Néanmoins, pour éviter l'aridité d'une série de divisions et d'une simple liste de noms de genres, j'ai
présenté à l'entrée des classes, à celle des ordres, et quelquefois à celle des sections, ou en les terminant,
quelques observations en général très-réduites, mais suffisantes pour donner une idée des objets.
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ANIMAUX SANS VERTÈBRES
Les animaux sans vertèbres sont ceux qui manquent de colonne vertébrale, c'est-à-dire, qui n'ont pas
cette colonne dorsale intérieure, presque toujours osseuse, composée d'une suite de pièces articulées,
terminée à son extrémité antérieure par la tête de l’animal, à l’autre extrémité par sa queue, et qui fait la
base de tout véritable squelette.
Par cette définition, les animaux dont il s'agit sont nettement distingués des animaux vertébrés.
Cependant, quoiqu'ils forment sous ce point de vue une coupe très-particulière, leur ensemble, même
après les avoir rangés suivant leurs rapports, présente un assemblage d'objets dont les masses semblent
détachées de distance en distance, et sont en général très-disparates entr'elles, surtout si on les met
arbitrairement en comparaison.
Si l'ensemble des animaux sans vertèbres nous offre dans ses masses, mises arbitrairement en
comparaison, des assemblages disparates ; l'on sera néanmoins forcé de convenir qu'en distribuant les
masses classiques de ces animaux dans un ordre relatif à la composition croissante de leur organisation
intérieure ; alors on aura l’ordre le plus favorable à la conservation des rapports entre les masses, et l'on
trouvera moins d'irrégularité dans leur distribution générale, quoique de distance en distance les systèmes
d'organisation soient singulièrement changés, et même quoique les organes ou les systèmes d'organes
particuliers varient souvent
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entr'eux fort irrégulièrement dans les changemens qu'ils subissent.
Il y a donc, dans les animaux sans vertèbres comme dans les autres, un ordre particulier, positif, très-
reconnoissable et facile à démontrer, sinon dans l'échelle des tailles, des formes et des caractères des
animaux, du moins dans celle de la composition croissante de l'ensemble de leur organisation, prise
uniquement dans la considération des masses classiques rangées suivant cet ordre. Or, ce même ordre
établi par la nature, sur lequel l'arbitraire de l'opinion n'a aucun pouvoir, et qui, commençant par
l'organisation animale la plus simple et la plus éloignée sous tous les rapports de celle de l'homme,
rapproche ensuite de coupe en coupe chaque nouvelle sorte d'organisation, de celle qui est évidemment le
type de la plus grande complication et du plus grand perfectionnement de l’organisation animale, cet
ordre, dis-je, indique clairement celui qu'a suivi la nature en donnant l'existence aux animaux divers.
Je démontre dans mes leçons, et j'établirai positivement, dans l'ouvrage que je prépare, l'ordre
progressif que je viens simplement de citer. On verra qu'il entraîne sur les faits zoologiques observés, des
conséquences fort différentes de celles qu'on en a tirées jusqu'ici, conséquences très-propres à nous
éclairer de plus en plus sur la physique animale.
Les animaux sans vertèbres constituent une série en quelque sorte immense, dont probablement nous
ne connoissons pas même la moitié ; parce que la plupart vivent dans le sein des eaux, que les occasions
de les observer sont souvent très-difficiles à rencontrer,
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