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Ensemble 95, élément 12
Type : texte
Décembre 2012
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Comment les producteurs de millet s’adaptent au changement climatique
dans le nord du Ghana
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Animatrice : Bienvenue, chers auditeurs et chères auditrices, à notre émission Dunia
hamisim, qui signifie « les changements climatiques mondiaux ». Que
vous les appeliez changements climatiques mondiaux, réchauffement
climatique ou changement climatique, c’est une question qui préoccupe
grandement les agriculteurs du nord du Ghana. Cela est particulièrement
vrai pour les collectivités et les exploitations agricoles situées le long du
fleuve de la Volta Blanche qui coule du Burkina Faso jusqu’au nord du
Ghana.
Je suis allée dans certaines collectivités agricoles du nord du Ghana
réputées pour la culture du millet. Parmi elles figurent Binde, dans le
Notes au radiodiffuseur
Un groupe de producteurs de millet du village de Zaare, situé dans la zone municipale de
Bolgatanga (région du Haut Ghana oriental), sont en train de modifier leurs pratiques
agricoles pour s’adapter aux effets du changement climatique sur la récolte du millet,
principale culture traditionnelle. Le millet fait l’objet de nombreuses utilisations dans la
chaîne alimentaire allant du sabo plat traditionnel à base de farine de millet au tuo zaafi,
bouillie épaisse préparée et consommée avec des légumes ou de la soupe aux gombos, en
passant par le kokoo, bouillie légère préparée pour le petit déjeuner ou comme collation
dans l’après-midi avec des arachides ou des galettes aux haricots.
Les agriculteurs cultivent également une variété de maïs à maturation rapide et intensifient
leurs activités dans le domaine de la vannerie pour lutter contre la faim et l’insécurité
alimentaire dans leurs ménages. Dans le présent texte, la réalisatrice de radio
communautaire Lydia Ajono se penche sur les effets du changement climatique sur la
production du millet et sur les efforts que déploient les agriculteurs pour nourrir leurs
familles et réduire l’insécurité alimentaire.
Le présent texte repose sur des entrevues réelles. Vous pouvez vous inspirer de ce texte
pour faire des recherches et rédiger un texte sur un sujet semblable dans votre région. Ou
encore vous pourriez choisir de produire ce texte dans votre station de radio en utilisant des
voix d’acteurs pour représenter les gens qui parlent. Si tel est le cas, veuillez vous assurer
de préciser, au début de l’émission, que les voix sont celles des acteurs et pas des personnes
initialement impliquées dans les entrevues.
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district de Mamprusi-Est de la région du Nord, Zebilla, dans le district de
Bawku-Ouest, et Zaare, qui se trouve près du grand barrage de Vea dans le
district de Bolgatanga.
Même s’ils se trouvent dans différentes parties de la gion, les
agriculteurs de ces collectivités ont des défis similaires à relever pour
cultiver le millet.
Que pensez-vous, chers auditeurs et auditrices, du réchauffement
climatique ou du changement climatique? Restez à l’écoute avec moi,
votre animatrice Lydia Ajono, pour en savoir plus.
Montée de l’indicatif musical et fondu enchaîné
Animatrice : Dans la langue parlée de Manpruli, dans le district de Mamprusi-Est, on
nomme cela dunia hamisim, ce qui veut dire « météo mondiale ». Dans la
langue parlée de Gurune aux environs de Bolgatanga, cela s’appelle sanga
teere, ce qui signifie « changement de saisons ou de calendriers ». Et dans
la langue de Kusaal parlée autour de Bawku-Ouest, on l’appelle tenlebgre,
autrement dit « changements dans l’environnement ».
Rejoignez-moi pour savoir comment les agriculteurs de ces régions
perçoivent le changement climatique. Nous entendrons tout d’abord
l’agriculteur Dimonso de Binde, dans le district de Mamprusi-Est. Nous
donnerons ensuite la parole à deux agriculteurs de Zebilla et de Zaare.
Mais, en premier lieu, j’ai demandé à l’agriculteur Dimonso de me parler
de son expérience du changement climatique.
