raisonnable, afin qu'il soit économiquement rationnel de produire et de diffuser des technologies
climatiques. Cela exigerait la distribution des licences, l'accès au savoir-faire et aux secrets
commerciaux, la délivrance de licences obligatoires d'intérêt général, un droit de la concurrence et
des prescriptions professionnelles. Quelques-unes des questions relevant du paragraphe 6 de la
Déclaration de Doha sur l'Accord sur les ADPIC et la santé publique pourraient aussi être pertinentes
à cet égard. Il a évoqué le rôle important joué par les marchés émergents en tant que points
intermédiaires de distribution et de vente entre de grands pays développés et la plupart des pays en
développement. Il a conclu sur la nécessité d'une intégration systémique de l'analyse et de
l'interprétation juridiques au niveau multilatéral, en particulier dans le cadre de l'OMC, pour éviter
les conflits, poursuivre des objectifs communs et partager les compétences.
e) M. Thaddeus Burns, Conseiller juridique principal pour les questions de propriété
intellectuelle et de commerce, Europe, Moyen-Orient, Afrique et Amérique latine,
General Electric (GE)
M. Burns a présenté le concept Ecomagination de General Electric (GE) et a indiqué que
l'Internet et l'Accord sur les ADPIC avaient changé la manière qu'avait GE d'aborder l'innovation.
Depuis les années 1990, deux grands bouleversements ont eu lieu: l'avènement de l'Internet et
l'entrée en vigueur de l'Accord sur les ADPIC. Grâce à ce dernier, qui s'était accompagné de régimes
de propriété intellectuelle plus prévisibles et certains, GE avait pu pénétrer les marchés de pays en
développement. Toutefois, le modèle des innovations nées dans le Nord et diffusées dans le Sud n'a
plus cours. GE possède aujourd'hui des centres de recherche-développement au Brésil, en Chine et
en Inde. Cela a engendré ce que Jeff Immelt, PDG de GE, appelle l'"innovation inversée": les
inventions destinées au Sud sont ensuite commercialisées dans le Nord. Le rapport investissement
privé/investissement public dans la recherche-développement est plutôt de 70 pour 30,
contrairement à ce que M. Martin Khor a montré dans son exemple, et les DPI constituent une
importante incitation. GE a déposé des brevets auprès de cinq juridictions très importantes,
permettant ainsi à d'autres pays d'utiliser ces brevets librement, sans restrictions juridiques. En
outre, les secteurs concernés par le changement climatique étant très concurrentiels, il n'y a pas de
concentration du pouvoir économique. Du fait de la diversité des technologies climatiques et des
différences fondamentales par rapport aux secteurs pharmaceutique et chimique, il n'est pas
possible de tirer des enseignements des discussions sur le Protocole de Montréal ou l'accès aux
médicaments. Le Protocole de Montréal a soulevé des questions similaires au sujet d'un processus
de normalisation, dans lequel les technologies brevetées pouvaient poser problème et il pouvait être
important d'imposer un partage des technologies dans des conditions équitables, raisonnables et
non discriminatoires (régime FRAND). Mais les secteurs concernés par le changement climatique
sont différents; par exemple, des innovations d'amélioration y sont plus probables (exemple:
logiciel pour maîtriser la production d'électricité). La propriété intellectuelle sert ici, à travers l'octroi
de licences, à répondre aux besoins des consommateurs, et n'est pas une fin en soi; de plus, elle ne
requiert pas le même degré de surveillance que le Protocole de Montréal. M. Burns est convenu
qu'il y avait urgence, mais il a indiqué qu'il n'y avait aucune raison de mettre en place des conditions
moins favorables et de réduire l'innovation, et qu'il convenait plutôt de faire exactement le
contraire. Les déclarations sur l'Accord sur les ADPIC risquent de détourner les investissements en
recherche-développement de ce secteur de premier plan.
2. Conclusions
Au terme de la séance, la plupart des intervenants sont convenus que les technologies climatiques
pertinentes relevaient dans une large mesure du domaine public et que les brevets importants ne
pouvaient désormais couvrir que les innovations progressives. Toutefois, il convient de rassembler
plus d'éléments probants, non seulement pour déterminer si les DPI pourraient poser problème à