Histoire du Moyen-Orient contemporain II – Cours de C. Verdeil – Notes de Michel Erpelding Histoire du Moyen-Orient contemporain II Le Moyen-Orient 1re séance (jeudi 11 février) : Le Moyen-Orient dans la Seconde Guerre mondiale - En 1939, le Moyen-Orient est très largement sous domination européenne Mandats français et britanniques (Syrie, Liban, Palestine, Transjordanie) Indépendance toute relative de l’Irak et de l’Égypte - Cette domination explique que le Moyen-Orient soit un enjeu de la guerre Les empires coloniaux sont compris comme des atouts dans la guerre Rôle stratégique du canal de Suez Importance croissante du pétrole en tant que source d’énergie o À l’époque, la production au Moyen-Orient n’équivaut qu’à 10% de la production aux États-Unis o Toutefois, les États-Unis sont conscients que leur production domestique déclinera proportionnellement par la suite - La Seconde Guerre mondiale est un moment d’affirmation de la puissance européenne au Moyen-Orient : reprise en main de l’Irak, de l’Iran, de l’Égypte Cela est surtout vrai pour la Grande-Bretagne Cela est moins vrai pour la France, divisée entre Vichy et les Forces françaises libres I. Le Moyen-Orient, un enjeu du conflit 1) L’extension du conflit au Proche-Orient - Proche-Orient affecté dès 1939 par la Guerre Le fonctionnement de la SDN est perturbé o SDN non mise au courant pour la cession du sandjak d’Alexandrette o SDN non informée du Livre Blanc britannique en Palestine L’Égypte reste neutre o Toutefois, en application de son traité avec la Grande-Bretagne elle rompt ses relations diplomatiques avec l’Allemagne et l’Italie o Mesures britanniques Proclamation de l’état de siège Rétablissement de la censure Déploiement de l’armée britannique dans tout le pays Renvoi forcé du chef d’état-major de l’armée égyptienne, jugé trop antibritannique - Premières opérations militaires : l’agression italienne de 1940 En automne 1940, les Italiens attaquent l’Égypte à partir de la Libye Recul des Italiens en février 1941 1 Histoire du Moyen-Orient contemporain II – Cours de C. Verdeil – Notes de Michel Erpelding - L’extension proprement dite a lieu à partir de 1941 Contexte : opération Barberousse, Pearl Harbour L’armée britannique s’empare de la Cyrénaïque durant l’hiver 1941 Intervention de l’Afrikakorps de Rommel dès février 1941 o Avancée de Rommel favorisée par dégarnissement du front britannique (envoi de secours en Grèce et en Yougoslavie) Bombardement d’Alexandrie fin 1941 Canal de Suez rendu inutilisable par l’aviation allemande o Les Britanniques réussissent toutefois à repousser les forces de l’Axe et pénètrent à nouveau en Cyrénaïque en automne 1941 2) En Syrie et au Liban - Suspension des constitutions libanaise et syrienne en 1939, rétablissement d’une administration directe - Les Français du Levant se déchirent entre partisans de Vichy et partisans de la France libre Épuration antigaulliste au Liban et en Syrie o Le haut-commissaire au Liban et en Syrie, Gabriel Puaux, bien que plutôt vichyste, veut quand même poursuivre la guerre à partir de l’empire (vision mondiale de la guerre) o Désavoué par Vichy, il est remplacé en novembre 1940 par Henri Dentz, désireux de faire revenir le Liban et la Syrie dans le giron de Vichy Avec l’aval des Britanniques, le général Georges Catroux établit une base navale pour faire basculer les Français du Levant dans le camp des Alliés 3) En Iran - Administration iranienne truffée de conseillers Britanniques - Allemands de plus en plus présents en Iran au cours de l’entre-deux-guerres Participation à la construction du chemin de fer Accords commerciaux Rapprochement idéologique : partage de l’idéal aryen - Repli des relations germano-iraniennes à la veille de la Guerre Pacte germano-soviétique L’Iran reste neutre en 1939 - En juin 1941, lorsque l’URSS est envahie par l’Allemagne, la situation change Toutefois, le shah continue à tergiverser II. Espoirs des nationalistes arabes et reprise en main par les Européens - À partir de 1941 et jusqu’en 1945, les nationalistes arabes placent leurs espoirs dans l’Allemagne, mais ils sont repris en main par les Britanniques 2 Histoire du Moyen-Orient contemporain II – Cours de C. Verdeil – Notes de Michel Erpelding 1) Les espoirs des nationalistes arabes - Souvenirs de la collaboration entre l’Empire ottoman et Guillaume II - Pourquoi les Arabes s’allient-ils aux nazis, pourtant racistes ? Méconnaissance totale de l’idéologie nazie Approuvent l’antisémitisme des nazis en tant que moyen de lutter contre le sionisme - Contacts en Husseini, grand mufti de Jérusalem, et les nazis Toutefois, l’Allemagne ne veut pas donner l’impression de lutter contre le colonialisme européenne afin d’éviter que la France de Vichy ne se retourne contre elle En novembre 1941, le mufti rencontre Hitler o Hitler refuse de proclamer l’indépendance des Arabes o Il veut d’abord le remporter sur le front de l’Est, et en particulier dans le Caucase En avril 1942, Hitler promet l’indépendance arabe et l’abolition du foyer national juif o Il veut que cette promesse reste secrète o Toutefois, elle sera rendue publique plus tard en 1942, après le débarquement allié en Afrique du Nord 2) La reprise en main par les Britanniques a) En Irak - Velléités d’indépendance par rapport aux Britanniques En mars 1940, le premier ministre Nouri Said démissionne et devient ministre des affaires étrangères dans un nouveau gouvernement dirigé par Rachid Ali Nouri Said refuse de rompre les relations diplomatiques avec l’Italie Après la défaite française, l’Irak recherche un accord avec l’Allemagne Les Britanniques finissent par obtenir le renvoi de Rachid Ali et son remplacement par Taha al-Hashimi en janvier 1941 - Le coup de force des nationalistes en avril 1941 Coup d’état contre le régent de l’ancien premier ministre anglophile, Nouri Said Rachid Ali est rappelé au pouvoir Le nouveau gouvernement n’est reconnu ni par les Britanniques ni par les Américains - Menace des installations militaires britanniques par l’armée irakienne Conformément au traité d’indépendance, les Britanniques ont le droit d’utiliser les bases militaires irakiennes Toutefois, certains militaires irakiens s’y opposent et assiègent des bases que les Britanniques veulent utiliser - Intervention britannique en avril en 1941 à partir de la Palestine et de la Transjordanie Rétablissement du régent et de Nouri Said Exécution des auteurs du coup d’état 3 Histoire du Moyen-Orient contemporain II – Cours de C. Verdeil – Notes de Michel Erpelding L’Irak demeurera sous régime d’occupation militaire britannique jusqu’en 1945 Hachémites désormais encore plus déconsidérés b) En Iran - Shah d’Iran victime de ses hésitations En août 1941, le pays est envahi simultanément par les Britanniques (Sud) et les Soviétiques (Nord) Reza Pahlavi obligé d’abdiquer, exilé (Île Maurice, Afrique du Sud), remplacé par son fils, Mohammed Reza Pahlavi - Rôle stratégique de l’Iran Pétrole Acheminement d’armes à partir de l’Inde vers le Caucase c) En Égypte - Contacts de certains responsables égyptiens avec l’Axe Certains dirigeants égyptiens estiment que seule une alliance avec l’Axe apportera une véritable indépendance à l’Égypte L’ancien chef d’état-major, limogé par les Britanniques, tente de rejoindre les forces allemandes Il échoue et est arrêté, mais réussit de mettre en place un réseau clandestin qui entre en contact avec les espions allemands et dont feront notamment partie le jeune Sadate et certains membres des Frères musulmans Ce réseau est cependant démantelé en 1942 - Début février 1942, Farouk force le gouvernement wafdiste à la démission (celui-ci avait décidé de rompre ses relations avec Vichy, prenant le contrepied du roi) Le 4 février 1942, l’armée britannique assiège le Palais royal, obligeant le souverain de ré-instituer un gouvernement dirigé par le wafd Cette opération achève de déconsidérer le wafd o Auprès de l’opinion publique égyptienne : il n’est plus vu comme un parti nationaliste o Auprès de l’armée : c’est à cette époque que naît le mouvement des Officiers libres, qui prône alors la lutte contre les Britanniques et le renforcement de la monarchie - La bataille d’El-Alamein (octobre-novembre 1942) Durant l’été 1942, les troupes allemandes pénètrent en Égypte jusqu’à El-Alamein, à moins de 100 km d’Alexandrie Les forces de Rommel sont défaites le 3 novembre - Le 24 février 1945, le premier ministre Ahmad Maher (issu d’un parti minoritaire libéral) annonce que l’Égypte déclare la guerre à l’Allemagne Il est assassiné le jour même par un Frère musulman 4 Histoire du Moyen-Orient contemporain II – Cours de C. Verdeil – Notes de Michel Erpelding 3) Les deux France en Syrie et au Liban - Les Britanniques essaient d’obtenir l’appui des nationalistes syriens et libanais contre Vichy - Attaque des Britanniques contre la Syrie et le Liban en 1941 : l’opération Exporter (juin-juillet 1941) Inquiétudes britanniques o Peur que le Liban et la Syrie ne deviennent une base arrière de l’Axe pour attaquer l’Égypte o Crainte renforcée par le succès de l’opération aéroportée allemande en Crète (mai-juin 1941) la rébellion des nationalistes arabes pro-allemands en Irak (avril 1941) Attaque alliée menée par différentes troupes o Australiennes o Transjordaniennes o Haganah o Forces françaises libres (commandées par Catroux) Résistance farouche des troupes vichystes o Recours à des forces auxiliaires arabes nationalistes o Toutefois, aucun soutien de l’Allemagne, qui vient de lancer son offensive contre l’URSS Victoire alliée après de lourdes perdes dans les deux camps o Signature d’un armistice le 21 juillet 1941 o Évacuation des forces vichystes des Mandats - Nationalistes libanais et syriens également courtisés par la France libre Au nom du général de Gaulle, Catroux leur avait promis l’indépendance le 8 juin 1941 Toutefois, cette promesse est rompue du moment que la guerre évolue en faveur des Alliés (les Français craignent que les Britanniques veulent les évincer de la région) III. Vers l’indépendance 1) Un contexte favorable - France et Grande-Bretagne affaiblies Émergence des États-Unis et de l’URSS, deux grandes puissances anticolonialistes Toutefois, en dépit de leurs discours officiels, ces pays ne veulent pas moins exercer une autre forme de domination sur la région Présence des États-Unis au Proche-Orient o Influence des 14 points de Wilson o Arabie saoudite 1933 : concessions saoudiennes données à des compagnies américaines Pendant la guerre, les Américains obtiennent la base de Dahram en Arabie saoudite, ainsi que la mission de former l’armée saoudienne (cette aide existe toujours aujourd’hui) 5 Histoire du Moyen-Orient contemporain II – Cours de C. Verdeil – Notes de Michel Erpelding o Iran Américains forment l’armée iranienne (mission dirigée par le père du général Schwartzkopf) 2) L’indépendance du Liban et de la Syrie - 1941-1943 : Maintien d’un gouvernement autoritariste par Catroux Les Constitutions restent suspendues - En 1943, les Britanniques obligent les Français gaullistes à rétablir les régimes constitutionnels et à organiser des élections Catroux est remplacé par le diplomate Jean Helleu Ces élections, quasi-libres, voient la victoire des nationalistes o Liban: Becharra al-Khoury est élu à la présidence o Syrie : Quwwatli (Bloc national) devient président a) Liban - Déclaration ministérielle libanaise du 22 novembre 1943 fonde l’État libanais comme un État arabe (concession des chrétiens aux musulmans) différent de la Syrie (concession des musulmans aux chrétiens) répartition des trois présidences o présidence République : maronite (Becharra al-Khoury) o présidence du Conseil des ministres : sunnite (Riad al-Suhl) o présidence Chambre : chiite Cette déclaration sera par la suite désignée (5-6 ans après) par le terme « Pacte national » - Conflit entre le nouveau gouvernement et les autorités françaises En novembre 1943, le Parlement libanais abolit les articles de la Constitution concernant les droits de la puissance mandataire Répression française o Arrestation des principaux responsables politiques libanais o Suspension de la Constitution o Remplacement de Becharra al-Khoury par Émile Eddé Soulèvement de la population o Traverse toutes les communautés, importance des mouvements de jeunesse o Catroux revient à Beyrouth, rétablit le statu quo - Indépendance du Liban L’indépendance du Liban est reconnue par la France suite à la libération des dirigeants arrêtés par Helleu Toutefois, l’édification du nouvel État et le transfert des compétences prendra jusqu’en décembre 1946, date du départ des derniers militaires français Le Liban déclare la guerre à l’Allemagne début 1945, afin de pouvoir entrer à l’ONU par la suite 6 Histoire du Moyen-Orient contemporain II – Cours de C. Verdeil – Notes de Michel Erpelding b) Syrie - Britanniques font le jeu de l’indépendance syrienne et empêchent la poursuite de la répression française contre les nationalistes - L’indépendance de la Syrie est reconnue par la France en janvier 1944 - Départ des derniers militaires français en avril 1946 3) La contestation de la domination britannique en Palestine - Situation d’abord tendue entre Britanniques et sionistes Application stricte du Livre Blanc, qui limite l’immigration sioniste - Politique de Ben Gourion « faire la guerre comme s’il n’y avait pas le Livre Blanc » o Participation de bataillons sionistes aux combats aux côtés des forces alliés o N. B. : Les Palestiniens s’engagent également dans l’armée britannique, mais son confinés à des tâches non combattantes « combattre le Livre Blanc comme s’il n’y avait pas la guerre » o Immigration clandestine poursuivie (bien que difficilement) - Attaques antijuives dans certains pays arabes en répercussion à l’alliance entre les sionistes et les Britanniques Irak (notamment à Bagdad en mai 1941, au moment de l’intervention britannique) Haganah commencera à recruter des soldats parmi les communautés juives du monde arabe à partir de cette date - Échec du plan Philby Proposé par John B. Philby, aventurier britannique ayant servi Abdallah dans les années 1920 Idée o Création d’une confédération au Moyen-Orient dirigée par Ibn Sa’ud et intégrée au Commonwealth o Transfert des Arabes palestiniens vers le royaume d’Ibn Sa’ud contre 20 millions de livres sterling o Intégration de l’État juif à la confédération arabe Abandon du plan o Soutien de Churchill o Hostilité d’Anthony Eden, le ministre britannique des Affaires étrangères, désireux de ménager les nationalistes arabes o Refus catégorique d’Ibn Sa’ud, sondé par les Américains en 1943 - Combat autour du Livre Blanc Rapprochement entre les sionistes et les Américains 7 Histoire du Moyen-Orient contemporain II – Cours de C. Verdeil – Notes de Michel Erpelding o En mai 1942, le congrès de l’Organisation sioniste mondiale se réunit à Biltmore aux États-Unis, où il revendique la création d’un État juif sur l’ensemble de la Palestine mandataire (ce qui exclut la Transjordanie) o Après l’échec définitif du plan Philby en 1943, le gouvernement américain défendra l’idée d’une internationalisation de la Palestine et sa direction par un organe de représentants des trois religions monothéistes Les sionistes révisionnistes, dirigés par Jabotinsky, refusent de se limiter à la Palestine mandataire, revendiquant l’ensemble de la Palestine ottomane o Ils prennent les armes contre les Britanniques dès 1944 o En 1944, le groupe Stern (du nom de son fondateur Abraham Stern, assassiné par les Britanniques en février 1942 par les Britanniques), dirigé par Yitzhak Shamir, assassine Lord Moyne, ministre résident britannique pour le Moyen-Orient Conclusion de la 1re séance - Français boutés hors du Moyen-Orient, contrairement aux Britanniques (même si leurs jours sont aussi comptés) Dans le Golfe, seuls l’Arabie saoudite et le Yémen sont indépendants À partir de 1945, l’expression de Moyen-Orient s’impose pour désigner la région Significations différentes o Pour les Européens (et surtout les Britanniques) : de la Chypre à la Somalie, de l’Égypte au Golfe Persique o Pour les Américains : du Maroc au Pakistan Les expressions Near East et Levant ne sont quasiment plus employés à partir de cette époque 8 Histoire du Moyen-Orient contemporain II – Cours de C. Verdeil – Notes de Michel Erpelding 2e séance : Le Moyen-Orient à l’heure des indépendances - États arabes quasi-indépendants à la fin de la Seconde Guerre mondiale : Liban, Syrie, Transjordanie Égypte et Irak toujours indépendants, même si reprise en main britannique Palestine revendique son indépendance, mais ce sera Israël qui verra le jour La cause palestinienne, déjà une cause arabe avant la guerre, le devient de plus en plus - Nationalisme panarabe De plus en plus fort après la Seconde Guerre mondiale N’efface pas le nationalisme des États individuels Incarné par Nasser I. Les différentes voies de l’unité arabe 1) La Ligue des États arabes : nouvelle forme de l’unité ? - 22 mars 1945 : création de la Ligue arabe au Caire Le Caire restera le siège de la Ligue, sauf pendant une brève période après les accords de Camp David de 1979 Contexte de la création d’autres organisations internationales - Autres projets fédérateurs Projet irakien autour du Croissant fertile o Fédération Irak, Grande Syrie (Syrie, Liban, Transjordanie) Projet d’une Grande Syrie défendu par ‘Abdallah, roi de Transjordanie, auprès des Britanniques o Syrie, Liban, Transjordanie, Palestine o Suppose suppression de la Déclaration Balfour et, partant, un arrêt de l’immigration juive - Projet de la Ligue arabe Certains voulaient en faire une fédération, mais ce projet se heurta à l’opposition de beaucoup d’États arabes Opposants au projet de fédération o Ennemis des Hachémites (surtout Ibn Saoud) o Égypte o Liban (ne veut pas être dissous dans Grande Syrie) - Membres de la Ligue arabe Le Maroc et la Tunisie sont seulement observateurs (volonté des Britanniques de ne pas heurter les Français) Présence de représentants de la Palestine Membres fondateurs : Égypte, Syrie, Liban, Transjordanie, Irak, Arabie Saoudite, Yémen 9 Histoire du Moyen-Orient contemporain II – Cours de C. Verdeil – Notes de Michel Erpelding - 2) Le nationalisme dans le cadre des États arabes : l’invention d’une tradition Création d’un imaginaire national Symboles utilisés par les pays arabes (billets de Banque, fêtes officielles) Cf. Égypte o Fêtes : indépendance, roi disparaîtront avec prise de pouvoir des officiers libres réservées aux élites o héritage antéislamique (cf. aussi Pétra en Jordanie) 3) Un nouveau parti : le ba’th (1943) - ba’th = renaissance - personnages importants Michel Aflak (1910-1989) Salah al-Dîn al-Bitar (sunnite, 1912-1980) Zaki al-Arsuzi (1899-1966) - Genèse du parti 1943: Aflak se présente aux élections au Liban 1947 : 1er Congrès du parti - Message « unité, liberté, socialisme » Quel socialisme ? o Il ne s’agit pas du socialisme marxiste de l’URSS o Socialisme national du Golfe à l’océan (pas vraiment internationaliste) o Reconnaît la place de l’individu et de la propriété, dont il faudrait seulement supprimer les abus o L’histoire n’est pas seulement fondée sur des bases matérielles : importance des questions spirituelles et intellectuelles o En dépit de son laïcisme, il voit dans l’islam une très grande réalisation du monde arabe (même Michel Aflak pense que l’islam est ce que le monde arabe a apporté de meilleur à l’humanité) Volonté de créer un État arabe du Golfe à l’Océan o Les États individuels réellement existants sont décrits comme « régions » II. La naissance de l’État d’Israël 1) Le désengagement britannique - Population juive en Palestine en 1945 : 32% de la population totale - En 1946, envoi de la commission Morisson-Grady par le gouvernement américain 10 Histoire du Moyen-Orient contemporain II – Cours de C. Verdeil – Notes de Michel Erpelding Morrisson est britannique, Grady conseiller de Truman Recommandations o Accueil 100 000 juifs en Palestine o Fin du Mandat, remplacement par une Tutelle de l’ONU Refus des dirigeants arabes - En février 1947, Bevin annonce qu’il va soumettre la question de la Palestine à l’ONU, que l’UK mettra fin à son Mandat le 15 mai et qu’elle évacuera la Palestine le 15 août 1948 - Juillet 1947 : affaire de l’Exodus Vieux bateau affrété par les sionistes pour conduire un certain nombre de rescapés des camps de concentration nazis en Palestine Quitte le sud de la France en juillet 1947, intercepté devant Gaza par la Royal Navy, qui l’oblige à rebrousser chemin vers son port d’origine, où il arrive fin juillet 1947 Provoque une intense émotion internationale, à tel point que le Royaume-Uni sera obligé d’abandonner sa politique de refoulement en août 1945 2) Du conflit israélo-palestinien… - Plan de partage de l’ONU Adopté le 29 novembre 1947 par l’Assemblée générale (résolution 181) Prévoit d’attribuer 14 000 km2 aux juifs et 11 000 km2 aux Arabes Réactions contrastées o Acceptation des sionistes Aimeraient obtenir davantage de territoires, mais espèrent secrètement en conquérir par la suite o Refus des Arabes Sionistes ont plus de terres, alors qu’ils sont moins nombreux Sionistes reçoivent les terres les plus fertiles Premiers accrochements judéo-arabes commencent deux jours après le vote - Débuts du conflit israélo-palestinien Jusqu’en mars 1948, ce sont putôt les Arabes qui ont le dessus o Arabes plus nombreux, installés en hauteur o Sionistes ont à peine 10 000 hommes, leur situation s’améliorera en mars 1948, lorsqu’ils recevront des armes tchèques Offensive sioniste en avril 1948 o Premiers massacres de villageois (Deïr Yassine) o Guerre psychologique : sionistes somment les civils de s’enfuir, menaçant de les tuer - Proclamation de l’État d’Israël le 14 mai 1948 Reconnu rapidement par grandes puissances Conflit israélo-palestinien devient israélo-arabe 11 Histoire du Moyen-Orient contemporain II – Cours de C. Verdeil – Notes de Michel Erpelding 3) …au conflit israélo-arabe - Objectifs divergents des dirigeants arabes ‘Abdallah veut annexer la Cisjordanie - Israël a désormais le dessus, y compris matériellement 35 000 soldats israéliens contre 25 000 soldats arabes Dû à immigration réfugiés - Guerre très dure, même si elle ne dure que 6 mois Nombreuses trêves permettent à l’armée israélienne de se restaurer 700 000 réfugiés palestiniens - Où partent les réfugiés palestiniens ? Partent souvent chez des membres de leur famille à l’étranger (l’empire ottoman ne s - Armistices séparés Israël refuse de traiter avec l’ensemble des Arabes, préférant de conclure des traités séparés D’abord avec l’Égypte, puis avec les autres belligérants - En 1950, la Cisjordanie est rattachée à la Transjordanie III. L’Égypte de Nasser, leader du nationalisme arabe 1) La prise du pouvoir par Nasser - Révolution des Officiers Libres en juillet 1952 Coup d’État du 23 juillet 1952 renverse le régime du roi presque sans effusion de sang - Qui sont les organisateurs du coup d’État ? Militaires issus de la petite classe moyenne (le père de Nasser était postier) Très marqués par l’islam et l’arabo-islamisme de l’Entre-Deux-Guerres (Sadate avait été Frère musulman) - Contexte troublé de la monarchie finissante Février 1942 : les Britanniques reprennent le pouvoir 1948 : défaite contre Israël Reprise de l’hostilité contre les Britanniques après 1949 o 1951 : dénonciation du traité de 1936 o Remise en cause de la présence britannique autour du canal de Suez o Harcèlement des troupes britanniques par des commandos de guérilla égyptiens Violences politiques o 26 janvier 1952 : « Incendie du Caire » La foule cairote manifeste et attaque des symboles de la présence britannique et occidentale : cinémas, bars, etc. 12 Histoire du Moyen-Orient contemporain II – Cours de C. Verdeil – Notes de Michel Erpelding Réaction du roi o Renvoie le gouvernement, suspend le parlement et retourne à un exercice personnel du pouvoir o Ce geste finit par déconsidérer le roi aux yeux de l’opinion publique - Coup d’État du 23 juillet 1952 Formation d’un Conseil de la révolution, qui décide de confier la direction du pays au général Néguib, militaire très populaire Abdication du roi au profit de son fils, exil en Italie le 26 juillet 1952 Interdiction de tous les partis politiques en janvier 1953 Proclamation de la république le 18 juin 1953 - Virage autoritaire du régime à partir de l’automne 1953 Un tribunal révolutionnaire, présidé par Sadate, est créé pour juger les personnalités importantes de l’ancien régime Détérioration des relations avec les Frères musulmans, qui ne souhaitent plus participer au régime - Prise de pouvoir par Nasser Suite à une lutte pour le pouvoir avec Nasser, le général Néguib, qui se trouvait à la tête du Comité des Officiers Libres, est finalement déposé en novembre 1954 (cette rivalité s’articulait notamment autour de la volonté de Nasser d’interdire le mouvement des Frères musulmans et les velléités de Néguib de rétablir un régime pluraliste) La même année a lieu une tentative d’assassinat contre Nasser imputée aux Frères musulmans, ce qui permet à Nasser de les réprimer 2) Une place éminente dans le monde arabe : socialisme, non-alignement, dynamisme culturel - Popularité de Nasser Due en partie à son ouvrage semi-autobiographique La philosophie de la révolution, publié en 1953 o Définition de la politique égyptienne en 3 axes Appartenance au monde arabe Appartenance au monde africain Appartenance au monde musulman o Grand succès de cet essai auprès du public égyptien Charisme de Nasser, relation particulière avec le peuple égyptien et les Arabes en général o Utilisation fréquente du dialecte dans ses discours o Recours aux blagues - Politique économique Orientation nettement plus socialiste après 1961 (dissolution de la RAU) o Nationalisations, réforme agraire 13 Histoire du Moyen-Orient contemporain II – Cours de C. Verdeil – Notes de Michel Erpelding o Dépossession progressive des minorités (souvent à la tête d’entreprises nationalisées) Grecs Juifs (qui ne partent pas immédiatement en 1948) Arméniens Libanais d’Égypte o Orientation de l’essentiel de la production vers le marché intérieur, limitation des exportations : cette fermeture de l’économie égyptienne est contraire au discours officiel en faveur de l’unité arabe o Soutien économique de l’URSS Croissance économique au début des années 1960 : 5-6 % par année entre 1959 et 1965 Essoufflement du modèle économique nassérien après 1965 o Absence de politique d’exportation entraîne crise des changes suite à l’épuisement des devises étrangères o Mise en place d’un plan de stabilisation par le FMI dévaluation de la livre égyptienne de 40 % augmentation des prix réduction des investissements - Non-alignement Refus de la polarisation du monde en deux blocs à la Conférence de Bandung en 1955 Lutte contre la colonisation - Pays leader du panarabisme 26 juillet 1956 : nationalisation du canal de Suez (cf. discours dans le fascicule) Contexte o Égypte désireuse de construire un haut-barrage à Assouan o Américains refusent de prêter argent à Égypte via Banque mondiale o Égypte nationalise pour disposer des revenus suffisants à la construction du barrage (l’aide soviétique interviendra plus tard) - Dynamisme culturel Dans les années d’après-guerre, l’Égypte domine culturellement le monde arabe Au cours des années 1950 et 1960, environ une centaine de films sont produits chaque année par les studios Misr Oum Kalthoum Culture cosmopolite o Cf. le fait que Dalida, Claude François, Georges Moustaki et Omar Sharif soient nés en Égypte 3) La République Arabe Unie (R.A.U.) et les divisions du parti ba’th - R.A.U. : Union de l’Égypte et de la Syrie proclamée le 1er février 1958 - Complications Pays non frontaliers 14 Histoire du Moyen-Orient contemporain II – Cours de C. Verdeil – Notes de Michel Erpelding Présence d’un régime parlementaire en Syrie qui a du mal à s’adapter à l’autoritarisme de Nasser Mise à l’écart progressif des responsables syriens au profit de leurs homologues égyptiens Abandon des projets de rattachement d’autres pays (Yémen, Irak), en raison notamment de l’hostilité de l’URSS (crainte d’une extension de l’anticommunisme nassérien) Échec patent dès septembre 1961 Coup d’État en Syrie met fin à ce régime en 1961 Toutefois, la Syrie gardera le nom de R.A.U. jusqu’en 1971 - Divisions au sein du ba’th Réalisation de l’unité arabe reportée à plus tard Division entre nationalistes (favorables à une union) et régionalistes (favorables à des États nationaux) Conclusion de la 2e séance - Diversité du nationalisme arabe Nationalisme panarabe non contradictoire avec développement nationalisme local : deux mouvements concomitants - Déclin du nationalisme arabe à partir des années 1960 1961 : Échec de la R.A.U. 1964 : Ligue des États arabes abandonne le projet unitaire 1967 : Défaite lors de la Guerre des Six Jours 1970 : Mort de Nasser 15 Histoire du Moyen-Orient contemporain II – Cours de C. Verdeil – Notes de Michel Erpelding 3e séance : Le Liban, du « miracle » à la guerre civile - Le Liban au lendemain de la Seconde Guerre mondiale Pays fraîchement indépendant Fonctionnement repose sur deux textes fondateurs o Constitution de 1926 o « Pacte national » de 1943 Ces deux textes organisent un État confessionnel o 1re implication : répartition du pouvoir politique et de l’administration selon la place des communautés au sein de la population Partage établi selon le recensement de 1932, qui donnait un ratio de 6 chrétiens pour 5 musulmans Rivalités au sein de chaque communauté entraînent une forte instabilité gouvernementale e o 2 implication : pas d’état civil non communautaire il est impossible de ne pas appartenir à une communauté, indépendamment de ses croyances personnelles l’appartenance communautaire est transmise par le père toutefois, il est important de noter que les mariages interconfessionnels sont nombreux au Liban - Forte croissance économique du Liban après son indépendance « miracle libanais » (cf. le « miracle allemand », deutsches Wirtschaftswunder) Expression cache de nombreux problèmes o Clivages sociaux o Nature confessionnelle de l’État o Instabilité politique et violences - Présence des combattants Palestiniens au Liban (« Fatahland ») Lancent des attaques contre Israël à partir du Sud-Liban Menace la sécurité du Liban Le Libanais doit-il tolérer cette situation ? Les désaccords sur la réponse à donner à cette question conduiront à la guerre civile I. Une République « marchande » et fragile 1) Un développement basé sur les services - Croissance économique forte De 6 à 7 % par an entre 1950 et 1970 - Inflation faible - Économie basée sur les services Plaque tournante pour les échanges commerciaux 16 Histoire du Moyen-Orient contemporain II – Cours de C. Verdeil – Notes de Michel Erpelding À l’époque, l’aéroport de Beyrouth sert de « hub » pour aller au Moyen-Orient Destination touristique Place bancaire o banques libanaises servent d’intermédiaires entre l’Occident et les monarchies pétrolières du Golfe o secret bancaire (« Suisse du Moyen-Orient ») Afflux de capitaux o Palestiniens o Juifs partis d’Égypte o Entrepreneurs syriens (effrayés par les nationalisations en Syrie) Dominée par quelques familles, en majorité chrétiennes o Parts dans les banques et les assurances o Monopoles dans l’import-export (les intermédiaires libanais sont incontournables pour quiconque veut faire du commerce au Proche-Orient) - Fonction publique libanaise Gonfle pour des raisons de clientélisme politique : sert à embaucher les clients des différents politiques - Peu d’industries Développement seulement à la fin des années 1960 2) Un État confessionnel et fragile dans un environnement troublé - Essentiel des pouvoirs concentrés entre les mains du président de la République (maronite) Pouvoirs o Élu pour 6 ans par la Chambre, toujours dominée par les chrétiens (ratio de 6 contre 5) o Nomme et démet les ministres, individuellement ou collectivement o Initiative des lois o Droit de veto législatif o Irresponsable (sauf haute trahison) Problème : un seul mandat autorisé o De nombreux présidents essaient de rester au pouvoir plus longtemps, ce qui provoque des tensions o Ex. Camille Chamoun, président proaméricain et hostile au panarabisme, élu en 1952, essaie de rester au pouvoir en 1958 Kamel Joumblatt et d’autres opposants y résistent par les armes (contexte de la création de la RAU et de la révolution irakienne de juillet 1958) Intervention américaine pour conserver le pouvoir de Chamoun le 15 juillet 1958 Le 31 juillet 1958, Chamoun sera remplacé par Fu’ad Chédab, chef de l’armée, qui forme un gouvernement d’unité nationale - Politique de Fu’ad Chédab (1958-1964) 17 Histoire du Moyen-Orient contemporain II – Cours de C. Verdeil – Notes de Michel Erpelding Favorise intervention de l’État et création services publics Mène une politique de rééquilibrage économique et social en faveur des communautés les plus démunies du pays, tels les chiites Favorise le développement régional face à Beyrouth Adopte une ligne plus arabiste que Camille Chamoun Tente de constituer un État fort - Effervescence culturelle et politique Liberté d’expression Jeunesse éduquée Universités prestigieuses 3) La crise de la fin des années 1960 - Crise sociale Revenu annuel moyen à Beyrouth par tête de 803 dollars/tête contre 151 au Sud-Liban Beyrouth entourée par une « ceinture de pauvreté » (bidonvilles regroupant 400 000 personnes, pour une ville de 1 000 000 habitants) o Palestiniens o Chiites du Sud-Liban Explications de cette misère sociale o Fuite de nombreux habitants du Sud-Liban après la création de l’État d’Israël (fermeture des anciens débouchés vers la Palestine) Affrontements entre syndicats et forces de l’ordre Conflit social en partie confessionnel o La proportion des musulmans, et en particulier des chiites, est plus élevée parmi les ouvriers - Crise politique Également partiellement confessionnelle o Question palestinienne Musulmans globalement plus favorables aux Palestiniens Chrétiens globalement moins solidaires des Palestiniens o Partage du pouvoir Musulmans (notamment chiites, car ils fournissent seulement le président de la Chambre, réélu chaque année, alors qu’ils sont en pleine croissance démographique) demandent plus de pouvoirs Lien entre ces deux conflits politico-confessionnels : une partie de l’élite musulmane sunnite, bien que plutôt conservatrice, instrumentalise le conflit israélo-palestinien pour contester la suprématie des chrétiens II. Quinze ans de guerre civile (1975-1991) - Les combats ne se font pas sans interruption L’intensité des combats est également variable 18 Histoire du Moyen-Orient contemporain II – Cours de C. Verdeil – Notes de Michel Erpelding - Trois phases Guerre des deux ans (1975-1977) o Guerre à propos de la présence des Palestiniens o Clivage confessionnel plus clair Opération « Paix en Galilée (1982) o Question palestinienne passe au second plan Guerre des milices (1985-1991) o Conflit entre milices o Conflit perd son caractère confessionnel pour devenir une vraie guerre civile 1) La guerre des deux ans (1975-1977) - 13 avril 1975 : bus transportant des Palestiniens dans un quartier chrétien assailli par les Phalanges libanaises 13 morts Francs-tireurs sur les toits, affrontements dans les rues, multiplication des barricades Toutefois, malgré le caractère emblématique de cet événement, il est important de noter que la violence était endémique depuis 1973 - Qui sont les antagonistes ? D’un côté : Phalanges de Pierre Gemayel, alliées à d’autres partis chrétiens De l’autre : Coalition de partis dirigée par Kamal Joumblatt (druze), favorable aux Palestiniens - Conséquences Destruction du centre de Beyrouth (guerre urbaine) o Dimension symbolique Lieu où toutes les communautés se retrouvaient o Dimension urbaine Centre ville restera dans un état d’abandon jusqu’après la guerre civile Ville de Beyrouth divisée autour d’une « ligne verte » en un est chrétien et un ouest musulman L’homogénéisation communautaire des quartiers se fera au fur et à mesure de la guerre civile Elle sera renforcée au moment de la guerre des camps, durant laquelle les chrétiens prendront d’assaut les Palestiniens résidant dans leurs quartiers o Cf. attaque de Tall-al-Zatan en 1976 : 2 500 morts - En janvier 1976, les combats reprennent avec l’attaque des camps palestiniens Cette escalade provoquera l’entrée en guerre des Palestiniens Camp de Tall-al-Zatar (Beyrouth-est) : 2 500 morts en août 1976 Intensification de la guerre, car les Palestiniens disposaient de plus d’armes que les milices libanaises La coalition menée par Kamal Joumblatt prend le parti des Palestiniens 19 Histoire du Moyen-Orient contemporain II – Cours de C. Verdeil – Notes de Michel Erpelding - Fin mai 1976 : intervention de l’armée syrienne Contrairement aux attentes de la plupart des observateurs, les Syriens prennent le parti des chrétiens contre les Palestiniens et Kamal Joumblatt Raisons o Les Syriens ne veulent pas se voir installer un pouvoir pro-palestinien, jugé incontrôlable (et armé de surcroît) o Volonté d’éviter une intervention israélienne dans la Bekaa, qui menacerait Damas o Volonté d’étendre de former un ensemble stratégique sous son contrôle pour faire face à Israël et à la défection égyptienne de plus en plus évidente o Pouvoir syrien dominé par les alaouites, qui ne sont pas proches de sunnites, et préfèrent donc s’appuyer sur les minorités chrétienne et chiite libanaises Imposition d’un cessez-le feu et d’une Force arabe de dissuasion (FAD) lors du sommet arabe de Riyad (16-18 octobre 1976) - Installation de la Force arabe de dissuasion 5/6 de soldats syriens S’installe partout, sauf au Sud-Liban (hostilité israélienne) Instauration d’une paix relative - Combats restent importants au Sud-Liban OLP continue de harceler les Israéliens 2) L’échec de la paix israélienne - Instauration de l’ordre milicien Les milices des différentes parties libanaises, ayant refusé le désarmement pourtant prévu par le sommet de Riyad, deviennent rapidement les principales forces du pays Substitution de l’ordre milicien à celui de l’État : dans les zones qu’elles contrôlent, les milices lèvent des impôts de guerre et réorganisent les services sociaux - Évolution des forces en présence Ascension de Bachir Gemayel o Fils de Pierre Gemayel, il prend le contrôle des Phalanges, appelées désormais Forces libanaises (FL), en 1976 o Unification par la force toutes les milices chrétiennes : actions de vendetta menées par des commandos 1978 : assassinat d’une partie de la famille Frangié 1980 : élimination de la milice de Camille Chamoun o Le rapprochement israélo-chrétien À partir de la fin des années 1970, les milices chrétiennes tentent de desserrer leurs liens avec la Syrie, en laquelle ils voient désormais une puissance occupante Soutien d’Israël aux milices chrétiennes : aides militaires et instructeurs Désorganisation du camp musulman après l’assassinat de Kamal Joumblatt en mars 1977 20 Histoire du Moyen-Orient contemporain II – Cours de C. Verdeil – Notes de Michel Erpelding o Son fils Walid lui succède à la tête de la communauté druze Montée en force de l’OLP o Harcèlement des Israéliens à partir du Sud-Liban o Établissement par les Israéliens d’une ligne rouge (le fleuve Litani) que les Syriens ne doivent pas franchir - - L’opération Litani (14 mars 1978) L’armée israélienne pénètre au Sud-Liban, qu’elle occupe jusqu’au Litani 250 000 Libanais doivent se réfugier au-delà du Litani Résolutions 425 et 426 du Conseil de Sécurité demande le retrait de l’armée israélienne et crée la Force d’interposition des Nations Unies au Liban (FINUL) Les Israéliens se retirent en juin, mais gardent sous leur contrôle une « zone de sécurité », bande d’occupation d’environ 10 km le long de la frontière L’armée israélienne y est secondée par l’Armée du Liban-Sud (ALS), recrutée localement parmi les chrétiens, mais aussi les chiites Changement d’alliances et désengagement relatif de la Syrie Dès juillet 1978, des affrontements éclatent entre l’armée syrienne et des milices chrétiennes Damas se rapproche désormais des forces de gauche et de l’OLP En 1980, n’étant pas parvenue à contrôler le réduit chrétien, la Syrie remet l’essentiel de ses positions à l’OLP et se retire dans la plaine de la Bekaa - L’État libanais, dont l’autorité est déjà très entamée, ne parvient pas à restaurer son pouvoir L’armée libanaise a commencé à imploser à cause de la guerre civile o Certaines unités ont rejoint les différentes milices Absence de consensus au sujet du projet politique à définir pour le Liban o Importants différends entre chrétiens et musulmans Les Phalanges défendent le projet d’un Liban chrétien, pendant à Israël (sorte de Petit-Liban, réduit à Beyrouth et au Mont-Liban) Rapprochera les chrétiens d’Israël, politiquement et militairement (des miliciens chrétiens seront ainsi entraînés par Tsahal en Israël) Distendra les liens avec la Syrie, qui ne veut pas d’un tel État Les musulmans continuent à revendiquer un État pluriconfessionnel, mais réclament davantage de pouvoirs - Remontée des tensions israélo-arabes Mars 1981 : Intervention de l’armée de l’air israélienne en soutien aux chrétiens contre la Syrie (action soutenue par l’administration Reagan, hostile à l’influence soviétique en Syrie) Juin 1981 : réélection de Begin, qui s’appuie désormais plus fortement sur l’aile droite du Likoud, représentée par Ariel Sharon, qui devient ministre de la défense en 1982 Juin-juillet 1981 : bombardement de Beyrouth-ouest, riposte de l’OLP - Opération « Paix en Galilée » (6 juin 1982) Objectifs israéliens 21 Histoire du Moyen-Orient contemporain II – Cours de C. Verdeil – Notes de Michel Erpelding o o Mettre fin à la résistance palestinienne Supprimer la présence de batteries syriennes dans la Bekaa (installées suite à l’intervention aérienne de 1981) o Assurer la victoire des FL au Liban o Négocier un second accord de paix après celui de Camp David avec l’Égypte Avancée rapide de l’armée israélienne o Aviation syrienne détruite par les Israéliens, retrait de l’armée de terre, signature d’un cessez-le-feu o Dispersion rapide des forces palestiniennes au Liban-Sud, résistance farouche des camps de réfugiés durant plusieurs jours o Avancée rapide de l’armée israélienne vers Beyrouth Tsahal parfois bien accueillie par une partie de la population au SudLiban (pas seulement par les chrétiens) Jonction avec les Phalanges à Beyrouth, siège de Beyrouth-ouest pendant l’été 1982 Fin août 1982 : 15 000 Palestiniens s’embarquent (notamment pour Tunis) 23 août 1982 : Béchir Gemayel élu président de la République libanaise par un petit nombre de parlementaires libanais o Contrairement aux attentes des Israéliens, il refuse leur proposition de traité de paix et exige le départ des forces étrangères 14 septembre 1982 : assassinat de Béchir Gemayel o Auteurs non identifiés (certains croient même qu’Israël aurait été à l’origine de l’attentat, dans la mesure où Gemayel aurait changé de politique) o Remplacé par Amine Gemayel, son frère 16-18 septembre 1982 : massacres de Sabra et Chatila (1 000 à 4 000 morts, selon les estimations) o Perpétrés par des milices chrétiennes (en représailles à l’assassinat de Bechir Gemayel) o Zone contrôlée par l’armée israélienne o Fort émoi international : Israéliens très rapidement obligés de quitter Beyrouth (retrait effectif le 26 septembre 1982) Bilan du point de vue Israélien o 1 000 morts o Réussite partielle : plupart des combattants palestiniens chassés o Toutefois, Israël finira par s’enliser au Liban, jusqu’à son départ partiel en 1984 Déstabilisation du Sud-Liban : les chiites, d’abord plutôt favorables à Israël, finissent par se tourner contre l’occupant Massacres du Chouf : résultat d’un soutien alternatif des FL et des druzes Échec du rapprochement israélo-libanais : traité non ratifié par Liban Bilan pour le Liban : un tournant de la guerre o 20 000 morts libanais et palestiniens o Effondrement de l’économie libanaise (qui continuait à fonctionner pendant la première phase de la guerre) Dévaluation de la libre libanaise Avait déjà perdu la moitié de sa valeur entre 1976 et 1982 Perdra 30 fois sa valeur après 1982 22 Histoire du Moyen-Orient contemporain II – Cours de C. Verdeil – Notes de Michel Erpelding o o Recours croissant au dollar Émeutes de la faim Beyrouth ouest se vide de ses chrétiens Pouvoir politique de l’État libanais encore davantage affaibli Amine Gemayel beaucoup plus falot que son frère Bachir, qui avait fait l’objet d’un véritable culte de la part de ses hommes (il sera d’ailleurs remplacé à la tête des FL par Samir Geagea et Elias Hobeika en 1985) Opposition des milices, soutenues par la Syrie, à la reconstruction de l’armée nationale et à la Force multinationale (qui, suite aux attentats de 1983, quittera définitivement le Liban en 1984, laissant le champ libre aux milices) Montée des milices : Liban totalement morcelé (cf. carte ci-dessous) Ouest de Beyrouth Mont-Liban Bekaa Nord 3) La guerre des milices - Fonctionnement des milices Rançonnent population dont elles contrôlent le territoire Établissent des barrages : circulation de plus en plus difficile - Milices chiites 23 Histoire du Moyen-Orient contemporain II – Cours de C. Verdeil – Notes de Michel Erpelding Amal (Nabih Berry) o Née à la fin des années 1970 o Incarne la volonté des chiites de se voir reconnaître une plus grande place dans l’État libanais Hezbollah o Fondé en 1982, avec l’aide de la Révolution iranienne - Milices se combattent entre elles Combats à l’intérieur d’un même quartier, d’un même camp Alliances variables, plus ou moins éphémères - Guerre des camps (1985-1987) À Beyrouth-ouest, Amal tente de prendre le contrôle de la ville en éliminant les dernières milices sunnites Les sunnites essaient d’enrayer leur déclin en favorisant un retour des milices palestiniennes En réaction, Amal décide de « nettoyer » les camps palestiniens Amal combat aussi les Druzes de Walid Joumblatt Février 1987 : entrée des Syriens à Beyrouth-ouest o Prennent le contrôle, désarment les milices, à l’exception du Hezbollah o Met fin à la guerre des camps - Combats entre chrétiens dans l’est et la Montagne libanaise et à Beyrouth (« Guerre de Libération ») S’orientent autour de deux clivages principaux Le général Aoun cherche à s’imposer aux milices chrétiennes Offensive contre l’armée syrienne et contre leurs alliés : « Guerre de libération » déclarée le 14 mars 1989 Aoun soutenu, entre autres, par l’Irak et la France Toutefois, à partir d’août 1990 (invasion du Koweït), la France ne peut plus soutenir Aoun et, après intervention de l’armée syrienne, l’exfiltre à Paris Entrée de l’armée syrienne à Beyrouth-ouest en 1990 III. Le Liban en reconstruction 1) Le bilan de la guerre - - 70 000 à 120 000 morts (sans compter les Palestiniens) Émigration de nombreux Libanais A concerné 1/5 des Libanais Pas toujours permanente Aujourd’hui, ¼ des revenus libanais provient de l’émigration Destructions Économie sinistrée Quasi-disparition de la classe moyenne Homogénéisation des différents territoires 24 Histoire du Moyen-Orient contemporain II – Cours de C. Verdeil – Notes de Michel Erpelding Ex. Chouf, auparavant chrétien et druze, est devenu quasi-exclusivement druze 2) Les accords de Taëf (signés le 22 octobre 1989) - Réaffirment l’intégrité territoriale du Liban comme un État arabe Toutefois, les accords insistent sur les « relations privilégiées » entre le Liban et la Syrie, autorisée à maintenir une présence militaire dans le pays pour une durée non précisée Suite au refus du général Aoun d’accepter cet arrangement, l’armée syrienne bombardera ses positions à Beyrouth en octobre 1990, le contraignant à quitter le pays - Rééquilibration des pouvoirs entre chrétiens et musulmans en faveur de ces derniers Désormais 50 %-50 % (même si les chrétiens ne composent que 35 % de la population totale du Liban), ce qui bénéficiera surtout aux sunnites Revalorisation du poste de Président du Parlement (chiites constituaient la communauté la plus importante en 1989) - Milices désarmées Exception : le Hezbollah (car maintien armée israélienne au Sud-Liban) 3) Les ruptures de début des années 2000 - Années 1990-2000 : période d’influence syrienne très importante Aucune décision politique prise sans l’aval du gouvernement syrien Pas d’ambassade syrienne au Liban (car État libanais infiltré par Syriens) Appels téléphoniques en Syrie et vice-versa sans indicatif - Ces années constituent également une période de relative stabilité politique Reconstruction (menée notamment par Rafik Hariri) Stabilisation des institutions (troïka Président-Président du Conseil-Président du Parlement) Stabilisation de la livre libanaise - Incertitudes après 2000 Juin 2000 : mort de Hafez al-Assad, succédé par son fils Bachar Juillet 2000 : retrait israélien du Liban-Sud (sauf des hameaux de Cheba’a) o Suite à mouvement d’opinion en Israël o Maintien Israël dans les hameaux de Cheba’a sert de prétexte au Hezbollah pour ne pas désarmer 14 février 2004 : assassinat de Rafik