Objectif et justification, y compris la nature des problèmes urgents, le cas
échéant: Dans les collectivités d'outre-mer, la prévalence de l'obésité, mais aussi des
autres maladies chroniques majeures associées (diabète, hypertension artérielle, maladies
cardio-vasculaires, divers cancers), est plus élevée qu'en métropole. A la Réunion, par
exemple, les enquêtes réalisées en milieu scolaire montrent un taux d'obésité de 8,7%
chez les enfants (en classe de CM2) contre 4% en métropole. La prévalence du surpoids
chez les femmes est de 31% en Guadeloupe et 32% à Mayotte alors qu'elle est de 17,6%
chez les femmes de métropole (ENNS, 2006). La fréquence du diabète traité est de 9,80%
à la Réunion, et 9,24 en Martinique, soit le double de celle observée en France (4,58%). La
nutrition (regroupant l'alimentation et l'activité physique) est un déterminant majeur de
ces pathologies. La prévention, le dépistage et la prise en charge de la composante
nutritionnelle sont une priorité de l'intervention en sante publique. La spécificité de la
situation en outre-mer est liée aux particularités culturelles, économiques, géographiques
et climatiques et nécessite une approche adaptée.
Partant d'observations réalisées en 2011 par les régions de Martinique (Pôle
agroalimentaire régional de Martinique), la région de la Guadeloupe ou la Direction de
l'alimentation, de l'agriculture et de la foret de la Réunion, sur les différences de taux de
sucres entre certains produits vendus en outre-mer et ceux, équivalents, vendus en
métropole, diverses mesures ont été prises au nombre desquelles figure le lancement d'un
volet spécifique d'un plan concernant la nutrition en outre-mer ainsi que l'adoption de la loi
n° 2013-453 du 3 juin 2013 visant à garantir la qualité de l'offre alimentaire en outre-mer.
La mesure envisagée est justifiée par un impératif de santé publique afin de lutter au
mieux contre le surpoids et les maladies qui lui sont associées. Rien ne justifie une
commercialisation de produits plus fortement sucrés dans ces territoires.
De plus, l'OMS, dans une directive publiée en 2015[1], élaborée par un groupe
international pluridisciplinaire d'experts qui a analysé selon la méthodologie GRADE
(«grading of recommandations assessment development and evaluation») les arguments
probants issus de la littérature scientifique internationale, recommande, chez l'adulte et
l'enfant, de ramener l'apport en sucres libres (qui comprennent les monosaccharides et les
disaccharides ajoutés aux aliments, et les sucres naturellement présents dans le miel, les
sirops, les jus de fruits et les jus de fruits concentrés) à moins de 10% de l'apport
énergétique total.
La mesure envisagée contribue à la réalisation de cet objectif de santé publique en limitant
les ajouts excessifs de sucre dans les produits destinés aux collectivités de l'outre-mer. Si
la mesure a un caractère contraignant pour les opérateurs économiques, il n'en demeure
pas moins qu'elle reste nécessaire (une mesure facultative ne serait pas suffisante pour
atteindre l'objectif fixé) et proportionnelle (le taux de sucre ajouté correspond à celui
observé en France fixé déjà librement par les producteurs) au regard de l'impératif
sanitaire poursuivi. Ce n'est pas une mesure fixant dans l'absolu un taux de sucre ajouté
de manière arbitraire mais une valeur limite relative.
[1] OMS. Directive : Apport en sucres chez l'adulte et l'enfant. Résumé d'orientation
OMS 2015. 11p.