Page 1 Les odonates par Daniel Marin A l'inverse des autres ordres d'insectes, où est privilégié le suffixe -ptère (aile), cet ordre utilise la racine grecque odon qui signifie « dent » en référence à leurs fortes mandibules dentées. Quels monstres 1 se cachent derrière cette appellation redoutable ?: tout simplement les demoiselles et les libellules, qu'il ne faut pas confondre, car appartenant à deux sous-ordres différents, les Zygoptères et les Anisoptères. Un Zigoptère, Calopterix virgo. Un Anisoptère, Platetrum depressum. Les Zygoptères (ailes jointes) regroupent les Demoiselles au sens large, facilement reconnaissables, même d'assez loin, à leur vol papillonnant, comme hésitant. La forme des ailes est identique. Au repos, elles les maintiennent jointes ou à demi-ouvertes. Les yeux ne se touchent pas. Ce groupe d'une trentaine d'espèces en France se divise en trois familles, celle des Caloptéryx, aux ailes colorées, comme enfumées, celle des Agrions, aux ailes transparentes et celle des Lestes. Les Anisoptères (ailes inégales) comprennent des insectes plus grands et plus massifs, au vol rapide et puis sant. Au repos, les ailes sont nettement écartées. Les yeux, très gros, se rejoignent, parfois par un point, sauf chez les Gomphidae, où ils sont séparés. Dans ce groupe, une soixantaine d'espèces se répartissent en 5 familles principales. (Pour plus de détails, voir le petit guide « A la rencontre des Libellules » édité par la Fédération des Clubs CPN) La vie d'un odonate , demoiselle comme libellule, débute dans l'eau. De l'œuf, largué en vol ou fiché dans une plante, naît une larve minuscule capable de respirer dans l'eau grâce à des branchies. Sa vie larvaire va durer, selon les espèces, de quelques mois à plusieurs années. Sa croissance passe par une succession de 8 à 18 mues, généralement de 11 à 13. La larve, prédatrice redoutable, capture ses proies en projetant son masque, une sorte de bras arti culé terminé par des mandibules acérées. L'essentiel du régime est composé de petits crustacés (gammares) et de larves d'insectes (moustiques entre autre). A la fin de leur vie larvaire, les plus grandes espèces peuvent s'en prendre à des tritons ou des alevins. Lors de la dernière mue, des transformations radicales ont lieu : développement des ailes, perte du bras mentonnier (masque) remplacé par des mandibules et c'est enfin l'émergence, le passage du milieu liquide au milieu terrestre. Les larves sortent de l'eau, s'accrochent à un perchoir, le peau de la tête et du thorax se fend et la libellule s'en s'extirpe, les ailes s'allongent sous la pression des fluides corporels. C'est une période critique pour l'insecte qui devra attendre une à deux heures avant de pouvoir voler. Ensuite, pour les mâles, il faut songer à capturer des femelles. L'accouplement est acrobatique, le mâle, grâce à ses appendices anaux saisit la femelle au niveau de la tête ou du thorax , celle-ci replie son abdomen vers l'avant. Les 1 Dragonflies en anglais, c'est-à-dire mouches-dragons. Page 2 partenaires accouplés forment le célèbre cœur copulatoire, représenté sur d'innombrables photos. La ponte a lieu souvent immédiatement après et les mâles se mettent à la recherche d'une autre femelle. Ainsi va la vie. Elle n'est pourtant pas toujours rose pour les Odonates, tant la liste de leurs prédateurs est longue. Déjà leurs œufs sont dévorés par les poissons, les larves attaquées par les dytiques et punaises aquatiques, les oiseaux limicoles et les martin-pêcheurs s'en régalent et une nouvelle venue, l'Écrevisse de Louisiane, est devenue leur principal préda - Cordulegaster boltonii. Les yeux se touchent en un point Gomphus vulgatissimus. Les yeux sont séparés. teur. Leur taux de survie n'est plus que de quelques pour cent. C'est peut-être pire lors de l'émergence : une seule cigogne blanche a été observée dévorant 850 Sympétrums en 20 minutes 2. Adultes, les petites espèces se prennent dans les toiles d'araignées ou sont capturées par des mantes religieuses ou des frelons et les grosses doivent craindre le Fau con hobereau et le Guêpier d'Europe. Plus rare, certains Zygoptères sont victimes de plantes carnivores du genre Drosera ou piégés par les barbillons crochus des bardanes ou de la Sétaire verticillée, une graminée de grande taille. Et pour finir, l'Homme n'est pas en reste en asséchant des zones humides. Le « cœur copulatoire chez les Zigoptères. Ceux qui voudraient approfondir le sujet et apprendre à identifier les Odonates, peuvent cliquer sur http://www.snpn.com/spip.php?article1771 2 Exemple trouvé dans la revue Insectes n° 158.