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BASES FONDAMENTALES DE L'ONCOGENESE
I. Introduction
A. Quelques définitions
Le terme tumeur (du latin tumere, enfler) désigne, en médecine, une augmentation de
volume d'un tissu, sans précision de cause.
Les tumeurs peuvent être bénignes ou malignes.
B. Cellule normale et cellule cancéreuse
Il existe plus de 100 types de cancers mais toutes les cellules cancéreuses ont des propriétés
communes. Ces cellules cancéreuses sont insensibles aux signaux et ont des comportements propres
autonomes indépendants des signaux.
Elles ont 6 propriétés :




Indépendance vis-à-vis des signaux de prolifération
Insensibilité aux signaux antiprolifératifs
Résistance à l'apoptose
Prolifération illimitée

Capacité à induire l'angiogenèse (création de vaisseaux, pour apporter de l’oxygène des
nutriments, en outre : nourrir la tumeur)
 Capacité d'invasion tissulaire et de diffusion métastatique
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C. Environnement péri-tumoral
Il existe des cellules non tumorales comme les fibroblastes qui peuvent sécréter des
protéases, des facteurs de croissance, …. On a aussi des vaisseaux pour nourrir la tumeur. La tumeur
peut induire l'angiogenèse, elle est donc plus vascularisée que la moyenne.
II. Cancérogenèse
A. Transformation d'une cellule normale en cellule cancéreuse
1. Agents cancérigènes
Des agents mutagènes (induisant des mutations de l'ADN) et des agents cancérigènes
(induisant des tumeurs) peuvent induire la transformation d'une cellule normale en cellule
cancéreuse.
Le cancer résulte d'une anomalie intrinsèque de la cellule, résultat d'altérations de son
génome (ADN). Ces anomalies de l'ADN peuvent être d'origine génétique ou épigénétique
(méthylation de l'ADN) et sont transmises aux cellules filles lors des divisions cellulaires. Elles
surviennent dans 90% des cas dans les cellules somatiques (altérations requises). Dans 10% des cas,
elles surviennent dans les cellules germinales donnant lieu à des prédispositions héréditaires aux
cancers.
2. Agents conduisant au développement d'un cancer
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Une injection unique de DMBA ne conduit à aucun changement phénotypique. Par contre l'injection
successive de DMBA à intervalle régulier entraîne l'apparition de tumeur.
Une injection unique de DMBA suivi d'injections a intervalles réguliers de TPA induit une tumeur.
Une injection répétée de TPA puis une injection unique de DMBA ne change rien.
L'injection unique de DMBA puis l'injection répétée à long intervalle de TPA, ne donne pas de
changement.
Ainsi, le DMBA est un agent initiateur et le TPA est un agent promoteur.
Les agents initiateurs sont des agents qui induisent une lésion définitive de l'ADN (par exemple une
mutation). Ce sont des agents génotoxiques (carcinogènes chimiques, virus, radiations ionisantes).
Les agents promoteurs n'induisent pas de lésions de l'ADN mais favorisent l'expression d'une lésion,
préalablement induite par un agent initiateur.
B. Caractéristiques multi-étapes du cancer
1. Cycle d'altération de l'ADN/sélections
Une tumeur est issue d'une même cellule (on parle de monoclonalité).
L'accumulation de plusieurs événements génétiques ou épigénétiques,
rares et indépendants, est nécessaire à la transformation d'une cellule
normale en cellule tumorale.
Le développement d'une tumeur procède à des cycles d'altération de
l'ADN / sélection.
2. Instabilité génétique
La cellule normale possède de nombreux systèmes de contrôle veillant à l'intégrité de son
génome (Exemple : anomalies caryotypiques).
3. Vieillissement et développement tumoral
Le vieillissement péritumoral (environnement de la tumeur) et le vieillissement du système
de correction font que l'on a des erreurs de réparation de l'ADN
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4. Cellules souches tumorales
Ces cellules souches tumorales sont des cellules initiatrices de tumeurs, définies par leur
capacité à s'auto-renouveler et à maintenir la croissance de la tumeur et son hétérogénéité. Ces
cellules rares sont dans des niches où elles restent quiescente en dormance. Un jour, un signal ou
une situation entraîne la prolifération de ces cellules entraînant une tumeur.
