Intervention sur « la crise » 1. Genèse de la crise : une crise systémique La crise actuelle apparaît comme la crise d’un mode de fonctionnement du système capitaliste dont les dysfonctionnements sont liés à : - L’évolution du partage de la VA depuis les années 60 qui se traduit par la volonté de diminuer la part des salaires dans la VA en réduisant les effectifs (gains de productivité, délocalisations), en réduisant les coûts salariaux (non augmentation voire diminution des salaires réels, développement des emplois précaires, délocalisations). Document 1 : Evolution du partage de la VA en France - La réduction de la part des salaires qui, associée à un mode de croissance reposant sur une consommation sans limite oblige les ménages à l’endettement. Celui ci est facilité par la dérégulation de la finance. Document 2 : Les inégalités de revenus aux EU Part des revenus des 10% les plus riches dans le total des revenus aux Etats-Unis de 1917 à 2006 Source : Emmanuel Saez, économiste à Barkeley, mars 2008 1 Endettement : Les ménages américains ne disposant pas de capacité de financement suffisante (en raison de la faiblesse du taux d’épargne) pour faire face à leurs dépenses de consommation, ils sont poussés à s’endetter massivement c’est-à- dire à contracter un ensemble de dettes à plus ou moins long terme. Document 3 : L’évolution de l’endettement des ménages américains Régulation de la finance : ce terme désigne un ensemble de règles formelles et informelles et d’institutions qui assurent un certain mode de fonctionnement du système financier. Dérégulation de la finance : Les années 1970 sont marquées par la libéralisation de l’économie. En 1971, l’abandon du système de Bretton Woods (système de changes fixes impliquant un contrôle des changes et donc pas de libre circulation des capitaux) signifie le retour au flottement des monnaies et la fin des contrôles de capitaux. La conséquence en est la volatilité d’un certain nombre de grandeurs (ex : cours des devises, taux d’intérêt…) et donc l’émergence d’un marché du risque financier visant à gérer ces risques (ex : risque de change) et la création de produits dérivés (options, swaps, …) permettant de les couvrir voire de spéculer sur les variations futures de ces données. Parallèlement, les autorités des marchés financiers ont encouragé ce processus par le biais de la déréglementation des marchés financiers dans les années 1980 et 1990. - L’endettement qui va progressivement amener au surendettement des ménages américains avec la hausse des taux d’intérêt et le fait que bon nombre de taux d’intérêt sont à taux variables (en particulier aux EU). Surendettement : c’est l’incapacité durable d’un agent économique à payer ses dettes c’est-à-dire que le montant de ses mensualités dépasse sa capacité de remboursement. Taux d’intérêt : c’est le loyer ou prix de la monnaie. Taux d’intérêt variables : ils se distinguent des taux fixes et varient au cours de la durée du prêt soit en fonction de l’inflation soit en fonction d’un taux de référence du marché monétaire ce qui a pour effet d’augmenter le montant des mensualités à rembourser et/ou la durée de remboursement - Un besoin de financement de l’économie américaine qui est satisfait par une épargne internationale (et non par l’épargne intérieure faible aux EU), en particulier d’origine chinoise car le dollar demeure la principale monnaie de réserve et la Chine, elle, n’utilise pas ses ressources pour des dépenses intérieures (Ex : santé, éducation). En 2008 la Chine était le premier pays détenteur de bons du trésor américain avec 653 milliards de dollars. Besoin de financement : il s’agit ici du besoin de financement d’une nation ; dans ce cas, la nation doit faire appel à l’épargne du reste du monde pour le combler. Monnaie de réserve : 2 Une monnaie, sur le plan économique, joue 3 rôles : instrument des échanges (elle permet d’éteindre des dettes et de régler des transactions), unité de compte (elle permet d’exprimer la valeur monétaire des biens et