Chroniques culturelles de Février
1er février 1702 : bataille de Crémone (Italie du nord). Durant la guerre de succession
d'Espagne (1701 1714), la garnison de Crémone est surprise par un audacieux coup de
main des assaillants. Introduit dans la place forte par une canalisation, un "commando" fait
prisonnier le commandant français, le maréchal de Villeroy, arrivé la veille, et s'empare de la
porte Ste-Marguerite, par laquelle le prince Eugène (Français à la solde des Impériaux) entre
dans la ville avec 3 000 hommes. Il en est cependant rejeté peu après par un vigoureux
retour offensif de la garnison franco-espagnole. Le prince Eugene, tout en méprisant les
piètres qualités de chef de guerre (connues à Versailles !) de Villeroy, tiendra à honorer celui
qui fut l’amant de sa mère en lui concédant des conditions de détention proche de la
villégiature. Le prince Eugene a quant à lui sauvé l’Europe des Ottomans lors de la bataille
de Zenta en 1697.
1 er février 1814 : bataille de la Rothière (département de l’Aube). Les 40 000 hommes de
Napoléon doivent battre en retraite devant plus de 80 000 coalisés commandés pour
l’occasion par Blücher. Pas moins de six souverains lui confient leurs troupes ce jour-là. Pour
éviter les tirs fratricides, Blücher décide de faire porter une écharpe blanche au bras gauche
des coalisés, tant il y a d’uniformes différents sur le champ de bataille. Il veut attaquer
Napoléon avant qu'il ne passe l'Aube et ne reçoive des renforts. Obligés de faire front, les
Français mènent un combat retardateur le temps de franchir le cours d'eau. Les combats se
déroulent au corps à corps dans le village. Même si les pertes ennemies (7000) sont
largement supérieures à celles des Français (4600), Napoléon n'a pas réussi à éviter ce
combat et a dû céder le champ de bataille à Blücher. Cette relative défaite ternit l'image de
l'Empereur puisqu'il commande en personne à la Rothière. Dans quelques jours, il prendra
une magistrale revanche à Champaubert puis Montmirail. Cependant, le tout s'inscrit dans
une inexorable retraite vers Paris qui sape le moral des troupes et des généraux de
Napoléon...
1er février 1841 : traditions des chasseurs. Le duc d'Orléans fait créer une fanfare de 16
bugles par bataillon de chasseurs.
1er février 1879 : la Marseillaise redevient hymne national. Composée par le capitaine du
Génie, Rouget de l’Isle, à la mairie de Strasbourg, elle est à l’origine le chant de l’Armée du
Rhin. La Convention en fait déjà l’hymne national, le 14 juillet 1795 : elle le restera jusqu’en
1804. Plus tard, sous le régime de Vichy, elle se chante conjointement avec Maréchal, nous
voilà !, tandis qu’en zone occupée, elle est interdite à partir du 17 juillet 1941. L’article 2 de la
constitution de la Ve République réaffirme son caractère d’hymne national. À Lire : La
Marseillaise, la guerre ou la paix par Michel Vovelle dans "les Lieux de Mémoire"
1er-2 février 1951 : combats de Twin Tunnels (guerre de Corée). A peine 2 mois après être
arrivé sur le théâtre, le bataillon français se retrouve encerclé avec le 3ème Bataillon du 23ème
RI US à Twin-tunnels, à plus de 30 km en avant du front de la 8ème Armée US à laquelle il est
rattaché. Les deux unités résistent victorieusement aux assauts d’une division chinoise
qu'elles mettent hors de combat, parvenant ainsi à rompre l’encerclement le lendemain 3
février au cours de l’ultime charge à la baïonnette connue de l’armée française. Les Français
perdent 32 tués et 180 blessés en dix heures. Ce fait d'armes vaut au bataillon français sa
première Citation Présidentielle Américaine ou Presidential Unit Citation (PUC). La citation
est sensée récompenser (après le 7 décembre 1941- Pearl Harbour) les unités américaines
et leurs alliés pour acte d’héroïsme hors du commun au combat. Les unités doivent avoir
combattu avec respect, détermination et esprit de corps en toutes situations, même
d’extrême difficulté.