Hariri o Conduira à une recomposition politique autour des partis favorables à un Tribunal international jugeant les assassins de Hariri o Principal visé : la Syrie Début mars 2005 : grande manifestation contre le Tribunal 14 mars 2005 : manifestation contre le Hezbollah, pour le Tribunal (même nombre de manifestants) Juillet 2006 : offensive israélienne au Liban-Sud (destructions massives) 25 Histoire du Moyen-Orient contemporain II – Cours de C. Verdeil – Notes de Michel Erpelding - Période d’instabilité Espoirs de 2005 retombés aujourd’hui Mai 2008 : le Hezbollah prend le contrôle de Beyrouth ouest o Sunnites militairement défaits Mai 2008 : élection de Michel Sleiman Juin 2009 : Saad Hariri devient 1er ministre, gouvernement d’union nationale formé en novembre 2009 26 Histoire du Moyen-Orient contemporain II – Cours de C. Verdeil – Notes de Michel Erpelding 4e séance : L’Iran, du Shah à la République islamique - Croissance démographique très forte à partir de la seconde moitié du XXe siècle 10 millions d’habitants au début du XXe siècle, 70 millions aujourd’hui Téhéran : 200 000 habitants au début du XXe siècle, 8 millions aujourd’hui Croissance s’est toutefois considérablement réduite depuis 20 ans environ - Population multiethnique Arabophones (notamment à la frontière avec l’Irak) Azéris Pachtounes (frontière avec l’Afghanistan) Baloutches - Minorités religieuses Sunnites (environ 15 % de la population, notamment parmi les arabophones et les Baloutches) Chrétiens Juifs (très peu) Zoroastriens Bahaïs - Un État en face-à-face avec l’Empire ottoman Frontière Irak-Iran séparait monde sunnite dominé par les Ottomans d’un monde chiite dominé par les Persans Frontière aujourd’hui mise en cause par l’intervention américaine en Irak - Un pays qui a subi d’intenses influences étrangères au XXe siècle Britanniques Russes Américains Nationalisme iranien s’est en grande partie construit en réponse à ses influences - 1906 : revendication d’une constitution Question de la place des religieux dans la vie politique iranienne Débat n’est toujours pas clos aujourd’hui, même si les religieux ont désormais plus de pouvoir qu’il y a un siècle - Transformation de la société iranienne à la fin du XXe siècle Croissance démographique désormais en recul : le taux de fécondité est passé de 7 enfants/femme en 1986 à 2 enfants/femme en 2005 Guerre civile liée à la révolution, guerre Iran-Irak (1980-1988) I. L’Iran du Shah : un pouvoir autoritaire, modernisateur et contesté - Mohammed Reza Shah plus instruit que son père 27 Histoire du Moyen-Orient contemporain II – Cours de C. Verdeil – Notes de Michel Erpelding A fait ses études en Suisse 1) Un pouvoir sans partage - S’affirme après la crise de 1953 à propos de la nationalisation du pétrole iranien Au cours des années 1950, beaucoup de concessions pétrolières sont renégociées o L’Iran veut d’autant plus cette renégociation que la livre iranienne a été dévaluée, ce qui a entraîné une baisse des revenus issus de la redevance pétrolière Volonté d’émancipation et de nationalisation représentée par Mohammed Mossadegh inquiète la Grande-Bretagne et les États-Unis Coup d’État contre Mossadegh o CIA organise de fausses émeutes, imputées au Parti communiste iranien, pour justifier l’arrestation de Mossadegh, à qui l’on reproche de ne pas vouloir les arrêter o Instauration d’un couvre-feu et de la loi martiale o Mossadegh devenu depuis une figure emblématique du nationalisme iranien Pouvoir devient désormais plus répressif - L’année 1953 marque le début d’une période pendant laquelle les États-Unis exercent une influence déterminante en Iran : domination économique et politique Arrivée massive de conseillers américains Adhésion de l’Iran au Pacte de Bagdad en 1955 Reconnaissance d’Israël en 1960 (même s’il l’avait déjà reconnu de facto auparavant) - Concessions pétrolières à l’avantage des occidentaux 40 % pour les Britanniques 40 % pour les Américains 20 % pour d’autres compagnies étrangères (dont des compagnies françaises) - 1957 : Création de la Savak, la police politique iranienne Connue pour ses méthodes brutales Persécution d’opposants politiques (notamment communistes) et de religieux 2) Une modernisation contestée - Rendue possible, notamment, par l’augmentation de la rente pétrolière - Passe par des plans de modernisation Se succèdent tous les 7 ans Plan de la « Révolution blanche » lancé en 1962 o Plan économique Volonté de modernisation tous azimuts Redistributions de terres Nationalisation des forêts et des pâturages Privatisation de nombreuses entreprises 28 Histoire du Moyen-Orient contemporain II – Cours de C. Verdeil – Notes de Michel Erpelding Mise en place d’un système de participation des salariés aux bénéfices des entreprises o Plan de l’éducation : développement de l’enseignement o Plan politique : droit de vote des femmes Réformes contestées par les religieux o Dénoncent notamment le vote des femmes o Dénoncent également la plus grande reconnaissance des minorités o Y voient une tentative d’occidentalisation de l’Iran o Interviennent de plus en plus dans le débat politique - Khomeiny (1900?-1989) Un des chefs de file des opposants religieux Exilé en Irak en 1964 Théorie du vilayet al-faqih o Pouvoir doit revenir aux oulémas, seuls détenteurs légitimes de l’autorité o Religieux sont les gardiens de la foi et de l’identité iranienne o Idée novatrice, très contestée en islam à l’époque (traditionnellement, l’islam, surtout dans sa conception chiite, ne doit pas trop intervenir en politique) - Ali Shariati Figure plus modernisatrice du clergé iranien Conteste surtout les religieux affiliés au régime Exilé en Europe dans les années 1970 Mort en 1977 (n’a donc pas pu avoir la même influence que Khomeiny) - Parti communiste Relativement puissant en Iran - Augmentation de la rente pétrolière au cours des années 1970 Iran devient très riche Augmentation des importations Toutefois, salaires augmentent moins vite que les prix Enormément de gaspillage Développement de la corruption Shah devient mégalomaniaque o Dépenses énormes o Fêtes somptueuses, notamment pour fêter les 3 000 ans (?) de Persépolis Population de plus en plus remontée contre le régime 3) Des liens étroits avec les États-Unis - 50 000 conseillers américains en Iran en 1978 - Iran participe à la guerre du Vietnam - Achats d’armes extrêmement importants 29 Histoire du Moyen-Orient contemporain II – Cours de C. Verdeil – Notes de Michel Erpelding Budget de la défense représente 30 % du revenu des Iraniens - Mise en place d’un programme nucléaire (qui, à l’époque, ne choque personne) - Alliance mise à mal par l’élection du président démocrate Jimmy Carter en 1977 Carter plus critique de l’autoritarisme du régime Or, le régime du Shah ne tient en place que grâce à la répression II. La révolution islamique - Mouvement très large La révolution n’a pas été faite que par les islamistes - Acteurs Prolétariat urbain Jeunes (instruits suite aux programmes de scolarisation) ne trouvant pas leur place au sein d’une société répressive et corrompue 1) La victoire des islamistes - Janvier 1978 : émeutes éclatent suite à la publication d’un article injurieux à l’égard de Khomeiny Répression, arrestations, nouvelles manifestations Manifestations deviennent de plus en plus importantes et sont de plus en plus violemment réprimées : 2 500 morts lors d’une manifestation fin 1978 - Shah isolé Nomme nouveau premier ministre, sans succès doit quitter le pays en janvier 1979 - 1er février 1979 : Khomeiny arrive en Iran - Mars 1979 : république islamique adoptée suite un référendum - Constitution islamique adoptée en octobre 1979 Guide suprême : religieux qui domine un président et un parlement o Elu par une partie des religieux o Toutefois, il ne fera pas toujours l’objet d’un consensus Président o Parlement o Elu pour 4 ans au suffrage universel o Vote des lois o Désigne le Premier ministre : Mir-Hoseyn Musavi (1981-1989) Conseil de surveillance : doit vérifier conformité des lois à l’islam 30 Histoire du Moyen-Orient contemporain II – Cours de C. Verdeil – Notes de Michel Erpelding Milice des pasdarans - Pouvoir religieux en choque certains Ne correspond pas à la tradition chiite (jusqu’à la fin du XIXe siècle, le clergé chiite ne se mêlait pas de politique) Rappelle l’idée du califat 2) Une révolution en guerre - Affrontement avec les États-Unis 1979-1980 : occupation de l’ambassade US à Téhéran Conseillers US chassés d’Iran - Guerre civile (1980-1983) Islamistes, forces de gauche et d’autres religieux s’affrontent Opposants décimés par la révolution islamique - Guerre Iran-Irak (1980-1988) Déclarée par Saddam Hussein en septembre 1980 Objectif de Saddam Hussein o Faire de l’Irak la première puissance de la région (l’Égypte, depuis son traité de paix avec Israël, est marginalisée) Soutien des États-Unis et des États sunnites (notamment du Golfe) Déroulement de la guerre o Dans une première phase, l’armée irakienne avance o Puis, le front se fige o Si l’armée iranienne arrive à tenir le front, c’est qu’elle a été fortement entraînée et équipée sous le Shah Négociations de paix en 1982 o Capotent suite aux demandes iraniennes Reprise de la guerre en 1983 o Envois de missiles de Bagdad à Téhéran o Guerre de tranchées o Bassidji : jeunes iraniens de 15-16 ans délibérément envoyés à la mort en « martyrs » (figure du martyr unit la population autour de la révolution – elle est de plus en plus contestée aujourd’hui) Fin de la guerre en 1988 o Pression des États-Unis, car guerre menace leur approvisionnement en pétrole Bilan o 400 000 morts en Iran (globalement, l’Iran est davantage touché par la guerre que l’Irak) o Toutefois, importante croissance démographique en Iran pendant la guerre 3) Les transformations économiques et sociales - Transformations économiques 31 Histoire du Moyen-Orient contemporain II – Cours de C. Verdeil – Notes de Michel Erpelding Révolution portée par les laissés-pour-compte du régime du Shah Politique de nationalisation o Banques o Biens des exilés o Entreprises endettées Fondation des déshérités o Reprend les biens – très importants – de la famille Pahlavi o Gère 600 entreprises (1/4 du revenu national, hors pétrole) A la fin des années 1980, l’État contrôle 70 % des industries - Transformations sociales Fuite d’une partie des classes moyennes après la révolution Femmes obligées de se voiler (loi de 1981) Toutefois, avec la guerre, les femmes deviennent de plus en plus indépendantes - Difficultés économiques (1978-1989) Croissance du PIB de 10 %, augmentation de la population de 30 % Inflation (520 %), dollarisation de l’économie Développement du marché noir Appauvrissement de la population (recours au double travail, etc.) III. La République islamique depuis la mort de Khomeiny 1) La seconde République - Réforme de la constitution en 1989 Due notamment au fait que le Guide suprême qui succède à Khomeiny n’est pas ayatollah Guide de la révolution islamique devient le Guide de la République islamique d’Iran : renonciation à l’exportation de la révolution Assemblée d’experts o 86 membres élus au suffrage universel o Présidée aujourd’hui par Rafsanjani Président o Elu tous les 4 ans o Alternance entre présidents plutôt conservateurs et plutôt réformistes o Toutefois, pas de candidat en dehors du système de la Révolution islamique : la candidature doit être approuvée par les autorités religieuses - Plus grandes libertés publiques Toutefois, ces libertés sont fragiles et régulièrement menacées (répression de mouvements étudiants) 2) Une relative libéralisation - Privatisation de l’économie 32 Histoire du Moyen-Orient contemporain II – Cours de C. Verdeil – Notes de Michel Erpelding - Remise en place des échanges commerciaux avec les pays occidentaux Frénésie de consommation au début des années 1990 Importante inflation o Entraîne subventionnement étatique des produits de base - Accroissement des inégalités 3) Une société en voie de sécularisation ? - Une population très jeune Due à la croissance démographique (importante jusqu’au début des années 1990) - Une population plus instruite Notamment le cas pour les jeunes filles - Aspects de la sécularisation Liens entre le religieux et le pouvoir politique Le religieux en tant qu’aspect de la vie privée - Sécularisation très diverse Varie beaucoup selon les villes o A Qom, les Téhéranais passent pour des dépravés o A Téhéran, les habitants de Qom passent pour des arriérés Une « sécularisation sectorielle différenciée » o Dans certains domaines, la religion n’est plus aussi importante o Dans d’autres domaines, elle est moins contestée o Le degré de sécularisation varie selon les personnes Situation des femmes o Beaucoup de femmes supportent mal certaines interdictions imposées par le régime, comme p. ex. celle de s’épiler les cils o En même temps, ces mêmes femmes adhèrent souvent à d’autres interdictions, comme celle d’exercer certains métiers o Les études n’influent pas nécessairement sur les conceptions religieuses Situation des couples o Peu de couplent se marient sans l’accord des parents o Importance du portable comme vecteur de la vie privée o Le fait d’avoir fait des études ou de mener une vie professionnelle retarde souvent la fondation d’une famille et réduit l’emprise des parents sur le choix du conjoint - Nationalisme Reste incontestablement très fort Rejet des étrangers, en particulier des Afghans Conclusion de la 4e séance 33 Histoire du Moyen-Orient contemporain II – Cours de C. Verdeil – Notes de Michel Erpelding - Élection d’Ahmadinejad en 2005 Programme à forte teinture sociale Soutien du Guide suprême Contexte de xénophobie croissante, en particulier à l’encontre des Américains (contexte de l’intervention américaine en Irak) - Réélection d’Ahmadinejad en 2009 Fraudes massives (cf. l’article du Monde diplomatique figurant dans la bibliographie) Campagne a duré très peu de temps, car candidats validés par les autorités religieuses au dernier moment - Important mouvement de contestation depuis 2009 Société iranienne très divisée 34 Histoire du Moyen-Orient contemporain II – Cours de C. Verdeil – Notes de Michel Erpelding 5e séance : L’État d’Israël de 1948 à nos jours - Proclamation de l’État d’Israël par Ben Gourion en 1948 sur 78 % de la Palestine mandataire 1967 : Guerre des Six Jours, occupation de la Cisjordanie et de Gaza 1973 : Guerre d’Octobre/de Kippour 1977 : alternance politique (fin de la domination du Parti travailliste) - Institutions héritières du mouvement sioniste, du Mandat et de l’Empire ottoman I. Un État juif, sioniste et démocratique 1) Un État juif - Majorité juive 76 % de la population en 2009 - Valorisation de la culture juive Jour férié : shabbat Application de la cacherout Partie de l’enseignement autonome Absence d’état civil laïc o Héritage ottoman o Désavantage la femme, surtout en matière de divorce o Toutefois, validation des mariages civils contractés à l’étranger o Nuit à la démocratie : absence d’égalité des citoyens dans tous les domaines - Facilitation de l’acquisition des terres pour les juifs, discrimination des non-juifs Loi des absents (1950) o Lorsqu’un propriétaire est absent, ses terres seront remises à un gardien, qui peut en disposer librement Concerne essentiellement les biens de Palestiniens ayant quitté la Palestine en 1948-1949 Concerne aussi les Palestiniens vivant toujours en Israël, mais chassés de leurs biens en 1948-1949 (« présents-absents ») o La plupart du temps, ce gardien est le Fonds national juifs o Quels sont les biens des absents ? Waqfs musulmans ≠ Waqfs chrétiens, qui bénéficient d’une protection internationale Cas des biens indivis Si dans une indivision il y a un absent, tout le bien doit être géré avec l’accord des autorités israéliennes o Conséquences 3,5 % des terres seulement appartiennent à des Arabes 13 % des terres appartiennent au Fonds national juif 35 Histoire du Moyen-Orient contemporain II – Cours de C. Verdeil – Notes de Michel Erpelding Dont 4,5 % achetées avec de l’argent de la diaspora avant la création de l’État Le reste correspond à ce qui a été confisqué aux Palestiniens 2) Un État sioniste - Loi du retour (1950) Tous les juifs peuvent être citoyens d’Israël Qui est juif ? o Personnes ayant une mère juive et n’ayant pas d’autre religion o Personnes ayant été converties au judaïsme o Depuis 1970 : conjoint, enfants