des services et de comparer ainsi les prix) et réserve de valeur (elle peut être épargnée). Au niveau mondial, le dollar joue ce rôle de monnaie de réserve et est ainsi détenu par les institutions internationales, les banques centrales (Selon le FMI, le dollar américain représentaient 64% des réserves mondiales des banques centrales en septembre 2007)...Le dollar sert d’unité de compte et est également la principale devise du commerce mondial c’est-à-dire constitue la monnaie essentielle de règlement des échanges internationaux. Document 4 : La répartition de l’épargne internationale 2. Déclencheurs de la crise : une crise immobilière – une crise financière Attention : Crise immobilière et crise financière sont des déclencheurs de la crise mais ne sont pas l’origine de la crise comme cela vient d’être montré auparavant. Rappelons tout d’abord le contexte dans lequel a pu se développer la crise immobilière aux Etats Unis : La politique monétaire très souple (par exemple après le 11 septembre 2001 les taux d’intérêt ont été abaissés à 1%) menée par Alan Greenspan (président de la Réserve Fédérale américaine de 1987 à 2006 ) a permis de financer la consommation des ménages américains , leurs investissements immobiliers ainsi que les investissements des entreprises. Par ailleurs les marchés sont alimentés par un excédent de liquidités : pétrodollars, excédants commerciaux de la Chine et de l’Inde. L’argent abondant et bon marché a ainsi contribué à réduire « le coût du risque ». Les entreprises en ont profité pour bénéficier d’un effet de levier ( elles ont emprunté des capitaux en espérant qu’au final leur coût serait moindre que les bénéfices qu’elles allaient en tirer). Ceci a permis de verser des dividendes de plus en plus élevés et de tirer le cours des actions vers le haut. De plus pour doper les rendements, les financiers ont multiplié les innovations financières dont les prêts subprime. Les subprimes sont des crédits immobiliers gagés sur la valeur des biens acquis, accordés à des ménages modestes ; c’est à dire que selon les critères habituels, ces ménages n’avaient pas les revenus suffisants pour pouvoir y prétendre. Ces prêts, dont le montant total atteint 1 200 milliards de dollars, ont été distribués à partir du début des années 2000, par des courtiers en prêts immobiliers qui n’étaient pas des banques, et donc n’étaient pas soumis à une supervision comme le sont les banques. La spéculation immobilière (l’offre de biens immobiliers augmentant moins vite que la demande en raison des crédits subprimes) a entraîné une crise financière et bancaire . C’est là qu’intervient le processus de titrisation. La titrisation est le processus qui consiste à transformer une créance détenue par une société, par exemple un prêt immobilier, en un titre financier pouvant être vendu sur les marchés financiers. 3 Les crédits subprime ont été découpés puis insérés dans des produits financiers complexes qui ont été revendus à des banques et à des investisseurs du monde entier. Avec la titrisation le risque du crédit initial est donc transféré à d’autres investisseurs qui n’en ont pas nécessairement connaissance (asymétrie d’information) ou ne cherchent pas à vérifier la qualité des actifs qu’ils ont acheté. Lorsque le marché immobilier américain s’est mis à chuter , ces crédits n’ont plus été remboursés, provoquant des pertes abyssales pour les acheteurs de produits subprimes. De plus par effet de contagion, toutes les banques sont touchées puisqu’elles ont toutes des titres de ce type , dénommés actifs toxiques, dans leur bilan. Par ailleurs, par le biais de la titrisation, les banques se sont affranchies de certaines contraintes prudentielles. En effet traditionnellement (et cela depuis la crise de 1929) la quantité de risque qu’une banque peut prendre est limitée par le montant de crédit qu’elle peut accorder proportionnellement à ses fonds propres. Par le biais de la titrisation les banques ont échappé à cette obligation puisque le risque pris n’est