Agriculteur
Dimonso : Ces dernières années, nous avons été confrontés à des phénomènes
naturels qui ont eu des répercussions sur nos fermes et sur notre
production animale. Les rendements des cultures ont considérablement
baissé en raison de l’absence prolongée de précipitations. Quand la pluie
tombe, elle inonde nos fermes, ce qui nuit à la survie des cultures. Les
feux de brousse sont récurrents et contribuent au problème. Nous pensons
que le changement climatique est à l’origine des périodes de sécheresse et
des inondations que nous connaissons chaque année. Ces bouleversements
climatiques contribuent de plus à noyer les récoltes.
Animatrice : La plupart des agriculteurs de Zebilla dépendent de la Volta Noire qui
fournit les moyens de subsistance à bon nombre de collectivités situées le
long de ses rives. Écoutons l’agriculteur Kugre qui va nous dire de quelle
manière les agriculteurs de Zebilla s’adaptent à certaines des répercussions
causées par le changement climatique.
Agriculteur Kugre : Nous vivons actuellement dans la peur d’être emportés par les inondations
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durant la saison des pluies et nous craignons que nos fermes et les biens du
ménage soient détruits par les feux de brousse pendant la saison sèche.
Cette peur fait maintenant partie de notre vie ici dans les villages. Ce
n’était pas comme ça il y a environ 10 ou 15 ans. Au cours des dernières
années, l’agriculture n’a pas constitué un moyen de subsistance attrayant à
cause de la rareté des précipitations. C’est pourquoi la plupart des jeunes
vont chercher des emplois dans les villes du sud du pays.
Animatrice : De Zebilla, nous avons entendu ce que l’agriculteur Kugre a dit au sujet du
changement climatique et des vents secs qui peuvent provoquer des feux
de brousse. Écoutons maintenant l’agriculteur Ayamga qui vient de Zaare,
dans le district de Bolgatanga.
Agriculteur
Ayamga : Il y a 20 ans environ, la production agricole était très bonne ici, en
particulier le millet précoce. Mais, de nos jours, vous pouvez mettre autant
d’énergie que vous pouvez dans la ferme, en fin de compte vous
n’obtiendrez que très peu de récoltes ou pas de récoltes du tout. C’est
pourquoi nous pensons que quelque chose a changé dans le ciel.
Le changement climatique influence le calendrier des travaux agricoles. Je
ne sais vraiment pas comment vous l’expliquer pour que vous compreniez
bien (Pause) Nous avions l’habitude de voir certaines espèces
d’insectes ou de fourmis. Nos ancêtres prétendaient que ces créatures nous
donnaient des indications sur le genre de saison et sur la santé du sol.
Mais, aujourd’hui, ces créatures bienveillantes ont disparu. Nos fermes
sont plutôt envahies par des parasites ravageurs.
Animatrice : Après avoir entendu ces témoignages, nous avons eu une discussion avec
un groupe d’agriculteurs de Zaare. Mais prenons tout d’abord plaisir à
écouter une chanson des femmes de Zaare. À notre retour à l’antenne,
nous assisterons à une entrevue avec deux membres du groupe
d’agriculteurs de Zaare. L’entrevue s’est déroulée sous un immense
baobab se trouvant à proximité de l’école.
Insérez un chant interprété par des femmes de la collectivité
Animatrice : Bienvenue de nouveau. Vous êtes à l’écoute de notre émission Dunia
hamisim ou Sanga teere. Rejoignez-moi à présent à Zaare alors que je suis
en compagnie des agriculteurs Ayamga et Nsoh. Ils nous parleront des
répercussions réelles du réchauffement climatique et de la manière dont
nous pouvons faire face à ses effets sur la production du millet, surtout
dans cette partie du Ghana. Pendant que nous écouterons la discussion,
n’oubliez pas de nous faire partager vos anecdotes personnelles sur la
façon dont vous et votre collectivité avez réussi à vous adapter aux effets
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du changement climatique. Nous donnerons tout d’abord la parole à
l’agriculteur Nsoh.
Agriculteur Nsoh : Ces dernières années, de moins en moins d’agriculteurs cultivent le millet
en raison de la longue sécheresse. Une fois qu’il est se, le millet a
besoin d’eau. La pluie est tout aussi nécessaire quand les graines
commencent à se former et une dernière pluie est essentielle avant la
récolte. Mais cela ne s’est plus produit depuis 10 ou 20 ans. Le cycle des
précipitations a changé radicalement.
Intervieweur : Quelle a été la belle époque de la culture du millet?