et petits-enfants d’un juif peuvent également immigrer (cette règle a beaucoup facilité l’immigration des Russes en Israël) - Importante immigration juive après la création d’Israël 100 000 en 1948 250 000 par année entre 1949 et 1951 3) Un État démocratique - 17 élections entre 1948 et 2006 - Knesset 120 députés Mandat de 4 ans (toutefois, le Parlement est souvent dissous avant la fin de son mandat) Élus au scrutin « général, national, direct, égal, secret et proportionnel » o L’État d’Israël forme une seule circonscription o Le scrutin proportionnel constitue un héritage de la période mandataire o Pour être député, il faut avoir 2 % des voix Multipartisme - Président Elu pour x ans depuis 1998 Doit donner son approbation à la dissolution de la Knesset Depuis 2001, il désigne un membre de la Knesset en tant que Premier ministre o Entre 1992 et 2001, le Premier ministre était élu au suffrage universel direct - Cour suprême - Liberté de la presse - Absence de Constitution - Limites de la démocratie israélienne Etat de guerre justifie maintien état d’urgence depuis 948 o Peu d’implication pour les juifs israéliens 36 Histoire du Moyen-Orient contemporain II – Cours de C. Verdeil – Notes de Michel Erpelding o Beaucoup d’implications pour les Arabes Détention administrative Assignation à domicile Censure de la presse II. La vie politique : des grands partis à l’émiettement - Jusqu’en 1977, la vie politique israélienne est dominée par le Parti travailliste Depuis les années 1990, un émiettement considérable a eu lieu au sein de la Knesset 1) La domination des travaillistes - Mapaï (Parti des ouvriers d’Eretz Israël) Créé en 1930 Deviendra le Parti travailliste en 1968 Lié au principal syndicat, la Histadrout - Guerre de Kippour (6-24 octobre 1973) Offensive égyptienne et syrienne Pendant les premiers jours, l’armée israélienne recule Se termine sans changements territoriaux - Conséquences de la Guerre de Kippour Travaillistes déconsidérés o Reproche : fait de se laisser surprendre, de ne pas avoir mené de guerre préventive comme en 1967 o Réponse des travaillistes : en cas d’une agression par Israël, les Américains n’auraient peut-être pas soutenu Israël (contexte de l’après-Vietnam aux ÉtatsUnis) Prestige d’Ariel Sharon o A relevé la situation de l’armée israélienne en Égypte o Or : Ariel Sharon fait partie des rares officiers à ne pas avoir rejoint le Parti travailliste 2 300 morts israéliens (contre 600 en 1967) : traumatisme national 2) Le tournant de 1977 - Likoud (Union) Créé en 1965 en tant qu’union parlementaire entre le parti nationaliste (Herout) et le parti libéral, ainsi que d’autres formations plus petites Fusion définitive en 1988 - Victoire du Likoud 42 sièges pour le Likoud, 32 pour le Mapaï Due notamment à un renversement d’alliances 37 Histoire du Moyen-Orient contemporain II – Cours de C. Verdeil – Notes de Michel Erpelding o Le parti orthodoxe, qui soutenait auparavant le Parti travailliste, change son fusil d’épaule 3) L’éclatement des années 1990 - Facteurs de l’émiettement Crise économique (inflation) Election du Premier ministre au suffrage universel o Censée rendre le vote des électeurs plus cohérent o Or : c’est le contraire qui a eu lieu Ex. en 1999, Ehoud Barak est élu avec 56 % des voix, mais les travaillistes n’obtiennent que 20 % des voix et 26 % sièges à la Knesset o Toutefois, l’abolition de cette mesure n’a pas modifié le comportement des électeurs Importance de l’abstention (plus de 20 % depuis 2001) III. Une société pluriculturelle - Correspond au discours officiel israélien Passage d’une culture dominante à une société au sein de laquelle les particularismes s’affirment de plus en plus Ce changement vaut surtout pour les citoyens juifs israéliens (les Arabes ont toujours insisté sur leur identité propre) Une partie des Israéliens juifs ne veulent pas se fondre dans la culture dominante 1) De la culture dominante à l’affirmation de particularismes - Culture dominante jusqu’aux années 1960 et 1970 Idée de créer un État nouveau peuplé de juifs « nouveaux » o Modèle du sabra (arbre qui donne la figue de barbarie, dure de l’extérieur, sucrée de l’intérieur) : Israélien juif né en Israël o Opposition entre l’image du juif de la diaspora (connotés négativement) et celle du sabra soldat-laboureur (connoté positivement) Judaïsme laïc Création du nouveau juif au sein du melting-pot israélien - Melting-pot remis en cause par juifs orientaux (Mizrahim) et les Russes 2) Mizrahim et Russes - Mizrahim (43 % de la population israélienne) Arrivés à des périodes différentes o Irakiens arrivés dès 1948 o Égyptiens et Libanais arrivés plus tard o Maghrébins arrivés après les indépendances Concerne surtout les juifs marocains et Tunisiens 38 Histoire du Moyen-Orient contemporain II – Cours de C. Verdeil – Notes de Michel Erpelding Les juifs algériens ont surtout émigré en France Différences entre ces juifs et les juifs (majoritairement ashkénazes) européens o Langue : parlent l’arabe o Religion : plus religieux que les juifs européens o Vision d’Israël : y voient moins une construction nationale que la réalisation d’une prophétie religieuse o Sociales : souvent plus pauvres que les juifs européens o Politiques : votent plus à droite c’est leur vote qui a fait basculer la vie politique israélienne en 1977 ce sont des rabbins orientaux qui ont été à l’origine du parti ultraorthodoxe séfarade Shass en 1984 - Les Russes (900 000, dont 300 000 non juifs) Arrivés pour l’essentiel après la chute du mur de Berlin en 1989 o Certains pays de l’Est comme la Roumanie de Ceausescu avaient déjà commencé à « vendre leurs juifs » à Israël avant la fin de la Guerre Froide Très déjudaïsés (culturellement et religieusement) Assez éduqués La question de leur intégration se pose moins en termes sociaux que culturels : ils ne veulent pas abandonner la culture russe (même s’ils ont très rapidement appris l’hébreu) o Ouverture d’écoles et de centres culturels russes o Création de partis spécifiques : p. ex. Israel Beitenou (parti d’Avigdor Lieberman) 3) Les « Arabes israéliens » (1,5 millions, soit 20 % de la population) - Vivaient sous régime militaire jusqu’au début des années 1960 - Se considèrent majoritairement comme Palestiniens - Composition confessionnelle 82 % de musulmans 9 % de chrétiens (partie a beaucoup diminué) 9 % de druzes o Reconnus comme une nationalité à part entière par Israël en 1961 o Font leur service militaire depuis 1956 - Question essentielle du service militaire « Arabes israéliens » considérés comme peu fiables par Israël Certains « Arabes israéliens » aimeraient bien faire leur service, dans la mesure où celuici permet l’accès à de nombreuses prestations sociales, à des carrières professionnelles, etc. - Situation améliorée en 1992, nouvelle régression en 2005 Travaillistes avaient besoin de voix supplémentaires à la Knesset Allocations ouvertes aux « Arabes israéliens » Toutefois, en 2005, Ariel Sharon abolit partiellement ces mesures 39 Histoire du Moyen-Orient contemporain II – Cours de C. Verdeil – Notes de Michel Erpelding - Discrimination en matière de logement KKL ne vend, ne loue ou ne prête qu’aux juifs Décision de la Cour suprême de 2005 a déclarée cette pratique illégale Toutefois, cette décision n’est pas appliquée dans les faits - Intégration politique depuis 2006 Nomination d’un ministre arabe par le gouvernement de coalition mené par le parti Kadima - Très peu d’Israéliens juifs sont prêts à admettre une égalité entre juifs et arabes Peur de la démographie arabe - Difficultés d’intégration ont éclaté au grand jour en 2000 (2e Intifada) Visite de l’Esplanade des mosquées par Ariel Sharon Manifestation réprimée dans le sang - Depuis 2005/2006, des lois sur la nationalité ont aggravé la situation des « Arabes israéliens » Impossibilité pour des conjoints originaires respectivement d’Israël et de la Cisjordanie de cohabiter Conclusion de la 5e séance - Question d’un éventuel risque d’éclatement de la société israélienne Risque renforcé dans le domaine politique par le scrutin proportionnel intégral - Toutefois, attachements communs importants demeurent Langue Armée Conflit israélo-arabe - Vision d’Israël comme société multiculturelle contribue également à cacher les inégalités sociales Plutôt d’être définis en fonction de leur classe sociale, les citoyens israéliens sont définis en fonction de la communauté à laquelle ils appartiennent 40 Histoire du Moyen-Orient contemporain II – Cours de C. Verdeil – Notes de Michel Erpelding 6e séance : Le conflit israélo-arabe de 1948 à la première guerre du Golfe - Tournant de 1967 Avec l’occupation de la Cisjordanie et de Gaza, la résistance contre la politique israélienne a été de plus en plus largement assumée par les Palestiniens eux-mêmes I. Un conflit israélo-arabe (1948-1967) - Pas de traité de paix en 1949 Conflits récurrents entre Israël et ses voisins arabes 1) De Suez à la guerre des Six jours - Guerre de Suez (29 octobre-6 novembre 1956) En octobre 1956, les Français, les Anglais et les Israéliens entrent en guerre contre les Égyptiens o Un accord secret relatif à cette intervention conjointe est conclu le 22 octobre à Sèvres o L’opération sera commandée par les Britanniques, qui fourniront les 2/3 des moyens militaires employés o Pour sauvegarder les apparences, il est convenu que les Israéliens attaqueront les premiers, et que les Britanniques et les Français débarqueront et s’établiront dans la zone du canal sous prétexte de séparer les belligérants Mobiles o Israéliens : inimitié avec l’Égypte o Français : nationalisation du canal de Suez (26 juillet 1956), soutien égyptien au FLN o Anglais : nationalisation du canal de Suez Pression URSS/USA : retrait des envahisseurs o Fin du « moment britannique » au Proche-Orient o A l’époque, tous les pays arabes (sauf le Liban) rompent leurs relations avec la France Conséquences sur le terrain o Mise en place d’une force d’interposition de l’ONU dans le Sinaï, la Force d’Urgence des Nations Unies (FUNU) o Démilitarisation du Sinaï o Libre circulation Golfe d’Aqaba o Dénonciation du traité d’alliance anglo-égyptien le 1er janvier 1957 : l’Égypte devient entièrement indépendante - Guerre des Six jours (5-11 juin 1967) Contexte : surenchère de Nasser contre les Israéliens o Fermeture par l’Égypte de l’accès au golfe d’Aqaba o Rumeurs sur attaque égyptienne contre Israël Attaque « préventive » israélienne contre Égypte et Syrie le 5 juin 1967 41 Histoire du Moyen-Orient contemporain II – Cours de C. Verdeil – Notes de Michel Erpelding o Destruction de l’armée de l’air égyptienne par des raids israéliens en l’espace de quelques heures Poursuite rapide de la guerre, conquêtes nombreuses o Prise de Gaza o Bataille de chars dans le Sinaï, conquête israélienne du Sinaï o Jordanie entre dans la guerre, Israël en profite pour conquérir la Cisjordanie et Jérusalem-Est o Conquête du Golan, arraché à la Syrie - Conséquences de la guerre Pertes humaines o Arabes : 11 160 (dont 10 000 Égyptiens) o Israéliens : 800 200 000 personnes déplacées (auxquels Israël ne permettra pas de revenir après la fin des combats) 2) Les territoires occupés - Multiplication par 4 de la surface d’Israël (surtout à cause du Sinaï) Cisjordanie : 58 000 km2, 660 000 habitants Gaza : 370km2, 390 000 habitants Golan : 1 150 km2, 15 000 habitants - Occupation et colonisation de Jérusalem-Est Le 28 juin, Israël proclame la réunification de Jérusalem comme capitale de l’État juif Destruction de villages et de propriétés arabes - Résolution 242 du Conseil de Sécurité de l’ONU (22 novembre 1967) demande le retrait des troupes israéliennes des territoires occupés Différences d’interprétation : la version anglaise demande le retrait « from occupied territories », la version française parle d’un retrait « des territoires occupés » (les Israéliens s’en tiennent à une lecture minimaliste de la version anglaise du texte) - Présence essentiellement militaire dans les territoires occupés autres que Jérusalem-Est Défense des frontières Très peu de colons (5 000 en 1977) 3) De la guerre du Kippour à la paix avec l’Égypte - Objectif de l’Égypte pour la guerre de Kippour (6-26 octobre 1973) Faire reculer les Israéliens pour pouvoir négocier avec eux (Sadate conscient de l’infériorité de l’armée égyptienne à celle d’Israël) - Paix israélo-égyptienne « Politique des petits pas » (H. Kissinger) 42 Histoire du Moyen-Orient contemporain II – Cours de C. Verdeil – Notes de Michel Erpelding o Cette politique est d’autant plus critiquée dans le monde arabe qu’elle implique la renonciation à une résolution globale et simultanée des tous les différends entre Israël et les Arabes (en particulier de la question palestinienne) o Cette politique est soutenue par Israël, qui préfère la conclusion de paix séparées avec ses voisins plutôt qu’un règlement global Rapprochement entre Israël et l’Égypte dès 1975 Discours de Sadate à la Knesset en novembre 1977 Accords de Camp David en septembre 1978 (signé en 1979) o Restitution du Sinaï à l’Égypte (peu d’intérêt pour les Israéliens) o Accord de paix global pour résoudre le conflit israélo-palestinien (aucun effet) Rétrocession du Sinaï à l’Égypte en 1982 o Pour Israël, la valeur économique et symbolique de ce territoire était de toute façon limitée o A la même époque (1977), il y a déjà 5 000 colons en Cisjordanie II. L’OLP, fer de lance de la résistance palestinienne 1) Naissance de l’OLP - Mouvement nationaliste arabe (MNA) Fondé par Georges Habache, médecin grec-orthodoxe, en 1952 Très marqué par l’arabisme des années 1950 o cause palestinienne indissociable de la cause arabe o revendication d’un État arabe au sein duquel il y aurait une entité palestinienne o d’où recrutement dans des cercles plus larges que ceux des seuls Palestiniens En 1959, le MNA devient le Front populaire de libération nationale (FPLP), mouvement marxisant - Fatah Fondé à Koweït en 1959 par le jeune ingénieur Yasser Arafat (1929-2004) Différence avec les autres mouvements : veut libérer la Palestine en tant que telle et par elle-même - Organisation de Libération de la Palestine (OLP) Créée en 1964 au Caire Dirigée par Ahmad Shuqayri Très contrôlée à l’époque par l’Égypte 2) L’affirmation du nationalisme palestinien - Renforcement des mouvements palestiniens après la guerre de 967 Beaucoup de déplacés rejoignent les rangs des combattants palestiniens - Mutation de l’OLP Après la guerre de 1967, l’OLP, avec l’assentiment de Nasser, devient plus autonome par rapport à l’Égypte 43 Histoire du Moyen-Orient contemporain II – Cours de C. Verdeil – Notes de Michel Erpelding A partir de 1968, l’OLP prend la tête des mouvements nationalistes palestiniens En 1969, Arafat devient le président de l’OLP - Orientations initiales de l’OLP : reconquête de la Palestine, destruction d’Israël Charte o « La lutte armée est la seule voie menant à la libération de la Palestine » (art. 9) o « La libération de la Palestine éliminera la présence sioniste et impérialiste », c’est-à-dire Israël (art. 22) Rejet de la résolution 242 (qui se limite à l’exigence d’un retrait israélien des territoires occupés en 1967) - Actions armées Bataille de Karamé (21 mars 1968) o Un raid israélien contre des camps du Fatah en Jordanie se heurte à la résistance des combattants palestiniens o Plusieurs soldats israéliens sont tués, des chars sont détruits : ces images frappent une sensibilité arabe encore ébranlée par la défaite de 1967 o Malgré de lourdes pertes, l’OLP se déclare victorieuse Détournements d’avion, actions terroristes (JO de Munich en été 1972) - Infléchissement des orientations de l’OLP dès 1974 vers un partage des territoires En 1974, l’OLP admet de créer un État palestinien sur une partie de la Palestine seulement Cette acceptation a été faite sous pression des Égyptiens Elle provoque de nombreuses dissensions au sein de l’OLP : ainsi, le FPLP de Georges Habache s’y opposera - Reconnaissance internationale de l’OLP En 1974, lors du sommet de Rabat, l’OLP devient membre à part entière de la Ligue arabe, qui la reconnaît comme seule « représentante légitime du peuple palestinien » La même année, l’OLP entre comme observateur à l’ONU : discours d’Arafat à la session plénière de l’Assemblée générale (« Je suis venu porteur d’un rameau d’olivier et d’un fusil de révolutionnaire. Ne laissez pas tomber