contre le réchauffement climatique. En fin de compte, le MDP doit être jugé sur la qualité et
non sur la quantité.
Troisième mythe : Que des projets non additionnels existent n’est pas un problème, la
question se réglera avec le temps et l’augmentation du prix du carbone
L’opposé est vrai. Le MDP fonctionne, de facto, sur une base jurisprudentielle. Ceci implique
qu’autoriser des projets non additionnels créera un précédent, ouvrant la porte à d’autres
projets non additionnels. Loin d’être des anomalies, les premiers projets MDP non
additionnels donneront inévitablement forme au MDP.
L’argument selon lequel le prix du carbone augmentera éventuellement jusqu’à un niveau
permettant le développement de projets vraiment additionnels, résolvant ainsi le problème, est
extrêmement discutable. Si les règles de l’additionnalité sont faibles, il est plus probable que
l’augmentation du prix du carbone entraînera un meilleur prix pour les « crédits carbone
bidons » issus de projets MDP non additionnels. De plus, l’entrée sur le marché d’un grand
nombre de « crédits bidons » à faible coût n’aura probablement pas pour effet d’augmenter le
prix du carbone.
Quatrième mythe : des règles de l’additionnalité stricte aboutira à l’absence de projets et les
pays en développement rateront une occasion pour des investissements dont ils ont besoin
Il existe une tactique alarmiste aussi cynique qu’elle est fausse. Un projet MDP non
additionnel est un projet qui se développera quoiqu’il arrive même en l’absence du MDP,
qu’il soit enregistré comme projet MDP ou pas. Par conséquent, les bénéfices pour le pays
hôte, à savoir transfert de technologie, investissement, accès à l’énergie, création d’emplois,
sont tous assurés que le projet soit enregistré comme projet MDP ou pas. Aucun de ces
bénéfices n’est accru ou compromis par un enregistrement MDP. L’impact sur le pays hôte
d’un projet non additionnel non enregistré est négligeable. Il ne devrait certainement pas être
perçu comme un obstacle à des règles de l’additionnalité plus fortes.
Cinquième mythe : si les pays en développement insistent pour appliquer des règles plus
strictes et un prix plus élevé, alors les acheteurs rejetteront le MDP et se tourneront vers
« l’air chaud » pour atteindre leurs objectifs
Savoir où et comment se procurer des crédits carbone est une question aussi politique
qu’économique. Les pays industrialisés peuvent remplir théoriquement jusqu’à 50% de leurs
engagements en achetant de « l’air chaud ». Mais cela peut être très mal perçu par l’opinion
publique, particulièrement dans les pays européens. Le MDP est un moyen beaucoup plus
crédible pour réduire les frais de mise en œuvre de leurs engagements. Se procurer des crédits
issus d’une ferme éolienne en Chine est politiquement beaucoup plus intéressant qu’acheter
de l’air chaud d’une usine dilapidée en Ukraine. Les pays du Nord savent également qu’ils ont
besoin de garder les pays en développement à bord du Protocole de Kyoto. Le MDP est ce
qu’ils ont de plus tangible à offrir. Un boycott, de facto, des projets MDP par les investisseurs
des pays de l’Annexe I, en raison des demandes légitimes des pays en développement pour
des règles de fonctionnement plus strictes et des prix plus élevés, serait une position difficile à
défendre. Ceci sera d’autant plus vrai quand les pays de l’Annexe I demanderont aux pays en
développement d’accepter des obligations de réductions pour la seconde période
d’engagement. Les pays en développement sont dans une bonne position pour négocier sur le
MDP. Ils devraient faire en sorte que cela leur bénéficie et bénéficie au climat.