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Les crédits subprime ont été découpés puis insérés dans des produits financiers complexes qui ont été revendus à des
banques et à des investisseurs du monde entier. Avec la titrisation le risque du crédit initial est donc transféré à
d’autres investisseurs qui n’en ont pas nécessairement connaissance (asymétrie d’information) ou ne cherchent pas à
vérifier la qualité des actifs qu’ils ont acheté.
Lorsque le marché immobilier américain s’est mis à chuter , ces crédits n’ont plus été remboursés, provoquant des pertes
abyssales pour les acheteurs de produits subprimes. De plus par effet de contagion, toutes les banques sont touchées
puisqu’elles ont toutes des titres de ce type , dénommés actifs toxiques, dans leur bilan.
Par ailleurs, par le biais de la titrisation, les banques se sont affranchies de certaines contraintes prudentielles. En effet
traditionnellement (et cela depuis la crise de 1929) la quantité de risque qu’une banque peut prendre est limitée par le
montant de crédit qu’elle peut accorder proportionnellement à ses fonds propres. Par le biais de la titrisation les banques
ont échappé à cette obligation puisque le risque pris n’est plus évalué en fonction du montant global du crédit , mais
seulement en fonction de la probabilité de défaut du titre en question. Ainsi il n’y a plus de limite à la capacité de crédit
des banques .
Enfin ajoutons que lors de son développement, le mécanisme de la titrisation s’est doublé d’une euphorie spéculative qui
a conduit à sous estimer les risques. C’est ainsi l’ensemble du système financier qui est pris au piège.
Le monde de la finance prend véritablement conscience de la dangerosité des subprimes lorsque le 18 juillet 2007, la
banque d’affaires Bear Stearns annonce la faillite de deux de ses fonds d’investissement.
3. Passage d’une crise financière à une crise de l’économie réelle
Les faillites boursières et bancaires partent des EU et se propagent au reste du monde par le biais de la titrisation et en
raison des défaillances de la régulation financière (défaut de surveillance des autorités de contrôle) d’où la perte de
confiance des différents acteurs au sein du système bancaire et financier.
Quelques étapes du déroulement de la crise financière et bancaire et de l’action des autorités publiques de juillet
2007 à décembre 2008 :
Bear Stearns annonce la faillite de deux hedge funds spécialisés dans les dérivés de
crédit
La banque publique allemande KfW apporte son soutien financier à IKB pour 8.1
mds d’€ et annonce par le Ministre des finances d’un plan de sauvetage de 3.5 mds
d’€ pour sauver IKB de la faillite
La Banque d’Angleterre annonce l’octroi d’un prêt d’urgence garanti par l’Etat à
Northern Rock (5ème banque anglaise) ce qui déclenche une panique sur les dépôts
bancaires de cette banque.
UBS banque suisse annonce une dépréciation de ses actifs de 2.4 mds d’€
Merill Lynch annonce une dépréciation de ses actifs pour 8.4 mds d’€
City Group publie des pertes record et des dépréciations d’actifs pour 18.1 mds de
dollars.
La Société Générale dévoile la fraude commise par un de ses traders (pertes de 4.9
mds d’euros)
Nationalisation de Northern Rock en GB
Bear Sterns est repris par JP Morgan sous l’égide de la FED (prêt de 30 mds de
dollars au repreneur)
UBS annonce une dépréciation de ses actifs de 37.4 mds de dollars
Dépôt de bilan de Lehman Brothers aux EU
Bank of America annonce le rachat de Merill Lynch
Nationalisation de AIG assureur américain
Lloyds TSB rachète HBOS menacée de faillite au RU
JP Morgan reprend les dépôts de Washington Mutual aux EU
Effondrement du cours boursier de Fortis en Belgique et prise de contrôle par BNP
Paribas en Belgique et au Luxembourg
Nationalisation de Bradford et Bingley au RU et de Glitnir en Islande
Sauvetage de Dexia par les Etats français, belge et luxembourgeois