite C
3.2.2. Prélèvements bactériologiques cervico-vaginaux
La présence de germes anormaux ne signifie pas forcément qu'il y a infection, car il peut
s'agir d'un simple " portage " (patiente " porteur sain ", de la même façon qu'elle peut héberger
des germes dans la gorge sans avoir d'angine). Le médecin jugera de l'opportunité, du moment
et du type du traitement, qui pourra concerner les deux membres du couple.
3.2.3. Frottis cervico-vaginaux
Vérifier que la patiente est bien suivie par ailleurs, sinon en pratiquer ou en prescrire un.
3.2.4. Courbes de température
L'établissement d'une courbe de température sur 2 à 3 mois est une manière simple et peu
coûteuse d'explorer l'ovulation.
3.2.5. Dosages hormonaux
Leur interprétation nécessite de connaître leur date dans le cycle. L'idéal est de les situer par
rapport à une courbe thermique. A défaut, il faut connaître la date des règles précédentes et
suivantes.
3.2.6. Test post-coïtal de Hühner, test de pénétration
croisée, recherche d'anticorps anti-spermatozoïdes
Cet examen doit être fait dans le laboratoire de l'hôpital.
Le test post-coïtal recherche la présence de spermatozoïdes au niveau de la glaire, quelques
heures après un rapport (rapport la veille au soir, test le lendemain matin).
Le bon moment est peu avant l'ovulation, habituellement vers le 12ème jour du cycle. Si la
glaire est insuffisante, ce peut être parce que le moment était mal choisi : le test est à
recommencer et la glaire à optimiser éventuellement.
Si les tests montrent une mauvaise pénétration des spermatozoïdes, il faut réaliser un test
croisé, afin de déterminer si l'anomalie est liée à la qualité du sperme ou à celle de la glaire. Il
pourra également rechercher la présence d'anticorps anti-spermatozoïdes dans le sperme, la
glaire.
3.2.7. Biopsie d’endomètre
Le bon moment est la seconde partie du cycle, vers le 24ème jour d'un cycle de 28 jours,
sinon 4 à 6 jours avant les règles attendues. Comme pour les dosages, son interprétation
nécessite de la situer par rapport au cycle, idéalement avec une courbe de température, à
défaut par rapport aux règles précédentes et surtout suivantes.
Trois ordres de renseignements sont attendus de cet examen :
Evaluer la maturation de la muqueuse utérine dont dépend son aptitude à
l'implantation.
Rechercher une inflammation (endométrite) qui pourrait empêcher l'implantation et
qu'il faut traiter et guérir avant toute manœuvre d'AMP.
Vérifier, en vue d'un transfert d'embryon après FIV, que le passage du col est facile
(test de transfert), et prendre des repères (mesure de la hauteur de la cavité utérine).
3.2.8. Hystérosalpingographie (HSG)
L'hystérographie consiste à introduire un liquide de contraste dans l'utérus, en passant par voie
vaginale, et à prendre des radiographies qui montrent des images de la cavité utérine et des
trompes.
Le bon moment est la première partie du cycle, après la fin des règles.
Il doit être précédé d'un prélèvement bactériologique cervico-vaginal (voir ci-dessus) pour
s'assurer de l'absence de germes anormaux.
S'il existe une infection génitale ou un portage, un traitement antibiotique est nécessaire,
éventuellement pour les deux conjoints. Il est suivi d'un nouveau prélèvement pour contrôler
la guérison avant de procéder à l'examen.
3.2.9. Echographie pelvienne.
L'échographie des organes génitaux féminins peut se faire par voie abdominale ou vaginale.
Cette dernière est la plus employée dans le cadre de la fertilité, spécialement lorsqu'il s'agit
d'évaluer les ovaires.
3.2.10. Hystéroscopie
L'hystéroscopie consiste à examiner la cavité utérine à l'aide d'une fine caméra munie d'un
éclairage et introduite par le vagin et le col. Elle peut aussi être réalisé sous anesthésie
générale, isolément ou couplé à la cœlioscopie. Il permet d’avoir des renseignements sur
l’aspect de la muqueuse (aspect framboisé de l’endométrite), de visualiser les ostiums tubaires
et éventuellement (hystéroscopie opératoire) de procéder à l’ablation des polypes non vus à
l’échographie mais gênant l’implantation.
3.2.11. Cœlioscopie
Elle permet de voir les organes génitaux internes, de faire des prélèvements et éventuellement
de traiter les lésions responsables de la stérilité (obstacles tubaires).
4. Couples à risque pour le V.I.H.
Le virus est présent dans toutes les sécrétions de l'organisme, et notamment dans les
sécrétions vaginales, et dans le sperme où sa présence n'est pas forcément proportionnelle à
celle du virus dans le sang.
4.1. Couples dont l'homme seul est séropositif :
4.1.1. Objectifs
Eviter la transmission à la mère ou à l'enfant du virus, même en dehors de tout
problème de fertilité du couple, par le choix d'une technique adaptée à l'état
virologique du sperme (niveau de présence virale dans le sperme).
Evaluation de l'état de santé du futur père : charge virale, taux de CD4, traitements
antirétroviraux, et avis du médecin infectiologue.
Recherche et traitement d'éventuels facteurs surajoutés d'infertilité féminine ou
masculine.
Garantir l'absence de transmission virale aux autres couples en cours de prise en
charge dans le Centre.
4.1.2. Techniques d'AMP
IIU, FIV ou ICSI, selon le niveau de présence virale dans le sperme et les résultats du bilan de
fertilité (gynécologique et spermiologique).
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