1STG lycée Français de Tana SYNTHESE CHAP2 Communication Chapitre 2 La communication interpersonnelle : la construction du sens Parmi tous les domaines de la communication, celui de la communication interpersonnelle nous est le plus familier puisque nous le vivons au quotidien, dans les échanges de la vie sociale, amicale ou familiale. Communiquer entre individus n’est pas simplement transmettre de l’information, c’est aussi établir et maintenir une relation et construire du sens, ensemble, à travers des phénomènes d’influence réciproque. I. Communiquer, c’est établir une relation entre personnes Nous vivons quotidiennement des situations de communication, en établissant des relations avec d’autres personnes. Exemples. Discuter avec ses parents, ses collègues ou ses camarades ; acheter dans un magasin ; participer à une réunion ; faire un exposé ; passer un examen ou un entretien d’embauche ; demander des renseignements ; parler avec un client, son voisin ou son employeur. 1. Les acteurs de la situation de communication Les acteurs sont les partenaires d’une situation de communication qui échangent des paroles, des signes et construisent du sens ensemble à partir de ces échanges, dans le cadre d’une relation. L’identité des acteurs intervient fortement dans l’échange de communication, tout comme les relations affectives qu’ils entretiennent avec leurs interlocuteurs (sympathie ou antipathie, amour ou amitié, etc.). Exemple. Dans une entreprise, une jeune collaboratrice, qui a reçu une éducation stricte en matière de politesse et de respect des personnes plus âgées, aura du mal à dire à son supérieur hiérarchique qu’elle n’est pas de son avis. Ce ne sera peut-être pas le cas de son collègue, jeune aussi mais ambitieux, et qui, en outre, n’apprécie pas la personnalité du chef. 2. La relation La relation est le lien qui s’établit dans le rapport à autrui à l’occasion de nos échanges avec des personnes connues ou inconnues. Ces relations peuvent être fugitives ou durables, choisies ou non. Exemples. Deux ou trois personnes dans une conversation ; un client et un fournisseur au téléphone ; un groupe en réunion de travail ; des voyageurs silencieux qui cohabitent dans un wagon le temps d’un trajet. 1 1STG lycée Français de Tana SYNTHESE CHAP2 Communication Un observateur silencieux qui vient se joindre à une discussion en face-à-face devient également acteur de la relation dans la mesure où sa présence, même muette, sera interprétée par les personnes en train de communiquer et influera sur leur comportement. Exemple. Deux personnes discutent des méfaits de la pollution quand une troisième, conductrice d’une vieille voiture, peu respectueuse des normes antipollution, se joint à elles. Leurs propos deviennent alors plus dénonciateurs encore et, du coin de l’œil, l’une d’entre elles observe et interprète les réactions du pollueur un peu gêné et muet, en captant ses mimiques et ses regards. La relation passe donc toujours par la communication. Celle-ci emprunte différents canaux : propos échangés, regards, sourires, attitudes (distantes ou ouvertes), silences, etc. II. Communiquer, c’est interpréter Les acteurs d’un échange, sans même en avoir conscience, captent, interprètent, évaluent une multitude de signes produits réciproquement. Ces signes sont des mots, bien sûr, mais aussi des regards, des expressions, des sourires, des postures, des tons de voix, des rythmes de conversation, etc. Chacun s’interroge sur les sous-entendus et les non-dits, les intentions, les motivations… qu’il croit percevoir et réagit à tout cela. Exemples. « Pourquoi dit-il cela ? » ; « Que pense-t-elle de ce que je dis ? » On appelle donc « interaction » ce phénomène d’influence à double sens avec des effets mutuels qui fait que l’on ne peut être en présence d’autrui sans être affecté par cette présence. III. Communiquer, c’est construire son identité Lorsque nous communiquons, nous construisons notre identité. En effet, chaque situation de communication est porteuse d’enjeux pour chaque acteur et nous permet d’exprimer notre identité. 