1er février 1968 : exécution sommaire d'un capitaine Viet Cong (Saigon). En pleine
offensive du Têt, des Viet Congs infiltrés dans Saigon commettent des assassinats ciblés
dont ceux de policiers (et leurs familles) appartenant aux forces de l'ordre que commande le
général Nguyen Ngc Loan (à G sur la photo). Le capitaine Viet Cong Nguyễn Văn Lém (à
D) est arrêté et amené devant le général Ngoc Loan qui l'exécute froidement en présence
des médias. La scène est célèbre. La photo a permis à Eddie Adams d'Associated
Press d'obtenir le prix Pulitzer en 1969, mais a surtout contribué à accentuer l'opposition à la
guerre des Américains le cliché montrant une scène indéniablement révoltante. Eddie Adams
s'en est toujours voulu de l'avoir prise estimant qu'elle ne rendait pas compte de toute la
complexité de la situation et du fait que l'horreur était l'œuvre du camp adverse quelques
instants plus tôt. Nguyễn Văn Lém était en effet directement responsable de la mort de la fille
du général Nguyen Ngc Loan.
1er février 2003 : Columbia se désintègre en rentrant dans l’atmosphère (au-dessus du
Texas). 7 morts : 5 officiers américains, 1 officier israélien et une chercheuse américaine.
2 février 1688 : mort d’Abraham Duquesne (Paris). Lieutenant général des armées
navales en France et amiral major pour la couronne suédoise, Duquesne est l’un des plus
célèbres marins de Louis XIII et Louis XIV.
2 février 1814 : combat de Rosnay (Aube). Le maréchal Marmont couvre avec 3 000
hommes la retraite de Napoléon après la défaite de La Rothière. Il tient tête aux 25 000
Bavarois du général De Wde et défend le pont de Rosnay. C’est à Rosnay que Napoléon
donne pour devise à l’héroïque 132ème de ligne : « Un contre huit ». Joli raccourci illustrant le
sacrifice de ce régiment. Le 132 Bataillon cynophile de l’armée de Terre est aujourd’hui
l’héritier du 132ème de ligne. Il est implanté à Suippes dans la Marne
2 février 1871 : fin de l'armée de Bourbaki (Suisse). Vaincue à la bataille de la Lizaine,
l'armée de Bourbaki, après avoir traversé le Jura en plein hiver, débouche en Suisse près de
Neuchâtel. La grande détresse des soldats vêtus de haillons déclenche un élan de
générosité de la part des Helvètes
2 février 1960 : les pleins pouvoirs à de Gaulle (Assemblée nationale). Le Premier
ministre Michel Debré, compte tenu de la situation insurrectionnelle en Algérie, demande aux
députés de voter les pleins pouvoirs au Président de la République, ce qui est fait par 449
voix contre 79. Pendant un an le gouvernement va gouverner par ordonnances.
3 février 1802 : débarquement français à Saint Domingue (actuelle Haïti). Bonaparte
envoie son beau-frère, le général Leclerc, à la tête d’une armée de 23 000 hommes pour
reprendre possession de l’ile entrée en rébellion sous les ordres du général Louverture.
Même si Louverture est fait prisonnier (et incarcéré en France), le corps expéditionnaire finit
par quitter l’ile après avoir été décimé aux deux tiers par la fièvre jaune. L’indépendance est
proclamée le 1er janvier 1804.
3 février 1915 : défense du canal de Suez. L’armée turque de Gamal Pacha tente de
prendre le canal de Suez. Défendu par les marines française et britannique, le canal est sauf
et le restera durant toute la guerre. Le garde-côte français, Requin, a joué un rôle essentiel
pour repousser l’assaut en faisant quelques coups au but sur l’artillerie ennemie.
3 février 1917 : Washington rompt les relations diplomatiques avec Berlin. Le président
Woodrow Wilson reçoit des services britanniques l’interception (16 janvier) d’un télégramme
secret envoyé par Zimmerman (secrétaire d’État allemand aux Affaires étrangères) à son
homologue mexicain dans lequel il apprend que l’Allemagne s’apprête à relancer la guerre
sous-marine à outrance. Les États-Unis n’entreront pourtant en guerre contre l’Allemagne
que le 6 avril 1917.
3 février 1941 : création du NKGB (Moscou). Les services secrets soviétiques ont changé
de nom à de multiples reprises depuis la création de la Tchéka en 1917 (à partir de l’Okhrana
du Tsar). GPU en 1922, OGPU en 1923, GUGB en 1934. Les attributions de ce dernier sont
réparties en 1941 entre le NKVD (action vers l’intérieur) et le NKGB (action vers l’extérieur).
Ces évolutions correspondent aux tentatives d’adaptation au contexte géostratégique mais
surtout aux purges et luttes de pouvoir internes. Les appellations se succèdent jusqu’en
1954, année de naissance du KGB (dont le nom ne changera pas jusqu’en 1991).
