Module Psychiatrie : Les troubles de l’humeur – troubles bipolaires Année 2005 ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------Empathie : capacité à inférer l’état émotionnel d’autrui. On dit que c’est une connaissance de l’autre en lui-même sans identification à cet autrui. DELAY a défini l’humeur comme étant une disposition affective fondamentale qui donne à chacun des états d’âme, une tonalité agréable ou désagréable oscillant entre les 2 pôles extrêmes du plaisir et de la douleur. Il définit : Le syndrome dépressif, Le syndrome maniaque. 1 Le syndrome dépressif C’est un syndrome très fréquent, probablement le trouble mental le plus fréquent. On parle d’une incidence de 15%, touchant plus les femmes (2 fois plus fréquent). Le diagnostic est clinique et est caractérisé par une triade symptomatique. Pour que le diagnostic soit retenu, il faut que les symptômes soient constants pendant 15 jours au moins et en rupture avec les comportements habituels. a. L’humeur dépressive (Tristesse pathologique, douleur morale, en sachant que la douleur morale est consciente dans ce cas). Cette douleur morale s’accompagne d’une perte des intérêts, d’un incapacité à éprouver du plaisir (=ANHEDONIE), on parle aussi d’une anesthésie affective, c'est-à-dire une perte des sentiments, une incapacité à s’émouvoir. S’y associe souvent un sentiment d’ennui, on décrit souvent une vision négative de soi ou une dévalorisation, une perte de l’estime de soi ; à l’extrême il y a culpabilité avec autoaccusation. Il y a une vision négative du monde extérieur d’où un sentiment d’incompréhension, d’un sentiment de manque d’aide, une vision négative du futur, du présent et du passé. On parle aussi de psychologie dépressive, idéation suicidaire quasi constante, cette idéation suicidaire est à évaluer, être à l’écoute du patient. A l’extrême de l’humeur dépressive, on trouve l’humeur mélancolique : sentiment d’indignité, de culpabilité, d’incurrabilité. b. Le ralentissement (ou inhibition) On dit que ce ralentissement est psychomoteur, on parle de la perte de l’élan vital, on parle de ralentissement intellectuel ou psychique, c’est la bradypsychie (lenteur pour passer d’une idée à l’autre) ; on parle aussi de rumination, il y a aussi une bradyphémie (lenteur du débit verbal). Le ton de la voix est monocorde. Aboulie = inhibition de la volonté, il y a aussi une indécision, incapacité à prendre des décisions. Dans le ralentissement, on retrouve souvent un trouble de la concentration, un trouble de l’attention et un trouble de la mémoire. Le ralentissement moteur correspond à la rareté des mouvements, attitude figée, lenteur de la marche (bradykynésie), on parle aussi d’inertie motrice, d’hypotonie, il s’exprime aussi au niveau du visage qui est peu expressif (hypomimie), l’Oméga mélancolie (expression du visage au niveau du front et des yeux, Ω). 1/7 Module Psychiatrie : Les troubles de l’humeur – troubles bipolaires Année 2005 ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------c. Les signes somatiques Asthénie, fatigabilité, reconnaissance matinale de l’asthénie, insomnie, insomnie du petit matin, c'est-à-dire réveil précoce avec incapacité à se rendormir. Dans 20% des cas, on a l’hypersomnie. Les troubles alimentaires = anorexie ou comportement anorexique (diminution de l’alimentation), constaté par la perte de poids et dans 10% des cas, on a une hyperphagie. Les troubles sexuels = perte de la libido. Céphalée, constipation, polyalgie, HypoTA, bouche sèche. 1.1 Les complications du syndrome dépressif 1.2 Pronostic du syndrome dépressif 1.3 Classement des syndromes dépressifs Le suicide. Il est vital. On trouve le syndrome dépressif primaire et secondaire. Le primaire, c’est lorsque le patient ne présente aucun trouble somatique ou psychiatrique. Le secondaire, c’est lorsqu’il y a : Un trouble somatique (parkinson, sclérose en plaque, démence, diabète, ménopause, cancer, IM, dysthiroïdie), Un trouble psychiatrique, Prise de médicament (ex : interféron, corticoïde, bêta bloquant, antihypertenseur, neuroleptique), Prise de toxique, Stress psychosocial, Les symptômes dépressifs sont intenses => dépression mélancolique : épisode psychique majeur avec intensité des symptômes associé fréquemment à des idées délirantes avec un haut risque suicidaire. 