Une deuxième précision s’impose, qui découle de la première: étant donné le fait que nous nous
intéressons aux constructions propres aux verbes et à celles qui en dérivent, nous ne prenons en
considération que les compléments essentiels du verbe, les autres ne contribuant pas à
l’accomplissment de la complémentation verbale et pouvant apparaître, en principe, avec n’importe
quel verbe.
Ce type d’approche nous permettra d’envisager les mouvements d’équilibre et de déséquilibre
du système syntaxique verbal et de mettre en valeur la pertinence des définitions que les grammaires
traditionnelles ont proposées pour la fonction syntaxique d’objet indirect.
Nous nous servirons, dans notre démonstration, de l’analyse de la construction SN1–V–SN2–
SN3, qui nous permettra d’illustrer les trois types de constructions que nous avons délimités et les
conséquences qui en découlent.
2. Cohérence et équilibre du système syntaxique du verbe:
La structure que nous nous proposons d’analyser représente tout d’abord une construction
primaire. Nous précisons encore une fois qu’il s’agit du type de construction que se proposent de noter
les dictionnaires et qui définit la structure argumentale du verbe: verbe intransitif ou transitif, transitif
simple, double ou triple.
Plusieurs verbes fonctionnent, en effet, dans le cadre de ce type de construction: abandonner,
accorder, acheter, adresser, annoncer, apporter, apprendre, attribuer, céder, commander, confier,
conseiller, etc. Ces verbes décrivent des actions concrètes ou abstraites de transfert, signification qu’ils
assignent à la construction dans laquelle ils fonctionnent. Le sens de cette construction est, par
conséquent, relativement constant et le transfert est envisagé surtout comme allant du donateur vers le
donnataire, mais il peut également être présenté inversement.
2. 1. Relations avec d’autres constructions primaires:
A part la relative constance du sens, le mouvement de régularisation du système se manifeste dans les
relations qui s’établissent entre cette constructions et d’autres constructions du verbe.
Au même niveau de complexité formelle se situe la construction SN1 – V – SN2 – deSN3, qui a
le même sens, mais qui présente préferentiellement le procès du point de vue du bénéficiaire du
transfert: apprendre, attendre, demander, désirer, exiger, gagner, hériter, recevoir, etc.
La parenté de ces deux constructions est illustrée également par le fait qu’il existe plusieurs
verbes qui peuvent, en effet, fonctionner dans le cadre des deux constructions, avec des sens
apparentés: apprendre, arracher, demander, emprunter, gagner, etc.
Il faut noter également la relation de la construction primaire étudiée avec la construction
primaire qui n’a qu’un objet indirect introduit par la préposition à.
La construction à un seul objet indirect désigne toujours un échange, sa direction étant la même
que dans la construction à deux objets: appartenir à, échoir à, importer à, incomber à, profiter à,
revenir à, etc.
La structure SN1 – V – SN2 – deSN3 présente le même genre de relation avec la structure SN1
– V – deSN2: participer de, présumer de, procéder de, relever de, résulter de, etc.
2. 2. La structure SN1 – V – SN2 – àSN3 comme construction secondaire:
En tant que construction primaire de plusieurs verbes, la structure envisagée, dont le sens est
constant, finit par assigner des significations précises à ses constituants: l’objet direct désigne l’ objet
du transfert, l’objet indirect en désigne généralement le bénéficiaire. C’est sur la base de la
signification des fonctions syntaxiques ainsi déterminée que se fonde le fonctionnement dans le cadre
de cette structures des verbes qui ont une structure primaire différente: chanter, coudre, cueillir, laver,