Aujourd’hui, les services secrets russes se répartissent de la manière suivante : FSB
(Service fédéral de sécurité) chargé de la sécurité intérieure, contre-espionnage, anti-
terrorisme et garde-frontière. SVR, chargé du renseignement extérieur. GRU en charge du
renseignement militaire/contre-espionnage.
3 février 1944 : arrestation de Brossolette (Plogoff). Alias : Pedro - Bourgat - Paul Boutet -
Philippe Baron - Paul Briant - Philippe Bernier - Brumaire - Polydor. Intellectuel et homme
d'action, Pierre Brossolette se caractérise certes par un grand courage et une grande
intelligence mais surtout par une indépendance d'esprit faisant de lui un homme libre. Avant-
guerre, il est un moment dans le camp des pacifistes, mais réalise le danger du nazisme et
fustige l'attentisme de ses anciens compagnons. Lors de la retraite de 1940, il se comporte
brillamment et est nommé capitaine. Il entre dans la résistance aux côtés du colonel Rémy
(confrérie Notre Dame) et accomplit plusieurs missions entre Londres et la zone occupée. Il
est l'un des principaux artisans de l'unification des mouvements de résistance avec Jean
Moulin. Arrêté lors d'un contrôle de routine, il est reconnu et transféré au QG parisien de la
Gestapo où malgré la torture, il ne parle pas. Il se défenestre le 22 mars à la faveur d'un
moment d'inattention de ses gardiens.
3 février 1945 : évacuation de la poche de Colmar par la Wehrmacht. Le général de Lattre
à la tête de la 1ère armée française et de la 3e DI américaine contraint le général allemand
von Obstelfeder à évacuer la poche de Colmar en prenant pied dans la ville. Les combats se
déroulent dans un froid sibérien. La 3ème DI américaine s’est particulièrement illustrée dans
ces combats et se verra décorée de la croix de guerre par les autorités françaises même si le
plan d’opérations a été préparé par le général Schlesser.
3 février 1953 : Cousteau publie le monde du silence. L’ex capitaine de corvette Jacques-
Yves Cousteau publie l’ouvrage qui le rend célèbre et popularise la plongée sous-marine
dont il est l’un des grands initiateurs.
3 février 1954 : début du siège de Dien Bien Phu (Indochine).
3 février 1998 : accident de Cavalese (Italie du Nord). Un jet EA-6B américain du corps des
Marines (basé à Aviano) percute et coupe le câble du téléphérique de Cavalese et provoque
la chute de la cabine. Les occupants, 20 touristes, sont tués. Le scandale ébranle les
relations entre les États-Unis et l’Italie. Le pilote est dans un premier temps innocenté par le
tribunal militaire américain puis condamné à 6 mois de prison pour avoir fait disparaitre
l’enregistrement vidéo du vol.
6 février 1626 : Richelieu fait interdire la pratique du duel. A une époque où tous les
cadres de l'armée royale sont issus des rangs de la noblesse, la pratique du duel pour laver
les affronts à l'honneur finit par entamer dangereusement les effectifs de l'encadrement.
Richelieu demande à Louis XIII de promulguer un édit punissant de mort les contrevenants,
considérant que la défense de l'honneur individuel ne doit pas mettre en danger le Royaume.
Il fait décapiter le 21 juin 1627, deux jeunes nobles pris en flagrant délit de duel. Même si le
propre frère de Richelieu est mort en duel avant le fameux édit, c'est pour asseoir l'autorité
de l'Etat naissant que Richelieu frappe si fort contre ceux qui sont pourtant ses serviteurs.
6 février 1778 : Louis XVI reconnait l’indépendance des États-Unis d’Amérique. Le
comte de Vergennes (ministre de Louis XVI) signe avec Benjamin Franklin (représentant
Washington en France) un traité de commerce et d’assistance qui officialise l’aide militaire
que certains officiers français (comme La Fayette) ont décidé d’apporter à titre individuel aux
américains. Un corps expéditionnaire commandé par Rochambeau vient prêter main forte
aux premiers volontaires français. Voir la RHA N° 125 (4/1976) Spécial Indépendance des
États-Unis d'Amérique.
6 février 1807 : combat de Hoff (actuelle Russie proche de Kaliningrad). En deux charges
de cavalerie, les dragons du général Klein et les cuirassiers du général d’Hautpoul balayent
deux régiments d’infanterie russes qui tentaient de reprendre Hoff. L’ennemi perd 2000
hommes. Les Russes se replient sur Eylau où le gros de leurs forces s’est regroupé.
Hautpoul sera mortellement blessé à Eylau deux jours plus tard.
