Plan de Cours STG : Raison, Expèrience, Vérité.
Eléments d’introduction :
- Nombreuses croyances, sentiments et apparences de vérités.
- Nombreuses expèriences, observationsmais peuvent être source d’erreurs.
- Problème : Si la vérité semble évidente pour tous mais que paradoxalement la réelle
vérité est à cachée, à dévoiler, quels sont les critères permettant de débusquer la
vérité ?
I Les critères de la vérité
1- Vérité et opinion
La raison : logos, raisonnement rationnel ; monde désenchanté (non mystifié)
Au contraire, la doxa, l’opinion est un préjugé sans preuves ; Multiple et s’appuyant sur le
vraisemblable.
Platon : Allégorie de la caverne : La doxa est multiple, ce qui apparaît et ce que croient les
autres ; La vérité au contraire est unique, elle est immuable éclairée par le bien suprême
(soleil).
- Toutes les vérités se valent-elles : absurdité du raisonnement, si toutes les vérités se
valent il n’y a plus de vérité possible. « Si l’homme est la mesure de toutes choses »
(Protagoras), ce qu’il dit est infirmé-> absurdité. Texte de Platon (p117).
- La vérité de Protagoras n’est vraie pour personne, pas même pour lui.
- L’opinion diffère donc de la vérité.
2- Vérité et raison :
La raison doit être un guide sûr pour échapper à la croyance. Il s’agit de suivre une
méthode et de se guider avec la raison en procédant par ordre, selon une certaine méthode.
Descartes : le discours de la méthode texte (p 114 et 147)
4 règles : Evidence, analyse, ordre et dénombrement.
Se baser sur le modèle mathématique. (cf cours)
Pourtant les hommes ne se basent pas sur les raisonnements pour conduire leur vie :
source d’erreurs et de conflits ; Ils agissent comme les autres, à partir de ce qui leur parait
vraisemblable. Mais ces croyances sont incertaines et ne peuvent être retenus comme des
critères de vérité. Teste de Hobbes (p 114).
3- Sur quoi se fonde la vérité ?
- une validité logique : Principe de non contradiction et validité formelle ; Syllogisme »
Tous les hommes sont mortels, Socrate est un homme donc Socrate est mortel ».
Universel, particulier, général.
- Une conformité des jugements aux faits présents dans la réalité. Le jugement ne
profère ni faux ni vrai c’est dans l’adéquation au réel que le vrai se rencontre. Texte de
Russel (p 103 et 106) « C’est le fait qui rend la croyance vraie ».
Transition : Croyance et opinion se distinguent de la raison. La raison doit être un guide et
s’exercer selon une méthode ordonnée. Elle est un fil directeur permettant d’atteindre une
vérité. Cependant la raison ne suffit pas. Car un raisonnement valide formellement peut ne pas
correspondre à la réalité ; il s’agit donc de donner une définition plus complète à la vérité ;
elle doit manifester l’adéquation du jugement et du réel.
En quoi Raison et vérité entretiennent t’elles des liens étroits, Dans le champ de la science
qu’est-ce qui permet d’accéder au vrai ? Quelles sont les clefs que la raison donne à la vérité ?
II- Expérience et raison= vérité.
1- Sans expérience, pas de connaissance possible. Il n’y a que de la spéculation, c’est
l’expérience qui apporte une connaissance. (Ex feu->sensation->idée de la chaleur)
Hume (texte p 151)
C’est la sensation qui est la cause de l’idée. Courant de l’empirisme (basé sur l’expérience)
2- Mais l’expérience ne suffit pas. Limite de l’empirisme ; Expérience et raison sont liées ;
C’est l’esprit qui organise sa recherche. L’expérience n’est qu’une étape dans l’ensemble de
la démarche hypothético déductive.
a- hypothèse- b expérimentation- c théorie.
La raison formule des hypothèses, émet des conjectures ; Si l’expérience valide, la théorie
est acceptée.
3- La raison prime sur l’expérience (Textes p 148 :149)
- L’expérience immédiate est à distinguer de l’expérience scientifique ;
- L’expérience scientifique est une étape.
- Construction du fait scientifique. Se dégager des croyances, des apparences. Il faut
raisonner, repérer le visible dans l’invisible, le même dans le différent.
- Faire parler la raison ; Il faut imaginer, théoriser, émettre des hypothèses qui n’existent pas
dans la réalité ; A partir de l’observation des faits ; construire un raisonnement (cf cours vérité
S)
Conclusion
L’opinion et la croyance sont des obstacles à la vérité. Seule la raison se limitant dans le
domaine de l’expérience permet d’accéder au vrai ; mais la raison prime sur l’expérience :
établir des raisonnements et savoir ce qu’on cherche en suivant une méthode : accès à la
vérité.