C. Gènes impliqués dans l'oncogenèse
1. Oncogène et gène suppresseur de tumeur
Un oncogène est un gène altéré, dont le produit (protéine) est impliqué dans la
transformation d'une cellule normale en cellule tumorale. L'équivalent cellulaire normal de ce gène
est appelé proto-oncogène. L'oncogène peut être altéré de différentes façons (mutations,
amplification…) et cette altération aboutit à un gain de fonction. Il suffit qu'un seul des 2 allèles soit
altéré pour observer l'effet oncogénique (mode dominant).
Un gène suppresseur de tumeur (Exemple : P53) est un gène dont la perte de fonction est
impliquée dans la progression tumorale. L'altération du gène suppresseur de tumeur aboutit à une
perte de fonction de la protéine correspondante, les 2 allèles du gène devant être altérés pour
observer l'effet oncogénique (mode récessif).
2. Gènes suppresseurs de tumeurs
Ces gènes suppresseurs de tumeurs (tumor suppressor genes) constituent lorsqu'ils sont
actifs, de véritables "verrous" protecteurs empêchant la transformation tumorale de la cellule. Les
gènes suppresseurs de tumeurs peuvent être classés en 2 familles de gènes.
a. Les gènes impliqués dans le contrôle de la prolifération et de la survie (gatekeepers)
Les principaux gènes suppresseurs de tumeur de cette famille sont, par exemple : pRb
(protéine du rétinoblastome) et p53.
Ces gènes sont apparus tardivement au cours de l'évolution (chez les eucaryotes
pluricellulaire) et protègent la cellule contre la transformation tumorale en régulant le cycle
cellulaire contre l'apoptose.
Pour de tels gènes, la réintroduction dans la cellule cancéreuse d'un gène fonctionnel
abouti à une réversion du phénotype tumoral.
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b. Les gènes du maintien de l'intégrité du génome (caretakers)
Ces gènes contrôlent la stabilité et l'intégrité du génome cellulaire. On les retrouve dans
tous les organismes vivants, des procaryotes aux humains.
L'altération des 2 allèles de ces gènes conduit à une susceptibilité accrue aux cancers par
instabilité génétique (accumulation de mutations).
Contrairement aux gènes suppresseurs de tumeurs contrôlant la prolifération et la survie
cellulaire, la réintroduction d'un allèle normal n'entraîne pas, pour ces gènes, de réversion du
phénotype tumoral. Ils agissent en amont des gènes cités précédemment permettant leur activation
(oncogène) ou leur inactivation (gatekeepers).
Exemples de gènes de maintien de l'intégrité du génome : BRCA1 (cancer du sein), ATM
3. Premiers oncogènes
Les premiers oncogènes identifiés par cette approche appartiennent à la famille Ras (H-ras,
N-ras). Le proto-oncogène correspondant, c-ras, code pour une GTPase monomérique impliqué dans
la signalisation cellulaire. H-ras et N-ras sont des formes mutées de c-Ras aboutissant à une protéine
hyperactive.
Les oncogènes de la famille ras sont fréquemment retrouvés dans les cancers humains (25%
des cancers environ).
L'approche par transformation cellulaire a permis de mettre en évidence des oncogènes
préalablement identifiés par l'approche rétrovirale ainsi que de nouveaux oncogènes.
4. Transformation cellulaire
La transformation cellulaire correspond à l'acquisition par une cellule, d'un ou plusieurs
caractères propres à la cellule tumorale. Ceci se manifeste en culture par un phénotype cellulaire
particulier comprenant la perte de l'inhibition de contact, la perte de la dépendance vis-à-vis de
l'ancrage, la perte de l'indépendance vis-à-vis des facteurs de croissance, l'immortalité et
l'induction de tumeurs dans des modèles animaux.
III. Cytogénétique des cancers
A. Origine
Des remaniements (translocations) chromosomiques, souvent uniques, sont fréquemment
observés dans les leucémies humaines (environ 65% des leucémies), telle que la translocation t(9,22)
dans la leucémie myéloïde chronique. Ces translocations conduisent à une sous ou une
surexpression génique.
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L'analyse précise des points de cassure chromosomique dans ces leucémies a permis d'identifier
les gènes localisés au niveau de ces cassures tels que :
 Le gène Myc dans des lymphomes de Burkitt (translocation t(8,14)
 Le gène Abl dans les leucémies myéloïdes chroniques (translocation t(9,22)).
Une analyse systématique, au niveau moléculaire, des translocations chromosomiques présentes
dans les hémopathies malignes humaines a ensuite été réalisée permettant la mise en évidence de
nouveaux oncogènes.
