Henri do Brasil

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Henri do Brasil
A 88 ans, le chanteur français Henri Salvador enregistre son nouveau disque au Brésil, le
pays qui l’a accueilli durant les années 40.
« Brésil » ferait un excellent titre pour ce disque commente le producteur et arrangeur Jacques
Morelenbaum entre deux prises avec son orchestre, l’un des meilleurs des studios de Rio. A ses
côtés, Henri Salvador, infatigable et de bonne humeur comme à son habitude du haut de ses 88
ans éclate d’un rire sonore, comme en éclateront tant d’autres durant cet entretien.
- « C’est un rêve très ancien qui est en train de se réaliser ; le Brésil est très important pour moi,
et en plus sa musique est la meilleure du monde. Je ne vous dis pas cela pour vous faire plaisir,
c’est la pure vérité » garantit le chanteur français occupé à l’enregistrement de son nouveau
disque sur le label V2 France.
Disciple fidèle de Frank Sinatra et de Nat King Cole
Exemple vivant de l’expression française « joie de vivre », il affirme que la musique est une
compagne de chaque instant dans son existence, et qu’elle est l’une des raisons essentielles de
l’éternel esprit d’enfant qu’il a conservé toutes ces années. Sa voix parfaitement claire doit tout
à la discipline et à sa passion pour les deux plus grands crooners de tous les temps.
- « J’avais 30 ans lorsque j’ai découvert le yoga. Depuis ma découverte par hasard d’un livre
intitulé « L’art de la respiration » je me suis mis à pratiquer quotidiennement des exercices de
respiration. J’ai également énormément appris à l’écoute des disques de Frank Sinatra et de Nat
King Cole » raconte Henri à son entrée en studio. »
Alors qu’il est occupé à se faire photographier en compagnie de l’orchestre, il demande que l’on
réduise l’intensité de l’air conditionné.
- « Je suis chanteur après tout, il faut que je préserve ma voix ».
Ecouter de bons disques aura finalement été le meilleur des enseignements pour ce natif de la
Guyane française émigré à Paris dès l’âge de 7 ans. Il se rappelle que cinq années plus tard un
cousin l’aida à donner un but à sa vie.
- « Il me fit écouter des disques de Duke Ellington et de Louis Amstrong. J’ai été instantanément
fasciné par cette musique, et c’est à ce moment que le jazz a transformé ma vie. Mon père rêvait
de me voir devenir avocat ou médecin, mais j’ai tellement insisté qu’il a fini par m’offrir une
guitare sur laquelle je me suis exercé seul pendant presque 2 ans avant de pouvoir réellement en
jouer. »
A l’approche de ses 15 ans, le jeune Salvador s’estima suffisamment prêt pour pouvoir briguer un
emploi de musicien au sein d’un orchestre français populaire. Il passa une première audition qu’il
réussit d’emblée.
- « Quand j’ai raconté aux musiciens que j’avais appris à jouer de la guitare seul dans ma
chambre, personne ne m’a cru » raconte celui qui, au début des années 40, ajouta un nouvel
ingrédient à sa formation musicale en débarquant au Brésil comme membre de l’orchestre de Ray
Ventura.
- « Nous avions un contrat de plusieurs mois au Casino de Urca, quartier de Rio situé au bas du
Pain de Sucre, mais par la suite j’ai également chanté au Copacabana Palace. A l’occasion de ce
nouveau voyage à Rio, je viens d’ailleurs de retrouver mon vieux copain « Jojo » (Georges Henry)
que je n’avais plus revu depuis 45 ans et qui était aussi de l’aventure brésilienne de Ray Ventura.
Finalement, j’ai passé 4 années à Rio à une époque formidable. J’ai fait la connaissance du
compositeur et interprète bahianais, Dorival Caymmi alors au tout début de sa carrière.
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J’ai assisté à la naissance du succès mondial « Aquarela do Brasil » de Ary Barroso et à celle de
multiples autres samba. »
Par une curieuse coïncidence, bien des années plus tard il influença les musiciens de la nouvelle
vague qui naquit à Rio, la Bossa Nova. « Dans mon île », composition que Salvador enregistra en
1957 arriva au Brésil par le biais d’un film italien (*), et fut considéré par Antonio Carlos Jobim
comme l’une des influences majeures dans la naissance de cette révolution musicale.