1. Les enjeux personnels Dans une situation de communication interpersonnelle, l’enjeu est ce que l’on recherche, ce que l’on vise (consciemment ou inconsciemment), ce que l’on risque (de gagner ou de perdre) à travers cette relation. Exemples. Entretenir/refuser une relation de voisinage ; se mettre en valeur, se faire remarquer/être rejeté ; définir sa place dans un groupe ; se protéger d’attaques éventuelles/les subir ; faire passer (ou pas) une idée à laquelle on croit ; se sentir utile à quelqu’un en lui donnant une information ; dire du mal d’autrui par vengeance ou en donnant libre cours à sa méchanceté ; tenir bien (ou mal) un rôle professionnel (être un commercial convaincant) ou personnel (être un parent vigilant). Ces enjeux vont influer de manière importante sur les attitudes et les comportements des acteurs pendant et après chaque situation de communication et, par là même, faire évoluer leur identité. Exemple. Être mis à l’écart d’un groupe après un premier contact amène à remettre en cause son identité et parfois à perdre confiance en soi. Si l’inverse se produit, on se sent accepté et plus confiant. 2 1STG lycée Français de Tana SYNTHESE CHAP2 Communication 2. L’expression de l’identité des acteurs Dans la relation qui se joue entre les acteurs de la communication, chacun exprime sa personnalité, ses valeurs, son monde intérieur, sa culture, ses expériences, ses opinions, ses connaissances, en un mot : son identité. Et chacun parle de soi avec le langage verbal mais aussi d’autres signes : sa manière de s’habiller, sa façon de parler, de transmettre ses émotions, etc. L’expression de soi, la construction de son image sont des enjeux majeurs dans toute situation de communication. En effet, c’est dans la relation que nous nous forgeons une idée de nous-mêmes, de notre personnalité, de l’effet que nous produisons sur autrui dans tel ou tel contexte. Exemples. « Finalement, je ne suis pas si timide » ou « Je partage avec ces gens-là un même goût pour la musique. » L’identité est donc une perception de nous-mêmes : nous nous sentons semblables à autrui par certains côtés mais spécifiques par d’autres. IV. Communiquer, c’est respecter des usages Notre manière de communiquer respecte (ou non !) un certain nombre d’usages, de pratiques de savoir-vivre, de règles de politesse qui ont pour fonction de faciliter les interactions. 1. Les rituels Les rituels sont des habitudes ou coutumes à valeur symbolique, présentes dans toutes les sociétés. Exemple. Se saluer pour démarrer la relation dans un climat propice. Dans la communication, ils ont pour fonction de rendre les échanges conformes aux attentes de la société ou du groupe. On trouve des rituels dans toutes les cultures, même si leurs codes varient. 2. Les codes Les codes sont une certaine manière de parler ou de se comporter, dans un contexte donné. Exemple. En entreprise, serrer la main de son interlocuteur et ne pas utiliser un langage familier. Ces codes varient d’une culture à l’autre et selon les groupes sociaux. Exemple 1. La manière de se saluer entre jeunes au lycée n’est pas semblable à celle du monde du travail. Exemple 2. Les Japonais ne serrent pas spontanément la main de leur interlocuteur mais inclinent le haut du corps. 3 1STG lycée Français de Tana SYNTHESE CHAP2 Communication V. Communiquer, c’est construire du sens à plusieurs, dans un contexte donné Le contexte de communication englobe une mosaïque d’éléments qui vont influer sur l’échange. 1. Le type de relation Le type de relation habituel entre les acteurs d’une situation de communication dépend de : − leur statut ; Exemple. Supérieur hiérarchique ou employé. − leur rôle ; Exemple. Leader ou participant effacé lors d’une réunion. − leur place dans une structure sociale. Exemple. Jeune ou personne âgée. 2. L’espace L’espace désigne le lieu dans lequel se déroule la communication. Sa nature et sa dimension, ses caractéristiques (couleurs, éclairages, formes, etc.) influent sur les échanges. Exemple 1. En entreprise, on communique différemment devant la machine à café ou en réunion, y compris sur le même sujet. Exemple 2. Une salle de réunion trop grande n’est pas propice aux échanges. 3. Le temps Selon le temps dont on dispose, on adapte à la fois le message et la manière de le formuler. Exemple. Quelques minutes peuvent suffire pour conseiller le client d’un cabinet de gestion sur l’adoption de tel ou tel régime fiscal, alors que deux heures seraient nécessaires lors d’un dîner d’affaires. 4. La distance de communication La distance de communication est la distance corporelle entre les acteurs. Elle varie selon la situation de communication. Il y a gêne lorsqu’elle est inadaptée. Exemple 1. La distance est réduite pour la confidence ou la séduction, plus grande pour une relation d’employé à supérieur hiérarchique. Exemple 2. Regard lointain pour compenser la proximité physique dans le métro aux heures de pointe. 4