le rameau de ma main. ») Cette politique palestinienne est en revanche âprement combattue par les Israéliens qui jugent l’OLP hors-la-loi Ainsi, la reconnaissance internationale et des pays arabes de l’OLP a induit des concessions de l’OLP mais ces concessions ne sont pas acceptées par tous 3) L’OLP hors du champ de bataille - Septembre Noir En septembre 1970, l’OLP est chassée de Jordanie où elle était présente dans les camps de réfugiés combats très violents entre les combattants palestiniens et l’armée jordanienne l’OLP va au Liban et crée le Fatah Land 44 Histoire du Moyen-Orient contemporain II – Cours de C. Verdeil – Notes de Michel Erpelding - Opération « Paix en Galilée » Juin 1982 : invasion israélienne du Liban-Sud l’OLP sera chassée et s’installera en Tunisie toutefois, des combattants palestiniens demeureront toujours présents tout au long de la guerre, tandis que d’autres reviendront au Liban - Conséquences de l’exil de l’OLP Dans les années 1980, les combattants palestiniens ne sont plus aussi actifs dans les pays limitrophes de la Palestine Ce sont les Palestiniens de l’intérieur de la Palestine qui vont s’affirmer, notamment au sein des territoires occupés III. L’affirmation des Palestiniens de l’intérieur 1) La politique israélienne dans les territoires occupés - Mise en place d’une politique de colonisation après l’arrivée au pouvoir du Likoud en 1977 Politique soutenue par le Goush Emounim (Bloc des Croyants) o mouvement politique messianique officiellement fondé en 1974 o objectif principal : renforcement de la colonisation juive en « Judée-Samarie » (nom que les Israéliens donnent à la Cisjordanie) o mélange entre action militante et lobbying sur le gouvernement israélien o jusqu’en 1977, l’action du Goush Emounim est limitée par le Parti Travailliste : il n’y a que 5 colonies en Cisjordanie o après 1977, le Goush Emounim est soutenu par le gouvernement israélien Stratégie israélienne de colonisation o Rompre la continuité territoriale arabe o Assurer la continuité territoriale entre les territoires occupés et Israël o Couper la Cisjordanie en installant des colonies de façon horizontale o Développement de colonies tout autour de Jérusalem-Est : politique du fait accompli pour que Jérusalem devienne entièrement israélienne (« capitale éternelle et indivisible d’Israël ») o Politique renforcée par le mur de séparation, qui ne suit pas la Ligne Verte mais entoure les colonies israéliennes Très forte augmentation du nombre de colons o Beaucoup de colons ne s’installent pas du tout pour des raisons idéologiques, mais sont encouragés financièrement par l’État israélien : dégrèvements fiscaux, impôts et prix des logements moins élevés qu’ailleurs, prêts avec des taux d’intérêts plus bas) Dépossession des Palestiniens o Avec l’arrivée du Likoud au pouvoir, on vérifie les titres de propriété des Palestiniens de façon stricte o Les terres domaniales (appartenant à la Jordanie) ou les terres des absents déplacés de 1967 sont transférés aux colons israéliens Bilan : en 1987, la moitié des terres de Cisjordanie et 1/3 des terres de Gaza sont aux mains des Israéliens 45 Histoire du Moyen-Orient contemporain II – Cours de C. Verdeil – Notes de Michel Erpelding - Contrôle et exploitation des Palestiniens Au milieu des années 1980, le gouvernement israélien confie la gestion du quotidien des Palestiniens de Cisjordanie aux Jordaniens, ce qui entraîne des avantages économiques et financiers pour l’occupant o Les coûts d’occupation de la Cisjordanie sont réduits : les fonctionnaires palestiniens en Cisjordanie sont payés par l’État jordanien o Les Palestiniens échappant au droit du travail israélien, ils constituent une maind’œuvre bon marché Dans les années 1980, ½ de la population active de Gaza et 45 000 Palestiniens de Cisjordanie franchissent chaque jour la Ligne Verte pour travailler en Israël (où ils ne passent pas la nuit) Nombre important de prisonniers palestiniens en Israël : ils sont 4 000 à la fin des années 1980 - Attitude des Palestiniens face à cette situation Refus de l’occupation Toutefois, le sentiment général qui prédomine est celui de la résignation face aux implantations israéliennes Le maintien d’un très fort taux de natalité (7-8 enfants par femme, le plus fort au monde) est considéré comme une forme de résistance (« guerre des berceaux ») Population des territoires occupés à la fin des années 1980. Population Cisjordanie Gaza Golan Jérusalem-est Juive 52 000 1 500 6 800 80 000 Arabe 787 000 510 000 12 900 130 000 2) La première Intifada (1987-1991) - Débuts de l’Intifada (soulèvement, révolte) Eclate en décembre 1987 à la suite d’un accident de la circulation à Gaza dans un camp de réfugiés qui a entraîné deux morts palestiniens Révolte générale o Soulève la population de tous les territoires occupés o Rassemble des jeunes (1/2 de la population palestinienne), des vieux, des femmes, des hommes, toutes classes sociales confondues Manifestations diverses o Jets de pierres o Arrêt du travail en Israël o Boycott des marchandises israéliennes o Refus de payer l’impôt o Désobéissance civile o Etc. Bilan humain un an après le début de la révolte o 400 morts 46 Histoire du Moyen-Orient contemporain II – Cours de C. Verdeil – Notes de Michel Erpelding o o - 25 000 blessés 6 000 prisonniers Déclin de l’Intifada en 1990-1991 Répression israélienne Guerre du Golfe o Yasser Arafat prend parti pour Saddam Hussein o Les Palestiniens présents dans le Golfe, pourvoyeurs de fonds pour les Palestiniens de l’intérieur, sont chassés o Perte de l’appui international (l’Intifada avait suscité des sympathies dans le monde entier) 3) De nouvelles négociations - Désengagement de la Jordanie En juillet 1988, 6 mois après le début de l’Intifada, le gouvernement jordanien rompt ses liens avec la Cisjordanie o Suppression du ministère des Affaires palestiniennes o Arrêt du paiement des fonctionnaires palestiniens Dorénavant, les Palestiniens de Cisjordanie ne seront plus représentés par la Jordanie sur le plan international - Les Palestiniens de l’intérieur se tournent vers l’OLP Ils ont besoin de sa renommée, de ses financements, de sa reconnaissance internationale - L’OLP progresse dans sa reconnaissance internationale, tout en faisant des concessions à l’égard d’Israël Acceptation de deux résolutions de l’ONU en 1988 (retour des réfugiés, etc.) Proclamation d’un État palestinien (virtuel) à Alger en 1988 o Nouveau discours d’Arafat à l’ONU à Genève : évocation d’un État palestinien sur une partie de la Palestine (reconnaissance officielle du fait que la création d’un État palestinien ne suppose pas la destruction d’Israël) Cette logique aboutira aux accords d’Oslo de 1994 Conclusion de la 6e séance - Les Palestiniens ont perdu leurs territoires mais ont admis l’existence d’Israël (sans avoir vraiment le choix) alors que pendant très longtemps l’objectif était de reconquérir la Palestine entièrement et d’expulser les Israéliens - On peut se demander si les Israéliens ont fait l’inverse, c'est-à-dire s’ils ont admis qu’il puisse y avoir un Etat palestinien - Le changement est très important au moment des accords d’Oslo par une reconnaissance mutuelle. 47 Histoire du Moyen-Orient contemporain II – Cours de C. Verdeil – Notes de Michel Erpelding 7e séance : La radicalisation islamique Introduction - L’islamisme est un mot forgé par les politologues pour désigner l’islam radical dans deux sens Radical car il revient aux racines de l’islam Radical au sens d’extrême, voire de « révolutionnaire » au niveau politique - L’islamisme est un mouvement à l’échelle du monde musulman et non restreint au monde arabe - Cet islamisme radical succède comme idéologie politique dominante au nationalisme panarabe plus ou moins laïc qui décline dans les années 60-70 aujourd’hui, cette façon de voir est remise en cause car le nationalisme arabe n’était pas aussi laïc qu’on pouvait le dire Un certain nombre de personnes vont passer du nationalisme arabe à l’islamisme Dans les années 1970, les gouvernements dans plusieurs pays musulmans et notamment dans les pays arabes sont menacés par des partis islamistes se réclamant d’une idéologie nouvelle I. L’essor des mouvements islamistes dans le monde arabe 1) Le contexte : le tournant des années 1960 - Ces mouvements islamistes sont certes liés aux mouvements de l’islam politique nés à la fin des années 1930 comme les Frères Musulmans, mais ils sont très différents - Des origines liées au déclin du nationalisme arabe Des mouvements islamistes naissent dans les années 1960 mais restent marginaux à cette époque encore dominée par le nationalisme panarabe Toutefois, celui-ci va décliner suite à la défaite de 1967, qui porte un coup fatal au nationalisme arabe et à Nasser qui l’incarnait (il meurt en 1970) L’émergence des mouvements islamistes est favorisée par l’essor des pays du Golfe dans le monde arabe suite au choc pétrolier de 1973 (augmentation de la rente pétrolière) - Apparition d’une nouvelle génération d’islamistes par la suite Les nouvelles générations d’islamistes sont plus alphabétisées, elles n’ont pas connu de luttes nationales, elles ne trouvent pas d’emplois donc s’engagent dans l’islam radical pour contester le régime en place Ces nouvelles générations vont adhérer à des idéologies fondées dans les années 1960 contestant la domination traditionnelle sunnite ou chiite 2) Une double rupture : avec la théologie traditionnelle et avec le réformisme du début du XXe siècle 48 Histoire du Moyen-Orient contemporain II – Cours de C. Verdeil – Notes de Michel Erpelding - Contestation de la dissociation du politique et du religieux L’islam codifie le droit civil, intervenant ainsi dans tous les domaines de la société : pour certains, cela est une preuve que l’islam ne peut pas dissocier le politique du religieux Toutefois, une telle interprétation est contraire à la théologie traditionnelle o Dans les exégèses des théologiens sunnites classiques, il faut lutter à tout prix contre la fitna, c’est-à-dire les conflits et troubles inter-musulmans Il est ainsi préférable d’avoir un pouvoir musulman injuste qu’un pouvoir non musulman ou un pouvoir musulman renversé Si le savant Ibn Taymiyya a théorisé le combat des musulmans contre d’autres musulmans, il l’a fait dans le contexte de l’invasion des Mongols (ceux-ci étaient musulmans, mais Ibn Taymiyya considérait qu’on pouvait les combattre dans la mesure où ils n’étaient pas de « vrais musulmans ») En dépit du contexte historique différent, les écrits d’Ibn Taymiyya sont repris par l’islamisme radical d’aujourd’hui o Selon la théologie musulmane traditionnelle, le jihâd est conçu comme une obligation collective (fard kifâya : si une partie de la communauté s’en charge, le reste en est déchargé) de lutte qui sert à protéger un territoire ou lutter contre des dissidents, c'est-à-dire qu’il est mené par des Etats Les réformistes musulmans du XXe siècle étaient également très partisans de la séparation du pouvoir politique et du religieux o Ainsi, Mohammed Abduh n’a pas protesté quand l’islam n’était pas religion d’Etat en Egypte à l’époque alors qu’il était mufti d’Egypte o Ce contre quoi les réformistes comme Rachid Rida luttent, ce sont les lois qui ne sont pas « musulmanes » mais « européennes » dans un pays musulman comme l’Egypte o Toutefois, avec Rachid Rida, l’idée qu’on puisse combattre un Etat musulman ou des musulmans a fait son chemin 3) Une nouvelle idéologie du jihad - Une des idées au centre la nébuleuse islamiste est une définition restrictive de ce qu’est un « véritable croyant musulman » - Sayyid Qutb (1906‐1966) Pendu par le gouvernement nassérien De la même génération qu’Hassan al Banna, il a fait les mêmes études que lui, a travaillé au Ministère de l’Education Dans les années 1930, il est proche d’hommes de lettres comme Taha Hussein et débat avec eux en dépit de certains désaccords Il se tournera à nouveau vers l’islam à la fin des années 1940 notamment suite à une mission en Europe qui l’aura rendu farouchement anti-européen Sayyid Qutb va être Frère Musulman, mais va être emprisonné et torturé, ce qui le poussera à la radicalisation Publications o A l’ombre du Coran 49 Histoire du Moyen-Orient contemporain II – Cours de C. Verdeil – Notes de Michel Erpelding Une exégèse pas du tout orthodoxe ou classique o Ma`alim fi al-tariq Reprend le premier livre mais avec beaucoup plus de radicalité Le concept central est la jahiliyya (ignorance, société antéislamique) Pour Sayyid Qutb, il y a des Etats musulmans impies, même s’ils se considèrent musulmans comme l’Egypte de Nasser Il considère que ces Etats peuvent être combattus car ils n’appliquent pas vraiment la sharia, qu’ils sont dans l’ignorance, sans pour autant préciser ce que cela recouvre Il justifie de façon théorique le fait de détruire l’Etat égyptien dans sa forme actuelle Ainsi, ses écrits seront utilisés pour prendre les armes contre un Etat musulman que les islamistes jugent « non-musulman » Les descendants de Sayyid Qutb vont être encore plus radicaux o À partir des années 1980, ceux-ci considèrent que le jihad n’est pas une obligation collective, mais individuelle (fard `ayn) Selon cette conception, un « vrai musulman » se doit de lutter contre un Etat « non-musulman » (comme l’Egypte de Sadate par exemple) o D’autre part, cette théorie de l’islam radical accorde une place importante à l’émigration (hijra) Il faudrait quitter les « faux musulmans » ou non-musulmans pour une terre « plus musulmane », comme le Prophète et ses compagnons ont jadis quitté les Mecquois pour s’installer à Médine Les tenants de ce discours considèrent qu’on pourrait revenir dans ces territoires une fois qu’ils auront été « islamisés » et seront devenus « plus respectueux » de l’islam D’autre part, il y a un autre théoricien de l’islam radical c’est Mawdûdî (1903‐1979) on se localise dans le sous-continent indien : en 1947, l’Inde devient indépendante, a lieu la partition de l’Inde avec le Pakistan (composé à l’époque du Pakistan et du Bengladesh). Mawdûdî s’exprime en urdu (en caractère arabe, langue dérivée du persan, vocabulaire dérivé de l’arabe), il fait partie de tous ces penseurs musulmans de l’Inde réfléchissant à ce que doit devenir cet Etat indien, il appelle à un Etat musulman, il va fonder en 1941 un parti islamiste qui va dominer pendant longtemps l’islam politique au Pakistan, c’est un parti moins nationaliste que musulman radical, il n’appelle pas seulement à un pays réunissant des musulmans du sous-continent indien indépendant, mais appelle tous ces musulmans du sous-continent indien à combattre pour l’établissement de ce régime. Il faut bien voir aussi que cette théorisation du combat pour établir un Etat musulman, se fait dans un contexte de l’indépendance de l’Inde où les musulmans se sentent menacés. Son parti n’est pas clandestin, il participe à la vie politique, mais ne rallie pas encore les masses (jusqu’aux années 40) de ce que va devenir le Pakistan. Mawdûdî est mis sur le même plan que les Frères Musulmans. Khomeiny en Iran fait partie de ceux qui ont théorisé cet islam radical, avec la révolution iranienne : il prône la souveraineté pour les Docteurs de la Loi religieuse les plus compétents ; il s’oppose au Chah d’Iran donc encourage le combat contre ce pouvoir laïc qui se dit musulman, il dit que le pouvoir du Chah est injuste et donc il doit être combattu en tant que tel, il dénonce le fait que le Chah d’Iran soit trop proche de l’Occident (place de la femme ou conseillers militaires 50 Histoire du Moyen-Orient contemporain II – Cours de C. Verdeil – Notes de Michel Erpelding américains très présents dans le pays). Khomeiny justifie ainsi que les Docteurs de la loi musulmane soient appelés à être les leaders de la révolution et donc gouverner, et qu’il est légitime de combattre par les armes un pouvoir injuste. II. Les succès et revers politiques des islamistes 1) Vers la prise du pouvoir ? - La révolution iranienne de 1979, premier succès des islamistes - Décembre 1979 : invasion de l’Afghanistan par l’URSS L’occupation se prolongera jusqu’en 1989 Durant cette guerre, les moudjahidines résistants sont financés par la CIA américaine dans un contexte de Guerre froide Ces moudjahidines vont jouer un très grand rôle dans le développement d’un islam radical extrêmement violent Pendant toute la guerre