plus évalué en fonction du montant global du crédit , mais seulement en fonction de la probabilité de défaut du titre en question. Ainsi il n’y a plus de limite à la capacité de crédit des banques . Enfin ajoutons que lors de son développement, le mécanisme de la titrisation s’est doublé d’une euphorie spéculative qui a conduit à sous estimer les risques. C’est ainsi l’ensemble du système financier qui est pris au piège. Le monde de la finance prend véritablement conscience de la dangerosité des subprimes lorsque le 18 juillet 2007, la banque d’affaires Bear Stearns annonce la faillite de deux de ses fonds d’investissement. 3. Passage d’une crise financière à une crise de l’économie réelle Les faillites boursières et bancaires partent des EU et se propagent au reste du monde par le biais de la titrisation et en raison des défaillances de la régulation financière (défaut de surveillance des autorités de contrôle) d’où la perte de confiance des différents acteurs au sein du système bancaire et financier. Quelques étapes du déroulement de la crise financière et bancaire et de l’action des autorités publiques de juillet 2007 à décembre 2008 : Bear Stearns annonce la faillite de deux hedge funds spécialisés dans les dérivés de Juillet 2007 crédit La banque publique allemande KfW apporte son soutien financier à IKB pour 8.1 juillet 2007/août 2008 mds d’€ et annonce par le Ministre des finances d’un plan de sauvetage de 3.5 mds d’€ pour sauver IKB de la faillite La Banque d’Angleterre annonce l’octroi d’un prêt d’urgence garanti par l’Etat à Septembre 2007 Northern Rock (5ème banque anglaise) ce qui déclenche une panique sur les dépôts bancaires de cette banque. UBS banque suisse annonce une dépréciation de ses actifs de 2.4 mds d’€ Octobre 2007 Merill Lynch annonce une dépréciation de ses actifs pour 8.4 mds d’€ City Group publie des pertes record et des dépréciations d’actifs pour 18.1 mds de Janvier 2008 dollars. La Société Générale dévoile la fraude commise par un de ses traders (pertes de 4.9 mds d’euros) Nationalisation de Northern Rock en GB Février 2008 Bear Sterns est repris par JP Morgan sous l’égide de la FED (prêt de 30 mds de Mars 2008 dollars au repreneur) UBS annonce une dépréciation de ses actifs de 37.4 mds de dollars Avril 2008 Septembre 2008 Dépôt de bilan de Lehman Brothers aux EU Bank of America annonce le rachat de Merill Lynch Nationalisation de AIG assureur américain Lloyds TSB rachète HBOS menacée de faillite au RU JP Morgan reprend les dépôts de Washington Mutual aux EU Effondrement du cours boursier de Fortis en Belgique et prise de contrôle par BNP Paribas en Belgique et au Luxembourg Nationalisation de Bradford et Bingley au RU et de Glitnir en Islande Sauvetage de Dexia par les Etats français, belge et luxembourgeois 4 Nouveau plan de sauvetage pour Hypo Real Estate en Allemagne Plan de sauvetage annoncé pour UBS en Suisse Souscription de titres subordonnés émis par les 6 principaux groupes bancaires français par le gouvernement français (10.5 mds d’euros) Garantie par le gouvernement américain des dettes de City Group (306 mds de Novembre 2008 dollars) et injection de 20 mds de dollars dans son capital Annonce d’une fraude estimée à 50 mds de dollars au sein du fonds d’investissement Décembre 2008 de B. Madoff Tableau élaboré à partir de données Banque de France de février 2009. Octobre 2008 Hedge funds : fonds spéculatifs Dépréciation d’actifs : perte de valeur des actifs détenus par les banques, compagnies d’assurances… Document 5: Ces faillites ont les conséquences suivantes : - les banques ne se prêtent plus d’argent entre elles d’où une crise de liquidité - les banques réduisent fortement les crédits : à destination des entreprises ce qui a un impact sur l’offre à destination des ménages ce qui a un impact sur la demande 4. Mesures prises par les Etats et les organisations internationales Un déséquilibre apparaît au niveau mondial entre l’offre et la demande, l’offre mondiale étant supérieure à la demande mondiale. La question clé est donc de trouver une solution pour restaurer l’équilibre : diminution de l’offre ou augmentation de la demande ? C’est par une politique de relance que les pays cherchent à lever cette contradiction afin d’éviter un ajustement par la baisse de l’offre qui enfoncerait davantage les économies dans la crise. A cela s’ajoutent les décisions du G20 réuni à Londres le 02 avril 2009 qui portent en particulier sur un rôle accru du FMI et de la Banque mondiale. 