- « Entendre cette histoire de la bouche même de musiciens brésiliens m’a procuré une joie
immense. En novembre dernier, après m’être rendu à Brasilia pour y être décoré par le Président
Lula et le Ministre de la Culture Gilberto Gil, j’ai pu me rendre compte une nouvelle fois de toute
la tendresse qu’avait à mon égard les musiciens brésiliens. C’était en repassant par Rio où j’avais
été convié à une feijoada organisée par André Midani, que j’ai rencontré des compositeurs et
interprètes de l’époque de la Bossa Nova tels Roberto Menescal, Marcos Valle, Carlos Lyra»
raconte Henri Salvador qui venait d’achever l’enregistrement d’un des ses anciens succès
« Cherche la Rose » avec Caetano Veloso.
Un disque composé quasi exclusivement de morceaux originaux
Cette composition de Salvador et René Rouzaud, qui connut le succès avec Marlène Dietrich, est
l'une de ses seules reprises avec la version de George Moustaki de “Eu sei que vou te amar” (Tom
Jobim et Vinicius de Morais). Toutes les autres chansons sont inédites.
En 2001 le monde redécouvre le chanteur et compositeur Henri Salvador avec l’album « Chambre
avec vue » aux sonorités très Bossa Nova.
- « En France, je n’ai pratiquement jamais quitté le devant de la scène. L’inspiration ne m’a jamais
abandonnée. Composer est un autre exercice quotidien pour moi; en réalité j’enregistre en
permanence de nouvelles mélodies, et à l’heure d’entrer en studio, je ressors mes
enregistrements et sélectionne ceux qui s’adaptent le mieux au projet.
Très souvent les mélodies apparaissent en premier ; parfois elles naissent sur un texte envoyé
par l’un de mes auteurs. Beaucoup de ces auteurs ont hélas déjà disparu, comme Boris Vian, mais
heureusement est apparue une nouvelle génération très talentueuse avec la jeune Keren Ann par
exemple, avec qui j’ai beaucoup travaillé sur l’album « Chambre avec vue »
Le disque brésilien a commencé à naître il y a un an après une présentation du trio de Jaques
Morelenbaum à Paris.
- « Henri Salvador est venu me trouver dans ma loge et m’a demandé de faire les arrangements.
Nous sommes tous les deux arrivés à la conclusion que l'idéal serait d'enregistrer au Brésil avec
des musiciens brésiliens » explique Morelenbaum qui a pour l’occasion réussi, sans trop de mal, à
convaincre les plus grands.
Contrebasse - Jorge Helder (Chico Buarque, Maria Bethânia, Caetano Veloso, Marcos Valle …)
Guitare - Lula Galvão (Rosa Passos…),
Batterie - Paulo Braga (Antonio Carlos Jobim, Milton Nascimento, Elis Regina, Ivan Lins, Lee
Ritenour, Joe Henderson,…)
Percussions - Marcelo Costa (Marisa Monte, Francis Hime…),
Piano - João Donato
(*EUROPA
DI NOTTE d’Alessandro BLASETTI)
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Donato a participé à tous les morceaux, donnant un charme tel au disque qu’il mérite une mention
toute particulière pour sa contribution.
- « J’ai toujours admiré João » poursuit Jacques Morelenbaum, «mais je n’avais jamais eu
l’occasion de travailler avec lui. J’ai adoré cette expérience ; il a été fabuleux ! Tout en suivant
de près les partitions, il est arrivé à imprimer sa touche comme toujours incomparable. »
Ce que peu de gens savent sur João Donato, est qu’un jour l’une des ses mélodies les plus connues,
«A rã», est parvenue aux oreilles de Jacques Brel aux Marquises qui en a ensuite fait une
chanson figurant dans son dernier disque sorti peu avant sa mort.
En dehors des séances d’enregistrement en studio, Henri Salvador a encore trouvé le temps de
faire vibrer son âme de Carioca. Le Dimanche de Pâques il a été invité à Ipanema afin d’y graver
ses mains pour le trottoir des célébrités de la Toca do Vinicius, où le public lui rendit un
émouvant hommage. Quelques jours après, on lui a refusé l’entrée à la salle de spectacle qui
accueillait un show de Marcos Valle, après que la production eut revendu la place qui lui avait été
initialement réservée.
C’est cela aussi Rio de Janeiro, mais cet incident n’altéra en rien la bonne humeur de celui que l’on
pourra toujours appeler « Monsieur Joie de Vivre ».