contre l’URSS, ils sont encadrés et formés par les services spéciaux américains, anglais et pakistanais - 6 octobre 1981 : assassinat de Sadate par un combattant issu des milieux jihadistes La montée des islamistes sous Sadate, un phénomène favorisé par le pouvoir o Sadate est arrivé au pouvoir en 1970 à la mort de Nasser o Il fit partie des Officiers libres et aussi des Frères Musulmans o Il a été libéral économiquement et politiquement notamment dans le fait qu’il laisse s’installer dans les campus universitaires égyptiens les associations musulmanes o Pour Sadate, cette ouverture par rapport aux islamistes un moyen de lutter contre les mouvements de gauche arabes qui sont aussi très présents sur les campus universitaires que ce soit en Egypte ou au Liban o Le nombre d’étudiants doublent dans les années 1970 en Egypte et ces mouvements islamistes ont un véritable succès grâce à certaines revendications (bus séparés, vêtements « islamiques », etc.). o Aux yeux de Sadate, ces mouvements islamistes sont très conservateurs donc jugés pas dangereux politiquement o On appelle ces associations islamistes « jama‘at al-islamiyya » dans les années 1970, elles seront interdites après 1977 La rupture o En 1977, Sadate reconnait implicitement Israël en allant prononcer un discours à la Knesset o La même année, il y a des émeutes de la faim en Egypte qui témoignent de la paupérisation croissante de la population sociale suite à la libéralisation économique de Sadate o il y a alors une première rupture avec les mouvements islamistes, ces jama‘at alislamiyya vont être interdites mais vont demeurer clandestinement notamment au Caire Les raisons de l’assassinat 51 Histoire du Moyen-Orient contemporain II – Cours de C. Verdeil – Notes de Michel Erpelding o Sadate est accusé d’être un mauvais musulman à la tête d’un gouvernement impie qui reconnait Israël L’échec de la prise de pouvoir des islamistes et la répression o L’assassinat de Sadate a lieu lors d’un défilé militaire devant les télévisions, cela devait servir de prélude à la prise de pouvoir de ces jihadistes selon ces derniers o Mais ce n’est pas ce qui s’est passé, les auteurs de l’attentat sont arrêtés et il y aura une répression redoutable Arrestations de nombreuses personnes qui militaient dans différentes organisations islamistes Beaucoup de ces personnes vont être torturées en prison, parmi eux le numéro deux d’Al Qaida, Ayman Zawahiri (1951‐) 2) Échec de l’islamisme politique, essor du fondamentalisme (G. Kepel, O. Roy) - Les théoriciens de la fin de l’islamisme politique Gilles Kepel est professeur à Sciences-Po, politologue spécialiste de l’islamisme Olivier Roy est plus philosophe, et s’intéresse aux mouvements islamistes d’Asie centrale - Thèse L’islamisme politique a échoué dans sa volonté de prise de pouvoir : en Algérie, en Egypte, etc. L’échec de l’islamisme politique est dû à l’alliance entre la bourgeoisie (que Kepel appelle « le bazar », bourgeoisie commerçante notamment en Iran) et la jeunesse urbaine éduquée qui ne trouve pas sa place dans l’ascension sociale et qui va être séduite par les idées islamistes pour contester le pouvoir en place et non par pure idéologie Le fondamentalisme, quant à lui se caractérise par le culte des saints et l’individualisation des pratiques : chacun se construit sa petite religion personnelle 3) Un phénomène politique dirigé contre la domination occidentale (F.Burgat) - L’Auteur François Burgat est directeur de l’Institut français du Proche-Orient à Damas Il est davantage sur le terrain que d’autres penseurs comme Kepel Il a une vision de l’islamisme politique différente de Kepel et Roy - Thèse Burgat ne nie pas que les islamistes radicaux n’ont pas réussi à prendre le pouvoir car c’est un fait Toutefois, il remet en cause l’idée que cela soit lié à l’échec de leur idéologie Il pense plutôt que cela est du à l’efficacité de la répression des régimes policiers en place Dans la théorie de Kepel, il y avait l’idée que les mouvements islamistes allaient prendre le pouvoir par le haut en chassant les musulmans en place du pouvoir, et Kepel pense que cela a été remplacé par une prise de pouvoir par le bas 52 Histoire du Moyen-Orient contemporain II – Cours de C. Verdeil – Notes de Michel Erpelding Burgat, quant à lui, dit que cette prise de pouvoir par le bas a en fait toujours existé : cela correspond à des mouvements qui veulent islamiser la société, ces deux mouvements sont complémentaires Dans la lecture de certains islamistes, le monde musulman ne serait pas vraiment décolonisé car les régimes qui ont remplacé les puissances coloniales ne tiennent que grâce à l’appui des Occidentaux (au premier rang desquels les Etats-Unis) et ne font que mener la politique des Occidentaux Donc pour Burgat, l’islamisme ce n’est pas le fait d’établir un régime musulman mais c’est davantage une lutte antioccidentale, il dit que l’islamisme politique est moins un pouvoir qui se veut religieux mais plutôt un retour des populations du Sud (pauvre, peu développée, contestent le Nord riche et développé) Pour lui l’islamisme, est un moyen de rendre la modernité acceptable, c'est-à-dire sans avoir le sentiment de renier ses origines, Ainsi, la violence de l’islamisme est liée aux convulsions du monde musulman confronté à la modernité mais qui va finalement finir par l’accepter Vision moins essentialiste, mais concentrée sur une lutte politique : la violence n’est donc pas liée à l’islam en tant que tel III. Des courants très divers Cet islam politique a aujourd’hui 4 grands courants très divers (Burési) - Le courant traditionaliste (i. e. le courant le plus proche de la tradition) Le Coran ne se comprend pas sans avoir recours à l’interprétation des savants et des hadiths du Prophète C’est dans ce courant que se recrutent tous les dignitaires religieux méfiants du pouvoir politique Ce courant traditionnaliste est très divers Il met l’accent sur la réforme individuelle de chaque musulman, et n’est pas nécessairement hostile aux confréries soufies - Le courant fondamentaliste Rejette toute la tradition d’interprétation présente dans l’islam Isole souvent des versets du Coran pour les interpréter dans le sens qu’il le souhaite (et donc de façon différente de la tradition islamique) Accepte une modernité scientifique et technique Ces courants fondamentalistes sont très forts car encouragés par l’Arabie Saoudite, la Ligue islamique mondiale, etc. : ils ont donc des ressorts internationaux - L’islam politique Très lié au courant fondamentaliste Action militante à l’égard de la société Il joue un rôle important dans l’éducation, au niveau social (cf. le Hezbollah ou le Hamas) Ce sont des mouvements qui ont des aspirations politiques o Ils jouent un rôle sur la vie politique o Ils souhaitent résoudre les problèmes du pays grâce à l’islam 53 Histoire du Moyen-Orient contemporain II – Cours de C. Verdeil – Notes de Michel Erpelding Islam politique et fondamentalisme s’inscrivent dans une même mouvance - Le néo-fondamentalisme Privilégie une lecture littérale du Caron, c’est-à-dire sans interprétation ou commentaire Souhaite revenir aux premiers temps de l’islam perçu comme un âge d’or Ce mouvement est très internationalisé dans le sens où il ne prend pas forme dans un territoire donné limité (contrairement aux Frères Musulmans qui ont des préoccupations politiques propres à l’Etat dans lequel ils se trouvent) Pour ces néo-fondamentalistes, le jihad est quelque chose d’individuel et de transnational o ils nient ainsi l’Etat o ils n’ont pas d’aspiration politique dans un cadre national (par exemple, Ben Laden n’a jamais voulu prendre le pouvoir en Afghanistan) Pour ces néo-fondamentalistes, tous les musulmans du monde entier devaient venir combattre les soviétiques en Afghanistan La figure d’ Oussama Ben Laden (1957 ou 1958 ‐) o Saoudien, il recrutait des combattants pour le jihad afghan dans les années 1980 (il était davantage un recruteur qu’un combattant) o Le nombre de volontaires augmentent à la fin des années 1980, il fonde « Al Qaida » (« la base », référence aux bases de données informatiques des combattants et aussi à la base militaire près de Jaji en Afghanistan) o Al Qaida a quasiment été décimé en 2001 à la suite de l’intervention américaine en Afghanistan après le 11 septembre Cet islamisme fondamentaliste est très minoritaire dans l’islam o Il a tué beaucoup de musulmans notamment via beaucoup d’attentats aveugles o Il n’a pas de liens forts (notamment en termes d’idéologie) avec les mouvements palestiniens car c’est un mouvement transnational et donc sans d’ancrage nationaliste Conclusion de la 7e séance Trois grandes lectures de l’islamisme : - Pour la plupart des auteurs, l’islamisme succède au panarabisme et nationalisme arabe Or, aujourd’hui, cette idée est nuancée car le nationalisme arabe bien qu’étant laïc était musulman - L’Islamisme radical a une série d’attentats à son « actif », tandis que l’islam politique n’a, de son côté, pas réussi à établir sa mainmise sur le pouvoir hormis en Iran - Les mouvements islamistes radicaux ne sont pas nécessairement opposés à la modernité technique de l’Occident, mais plutôt au pouvoir économique et politique que l’Occident exerce sur le reste du monde 54 Histoire du Moyen-Orient contemporain II – Cours de C. Verdeil – Notes de Michel Erpelding 8e séance : Les régimes du Moyen-Orient aujourd’hui, des pouvoirs autoritaires I. Depuis la fin des années 1960, des régimes plus stables 1) La longévité des régimes en place - - - Syrie Néo-ba’th en 1966 (Salah Jadîd) Hafez al-Assad (1930-2000) devient président en 1970 Irak Abdel Rahman Aref en 1963 Hassan al-Bakr et Saddam Hussein en 1968 Saddam Hussein seul à la tête de l’État irakien après 1979 : il prend alors le contrôle du Conseil du Commandement de la Révlution Égypte Mort de Nasser le 28 septembre 1970 Anouar el-Sadate est élu président en octobre 1970 avec 90 % des voix 2) Des successions sans révolution - Contrairement à certaines prévisions, les successions n’ont pas durablement affaibli les régimes en place - Jordanie Mort du roi Hussein en 1999 Son fils ‘Abdallah lui succède Cette succession s’est passée sans heurts, alors même qu’’Abdallah a été préféré à Hassan, frère du roi, qui avait été préparé à la succession depuis quelques années et écarté de la succession au dernier moment Mise en place de certaines mesures de libéralisation par ‘Abdallah, suivies aussitôt de mesures de répression - Syrie Hafez al-Assad meurt en 2000 Son fils Bachar lui succède Même si beaucoup d’observateurs s’attendaient à un effondrement du régime syrien, celui-ci est resté stable Comme en Jordanie, le début des années 2000 en Syrie fut marqué par certaines mesures de libéralisation plus ou moins éphémères - Une inconnue : la succession de Moubarak en Égypte - Cas particulier de l’Irak : est-ce vraiment un régime irakien ? 3) La place de l’armée et des services de sécurité 55 Histoire du Moyen-Orient contemporain II – Cours de C. Verdeil – Notes de Michel Erpelding - Le rôle de l’armée n’est toutefois pas le même dans tous les États - Cas de la Syrie On estime que 1/6 de la population en dépend Elle absorbe plus de 40 % du budget national et plus de 6 % du PIB 320 000 hommes en 2003 Rôles divers de l’armée o Moyen de contrôle de la population o Rôle économique : redistribution des revenus de l’État o Rôle social : emploi des jeunes - Irak Sous Saddam Hussein o Une armée baasiste Épuration des officiers non-baasistes Adhésion obligatoire des officiers au parti Ba’th Liquidation de certains officiers qui auraient pu faire de l’ombrage à Saddam Hussein Plus de 100 000 déserteurs pendant la guerre Iran-Irak o Une armée dominée par les civils Officiers doublés de commissaires politiques baasistes Certains civils (comme Saddam Hussein lui-même) sont nommés officiers en dépit de leur manque de connaissances : cela explique en partie l’échec de l’Irak lors de la guerre contre l’Iran o Les services de sécurité Fedayin de Saddam Garde républicaine II. État policier, contrôle des élections, encadrement de la population : les moyens de se maintenir au pouvoir 1) Des chefs d’État inamovibles - Constitution syrienne Président élu tous les 7 ans : candidat unique présenté par le Ba’th à l’Assemblée du Peuple Contrôle tous les pouvoirs Echappe à tout contrôle Destitution seulement possible après vote 2/3 des membres de l’Assemblée du Peuple et la sanction de la Haute Cour constitutionnelle présidée par… le Président lui-même - Constitution égyptienne Jusqu’en 2005, les élections sont en fait un plébiscite : candidat unique élu au suffrage universel (Moubarak élu en 1993 avec 96 % des voix) 56 Histoire du Moyen-Orient contemporain II – Cours de C. Verdeil – Notes de Michel Erpelding Depuis 2005, d’autres candidatures sont théoriquement possibles, mais tout est fait pour dissuader les opposants de se présenter - Constitution irakienne sous Saddam Hussein Saddam Hussein concentrait tous les pouvoirs : Président de la République, chef des forces armées, secrétaire général du Parti Ba’th, Premier ministre En 1999, Saddam Hussein fait organiser un plébiscite qui le confirme à la tête de l’État pour 7 ans : 99,xx % de voix favorables (Saddam Hussein s’est fait donner les noms de ceux qui n’avaient pas voté en sa faveur) 2) Le contrôle des élections - Partis officiels Bénéficient de moyens financiers importants o Le budget du commandement national du ba’th syrien oscille entre 350 et 500 millions de livres syriennes sans compter les fonds spéciaux (le budget de l’Éducation nationale est de 578 millions de livres en 2006) La vie politique égyptienne est dominée par le Parti national démocratique (PND), fondé par Sadate o Des candidats indépendants rallient souvent le PND pour être élus o En 1994, le Wafd est de nouveau autorisé o Les Frères musulmans ne peuvent pas se présenter en tant que tels : ils sont obligés de s’allier au Wafd 3) Des États policiers - Égypte : vit depuis 1981 (assassinat de Sadate) sous l’état d’urgence Torture systématique Limitations aux libertés de réunion et d’association Sujets sensibles tabouisés o Place des femmes o Organisation des élections o Situation des coptes Pratique de la peine de mort o Environ 100 personnes exécutées en 5 ans à la fin des années 1990 - Régimes plus libéraux en Jordanie et au Liban - Chaque État a ses prétextes ou fausses accusations pour réduire au silence les opposants Liban : accusation de collaboration avec les Israéliens, écoutes téléphoniques contre des journalistes 4) L’encadrement de la population - Impossibilité d’obtenir de poste sans être affilié au parti dominant Très fort culte de la personnalité 57 Histoire du Moyen-Orient contemporain II – Cours de C. Verdeil – Notes de Michel Erpelding Varie selon les pays : p. ex. légère baisse du culte de la personnalité sous Bachar al-Assad (en comparaison au culte voué à son père, Hafez al-Assad) III. Une société sous contrôle - Alternance de phases de concessions et de répression à l’égard des islamistes Campagnes d’arrestations, d’élargissement… 1) Face aux islamistes : concessions… - Égypte : État se présente comme islamique pour couper l’herbe sous le pied des islamistes Depuis 1980, l’islam et la sharia sont la source principale du droit (et non plus seulement une des sources du droit) Contrôle de l’islam officiel, incarné par le recteur d’al-Azhar o A très fermement condamné les attentats du 11 septembre 2001 et ceux de Louxor o Soutien politique du parti dominant : p. ex. fatwa pour demander la flagellation des journalistes ayant critiqué le pouvoir 2) …et répression - Syrie : moins de concessions, plus de répression Ecrasement dans le sang des Frères musulmans à Hama en 1982 o Nombre exact de morts inconnu (on parle de 25 000 personnes tuées) o Centre ville rasé 3) Autoritarisme, libéralisation, accommodements - Alternance entre autoritarisme et mouvements de libéralisation Limites aux libertés de presse, de réunion et d’association légèrement desserrées Phases de libéralisation souvent suivies de phases de resserrement Alternent en fonction du contexte international o Ex. fin de la Guerre froide a fait des États-Unis le seul arbitre de la région o Ex. arrivée de nombreux réfugiés irakiens en Jordanie après 2003 a favorisé nouvelles répressions - Libéralisation économique à partir des années 1980 A permis aux régimes de gagner le soutien des entrepreneurs Conclusion de la séance 8 - Facteurs de maintien de ces régimes Beaucoup de régimes soutenus par l’Occident parce qu’ils se présentent comme seul rempart contre l’islamisme Guerre Poids de tribus, des clans, des familles dans la vie politique 58 Histoire du Moyen-Orient contemporain II – Cours de C. Verdeil – Notes de Michel Erpelding Pauvreté Situation économique e 9 séance : Les pays du Golfe - Pays longtemps considérés comme marginaux au sein du monde arabe - Aujourd’hui, ces pays ce situent au centre du monde arabe Importance politique, économique et stratégique Surtout liée aux ressources en hydrocarbures Rayonnement lié au rapport entre l’importance de la richesse économique et la faible densité démographique : ces pays attirent de nombreux étrangers, originaires du monde arabe et au-delà - Rôle culturel Cf. Médias (Al-Jazira, Al-Arabiyya etc.) Ne date pas de la création d’Al-Jazira : l’Arabie saoudite a un rayonnement culturel important depuis sa création I. Le pétrole et après ? 