4.1 Mesures prises dans l’urgence c’est à dire à court terme : Dans un premier temps chaque pays a réagi de façon non coordonnée pour faire face au plus pressé. Les principales mesures sont les suivantes (l’objectif n’est pas de les détailler par pays, chacun ayant ses spécificités) : - aides aux banques et nationalisations : celles ci sont intervenues très rapidement pour éviter les faillites en cascade (cf § précédent) et parce que l’accès au crédit est indispensable au fonctionnement des économies. Quelques exemples de banques concernées par les aides : 5 - En février 2008, « nationalisation sauvetage » de la banque Northern Rock au Royaume Uni . L’Etat britannique est en passe de détenir 75% des droits de vote de la Royal Bank of Scotland 36% de City Group appartiennent désormais à l’Etat américain. En Allemagne un quart de la Commerzbank est passé sous le contrôle de l’Etat qui envisage des nationalisations forcées de banques en difficultés. En France l’Etat possèdera 20% du nouvel ensemble Caisses d’Epargne – Banques populaires. Des interventions multiples et coûteuses : - Au 24 février 2009, selon BNP Paribas, les Etats Unis ont déjà apporté 192,4 milliards de dollars d’argent public dans le capital des banques. Dans la zone euro, près de 200 milliards d’euros ont été investis ou promis par les pouvoirs publics selon Goldman Sachs au 4 mars 2009. Ces sommes sont apportées le plus souvent sous forme de « capital dormant » : actions sans droit de vote ou titres de « quasi fonds propres » rémunérés. Autres mesures de soutien : garanties massives sur les dépôts , les financements ou les actifs bancaires. Les banques centrales se sont engagées à mettre à disposition d’énormes montants de liquidité en échange de titres de plus en plus risqués. A partir de ces multiples interventions de l’Etat se pose donc la question des nationalisations à 100%. Derrière cela il y a deux autres questions : qui va supporter les pertes ? et quel est le meilleur moyen de restructurer les banques ? En attribuant massivement des aides, les Etats ont décidé de reporter sur les contribuables les pertes qui auraient du être assumées par les créanciers. On peut parler de « socialisation » des pertes. Le risque est alors que cette socialisation des pertes soit accompagnée d’une privatisation des profits. - plans de relance par la consommation et l’investissement pour stimuler la croissance et l’emploi Ces plans de relance concernent l’ensemble des pays touchés par la crise, qu’il s’agisse des pays développés ou des pays émergents. Ces plans de relance concernent donc la politique budgétaire et ils privilégient des instruments divers : certains mettent l’accent sur des dépenses supplémentaires, d’autres réduisent les recettes (par la fiscalité) ; de même certains privilégient la stimulation de la demande et d’autres les mesures en faveur de l’offre (cf le premier plan français et le premier plan allemand) . Le G20 de Londres a chiffré le tout à 5 000 milliards de dollars (plans déjà mis en œuvre ou projetés) Quelques exemples (à partir de données Banque de France, février 2009) : Pays Date d’annonce Exemple de mesure annoncée Montants mis en œuvre 6 Union européenne 26 nov 2008 Allemagne 5 nov 2008 13 janv 2009 France 4 déc 2008 Etats Unis 28 janvier 2009 Pays émergents, essentiellement Asie - Baisses ciblées de TVA Allongement temporaire de la durée des indemnités chômage Réduction de la taxation sur les bas revenus ristourne fiscale pour les achats de véhicules propres crédits pour les PME