Résumé du projet de recherche et résultats attendus en termes de gestion
environnementale :
La Ville de Paris gère deux zones forestières protégées, le bois de Boulogne et le bois
de Vincennes situés respectivement à l’ouest et à l’est de Paris. Ces deux forêts périurbaines de
1841 hectares ont un rôle sociologique primordial étant donné que le nombre de visiteurs
annuel est estimé à 10 millions pour la première et à 11 millions pour la seconde.
Dans ce contexte, alors que les différents scénarios climatiques prévoient une
augmentation de la température moyenne annuelle d’au moins 2.,5°C à une échéance de 50
ans, il est nécessaire que les politiques de gestion forestière établies il y a quelques années en
collaboration avec différents organismes dont l’Office National des Forêts, prennent en compte
l’évolution climatique probable afin que la Ville de Paris maintienne à un niveau aussi élevé
que possible les services rendus aux Parisiens et aux habitants des communes limitrophes.
Afin de répondre à cette problématique, ce projet fédère de manière originale une
collectivité territoriale, la Ville de Paris et son Jardin botanique, avec un laboratoire de
recherche (Laboratoire Ecologie Systématique et Evolution) ainsi qu’un groupement de
recherches (GDR pour un Système d’Information Phénologique pour Etudier et Gérer les
Changements Climatiques). Ces deux structures de recherches ont été choisies car l’une a une
longue expertise sur la forêt de Fontainebleau et sur la modélisation fonctionnelle et
phénologique, y compris dans le cadre des changements climatiques, et l’autre permet d’avoir
accès à une base de données phénologiques.
Différents modèles phénologiques seront calibrés sur la base de données du GDR puis
comparés et testés sur les données phénologiques disponibles pour les trois forêts étudiées. Le
modèle sélectionné sera appliqué aux deux types de forêts (périurbaines et non-urbaine) sur les
données climatiques des 50 dernières années afin d’étudier de manière comparative les
modifications récentes de durée de la saison de végétation. Il sera intégré dans le modèle de
fonctionnement des forêts développé au Laboratoire Ecologie Systématique et Evolution (ESE)
de façon à comparer sur les 50 dernières années les bilans de carbone et la croissance entre les
deux types de forêts. Un scénario climatique sur l’Ile de France (2010 – 2100) sera ensuite
utilisé pour étendre la comparaison au climat futur sur une échelle de temps pertinente pour la
gestion. Une étude statistique des différences mensuelles de températures entre les forêts
périurbaines et non urbaines sera réalisée de manière à pouvoir créer un scénario de type
« périurbain » prenant mieux en compte les effets de la ville que le scénario Ile de France
général. Le fonctionnement simulé des deux types de forêt (phénologie, croissance) sera
comparé dans le cadre de ces deux scénarios.
Le modèle de fonctionnement sera utilisé pour expliquer et comprendre l’origine de ces
différences simulées (présent/futur et Fontainebleau/Péri-urbain) et ainsi quantifier les effets
des principaux facteurs climatiques sur les processus. Il est notamment important d’analyser les
sensibilités de chacune des espèces et leurs réponses face à ces scénarios.
Le résultat de ces études et les observations phénologiques doivent permettre la mise en
place d’un protocole de gestion des zones forestières. La volonté de mener un travail en réseau
et impliquant de nombreux acteurs est partie intégrante de cette étude. La Ville de Paris en
particulier concentrera ses efforts sur le rassemblement de structures décideuses dans le
domaine de la gestion des forêts. Ceci afin de concentrer les informations, les politiques de
gestion et les contrôles de suivi au sein d’un même maillage.
La réponse des bois urbains sera-t-elle la même que celle des forêts non urbaines ? Les
forêts non urbaines doivent-elles se diriger vers la composition des forêts urbaines actuelles ?
Faut-il les gérer différemment ? Faut-il favoriser certaines essences ?
Les réponses que ce projet de recherche va apporter sont décisives grâce à l’inscription des
collectivités territoriales dans la gestion de leurs forêts à long terme et aux prévisions
d’adaptation des végétaux. C’est un modèle original de gestion qui doit être mis en œuvre.