Auteur: Antônio Carlos Miguel Traduction :Emmanuel de Ryckel
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Henri Salvador
FICHE TECHNIQUE
La majorité des titres présents sur l’album ont été enregistrés à Rio de Janeiro, avec à la
réalisation aux cotés d’Henri, Jaques Morelenbaum assisté de Marcelo Saboia. Tous deux
travaillent depuis de nombreuses années sur les albums de Jaques mais également pour
d’autres artistes prestigieux : Jaques a réalisé pour Caetano Veloso entre autres «a foreign
sound » et a également arrangé et réalisé de nombreux albums avec des artistes aussi divers
que Carlos Antonio Jobim ou Ryuitchi Sakamoto.
Pour « Révérence », Henri Salvador s’est entouré de la crème des musiciens brésiliens dont le
pianiste Joao Donato (fait exceptionnel puisque celui-ci ne joue plus pour d’autres
productions que les siennes sauf rares exceptions !).
Deux duos sont également présents sur ce nouvel album :
- Avec Caetano Veloso (il a repris « Dans mon île » il y a quelques années et rêvait de
chanter aux cotés d’Henri) sur «Cherche la rose ».
- Avec Gilberto Gil, (ce projet est né quand les deux artistes ont chanté ensemble, lors d’une
réception à Brasilia où le Président Lula et le Ministre de la Culture Gilberto Gil ont décoré
Henri de l’ordre du Mérite, au grade de Grand Croix” à l’automne 2005). Henri a proposé une
reprise d’un magnifique titre de Jobim dont le texte signé Vinicius de Moraes a été adapté
magnifiquement par Georges Moustaki.
- La seconde étape s’est déroulée à Paris avec la collaboration de Michel Coeuriot
(réalisateur et arrangeur notamment des derniers albums de Laurent Voulzy et Alain
Souchon).
Henri souhaitait une couleur plus jazzy, plus big band. Michel a réuni les meilleurs musiciens
français sur quatre morceaux dont « l’Amour se trouve au coin de la rue » (le texte a été écrit
par un grand ami d’Henri, Eddy Mitchell).
-Enfin dernière étape, la reprise de Ray Charles, « Alleluiah ! Je l’ai dans la peau » a été
enregistrée par Mino Cinelu (Mino a joué des percussions avec Miles Davis Weather
Report Dizzy Gillepsie Sting entre autres !). Il s’est entouré de la fine fleur des musiciens
de jazz New-yorkais pour trouver la tonalité profondément jazzy souhaitée par Henri
Salvador.
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-------------------------------------------------PETITE FICHE TECHNIQUE ALBUM :
Session Rio de Janeïro avec Jaques Morelenbaum
* MOURIR A HONFLEUR
(DANIEL SCHMITT / HENRI SALVADOR)
* DANS MON ILE
(MAURICE PON / HENRI SALVADOR)
* CHERCHE LA ROSE (duo avec Caetano Veloso)
(RENE ROUZAUD / HENRI SALVADOR)
* TU SAIS JE VAIS T’AIMER
(MARCUS MORAES / ANTONIO JOBIM)
Adaptation française par: GEORGES MOUSTAKI
* D’ABORD
(GISELE MOLARD / HENRI SALVADOR)
* LES AMOURS QU’ON DELAISSE
(EMMANUEL DONZELLA / HENRI SALVADOR)
* LES DERNIERES HIRONDELLES
(GISELE MOLARD / HENRI SALVADOR)
* TU SAIS JE VAIS T’AIMER (duo avec Gilberto Gil)
(MARCUS MORAES / ANTONIO JOBIM)
Adaptation française par: GEORGES MOUSTAKI
--------------------------------------------------------------------------Session New York avec Mino Cinelu
* Alleluia ! Je l’ai dans la peau
(RAY CHARLES / RAY CHARLES)
Adaptation française par: LYDIA MARTINICO
--------------------------------------------------------------------------Session Paris: Michel Coeuriot
* LA VIE C’EST LA VIE
(GISELE MOLARD / HENRI SALVADOR)
* L’AMOUR SE TROUVE AU COIN DE LA RUE
(CLAUDE MOINE / HENRI SALVADOR)
* J’AURAIS AIME
(MICHEL MODO / HENRI SALVADOR)
* ITALIE (UN TABLEAU DE MAITRE)
(LYDIA MARTINICO / HENRI SALVADOR)
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