Politiques conjoncturelles en France depuis le 1er choc pétrolier
En octobre 1973, en pleine guerre du Kipour, l’OPEP décide
un embargo de pétrole vers les pays « amis d’Israël » et
l’augmentation du prix du baril : 3,1 $ en octobre 1973 11
$ en décembre 1973. C’est le 1er choc pétrolier.
En mai 1974, Valéry Giscard d’Estaing est élu président de
la République. Il nomme Jacques Chirac 1er ministre.
L’économie est en situation de surchauffe : la croissance est
forte (5,3 %), mais l’inflation l’est aussi. Le budget est
équilibré.
Plan Fourcade (ministre de l’économie du gouvernement Chirac). Pour lutter
contre l’inflation il faut casser la croissance, freiner l’activité économique. Les
mesures prises sont :
- des économies budgétaires ;
- le relèvement du taux d’intérêt directeur (de 11 à 13 %) ;
- la hausse des impôts sur les sociétés et les particuliers ;
- une politique d’économie d’énergie : les importations de pétrole sont plafonnées
à 51 milliards de Francs, le fuel est rationné, les tarifs du gaz et de l’électricité
sont relevés.
La croissance stagne ce qui permet d’assurer l’équilibre extérieur.
Mais les mesures ont un impact trop limité à court terme pour
contenir l’inflation qui ne baisse pas alors même que le chômage
augmente.
En juillet 1975 le million de chômeurs est atteint.
Relance Chirac pour lutter contre le chômage :
- Soutien à la demande des ménages : relèvement des allocations familiales et des
prestations aux personnes âgées ;
- Soutien à la demande des entreprises : aides fiscales à l’investissement.
Le gouvernement injecte 32 milliards de francs, soit 2,2 % du PIB.
La croissance repart (5 % en moyenne annuelle). Mais :
- le chômage ne baisse pas,
- les prix et les salaires augmentent ;
- le déficit budgétaire se creuse ;
- le déficit extérieur s’accroît.
Jacques Chirac démissionne. Giscard le remplace par
Raymond Barre durant l’été.
Plan Barre de lutte contre l’inflation :
Gel temporaire des prix (jusqu’au 31 décembre 1976) et des tarifs publics (jusqu’au
1er avril 1977).Hausse des taux d’intérêts.
- La croissance ralentit ;
- Solde extérieur est équilibré en 1977 puis devient excédentaire ;
- Déficits publics sont modérés (1 % du PIB entre 1975 et 1978) ;
- L’inflation passe de 12 % en 1975 à 10 % (moyenne 1976-78).
Le 2e choc pétrolier ruine les efforts du gouvernement. Le prix du baril de pétrole augmente progressivement : 12 $ en janvier 1979 19,3 $ en décembre 1979 32,9 $ en décembre 1980 36,3 $ en décembre 1982.
Le plan d’austérité de Raymond Barre n’est plus accepté par
les Français. Car le chômage augmente : Il y a 1,8 millions de
chômeurs en France en mai 1981 soit 7,4 % de la population
active.
En mai, François Mitterrand est élu Président de la
République et, en juin, la gauche remporte les législatives sur
le thème de « changer la vie ». Pierre Mauroy est nommé 1er
ministre.
Plan Mauroy
Objectifs : relancer la croissance et réduire les inégalités. Mesures :
- augmentation des salaires (ex. SMIC relevé de 16 %) et des prestations sociales ;
- relance budgétaire : investissement des administrations, aides à l’investissement ;
- nationalisation d’industries et de banques pour relancer l’investissement ;
- dévaluation du franc (octobre 1981) pour relancer les exportations ;
- politique de l’emploi : 39h, 5e semaine de congés payés, retraite à 60 ans.
La relance représente 1,7 % du PIB.
La relance profite aux pays étrangers : les importations
progressent alors que les exportations chutent. Résultat :
- Le déficit extérieur conduit à des attaques spéculatives contre le
franc ;
- La croissance est faible, elle n’atteint pas les 3 % attendus ;
- Les déficits publics se creusent : 3,2 % du PIB en 1983 ;
- L’inflation est forte (13 % en 1981 puis 9,7 % en 1983 contre 3
% en Allemagne)
La relance est un échec.
Tout d’abord, parce que la France est en décalage
conjoncturel avec ses partenaires commerciaux qui
choisissent la rigueur pour lutter contre l’inflation. Les
débouchés français sont limités.
Ensuite, le dollar s’apprécie à cause de la hausse des taux
d’intérêts américains qui attirent les investisseurs. Le coût des
importations libéllées en dollars est donc augmenté pour les
Français.
Plan Delors (ministre de l’économie du gouvernement Mauroy)
* En Juin 1982, le gouvernement prend des mesures pour combattre l’inflation :
2 dévaluations du franc, blocage des prix et des salaires.
* En mars 1983, le gouvernement adopte une politique d’austérité plus forte
(hausse de la TVA et des cotisations chômage, gel des dépenses) pour freiner les
importations et favoriser les exportations. La désinflation compétitive devient le
nouvel objectif de la politique économique : il s’agit d’améliorer la compétitivité-
prix des entreprises en luttant contre l’inflation. Ainsi, la croissance est tirée par les
exportations qui s’améliorent.
* La 1ère vague de mesure est insuffisante : l’inflation est contenue
à 10 %…
* La politique de désinflation compétitive porte ses fruits :
- L’nflation est vaincue : 10 % (1983), 3 % (1986), 1 % (1994).
- Le déficit extérieur baisse : 2,2 % du PIB (1982) à 0,9 % (1983);
- Le déficit des finances se réduit un peu ;
- Mais le chômage augmente : 8 % en 1982 et 8,3 % en 1983.
La droite gagne les législatives. Chirac devient 1er ministre.
Lutte contre les déficits, réduction des impôts et des dépenses, privatisations.
En 1992, les Français adhèrent par référemdum au Traité de
Maastricht qui prévoit la création d’une monnaie unique.
Mais la récession gagne l’Europe.
Plan Balladur (1er ministre nommé en mars 1993) : La CSG est relevée. Une
nouvelle vague de privatisations est lancée. Mais pour lutter contre la crise, à
l’approche des élections, il décide une baisse d’impôts et augmente les allocations.
- Le solde extérieur est excédentaire en 1992 et 1993 ;
- Le chômage atteint 12,3 % de la population active en 1994 ;
- Les déficits publics se creusent (6 % du PIB) ainsi que la dette ;
Chirac est élu président de la République. Alain Juppé est
nommé 1er ministre.
Lutte contre les déficits publics, pour respecter les critères du Traité de Maastricht,
par la hausse des impôts (augmentation de la TVA de 18,6 à 20,6 %, création du
RDS pour rembourser la dette de la Sécurité sociale…) et gel des dépenses.
Les grèves se multiplient durant l’automne 1995 pour défendre le
service public et les retraites.
Le chômage ne baisse pas.
Chirac dissout l’Assemblée nationale. La gauche gagne les
législatives. Lionel Jospin est nommé 1er ministre.
Création d’emplois publics (emplois jeunes), partage du temps de travail (35h).
Poursuite des privatisations. Création de l’impôt négatif (prime pour l’emploi).
La croissance repart, le taux de chômage tombe à 9 %, le déficit
public diminue (1,3 % du PIB en 2000), la France adopte l’euro.
© Réalisé par Filipe De Oliveira, professeur de SES