31 mai 2002 Séminaire CERDP Discours de clôture de M. Willy Henrard, Secrétaire général du Sénat de Belgique Chers collègues, Mesdames et Messieurs, Au terme de ce séminaire, je tiens à féliciter le CERDP pour cette heureuse initiative. Une institution comme le Parlement laisse de nombreuses traces écrites: les documents entrés, les documents rédigés et les documents sortis offrent une abondante information de nature juridique, administrative et bien entendu - historique. En tant que ‘mémoire’ de l'institution, les archives constituent des instruments précieux pour tous ses collaborateurs. Une partie d'entre elles a une importance vitale pour l'institution. La gestion efficace de l’information documentaire est essentielle à la continuité de l’organisation, à la réutilisation du savoir-faire déjà acquis et à la justification de la stratégie suivie. Les archives de l’institution offrent des informations originales, qui ne se trouvent pas dans la littérature spécialisée. L'information documentaire est un ‘produit’, dont il faut gérer le processus de production et le cycle de vie à tous ses stades, de la production à la destruction ou au stockage final. La réutilisation, la conversion et la migration régulière des documents ont acquis une nouvelle dimension dans un environnement électronique. 1 En ce qui concerne la gestion de documents, c'est précisément maintenant, à l'ère numérique, que des congestions risquent de se produire. Dans la pratique journalière, l’on est confronté à une double information documentaire, numérique et non numérique. Les archives de travail personnelles, rangées dans des classeurs suspendus, coexistent le plus souvent avec des flux de documents électroniques et des échanges d'emails. Cette situation est une cause d’inefficacité et de malentendus. Les deux approches de gestion sont totalement différentes. Chacune possède, du point de vue technique et organisationnel, un cadre conceptuel spécifique. Une gestion inefficace des documents provoque une augmentation des coûts et engendre des crispations. Elle entraîne une communication irrégulière et tardive des documents, un enchevêtrement d'archives en double et d'archives ‘personnelles’, de longs temps de recherche, un entremêlement de documents papier et électroniques sans constitution de dossier par matière, une occupation de place excessive dans les entrepôts et les systèmes informatiques. Le coût de l'archivage électronique sans sélection préalable est trois fois plus élevé que le coût actuel du stockage des documents papier. Il est indispensable de sélectionner les données numériques, au risque de stocker des informations sans valeur. Les e-mails qui fournissent une information sur la stratégie doivent être conservés, les autres doivent être détruits. La gestion de documents offre de nombreuses possibilités à une organisation, lorsqu'elle est bien conçue. De nos jours, la plupart des Parlements doivent encore franchir le pas vers une gestion de documents efficiente et efficace. 2 Cela ne va pas de soi. Une telle gestion présuppose un processus d'apprentissage, un ‘management’ du changement, auquel il n'est pas possible d'échapper. Il n'est pas utile de reproduire le modèle des autres organisations. Toute organisation doit ‘vivre’ elle-même le processus de changement. Un faux départ est vite pris. Le rôle des archivistes doit être clairement défini. Ils doivent accorder une part accrue de leur temps à cette gestion documentaire. Jusqu’à présent, j’ai pensé que les archivistes se préoccupaient du passé de l’institution, alors que nous nous chargions de son avenir. Je dois dois reconnaître aujourd’hui qu’ils sont plus avancés, en tout cas en ce qui concerne l’avenir de la numérisation. Le déclic doit encore se produire au sein des Parlements. C’est pourquoi je lance un appel aux archivistes, pour qu’ils nous fassent des propositions concrètes! La plupart des opportunités, mais aussi la plupart des obstacles, en matière de gestion de documents se situent davantage sur le plan logique et organisationnel que technique. On ne peut échapper aux schémas de classification, au déroulement des opérations, à la gestion des versions. Il importe d’analyser les processus et le cycle de vie des documents. Une bonne maîtrise des flux d’information permet d’économiser du temps et de l’espace. Les durées de conservation doivent être fixées à l'avance. Une gestion du cycle de vie est nécessaire. Dans un contexte de numérisation croissante, on peut craindre qu’à terme, les pouvoirs publics ne soient plus en mesure de remplir leurs obligations légales en matière de publicité. Il est capital pour le fonctionnement des Parlements à l’ère du numérique que l’on donne des garanties de durabilité quant à l’accès, à la consultation et à la disponibilité des documents parlementaires numérisés. La transparence, aux yeux des citoyens, est aujourd’hui devenue un impératif d’un État 3 démocratique. ‘La transparence est au gouvernement ce que la concurrence est au marché’. Cette formule s’applique éminement aux Parlements. Mesdames, Messieurs, Je vous souhaite beaucoup de succès dans la poursuite de ce travail vital. J’espère que la présente initiative ne restera pas sans lendemain, car l’évolution rapide dans ce secteur nécessite une mise à jour permanente de nos connaissances. Je tiens enfin à remercier vivement les membres de tous les Parlements qui ont apporté leur expertise et leur aide à l’organisation de ce séminaire. Je vous invite maintenant au buffet et à la visite des Archives du Parlement européen. 4