B. Cancers héréditaires : exemple du rétinoblastome
Le rétinoblastome est une tumeur rare de la rétine survenant de manière héréditaire (1/ 20
000 enfants atteints) ou sporadique. Ces cancers héréditaires sont rares.
L'analyse précise de la région 13q14 a permis d'identifier le gène dont la perte sur les 2
allèles était liée à l'apparition de la tumeur. Il s'agit du gène du rétinoblastome, codant pour la
protéine pRb.
C. Conversion d'un proto-oncogène en oncogène
La conversion d'un proto-oncogène vers un oncogène aboutit à un gain de fonction. Cette
conversion fait appel à 3 types de mécanismes : la survenue d'une mutation ponctuelle ou d'une
délétion activatrice, l'amplification génique et le réarrangement chromosomique.
1. Mutation ponctuelle
La survenue d'une mutation ou d'une délétion (délétion
d'une région régulatrice par exemple) au niveau du protooncogène aboutit à la production d'une protéine hyperactive.
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2. Amplification génique
L'amplification génique correspond à une duplication d'un gène en plusieurs exemplaires,
aboutissant à une surexpression de ce gène.
3. Réarrangement chromosomique
Les réarrangements chromosomiques peuvent aboutir à la surexpression d'un gène par
juxtaposition de ce gène près d'une région activatrice de la transcription.
Exemple : Dans les lymphomes de Burkitt, le gène Myc (facteur de transcription) est placé à
proximité de régions régulant l'expression des gènes d'immunoglobulines (IgH). Ce réarrangement
aboutit à une forte expression du gène Myc favorisant la prolifération cellulaire.
Une autre conséquence possible des réarrangements chromosomiques est la formation d'un
gène hybride aboutissant à une protéine hybride (protéine de fusion) hyperactive. C'est le cas de la
translocation t(9,22), observée dans la leucémie myéloïde chronique, qui aboutit à la protéine de
fusion Bcr-Abl ayant une forte activité tyrosine kinase comparée à la protéine Abl seule, qui est un
intermédiaire de la signalisation cellulaire.
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D. Les virus
Le génome viral peut s'intégrer près d'un gène régulateur de la cellule hôte et aboutir à un
gène et à une protéine hybride.
Par exemple : le virus à ADN de l'hépatite B peut s'intégrer près du récepteur de l'acide rétinoïque
(facteur de transcription RAR) et altère son activité, aboutissant à un cancer du foie ou
hépatocarcinome.
Le virus peut également s'intégrer au hasard dans le génome de la cellule hôte mais
exprimer des protéines régulatrices modifiant l'activité des gènes de la cellule hôte. C'est le cas du
rétrovirus HTLV1 pourtant le gène Tax, qui peut induire des lymphomes ou certains types de
leucémies.
E. Les gènes suppresseurs de tumeurs
Ces gènes sont impliqués dans le processus cancéreux par le biais de leur inactivation
(altération de 2 allèles).
Différents mécanismes aboutissent à cette double inactivation :
 Des mutations inactivatrices
 Des délétions
 Des anomalies lors de la mitose : non disjonction des chromosomes avec perte d'un
chromosome, recombinaison mitotique.
 Une conversion génique
F. Mécanismes épigénétiques
Les modifications des mécanismes épigénétiques, arrivent, vraisemblablement à un stade
précoce de la progression tumorale, aboutissant à l'activation de proto-oncogènes ou à
l'inactivation de gènes suppresseurs de tumeurs.
La méthylation de l'ADN au niveau de régions promotrices de gènes clés est impliquée dans
ces phénomènes par hypo ou hyperméthylation.
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V. Les gènes impliqués dans la progression tumorale
A. Progression tumorale et signalisation cellulaire
Les moyens possibles pour avoir une progression tumorale au niveau cellulaire sont :
1. Par surproduction de facteurs de croissance par la cellule tumorale
2. Par surproduction ou activation constitutive des récepteurs des facteurs de croissance (récepteur
transmembranaire à activité tyrosine kinase).
3. Par activation constitutive des intermédiaires de la signalisation.
4. Par surproduction ou activation de facteurs de transcription
La cellule devient insensible aux signaux extérieurs régulant cette signalisation. La cellule
devient alors capable de proliférer et de survivre de manière autonome, indépendamment de son
environnement.
La connaissance du rôle des oncogènes dans la signalisation cellulaire a permis d'imaginer de
nouvelles thérapies anti-cancéreuses adaptées ("thérapies ciblées").
