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[P. 75] « Effectivement, si de telles fictions débitées sur le compte d’une nature bienheureuse et
impérissable, telle qu’il convient surtout de nous représenter la nature de la divinité, sont crues et
racontées comme des faits véritables qui se seraient réellement passés, je [p. 76] n’ai pas besoin de
te dire, Cléa, qu’il faut suivant l’expression d’Eschyle « les rejeter en crachant et se rincer la bouche. »
[P. 81] « En effet, les Égyptiens prétendent (…) qu’Osiris était noir, comme si ces dieux par nature
eussent été des hommes. »
[P. 83, note 2] « Evhémère de Messine [330 -250 av JC, considéré comme l'un des premiers
théoriciens de l'athéisme systématique], de l’école cyrénaïque, florissait probablement vers l’an 300.
(…) il écrivit une Histoire sacrée dans laquelle il cherchait à éclaircir historiquement les mythes, et
prétendait reconstruire l’histoire humaine de tous les dieux grecs, et montrer que ceux que l’on
adorait ainsi n’étaient que des rois conquérants [p.84] ou bienfaisants, des hommes que la crainte ou
l’admiration avait divinisés. » [Plus tard des écrivains chrétiens des premiers siècles, tel Lactance et d'autres apologistes,
reprennent son argumentation pour combattre la religion romaine.]
[P. 87, note 1] Selon Cicéron, De Nat. Deor., XI, 27, « Pythagore dit que Dieu est une âme répandue
dans tous les êtres de la Nature et dont les âmes humaines sont tirées. »
« Ce morcellement de l’âme universelle était, chez les Grecs, symbolisé par le mythe de Zagreus et
chez les Egyptiens par celui d’Osiris. (…) l’Homme, d’après Plutarque, De facie in orbe lunae, 27-31,
n’était pas composé de deux parties seulement, l’âme et le corps, mais bien de trois : le corps, σώμα,
l’âme, Ψυχή et l’intelligence, νους, qui est la partie la plus divine de notre être. »
[P. 144] « L’harmonie du monde, en effet, est, selon Héraclite, comme l’harmonie d’un arc ou d’une
lyre qu’on tend pour les détendre. » Et Euripide dit aussi : « Les biens et les maux ne sauraient être
séparés ; c’est un certain mélange qui fait notre bonheur. »
[P. 146] « C’est là une opinion adoptée par les plus grands des sages et par les plus éclairés. Les uns,
en effet, pensent qu’il existe deux dieux, doués en quelque sorte d’activités rivales, dont l’un est
l’artisan du bien, et l’autre, du mal. Certains réservent le nom de Dieu au principe meilleur, et
appellent Démon, le plus mauvais. C’est la doctrine du mage Zoroastre, qui vécut, dit-on, cinq mille
ans avant la guerre de Troie. Il appelait Oromaze le principe du bien, et Arimane, le principe du mal. Il
ajoutait qu’entre les choses sensibles, c’était à la lumière qu’Oromaze ressemblait particulièrement,
et qu’Arimane au contraire était semblable à l’ignorance et aux ténèbres. Il disait encore que Mithra
tenait le milieu entre ces deux principes, et de là vient que les Perses donnent à Mithra le nom de
Mésitès ou de Médiateur. En l’honneur d’Oromaze, Zoroastre avait prescrit des sacrifices de prières
et d’actions de grâce, et pour Arimane, des cérémonies lugubres destinées à détourner les maux.
[P. 146, note 1] Oromaze, Ormoudz ou Ahouramadza signifiait « l’omniscient ». [P. 147] On appelait
cet esprit du bien, ce dieu par excellence, « le lumineux, le resplendissant, le très grand et très bon,
le très parfait et très actif, le très intelligent et le très beau ». Ahrimane était le ténébreux, le nuisible,
le pervers, le criminel et l’impie. [P. 147, note 1] Mithra était un de ces génies intermédiaires, les
Yzeds,le premier, qui veillent à la conservation et à l’ordonnance du monde, et qui relient l’homme à
Dieu. On l’appelait l’esprit de la lumière divine. »
[P. 156] (…) la suite de notre discours (…) s’attachera spécialement à concilier la théologie des
Égyptiens avec la philosophie de Platon.
Effectivement, l’origine et la composition du monde est le produit d’un mélange de deux
forces contraires, qui ne sont certes pas également puissantes, mais dont la meilleure prévaut. Que
disparaisse absolument le principe du mal, c’est impossible, vu qu’il est profondément implanté dans
le corps et dans l’âme du monde, et toujours en lutte opiniâtre avec le principe du bien. Dans cette