garantis aides aux particuliers pour rénover les logements investissements dans les infrastructures … soutien à l’industrie automobile prime à la casse soutien au bâtiment / logement relance par les grands travaux (accélération de projets déjà décidés) soutien à l’investissement productif 200 euros aux ménages qui percevront le RSA soutien à l’emploi des PME via l’exonération totale de charges patronales pour les embauches de 2009 grands travaux, réforme du système de santé exonérations fiscales et incitations fiscales soutenant l’investissement et le développement des énergies renouvelables aides sociales pour les personnes sans emploi et les familles aide directe aux Etats amércains pour financer les dépenses de santé du Medicaid développement de l’accès aux technologies numériques En Chine : grands travaux d’infrastructures ; mesures sociales et soutien au pouvoir d’achat (plan financé par des excédents fiscaux importants) 200 milliards d’euros (1,5% du PIB des 27 pays membres dont 170 milliards à l’échelle nationale et 30 milliards issus des fonds européens et de la BEI 82 milliards d’euros sur 2009-2010 soit 2% du PIB 26 milliards d’euros (1,3% du PIB) 825 milliards de dollars (5,8% du PIB) Chine : plan correspondant à 16% du PIB sur plusieurs années (soit 6% du PIB par an) . 462,5 milliards d’euros sur deux ans Le G20 de Londres a réaffirmé cet objectif de soutenir la croissance et l’emploi : « Nous inaugurons une expansion budgétaire concertée sans précédent, destinée à sauver ou créer des millions d’emplois, qui sans cela auraient été détruits. D’ici la fin de l’année prochaine, elle s’élèvera à 5 000 milliards de dollars, augmentera la production de 4% , et accélérera la transition vers une économie « verte ». Nous nous engageons à aller aussi loin qu’il le faudra dans l’effort budgétaire pour restaurer la croissance […] » Pour faciliter la mise en place de ces politiques budgétaires, une politique monétaire adaptée est nécessaire. - expansion de la liquidité par les banques centrales : Cette expansion de la liquidité repose sur deux outils principaux déjà évoqués dans ce qui précède : le rachat d’actifs par les banques centrales (dont titres toxiques) et la baisse des taux d’intérêt afin de faciliter l’accès au crédit. 7 Document 6 : Evolution des taux directeurs des grandes Banques Centrales En janvier 2009 le taux directeur était de 0,10% au Japon, de 0,25% aux Etats Unis mais de 2% dans la zone euro. La BCE a décidé le 02 avril 2009 une baisse d’un quart de point ce qui est jugé insuffisant par de nombreux observateurs qui pensent qu’une relance monétaire plus forte était nécessaire. Par ailleurs pour injecter des liquidités dans l’économie, la Banque centrale européenne ne peut pas faire fonctionner la planche à billets alors que c’est possible aux Etats Unis. - aides du FMI : Le Fonds monétaire international est né des accords de Bretton Woods signés en juillet 1945. Il s’est vu confié la mission de préserver la stabilité économique du monde par la surveillance, l’assistance technique et les opérations de prêt. Il compte 185 Etats membres. Jusqu’au G20 de Londres il disposait d’une enveloppe de 250 milliards de dollars pour aider les pays en grande difficulté. Le FMI peut accorder des prêts à des pays peu développés ou de petite taille comme l’Islande. Le G20 de Londres a placé le Fonds monétaire international au cœur de la régulation mondiale. 4.2 Les décisions du G20 de Londres concernant le rôle du FMI et de la Banque mondiale Le G20 a accru les fonds dont disposera le FMI : triplement de ses réserves qui passeront donc à 750 milliards de dollars soit 560 milliards d’euros. Cela lui permettra de faire face aux effondrements monétaires et financiers de pays de taille moyenne. Le FMI a également un rôle de supervision des nouvelles régulations financières ; il partage cette mission avec le Conseil de régulation financière. Il s’agit de mener cette surveillance de « façon loyale et franche » ce qui signifie au le FMI doit sermonner tout pays qui mettrait en danger la planète , même s’il s’agit des Etats Unis . Le FMI s’engage également à aider dans les années à venir les pays les plus pauvres (6 milliards de dollars supplémentaires en fonds facilement accessibles). 