De nombreuses thérapies ciblées agissent sur la voie de signalisation des récepteurs
transmembranaires à activité tyrosine kinase soit au niveau du domaine extracellulaire de liaison au
ligand, soit au niveau intracellulaire.
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B. Progression tumorale et cycle cellulaire
Pour passer d'une partie de cycle à une autre, on a la nécessité d'un couple Cdk/cycline.
L'intervention des oncogènes / gènes suppresseurs de tumeur au niveau du cycle cellulaire
aboutit ainsi à un "emballement" du cycle cellulaire avec une rupture de points de contrôle. On aura
donc une prolifération incontrôlée de la cellule, indépendamment des signaux antiprolifératifs.
L'altération du cycle cellulaire dans la progression tumorale est illustrée par l'exemple des
virus HPV (Human Papilloma Virus) à haut risque dans la genèse du cancer du col utérin. Les
protéines virales E6 et E7 ont pour effet d'inactiver les 2 verrous du cycle cellulaire que sont pRB (E7)
et p53 (E6) en les orientant vers le système de dégradation des protéines qu'est le protéasome. Les
cellules filles issues des mitoses successives n’exprimeront ni pRb ni p53.
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C. Progression tumorale et apoptose
La progression tumorale s'accompagne d'une inhibition de l'apoptose, favorisant la survie
de la cellule cancéreuse. Cette inhibition de l'apoptose peut se faire à différents niveaux. On a une
signalisation excessive via les facteurs de croissance et de survie. On a une inactivation de la
protéine p53 et donc un déséquilibre de la balance des facteurs pro- et anti-apoptique en faveur de
la survie.
On observe par exemple, une surexpression du gène de survie Bcl2 dans certains lymphomes
(lymphomes folliculaires). Bcl2 est donc un exemple d'oncogène impliqué dans le déficit en apoptose
des cellules tumorales.
D. Progression tumorale et immortalité cellulaire
Les cellules normales en culture sont caractérisées par le phénomène de la sénescence,
c'est-à-dire qu'elles arrêtent de se diviser au bout d'un certain nombre de division (par exemple, 6070 divisions pour des fibroblastes).
Une cellule continuant à proliférer au-delà de ce nombre de divisions, est caractérisée par
l'accumulation d'anomalies chromosomiques induisant la mort cellulaire par apoptose.
Contrairement aux cellules normales, les cellules tumorales ne présentent pas ce
phénomène d'érosion des télomères. En effet, ces cellules présentent, dans 85 à 90% des cas, une
surexpression de la télomérase, enzyme ayant pour fonction de maintenir les télomères au cours
des divisions cellulaires successives par ajout de séquences répétées Cette maintenance des
télomères aboutit à une propriété caractéristique des cellules tumorales qu'est l'immortalité
(capacité à proliférer indéfiniment).
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E. Contrôle de l'intégrité du génome
Il existe des molécules qui sont là pour veiller à ce que l'intégrité du génome soit bien respectée.
Ce complexe est par ailleurs en relation étroite avec la protéine P53
Ce complexe comprend des protéines ayant pour rôle de détecter les lésions de l'ADN
(MSH2, MSH6 ou ATM par exemple), et des protéines impliquées dans la réparation de l'ADN (telles
que BRCA1 ou MLH1).
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F. Mécanisme moléculaires impliquée dans la progression tumorale : exemple du cancer
du colon
VI. Angiogenèse tumorale
L'angiogénèse tumorale est le fait que la tumeur va utiliser la vascularisation périphérique pour sa
propre vascularisation.
A. Angiogénèse et vasculogénèse
On va différencier l'angiogénèse et vasculogénèse.
La vasculogénèse et l'angiogénèse sont deux processus responsables de la formation du système
circulaire, première unité fonctionnelle lors du développement de l'embryon.
La vasculogénèse correspond à la différenciation in situ de cellules précurseurs des cellules
endothéliales et leur association pour former de nouveaux vaisseaux sanguins. La vasculogénèse
conduit au développement du réseau vasculaire chez l'embryon des vertébrés.
L'angiogénèse est le processus au cours duquel de nouveaux capillaires se forment par
bourgeonnement de vaisseaux préexistants.
B. Angiogénèse
1. Cadre d'apparition
L'angiogénèse apparait dans les conditions physiologiques dans l'endomètre utérin et la
cicatrisation.