2/7 Module Psychiatrie : Les troubles de l’humeur – troubles bipolaires Année 2005 ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------1.4 Les formes cliniques du syndrome dépressif Formes cliniques mélancolique ou l’épisode dépressif est majeur avec symptôme intense et souvent avec des idées délirantes, de ruine, de culpabilité et d’incurabilité ; haut risque suicidaire. Forme délirante : délire (souvent de persécution), autoculpabilité, ruine, incurabilité, syndrome de COTTARD au maximum (négation d’organes et un sentiment d’immortalité. Le délire reste congruant à l’humeur), Forme anxieuse : avec soit sidération, soit agitation. Forme saisonnière : à l’automne (soigné par luminothérapie). Forme masquée : par des plaintes ; somatique au premier plan avec des plaintes sans support organique. Forme selon l’âge : enfant = trouble du sommeil, plaintes de maux de ventre ; adolescent = conduite à risque ; personne âgée = suicide, Mélancolie simple : épisode dépressif majeur mais sans idées délirantes, Forme stuporeuse : inhibition psychomotrice majeure avec mutisme et une prostration. 1.5 Evolution du syndrome dépressif Installation progressive en 2 à 3 semaines. Guérison spontanée en 6 mois. Guérison médicamenteuse en 2 mois. Evolution à distance est récurrente : 50% de rechute dans les 2 ans. L’évolution est chronique après 2 ans. Evolution résistante au traitement après 4 semaines. Suicide = 15%. Parmi les suicidés, combien avait un syndrome dépressif = 1/3. 1.6 Les facteurs de risque Age, alcool, isolement, idée délirante. 1.7 Le traitement Il se fait en ambulatoire. Hospitalisation si risque suicidaire majeur ou retentissement somatique (ex : perte de poids excessive). Médicaments : antidépresseur : IRS (Inhibiteur de la Recapture de la Sérotonine), tricyclique ; anxiolytique, hypnotique, neuroleptique. Technique : sismothérapie (= électrochoc) chez les mélancoliques et les personnes âgées. Traitement d’attaque puis traitement de consolidation pendant 6 mois. L’arrêt se fait progressivement. Le traitement préventif : chez patient qui font des épisodes dépressifs à répétition, on donne un traitement antidépresseur au long cours = thymorégulateur. Psychothérapie : de soutien, elles sont indispensables, il faut parler avec le patient. 3/7 Module Psychiatrie : Les troubles de l’humeur – troubles bipolaires Année 2005 ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 2 Le syndrome maniaque Période nettement délimitée durant laquelle l’humeur est élevée de façon anormale et persiste pendant au moins une semaine. Le diagnostic est clinique et il existe une triade symptomatique, on dit qu’elle s’oppose à la triade du syndrome dépressif. a. L’humeur exaltée On parle aussi d’euphorie, de jovialité, il y a une versatilité de l’humeur. On parle aussi d’hyperesthésie, il ressent les choses, les évènements, les remarques et les attitudes des autres avec une acuité intense, ce qui le rend très réactif. Il y a une auto survalorisation, idée mégalomaniaque, il y a une vision positive de soi même, du monde et du futur. Il y a aussi une hypersyntonie, il y a une sorte d’accord affectif étroit entre le sujet et le monde extérieur (il y a une hyper réceptivité associée à une hyper réactivité). b. Accélération psychomotrice Elle se situe en premier au niveau intellectuel. On parle de tachypsychie, on parle aussi de fuite des idées (les idées vont dans tous les sens). Il y a aussi une hypernésie (se souvient parfaitement de petits détails vieux de 10 ans). Il y a une logorrhée (diarrhée verbale), on parle aussi de tachyphémie (accélération du débit verbal), passage du coq à l’âne. Souvent, une distractibilité, souvent un trouble du jugement. Elle se situe aussi au niveau moteur qui se manifeste par une hyperactivité désordonnée non productive. Il y a aussi souvent des agitations pouvant se transformer en fugue pathologique. Il y a une hypermimie, tenue débraillée, familiarité du contact. Il y a une infatigabilité. c. Les signes somatiques Insomnie sans fatigue, hyperthermie (38°C), hyperphagie, hypersexualité, déshydratation. 2.1 Les complications Conduites dangereuses en voiture, Les désinhibitions sexuelles (attentat à la pudeur), Les actes médico-légaux, Achat et vente inconsidérés => protection des biens. 2.2 Le pronostic Le pronostic est social (le patient a tout vendu par exemple). 4/7 Module Psychiatrie : Les troubles de l’humeur – troubles bipolaires Année 2005 ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------2.3 La manie délirante, le délire est souvent mégalomaniaque, L’hypomanie : la triade est présente mais moins forte, L’état mixte : syndrome maniaque + syndrome dépressif. Cet état représente une difficulté thérapeutique, La fureur maniaque : véritable urgence pour le patient et son entourage. 