5. Conséquences et risques à moyen terme On peut distinguer : - les conséquences immédiates : augmentation du chômage Selon l’OCDE, le nombre de chômeurs devrait croître de 8 millions de personnes au cours de la période 2009-2010 ce qui porterait le nombre total de chômeurs à 42 millions en 2010 dans les pays de l’OCDE. Ce sont déjà 3 millions d’américains qui ont perdu leur emploi en 2008 et au moins autant sont à attendre en 2009. 8 En France, selon l’UNEDIC, le nombre de chômeurs augmenterait de 58 000 à 162 000 personnes en 2009 en fonction des différentes hypothèses de croissance économique retenues. diminution de la production industrielle (ex : automobile) diminution du PIB Selon le FMI, le PIB mondial baisserait de 0,5 % en 2009, la baisse du PIB mondial pouvant atteindre jusqu’à – 1,5 % augmentation du nombre de conflits sociaux et radicalisation des formes d’action (exemple : la séquestration de dirigeants et de cadres d’entreprise après l’annonce de plan de licenciements) diminution des cours mondiaux du pétrole et des matières premières ce qui entraîne une diminution des recettes d’exportation notamment de certains pays pauvres. En effet, un des canaux de transmission de la crise aux pays du Sud notamment est celui du commerce mondial. Ainsi, la baisse du prix des produits de base (pétrole, matières premières) entraîne une baisse nette des recettes d’exportations des pays exportateurs (exemples : l’Argentine qui exporte des produits agricoles, l’Afrique du Sud qui exporte des minerais mais encore la Russie avec ses exportations d’énergie…) Document 7 : Evolution du cours des matières premières - des risques à court ou moyen terme risque de déflation ou reprise de l’inflation ? L’inflation est une hausse continue et durable du niveau général des prix. La désinflation est un ralentissement de l’inflation donc les prix continuent à augmenter mais moins vite. La déflation est un processus général et permanent de baisse des prix. Elle est particulièrement dangereuse pour une économie car elle déclenche des spirales qui peuvent provoquer ou accentuer une récession . Trois mécanismes sont à l’œuvre dans la spirale déflationniste : - anticipant une baisse continue des prix les ménages sont incités à reporter leurs achats de biens durables ce qui réduit la demande adressée aux entreprises. - la déflation augmente le coût réel de la dette (lorsque celle ci n’est pas indexée sur les prix) - la déflation peut paralyser la politique monétaire. Même avec un taux nominal de 0%, le taux d’intérêt réel va être positif alors même que la situation de récession justifierait des taux d’intérêt réels négatifs 9 Certains économistes craignent donc la mise en place d’une spirale déflationniste dont il est très difficile de sortir (le Japon a mis 7 ans pour sortir de la situation de déflation dans laquelle l’avait plongé l’explosion, au début des années 90, d’une bulle boursière et immobilière) , mais d’autres craignent le retour de l’inflation. Cette crainte s’appuie sur l’augmentation des déficits publics liée aux plans de relance et de sauvetage des banques, ainsi qu’aux politiques d’argent gratuit mises en place dans de nombreux pays. Un excès de liquidités pourrait apparaître au niveau mondial. Actuellement la déflation frappe l’outil industriel chinois en grande partie tourné vers la demande extérieure (les faillites se multiplient en Chine dans les deux grandes régions manufacturières de Guangdong et de Shanghai). Document 8 : Evolution des prix à la consommation dans les pays industrialisés mise en place de mesures protectionnistes visant à protéger les économies nationales : - L’OMC prévoit pour 2009 une baisse du commerce mondial de 9 % . OMC : organisation mondiale du commerce L’OMC a succédé au Gatt