Elle apparaît de façon pathologique dans l'athérome, la rétinopathie diabétique, l'arthrite
rhumatoïde ou la croissance et la dissémination tumorale.
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2. Etapes de l'angiogénèse
On a activation des cellules endothéliales par un signal, changeant son phénotype en phénotype
angiogénique.
On a rupture de la membrane basale et une dégradation de la matrice extracellulaire.
Il y a migration et prolifération des cellules endothéliales.
On a ensuite une maturation ou régression du néo-vaisseau.
3. Stimulation des cellules endothéliales
Le stimulus peut aussi être d'origine inflammatoire suite à une blessure ou une infraction, ou encore
tumorale. On aura une production locale accrue de facteurs angiogéniques ou une diminution de
facteurs anti-angiogéniques.
Normalement on aura un équilibre entre les facteurs angiogéniques et les facteurs antiangiogéniques. Si on a plus de facteurs angiogéniques et moins de facteurs anti-angiogéniques, on
aura une angiogénèse, c'est ce qui se passe dans les tumeurs vascularisées.
4. Angiogénèse tumorale et hypoxie
Jusqu'à ce que la tumeur primaire établisse une néo-angiogénèse, sa croissance est limitée à un
volume de quelques mm3. En effet, ceci est du à une balance entre la vie et la mort cellulaire,
conséquence de la diffusion limitée de l'oxygène par les vaisseaux préexistants.
L'angiogénèse joue aussi un rôle crucial dans la formation des métastases. Un degré important de
vascularisation dans certaines tumeurs est un mauvais pronostic et constitue un risque élevé de
métastases.
C. Thérapies
Cette angiogénèse va être la cible de nombreuses thérapies.
Le facteur angiogénique (ici VEGF) est capté par un récepteur au niveau de la cellule endothéliale,
permettant l'angiogénèse.
Il existe des molécules qui vont agir sur la production par la cellule tumorale de VEGF pour l'inhiber,
par exemple en utilisant des anticorps. On peut aussi inhiber les récepteurs à l'EGF.
On peut aussi jouer sur les molécules qui détruisent la membrane extracellulaire (métalloprotéase),
ou directement sur les cellules endothéliales (thalidomide).
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VII. Invasion et dissémination tumorale
A. Détachement du milieu d'origine et invasion de la matrice environnante
Cette étape met en jeu 3 éléments :
 Les molécules d'adhésion
 Les protéases extracellulaires
 Une modification du comportement cellulaire (transition épithélio-mésenchymateuse)
1. Protéases extracellulaires
Les protéases extracellulaires sont impliquées dans la migration et l'invasion tumorale par différents
mécanismes :
 Par la dégradation de la matrice extracellulaire et de la lame basale, favorisant la migration
cellulaire
 Par la libération de facteurs de croissance et de survie séquestrés au sein de cette matrice
extracellulaire (par exemple, le facteur de croissance FGF).
 Par le clivage de molécules d'adhésion telles que la E-Cadhérine
 En stimulant la migration cellulaire
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2. Modification du comportement
On a la modification du comportement de la cellule tumorale ou transition épithéliomésenchymateuse.
Lors de la transition d'une tumeur bénigne à une tumeur métastatique, la cellule tumorale passe d'un
phénotype épithélial très différencié à un phénotype de cellule migratrice, mobile et invasive. C'est
ce qu'on appelle la transition épithélio-mésenchymateuse.
Au cours de cette transition, les cellules modifient leurs molécules d'adhésion et ré-expriment des
molécules mésenchymateuses.
C. Passage dans la circulation et conséquences
Lorsqu'une cellule tumorale survit dans le site secondaire dans lequel elle a migré, elle peut donner
lieu à :
 Une cellule tumorale dormante
 Des micro-métastases
 Des métastases actives
D. La tissu-spécificité des métastases
1. Affinité
On a une affinité particulière de certaines tumeurs pour certains organes :
Tumeur primaire
Prostate
Cancer du sein
Lieu préférentiel des métastases osseuses
Métastases osseuses
Métastases
ganglionnaires,
pulmonaires,
hépatiques et osseuses
2. Hypothèses sur cette affinité
Cette spécificité pourrait être due à une ressemblance mécanique entre la cellule originelle et son
lieu de métastases.
De plus, les cellules tumorales ne peuvent proliférer dans un site secondaire qu'en présence des
facteurs adéquats
Les chimiokines qui seraient les mêmes entre le site originel et le site secondaire pourrait aussi
expliquer cette dissémination préférentielle.
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