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Toutes les questions qui nous sont posées aujourd’hui les invitent à relever ce défi : la prise en charge des malades,
la permanence des soins à la fois hospitaliers et ambulatoires, la prévention, le dépistage, le diagnostic,
l’organisation de la santé mentale, la chronicité des maladies, la démographie médicale, l’investissement,…
Cette nouvelle responsabilité territoriale nécessite une impulsion qui puisse favoriser un maillage local plus étroit:
A travers, d’un côté, une meilleure articulation entre la ville et l’hôpital. Plusieurs outils me semblent à
cet égard fondamentaux : les systèmes d’information, la formation des jeunes, l’accélération des transferts de
compétences, l’organisation des soins de proximité… cela nécessite une coordination de l’ensemble des acteurs
tournés vers le service rendu et centrés sur les patients.
A travers également une coopération plus poussée entre les établissements. Cette coopération doit
permettre, sur la base d’un projet médical partagé, la constitution de véritables filières graduées de prise en
charge du patient. Le télé-AVC sur l’Artois et le Hainaut est un exemple, mais il y en d’autres. Le schéma cible
de la permanence de soins sur lequel nous travaillons actuellement, ou encore l’exemple de la prise en charge
du cancer, comme nous le verrons ce matin, montre les gains que l’on peut tirer d’une meilleure structuration
de l’offre autour de critères de qualité.
Le débat que nous allons avoir ce matin sur l’accessibilité à la santé devra néanmoins continuer à s’affirmer dans
notre région afin d’être porté collectivement et solidairement au niveau national.
Car en matière de santé, la population de la région reste mal en point.
Ce constat, tous les élus, et j’en fais partie au premier chef, ainsi que les professionnels le font depuis longtemps.
En matière de santé, les besoins de la population sont plus prégnants et nos indices sanitaires largement en deçà
des moyennes nationales.
Le Nord-Pas de Calais détient en effet de bien tristes records. C’est la première région de France en termes de
mortalité générale et de mortalité prématurée (avant 65 ans). C’est la région où l’espérance de vie à la naissance y
est l’une des plus basses de France (3 ans de moins pour les hommes et 2 ans pour les femmes).
Elle est également au premier rang de la mortalité pour les cancers, pour les troubles mentaux et les pathologies
de l'appareil circulatoire, et pour les troubles du système respiratoire et de l'appareil digestif.
L’état de santé de la population y est significativement plus dégradé qu’ailleurs en France. Les causes sont
multifactorielles : des situations sociales critiques (nous avons un taux de chômage de 3 points supérieur à la
moyenne nationale), une précarité qui augmente (nous avons un taux de pauvreté de 5 points supérieur à la
moyenne nationale), des modes de vie et des conditions de travail plus exposés (nous avons une prévalence de
l’obésité de 6 points supérieure à la moyenne). Or ces multiples causes entrainent paradoxalement une faible
surconsommation de soins, et des taux de recours aux soins tardifs.
De plus, et il s’agit là d’un fait relativement nouveau, notre région jusqu’ici considérée comme « jeune » va
commencer à voir l’âge moyen de sa population augmenter.
Or, dans notre région, les personnes âgées sont dépendantes plus précocement qu’au niveau national, tandis
qu’elles sont atteintes de polypathologies acquises bien avant 60 ans.
En 2020, l’INSEE projette en effet que la population de la région se stabilise en nombre, mais que sa structure va
fortement se modifier, avec une forte hausse des plus de 60 ans. Le défi est donc là aussi, pour nous.
Face à ce constat dont il est de notre responsabilité d’anticiper dès maintenant les conséquences, nos moyens ne
sont malheureusement pas plus élevés qu’ailleurs.
Je dirai même qu’ils sont, pour certains, en deçà. Par exemple notre déficit de professionnels de santé par
rapport à la moyenne nationale est patent. Nous avons 27% de spécialistes de moins qu’ailleurs. D'ici à 2020, il
nous faudra recruter pour la région 25 500 professionnels de santé - médicaux et para-médicaux, hospitaliers et
libéraux - dans un contexte démographique difficile.
Je tiens en outre à souligner ici, et je m’en suis déjà entretenu avec le Dr GRALL, que la situation financière des
établissements publics de la région se dégrade. Plus d’un établissement sur deux était en déficit en 2012, avec un
risque d’aggravation en 2013. C’est pour moi un grave sujet de préoccupation, et qui concerne également
beaucoup d’élus, présidents de Conseil de Surveillance.
De l’analyse de l’état des prévisions de recettes et de dépenses des établissements publics de la région en 2013, il
ressort que les résultats se dégradent - de -15 millions en 2012 à –30 millions en 2013 - entrainant un doublement
prévisionnel des déficits des établissements, et même si les résultats des budgets annexes permettent d’atténuer
ces résultats.
Cette situation financière est pour autant hétérogène avec quelques établissements en situation très tendue.