2.4 L’évolution Durée : environ 6 mois sans traitement. Durée : 2 mois avec traitement. L’évolution est cyclique. 2.6 Le diagnostic étiologique Syndrome maniaque dans la maladie maniaco-dépressive, Syndrome maniaque dans les manies atypiques du schizophrène, Syndrome maniaque dans les manies symptomatiques (suite à évènements psychologique, suite à prise de médicaments, suite à prise de toxique, d’origine organique : tumeur cérébrale, hémorragie méningée, encéphalite, hyperthiroïdie, hyperKaliémie, hypoglycémie). 2.5 Les formes cliniques Les complications Actes médico-légaux. Achat et vente inconsidérés. Pronostic social en jeu. 2.7 Le traitement Hospitalisation, l’hospitalisation sous contrainte est quasi systématique dans ce cas. On met en place une sauvegarde de justice en faisant appel au juge des tutelles. Comme traitement médicamenteux : sédatif (dans un premier temps), neuroleptique ; thymorégulateur (dans un deuxième temps). Psychothérapie de soutien, surveillance rapprochée. 5/7 Module Psychiatrie : Les troubles de l’humeur – troubles bipolaires Année 2005 ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 3 Les troubles maniaco-dépressif (TMD) Troubles fréquents, 1% de la population, qui touche l’adulte jeune. Il y a une hérédité marquée, surtout pour les formes bipolaires. La maladie maniaco-dépressive est une forme cyclique du dérèglement de l’humeur, on alterne : Des épisodes dépressifs, Des épisodes maniaques, Des intervalles libres. Il existe 2 formes de troubles TMD : La maladie Bipolaire (syndrome dépressif+ syndrome maniaque) ou MMD bipolaire, La dépression récurrente ou MMD Unipolaire (syndrome dépressif). 3.1 50% de femmes et 50% d’hommes, age de début : 20-30 ans, facteur héréditaire fort : 20%, la réponse au traitement est favorable. 3.2 Dans les formes bipolaires Dans les formes unipolaires 2 femmes pour un homme, age de début : 40 ans, facteur héréditaire : 10%, réponse au traitement moins favorable que dans la forme bipolaire. Il y a donc une vulnérabilité génétique pour la MMD, Les complications des MMD sont : o Suicide dans 20% des cas, o Conduites addictives (abus et dépendance de l’alcool), Les formes à cycle rapide : plus de 4 épisodes en 1 an, elles sont résistantes au traitement 3.3 Le traitement 3.3.1 Le traitement des épisodes aigus A. Traitement de l’accès mélancolique Hospitalisation sous contrainte pour la prévention du rsique suicidaire, Inventaire à l’arrivée, confiscation des objets dangereux, C’est une urgence thérapeutique, Antidépresseur, électroconvulsivothérapie (sismothérapie) pour les formes graves, sinon ; IRS, antipsychotiques, psychothérapie de soutien, anxiolytique. 6/7 Module Psychiatrie : Les troubles de l’humeur – troubles bipolaires Année 2005 ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------B. Traitement de l’accès aigu maniaque Hospitalisation en urgence sous contrainte, Sauvegarde de justice, Chambre seule avec limitation des visites, Bilan et soins somatiques, Psychothérapie de soutien, Chimiothérapie : Thymorégulateur (Li) avec un bilan pré lithium, Le LI met une semaine à agir donc, mise en place d’un sédatif si besoin, Hypnotique, Antipsychotique (ZYPREXA®) à forte dose. C. Traitement du trouble mixte Le traitement est discuté dans le service en fonction de l’histoire du patient et du moment, Attention avec les anti dépresseurs pour éviter le virage maniaque et le risque de suicide. 3.3.2 Le traitement préventif des rechutes Thymorégulateur (Li) à vie, L’intérêt d’un traitement prophylactique réside dans la disparition des récidives thymiques, dans l’atténuation de l’intensité des épisodes et dans l’espacement des récidives, Le traitement préventif de choix pour la maladie bipolaire réside dans les thymorégulateurs. 3.3.3 Le traitement préventif des troubles bipolaires ZYPREXA®, Si contre indications aux Li : TEGRETOL®, DEPAMIDE® + sismothérapie. TMD = MMD = PMD Maladie bipolaire = PMD bipolaire Accès mélancolique, Accès maniaque, Etat mixte (accès) Dépressions récurrentes = PMD unipolaire Pour les PMD unipolaire, un traitement suivi sérieusement permet un retentissement social, professionnel, personnel minime. Cela signifie que le pour le TMD qui est un trouble grave, le traitement est assez efficace et beaucoup de patients ayant ce trouble ont une vie traditionnelle. 7/7