le contenu de son enseignement. La formation des futurs professionnels, aujourd'hui élèves
ou étudiants en situation d'apprentissage, ne devrait-elle pas témoigner d'une recherche de
développement de compétences (savoirs, savoir-faire, savoir-être) qui, par leur mise en
acte prochaine dans les situations de gestion, leur permettront de répondre au défi de la
transversalité organisationnelle auquel ils se trouveront tôt ou tard confrontés ?
L’activité de formation en gestion, notamment au sein des premier et second cycles et, de
surcroît, dans les cycles universitaires, ne devrait-elle pas, à son tour, admettre un
décloisonnement intra-disciplinaire ? Ce décloisonnement n’inciterait-il pas les formateurs à
porter un autre regard sur le contenu de leurs enseignements, en particulier, à reconsidérer
la place et le rôle de l’instrumentation de gestion dans leur acte d’enseignement ? Dans le
même temps, ce décloisonnement pourrait-il prendre corps ailleurs qu’au sein d’un espace
collectif de travail, l'équipe pédagogique, afin que les formateurs puissent confronter leurs
approches au regard des réalités économiques, de leurs évolutions et de leurs
représentations. Une ouverture sur le monde économique, ses évolutions et ses besoins, ne
pourrait-elle pas être renforcée par une validation des méthodes de travail et des projets de
formation par "des professionnels" au sens d'acteurs en situation dans les organisations ?
Afin de favoriser le décloisonnement intra-disciplinaire et l'articulation de contenus de
modules de formation jusqu'alors déconnectés, nous proposons une recherche de concepts
fédérateurs. Pour progresser dans notre réflexion, nous prenons appui sur la thématique
des compétences dans les sciences de gestion. Une raison essentielle motive notre choix :
le concept de compétence peut aujourd’hui se comprendre comme fédérateur de plusieurs
disciplines internes aux sciences de gestion (GRH et contrôle de gestion, par exemple). Par
essence interdisciplinaire, ce concept s’est imposé à des sciences telles l’économie, la
gestion ou encore la sociologie pour, depuis le milieu des années 80, en faire évoluer la
dynamique de façon croissante et croisée. Les développements propres à ces trois
disciplines ne se sont pas réalisés de façon complètement étanche, comme cela semble
désormais devoir être le cas au cœur même des sciences de gestion dans des domaines
tels que le management stratégique, la gestion des ressources humaines, la qualité ou
encore le contrôle organisationnel. Une lecture organisationnelle fondée sur la thématique
des compétences a tout d’abord conduit les entreprises à décloisonner leurs fonctions. Plus
récemment, elle les a conduites à s’interroger sur les modalités du "recouplage" de ces
fonctions. Initialement, c'est la conception d'un management adossé à la gestion "des"
compétences qui a modifié sensiblement les visions classiques de l’organisation, de la
stratégie et de la compétitivité sur lesquelles reposent traditionnellement nos
enseignements. Privilégiant une lecture segmentée de la gestion des compétences
individuelles, collectives et organisationnelles, lecture dont de nombreux auteurs
s’accordent à dire qu’elle doit s’enrichir pour devenir transversale (Meignant, 2000, [29] ;
Durand, 2000, [12]), la gestion "des" compétences semble pourtant aujourd’hui devoir
évoluer vers une gestion "par" les compétences. Gérer par les compétences suppose,
certes la coordination horizontale et verticale des activités mais surtout, la prise en compte
de boucles de rétroaction qui vont immanquablement se produire lors de la mise en œuvre
des processus permettant à l'organisation, et à ses acteurs, d'exercer leur métier dans le
temps.
La gestion "par" les compétences appelle alors un décloisonnement et un recouplage de
fonctions telles la stratégie, la GRH, le contrôle de gestion… fonctions auparavant
segmentées (Rouby et Solle, 2002a, [40]). Si ce décloisonnement et ce recouplage,
caractéristiques des innovations organisationnelles actuelles, sont supposés être
transposés dans nos enseignements, alors il appartient au formateur de poser la question
du recouplage de champs disciplinaires pour lesquels ses pratiques institutionnalisées
privilégient encore une lecture segmentée. Si la problématique de la transversalité, vue
sous l'angle d'un tel décloisonnement et recouplage des fonctions, est prégnante pour le