Agriculteur Nsoh : Je dirais il y a 50 ans environ, quand j’étais un jeune agriculteur et que je
travaillais dans l’exploitation agricole aux côtés de mon père. Nous
récoltions beaucoup de millet, en particulier du millet à chandelle qui
arrive à maturation en l’espace de deux ou trois mois. Mais, au fil des ans,
les choses ont changé et le millet précoce ne donne pas bien.
Intervieweur : Comment avez-vous fait face à ces changements? Agriculteur Ayamga?
Agriculteur
Ayamga : Ici, à Zaare, les agriculteurs ont maintenant constitué des groupes de 20
personnes pour se soutenir mutuellement à la fois lors des périodes de
culture pluviale et de la saison sèche. Le millet précoce est cultivé la
plupart du temps sur des sites d’irrigation. Ces sites, développés par le
gouvernement dans les années 1970, couvrent plus de 20 collectivités dans
le district de Bolgatanga. Les sites ont des canaux permettant d’irriguer le
sol pendant la saison sèche. Durant la saison des pluies, chaque exploitant
agricole de la collectivité pratique des cultures traditionnelles ainsi que
d’autres cultures.
Sur ces sites, il y a toujours de l’humidité, même quand la pluie ne tombe
pas régulièrement durant la saison des pluies. Pendant la saison sèche,
nous utilisons ces terres pour la culture du soja, des tomates et d’autres
légumes. Les engrais naturels conviennent plus au millet que les engrais
chimiques. Les résidus de légumes, de haricots et de tomates améliorent le
sol pour la culture du millet. En outre, on épand du fumier animal sur le
sol. Après les premières pluies, on laboure la terre et on sème le millet.
Intervieweur : Est-ce que cela signifie que vous êtes carrément passés de la culture
pluviale à la culture irriguée?
Agriculteur
Ayamga : Nous pratiquons les deux, mais le millet se cultive plus durant la saison
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des pluies étant donné que les précipitations ne sont pas suffisantes au bon
moment pour le millet précoce. Les oiseaux qui mangent le millet précoce
posent également un problème.
Intervieweur : Combien de types de cultures pratiquez-vous?
Agriculteur
Ayamga : Nous cultivons le riz, le gros mil ou sorgho, les arachides, les haricots et
diverses sortes de légumes. Quelques personnes cultivent du maïs mais
uniquement la variété qui mûrit en trois mois. Le maïs permet de répondre
à la pénurie alimentaire durant la saison des pluies, au moment où nous
pratiquons le désherbage à la ferme. Nous en vendons même parfois un
peu pour couvrir les frais de scolarité de nos enfants.
Intervieweur : Permettez-moi de vous poser une question Nsoh Si on vous demandait
d’arrêter complètement la culture du millet et de vous concentrer sur la
culture du soja pour gagner plus d’argent pour vous et votre famille, que
répondriez-vous?
Agriculteur Nsoh : Si j’arrêtais la culture du millet, en particulier du millet précoce, cela
voudrait dire que je perdrais mon identité en tant qu’agriculteur. Ceux qui
vivent dans le Haut Ghana oriental, notamment les Frafras, cultivent le
millet précoce. Même si nos champs ne rendent pas bien, nous faisons
encore tout notre possible pour continuer à le cultiver.
Intervieweur : Combien d’acres avez-vous consacrées cette année à la culture du millet?
Agriculteur Nsoh : J’ai environ deux acres sur le site irrigué. J’ai utilisé une acre pour le
millet précoce et le sorgho et j’ai fait pousser du riz sur l’autre acre.
Intervieweur : Pourquoi avez-vous intercalé le millet précoce et le sorgho?
Agriculteur Nsoh : C’est une bonne idée de faire cela. Le millet précoce arrivera à maturité
d’abord et je le récolterai. D’ici un ou deux mois, le sorgho sera également
prêt à être récolté sur le même champ où j’ai épandu du fumier animal.
Intervieweur : Ce doit être un travail difficile. Comment gérez-vous la ferme?
Agriculteur
Ayamga : Oh, ce n’est pas le travail d’une seule personne. C’est pourquoi nous
avons formé un groupe d’agriculteurs – pour nous entraider lors du
désherbage et de la préparation de la terre pour les prochaines cultures.
Intervieweur : Qu’en est-il de vos familles? Est-ce que vos femmes vous aident?
Agriculteur
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