le 1er janvier 1995. Elle a été créée par les accords de l’Uruguay Round. Le « round du développement » a été lancé en novembre 2001 à Doha (au Qatar) . Le cycle n’a pu être conclu en raison de désaccords entre l’Europe et les Etats Unis mais aussi entre pays riches et pays émergents ou en développement. Les négociations achoppent sur les dossiers agricoles et la libéralisation des services. - - Par exemple la Chine et l’Inde sont déjà touchées par une baisse des exportations or celle ci influe sur l’ensemble de l’Asie ; ainsi la moitié des exportations chinoises sont des réexportations de produits transformés dans d’autres pays asiatiques : les importations en provenance de Corée du Sud et de Taïwan ont chuté de 26% et 30% respectivement en Chine en novembre 2008 . L’OMC se fixe pour objectif la conclusion du cycle de Doha pour le développement (rendez vous pris en juillet 2009 en Sardaigne) . Le G20 de Londres a réaffirmé son refus des mesures protectionnistes. Déclaration du G20 de Londres : « La croissance du commerce mondial a entraîné une prospérité croissante pendant un demi-siècle. Aujourd’hui, pour la première fois en 25 ans, on assiste à son déclin. La chute de la demande est exacerbée par des pressions protectionnistes de plus en plus nombreuses et par un repli du crédit commercial. La relance du commerce mondial et des investissements est essentielle pour restaurer la croissance globale. Nous ne réitèrerons pas les erreurs historiques du protectionnisme des époques précédentes […] » - - tentation des Banques centrales d’exporter la déflation en favorisant la dépréciation de leur monnaie. Une monnaie dépréciée permet de réduire le déficit extérieur, à condition toutefois que les principaux pays exportateurs n’agissent pas tous ainsi. renforcement du dumping social : la tentation peut être grande de réduire les coûts salariaux afin de stimuler la compétitivité prix en particulier dans l’Union européenne où les instruments de politique économique sont en partie contraints. Ce risque est particulièrement fort pour les pays les plus faibles de la zone euro qui cherchent un moyen de compenser un euro fort qui réduit leur compétitivité prix. 10 marginalisation croissante des pays les plus pauvres (ex : Afrique). Les plus touchés sont les pays qui exportent des matières premières dont les cours mondiaux se sont effondrés (cf ci-dessus) . Ce sont également les migrations légales vers les pays riches qui vont être réduites (donc les revenus du travail liés à cette immigration). On peut également craindre que ces pays voient l’APD ( aide publique au développement ) décroître. augmentation de la pauvreté dans les pays dits riches et en Chine . En Chine la CASS ( Académie chinoise des sciences sociales) estime que 4 millions de travailleurs migrants venus des campagnes sont sans travail fin 2008 (or ils ne bénéficient pas d’indemnités chômage et n’ont plus leur place à la campagne) . Aux Etats Unis c’est la combinaison de la hausse du chômage (la période d’indemnisation du chômage est limitée à 26 semaines) , du développement du sous emploi (les temps partiels non volontaires ont progressé deux fois plus rapidement que les disparitions d’emploi en 2008) , du resserrement du crédit qui vont conduire à une aggravation de la situation sociale. Le nombre d’emprunteurs insolvables augmente de façon très importante ; 9,3% des détenteurs de prêts immobiliers à risque, les subprimes, sont devenus insolvables. montée des tensions sociales 6. En conclusion : - Quelles possibilités pour dépasser les contraintes actuelles ? Quelles nouvelles possibilités d’investissement ? écologie, urbanisme services à la personne privatisation de ce qui est actuellement service public … - Le G20 de Londres a-t-il apporté les « bonnes solutions » ? Contrairement à ce qui est parfois affirmé, il ne s’agit pas d’un nouveau Bretton Woods car les questions monétaires internationales n’ont pas été abordées donc le dollar est toujours la monnaie de réserve et d’échange. 11