1) L’exploitation des richesses pétrolières - Exploitation relativement aisée Golfe arabo-persique peu profond Pression élevée des nappes pétrolières : pétrole monte facilement à la surface D’où marges très importantes sur l’exploitation des gisements pétroliers : 2-3 dollars par baril (contre 10 dollars dans le Golfe du Mexique p. ex.) - Découverte du pétrole Dans la plupart des pays du Golfe, l’exploitation du pétrole remonte à la fin des années 1930 o Koweït : 1938 o Arabie saoudite : 1938 o Toutefois, à cause de la Seconde Guerre mondiale, la véritable exploitation ne démarre qu’après 1945 Exceptions o Iran : 1908 o Émirats arabes unis : 1958 - Production très importante depuis les années 1970 30 % de la production pétrolière mondiale (pays du Golfe et Iran) Production de l’Arabie saoudite (13 % de la production mondiale) o 100 millions de tonnes en 1965 o 484 millions de tonnes en 1981 o 514 millions de tonnes en 2006 Autres grands producteurs : Iran, Irak (fluctuations importantes), EAU 59 Histoire du Moyen-Orient contemporain II – Cours de C. Verdeil – Notes de Michel Erpelding Producteurs plus petits : Oman, Qatar, Yémen 2) La rente pétrolière : des revenus importants mais fluctuants - Phases différentes 1950-1970 o Croissance de la production et des revenus o Pays producteurs prennent davantage le contrôle de la production, avec des tensions plus ou moins fortes selon les pays o OPEP créée en 1961 : permet aux pays pétroliers d’affecter les prix en jouant sur la production 1970-1985 o Augmentation très rapide des prix en raison des 1er (1973) et 2e (1979) chocs pétroliers o Poursuite de la politique de prise de contrôle Arabie saoudite Émirats arabes unis o Très grande prospérité 1985-1995 : contre-choc pétrolier, baisse de la demande et des revenus Depuis 1995 o Nouvelle augmentation du prix du pétrole o Liée à l’augmentation de la demande, due notamment au développement des pays asiatiques et du commerce international - Revenus pétroliers 1970 : 1,7 milliards de dollars 1980 : 184 milliards de dollars 1986 : 41 milliards de dollars 1990 : environ 100 milliards de dollars 2003 : 200 milliards de dollars 2006 : 480 milliards de dollars 3) Pétrole et développement - L’enrichissement des pays du Golfe n’est pas toujours allé de pair avec une augmentation de l’indice de développement humain - Toutefois, le pétrole a été un facteur de modernisation incontestable Exemple de l’Arabie saoudite o 1952 : création de l’agence monétaire d’Arabie saoudite, qui deviendra par la suite la banque centrale o 1957 : l’Arabie saoudite devient membre du FMI o Création d’un système bancaire 3 banques dans les années 1960 12 banques en 1974 o Modernisation des infrastructures : routes, aéroports, ports 60 Histoire du Moyen-Orient contemporain II – Cours de C. Verdeil – Notes de Michel Erpelding Exemple des EAU o Port de Dubaï très moderne, rivalise avec celui de Singapour - Echec des tentatives d’industrialisation Les différents plans élaborés notamment dans les années 1960 en Arabie saoudite ont tous échoué : investissements lourds, peu de résultats L’industrie se limite à la pétrochimie et au bâtiment - Développement du commerce Principale ville commerçante en Arabie saoudite : Jeddah (beaucoup de familles commerçantes saoudiennes sont originaires du Hedjaz, de la Syrie, du Yémen et de Perse) Dubaï a été le centre du commerce des perles jusqu’à la Seconde Guerre mondiale et reste un des centres mondiaux du commerce d’or - Limites du développement Indice du développement humain (IDH) reste inférieur à celui des pays au PIB comparable (il faut toutefois reconnaître que cet indice mesure des facteurs qui ne peuvent pas être changés sur le court terme, comme p. ex. le niveau d’éducation) 4) Les alternatives au pétrole - Activités liées au pétrole Le raffinage n’est pas encore généralisé : le Golfe continue à exporter beaucoup de pétrole brut Certains pays tentent d’acquérir un savoir-faire plus étendu dans la transformation des produits pétroliers L’on essaie également de « nationaliser » les cadres des entreprises pétrolières : création d’écoles spécialisées locales - Gaz naturel - Autres industries Aluminium (Dubaï, Bahreïn) : lié au pétrole, car nécessite beaucoup d’énergie Réparation navale Bâtiment - Activités tertiaires Depuis les années 1970, la place bancaire de Beyrouth s’efface au profit de celle de Bahreïn, concurrencée à son tour par Dubaï depuis la fin des années 1990 - Politique de scolarisation : bilan en demi-teinte EAU o Primaire : 85 % des garçons, 82 % des filles sont scolarisées (niveau comparable à celui du Maroc) 61 Histoire du Moyen-Orient contemporain II – Cours de C. Verdeil – Notes de Michel Erpelding o - Secondaire : 65 % des jeunes (plus de filles que de garçons) Baisse de la part des hydrocarbures dans le PNB des pays du Golfe, même si elle reste élevée EAU : 47 % (beaucoup de différences selon l’Émirat en question) Bahreïn : 25 % II. Des États sous protection américaine - Domination anglaise jusque dans les années 1930-1970 1) Les Émirats : de la domination anglaise à la protection saoudienne et américaine - Début XIXe siècle : conclusion d’accords avec certaines familles d’émirs dans le Golfe But : sécurisation du Golfe, étape stratégique sur la route des Indes o Avant l’ouverture du Canal de Suez en 1869, les marchandises en provenance ou à destination de l’Europe sont déchargées pour être transportées par voie terrestre à travers le Golfe o Avec l’ouverture du Canal de Suez, la zone devient progressivement moins stratégique o Avec la découverte du pétrole au début du XXe siècle, l’intérêt stratégique de la région se retrouve renforcé - Indépendances 1961 : indépendance du Koweït 1968 : Britanniques annoncent qu’ils se retirent du Golfe Création des EAU (que le Qatar et le Bahreïn ont refusé d’intégrer) - Une région aux frontières parfois contestées Le Koweït, un émirat convoité o Rappel : Ibn Saoud avait déjà jeté son dévolu sur ce territoire o En 1961, l’Irak déclare revendiquer le Koweït Cette revendication devient plus forte au cours des années 1980, avec l’endettement croissant de l’Irak à cause de sa guerre contre l’Iran o 1990 : invasion du Koweït par Saddam Hussein, riposte d’une coalition de pays occidentaux et arabes (les Jordaniens et les Palestiniens n’ont pas pris clairement position contre l’invasion du Koweït : d’où mesures de rétorsion contre les populations palestinienne et jordanienne vivant dans le Golfe) Le Bahreïn, un territoire revendiqué par l’Iran jusque dans les années 1970 o Dirigeants sunnites, population majoritairement chiites Existence de beaucoup d’autres frontières contestées 2) L’Arabie saoudite : une monarchie dominée par la famille Sa’ûd - La phase difficile du début des années 1990 Déclin des revenus pétroliers Prix très élevé de la guerre du Golfe, largement financée par l’Arabie saoudite 62 Histoire du Moyen-Orient contemporain II – Cours de C. Verdeil – Notes de Michel Erpelding Contestation des liens entre l’Arabie saoudite et les États-Unis, surtout par les islamistes 1992 : vote d’une loi fondamentale saoudienne (limite quelque peu les pouvoirs du roi) Attentats contre des installations gouvernementales et occidentales III. Un fort rayonnement régional et au-delà 1) Le rayonnement de l’Arabie saoudite dans le monde musulman - Importance des lieux saints Pèlerinage : principale source de revenus de l’Arabie saoudite jusqu’à la découverte du pétrole Augmentation des nombres des pèlerins o 1935 : 50 000 o 1991 : 1,7 millions o 2004 : plus de 2 millions - Prosélytisme de l’islam wahhabite Financement de mosquées et d’écoles religieuses Appuyé par l’organisation de la Conférence islamique, fondée en 1965 et dont le siège est à Jeddah 2) La redistribution des revenus pétroliers via les migrations - Des pays peu peuplés avec une population souvent peu qualifiée Présence d’une population immigrée très importante Existait déjà à l’époque d’Ibn Saoud S’est intensifiée après le 1er choc pétrolier o Jusqu’en 1973 : 1 millions d’étrangers, surtout des Arabes o Après 1973 : augmentation du nombre, diversification des origines o 2000 : 10,5 millions d’étrangers (1/3 de la population) 25 % en Arabie saoudite 75 % au Qatar Conditions de vie plus ou moins confortables selon leur nationalité et leur emploi Remise très importante des immigrés o Statistiques pour 2004 3,3 milliards de dollars pour l’Égypte 2,3 milliards de dollars pour la Jordanie 1,3 milliards de dollars pour le Yémen 0,8 milliards de dollars pour la Syrie 3) Le tourisme : Dubaï - But formulé en 2008 : 15 millions de touristes par an Investissements très lourds 4) Un nouveau rôle dans les médias : al-Jazira et al-Arabia 63 Histoire du Moyen-Orient contemporain II – Cours de C. Verdeil – Notes de Michel Erpelding - Importance d’Al-Jazira (chiffres de 2003) 1 400 employés 450 journalistes 35 millions de téléspectateurs au Moyen-Orient 15 millions en Europe et aux États-Unis Conclusion de la 9e séance - Politiquement, le Golfe reste dominé par les États-Unis - Importants problèmes environnementaux Taux d’émission de CO2 par habitant très élevé Pollution du littoral et des déserts 64 Histoire du Moyen-Orient contemporain II – Cours de C. Verdeil – Notes de Michel Erpelding 10 séance : Le processus de paix et son échec (1991-2005) e I. Les accords d’Oslo - Principe : « La terre contre la paix » Israéliens se retirent progressivement des territoires occupés en 1967 Palestiniens reconnaissent Israël - Les accords d’Oslo ne devaient pas donner une solution définitive, mais lancer un processus au bout duquel devait être créé un État palestinien Dès l’origine, beaucoup de questions épineuses ont été remises à plus tard o Statut de Jérusalem o Réfugiés palestiniens 1) Les traités - 13 septembre 1994 : signature des accords d’Oslo à Washington Signature précédé d’un échange de lettres entre Rabin et Arafat o OLP reconnaît droit d’Israël à l’existence o Israël reconnaît l’OLP comme interlocuteur Prévoit - Autres textes Accords du Caire (mai 1994) o Retrait de l’armée israélienne de Jéricho et de Gaza o Fin de la période transitoire fixée Oslo II (septembre 1995) o Election d’un Conseil palestinien de 82 membres o Division de la Cisjordanie en 3 zones 2) Les trois zones de Cisjordanie (cf. carte du Monde diplomatique) - Zone A (grandes villes palestiniennes) Caractéristiques o 3 % du territoire o 20 % de la population Placée sous le contrôle direct de l’Autorité palestinienne - Zone B (villages palestiniens) Caractéristiques o 465 villages o 70 % de la population Autorité palestinienne exerce autorité municipale, mais l’armée israélienne peut intervenir à tout moment 65 Histoire du Moyen-Orient contemporain II – Cours de C. Verdeil – Notes de Michel Erpelding - Zone C (70 % du territoire) Contrôle exclusif de l’armée israélienne - Idée derrière cette distinction La Zone B devait progressivement se transformer en Zone A, la Zone C en Zone B 3) Les retraits israéliens - Juillet 1994 : Israël se retire des 2/3 de la bande de Gaza Le tiers restant demeure sous occupation : l’armée israélienne veut protéger les 8 000 colons restants de la bande de Gaza - Janvier 1996 : élections dans les territoires autonomes Arafat élu avec 88 % des voix au terme d’élections démocratiques - Janvier 1997 : 2/3 d’Hébron évacués - 1998 : partie de la Zone C transformée en zone B - Novembre 1998 : ouverture de l’aéroport de Gaza - Toutefois, la plupart de ces retraits n’ont pas été effectués selon le calendrier initialement prévu Les Israéliens tentent à chaque fois de renégocier les accords conclus De même, ils sont assez inquiets de la situation sécuritaire en Cisjordanie o Ils ne font pas confiance aux forces de sécurité palestiniennes, issues pour la plupart de l’Intifada o Les agressions entre communautés augmentent également à partir du milieu des années 1990 II. L’enlisement du processus de paix - Février 1994 : massacre au Tombeau des Patriarches à Hébron Le colon extrémiste Baruch Goldstein assassine des Palestiniens musulmans à l’intérieur de la mosquée - À partir de 1994, le Hamas organise des attentats-suicide en Israël - Assassinat d’Itzhak Rabin le 4 novembre 1995 par un extrémiste juif israélien Cet assassinat a lieu à l’issue d’une campagne de contestation particulièrement haineuse de la part des milieux israéliens opposés à la paix 1) Les atermoiements israéliens - Mai 1996 : arrivée de Netanyahou au pouvoir Refuse l’idée d’un État palestinien 66 Histoire du Moyen-Orient contemporain II – Cours de C. Verdeil – Notes de Michel Erpelding Les Américains l’obligent quand même à négocier - Mai 1999 : Ehoud Barak arrive au pouvoir Veut passer aux négociations finales avec les Palestiniens Tente également de négocier avec les Syriens o Négociations ont presque abouti : Hafez al-Assad allait signer le texte sur lequel les deux parties s’étaient entendues (retrait du Golan contre paix avec Israël) o Refus de Barak au dernier moment : ne voulait pas affronter l’opinion publique israélienne - Négociations de Camp David (novembre 2000) Contexte : fin du mandat de Bill Clinton Israéliens font des propositions de retrait o Retrait de 80 % de la Cisjordanie o 10 % occupés pendant 20 ans o 10 % gardés Toutefois, pas de propositions concrètes sur Jérusalem et les réfugiés Yasser Arafat refuse d’accepter un tel accord, mais ne fait pas de contre-proposition Intense campagne de presse visant à faire d’Arafat le seul responsable de l’échec de Camp David o Joue un rôle très important dans l’image d’Arafat aux yeux de l’opinion publique internationale : image d’homme de paix désormais écornée o Négociateurs s’étaient séparés sur l’idée qu’il n’y avait pas de responsable unique de l’échec : d’où la surprise des responsables palestiniens d’être accusés de l’échec - Négociations à Taba (janvier 2001) On s’approche d’un accord : concessions majeures faites dans les deux camps Toutefois, les négociations sont suspendues avec l’approche des élections en Israël De même, la seconde Intifada a déjà commencé : la violence reprend le dessus 2) La poursuite de la colonisation - Augmentation constante du nombre de colons 1992 : 100 000 en Cisjordanie, 3 410 à Gaza 1996 : 145 000 en Cisjordanie, 5 500 à Gaza, 16 000 dans le Golan 2002 : 200 000 en Cisjordanie, 7 000 à Gaza, 17 000 dans le Golan - Depuis 1994, la population juive est devenue majoritaire à Jérusalem-Est - Disproportion entre la taille des colonies et la surface mise à leur disposition En 2002, les colonies occupent 1,7 % de la Cisjordanie mais 41 % de la Cisjordanie est mis à disposition des colonies 3) Le ressentiment des Palestiniens 67 Histoire du Moyen-Orient contemporain II – Cours de C. Verdeil – Notes de Michel Erpelding III. L’impasse 1) La seconde intifada et le retour à l’unilatéralisme - Septembre 2000 : Ariel Sharon sur l’esplanade des mosquées Janvier 2001 : 300 morts 11 novembre 2004 : mort de Yasser Arafat 2005 : Mahmûd ‘Abbas (Abû Mazen) élu Président de l’Autorité palestinienne 2) La Cisjordanie derrière le Mur - Augmentation du nombre de colons 2005 : 250 000 colons en Cisjordanie (hors Jérusalem) 2010 : 300 000 colons en Cisjordanie (hors Jérusalem) Contrôle de 40 % du territoire par les Israéliens 3) Gaza, « prison à ciel ouvert » - Août-septembre 2005 : retrait unilatéral de Gaza 68