6 février 1840 : bataille de Mazagran (Algérie). Les troupes françaises occupent depuis
maintenant 10 ans l'Algérie mais sont encore confrontées à une forte opposition d'Abd el
Kader. Le fort de Mazagran, situé à 4 km de Mostaganem, est la garnison de la 10ème
compagnie du 1er bataillon d'infanterie légère d'Afrique (BILA) et est resté célèbre suite à
l'attaque qu'il a repoussée. Ces BILA sont plus connus sous l'appellation de Bat d'Af ou de
bataillon disciplinaire puisque nombre de leurs chasseurs sont d'anciens droits communs. Le
3 févier, l'armée de Mustapha ben Tami, un des lieutenants d'Abd el Kader, attaque le fort
avec 2000 à 12 000 hommes (selon les sources) pensant que les 123 chasseurs qui le
défendent seront écrasés et que la garnison de Mostaganem sera obligée de sortir et de
s'exposer. Or, contre toute attente, la 10è Cie du capitaine Lelievre résiste parfaitement aux
trois jours d'assaut et inflige une belle défaite aux assaillants. Mazagran ayant tenu,
Mostaganem n'a pas été inquiété.
6 février 1806 : bataille navale de Saint Domingue (Mer des Caraïbes). L’escadre du
contre-amiral Leissègues (8 navires) est sévèrement battue par celle du vice-amiral anglais
Duckworth (11 navires) en deux heures de combat. Leissègue avait cependant réussi, le 22
janvier, à forcer le blocus anglais de l’ile pour apporter vivres et troupes au général Ferrand,
commandant Saint Domingue.
6 février 1934 : manifestation antiparlementaire (Paris). Des ligues nationalistes et des
associations d’anciens combattants appellent à manifester. La manifestation dégénère
causant 15 morts. L’État se dote de moyens pour réprimer ces ligues et associations
(Décrets de 1936).
6 février 1998 : assassinat du préfet Claude Erignac (Ajaccio Corse).
7 février 1807 : veille de la bataille d'Eylau (actuelle Bagrationovsk - Russie). Soult et
Murat attaquent l'avant-garde russe de Bagration. Napoléon décide malgré l’infériorité
numérique française d’attaquer le lendemain à partir du village d’Eylau. Il va vaincre mais au
prix de très lourdes pertes.
7-8 février 1809 : siège de Saragosse (Espagne). Les Français du maréchal Lannes
s'emparent du principal îlot de résistance de la ville de Saragosse dirigé par le général
Palafox et aidé par toute une population que galvanise le clergé. La bataille coûte en un mois
aux Français 3 000 morts (dont le général Lacoste, commandant du génie. Ses sapeurs sont
très sollicités dans les combats de rues) et 5 000 blessés, contre 50 000 Espagnols.
7 février 1915 : seconde bataille des lacs de Mazuries (actuelle Pologne). Les 8ème et
10ème armées allemandes prennent en tenaille les forces russes qui se replient de plus de
100 km et évitent la destruction grâce au sacrifice de la Xème armée russe. Les Allemands
capturent tout de même 90 000 Russes mais ne parviendront pas à aller plus à l'Est.
7 février 1952 : mort du lieutenant Charles Rusconi (Phu Ly). Chef du commando 23,
Rusconi est beaucoup moins célèbre que l’Adjudant-chef Vandenberghe (commando 24)
mais présente pourtant le même profil et la même efficacité lors des missions d’action dans
la profondeur. Il finit lui aussi comme Vandenberghe (assassiné 1 mois avant), trahi par un
ancien vietminh « retourné » sur lequel le Dich Van (service d’action psychologique Viet)
faisait pression. Il meurt avec la quasi-totalité de son commando dans la nuit du 7 au 8,
submergé par une compagnie vietminh que le traitre a fait pénétrer dans le camp. La
particularité de son commando : vietnamiens et sénégalais. Ses soldats sénégalais disaient
de lui : « Petit, mais malin ! »
7 février 1962 : 10 attentats de l’OAS (Paris). L’Organisation Armée Secrète plastique le
domicile de Malraux, Sartre et de plusieurs autres universitaires et journalistes. En réaction,
un appel à la manifestation est lancé pour le lendemain (8 février) par des mouvements de la
gauche malgré l’état d’urgence décrété depuis Avril 1961. Les forces de l’ordre, en chargeant
les manifestants, créent un mouvement de foule où 8 personnes décèdent (à la station du
métro Charonne).
7 février 1965 : début des bombardements américains sur le Nord Vietnam.
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