Supplément au cours ( pour approfondir)
I- A quoi reconnaît-on la vérité ?
1- Vérité et erreur
- Il faut d’abord la distinguer de ce qu’elle n’est pas. Pour la reconnaître, il faut la
délimiter en opposant ce qui s’en rapproche et s’en différencie.
- La vérité se distingue de l’erreur : D’où provient l’erreur ? D’une précipitation ou
d’une prévention ; se précipiter pour savoir, C’est un obstacle ; La curiosité, l’avidité
de repère.
Descartes : « Ceux qui se croyant plus habiles qu’ils ne sont, ne se peuvent empêcher de
se précipiter leurs jugements, ni avoir assez de patience pour conduire par ordre toutes
leurs pensées » Discours de la méthode ; Bachelard reprend cette problématique de
l’erreur. L’obstacle épistémologique est interne. Issu de préjugés, de curiosité ou
d’impatience, il nous empêche d’accéder au vrai. Cause de l’erreur. « Toute notre
connaissance scientifique est un travail de rectification de nous-mêmes ». (La formation
de l’esprit scientifique).
- L’erreur peut être d’ordre logique :
Selon le principe de non contradiction (ou principe d’identité) érigée par Aristote A A ne
sont pas compatibles de manière simultanée.
Les syllogismes : Aspect formel de la vérité. (cours domi) Nécessité d’une validité formelle
des jugements et des propositions.
2- Vérité et opinion
- Pour autant ce critère logique est-il suffisant ? Il faut une adéquation du jugement et du réel ;
Un fait-> « c’est le fait qui rend la croyance vraie, et ce fait ne présuppose pas l’esprit de la
personne qui est le sujet de la croyance » Russel- Problèmes de philosophie. La vérité se
distingue donc de l’opinion, de la croyance qui sont des créations, des affabulations de
l’esprit. Comment définir l’opinion-> pbme, parait vraisemblable, fait l’objet d’un
assentiment général, manifeste l’apparaître. Ce qui apparaît n’est pas toujours vrai, Pourquoi
l’opinion n’est elle pas une vérité ?
- Platon Allégorie de la caverne- Chapitre VII de la République. Pour les prisonniers, le
monde sensible, l’apparaître est le vrai. « Il est indubitable que pour ces gens là, la
réalité ne saurait être autre choses que les ombres des objets confectionnés ». Le
prisonnier libéré voit enfin les objets véritables. Accéder au vrai c’est donc se libérer de
l’illusion, de l’opinion. C’est faire une ascension laborieuse vers le Bien (Vrai) ; C’est se
désengluer des préjugés et croyances. C’est voir le même, l’unique et non plus se perdre
dans le multiple.
Le soleil, BIEN/VRAI « le prisonnier viendrait à conclure au sujet du soleil, que c’est lui
qui produit les saisons et les années, qu’il gouverne tout dans le monde visible et qu’il est
en quelque manière la cause de toutes choses »
-Platon, Phédon : L’essence, le vrai est toujours identique/ le visible, sensible est
changeant et multiple ; donc le vrai est un, identique, immuable ; L’essence est la notion
intelligible donnant un sens ultime à la réalité des choses. Si le vrai est une adéquation du
jugement au réel et que le réel est l’essence l’opinion est nécessairement vraie, c’est croire
que la copie est l’original ? Dans le Cratyle, Platon explique qu’une connaissance mobile
n’est pas une connaissance. Car « si tout se transforme et rien ne demeure, aucune
connaissance n’est possible » Donc la connaissance se fonde sur une essence unique,
absolue, immuable.
Peut-il y avoir des opinions vraies ? Pour Platon « Toutes les opinions que
n’accompagnent pas la science sont disconvenantes, les meilleures d’entre elles sont
aveugles » Il peut y avoir des opinions vraies par hasard mais elles ne sont pas fixes,
prouvées, attachées à l’essence. On peut donc distinguer les philosophes (guidés par le
logos vers les essences de la réalité vraie) de philodoxes qui se complaisent dans la
confusion, la multiplicité des opinions (Platon ; République) « Les gens qui contemplent
la multiplicité des belles choses mais qui ne voient pas le beau en soi n’ont aucunement
conscience de ce dont ils ont opinion. » Il y a donc un seul savoir, unique et une multitude
de croyances ; Dés lors, « le fait d’être lié distingue la science de l’opinion correcte ».
3/ Raison et vérité
Donc la vérité fait intervenir la RAISON (le logos). LA DOXA (opinion) et Le PATHOS
(affect, désirs, sentiments) sont des ennemis de la vérité. Pour interpréter le réel il faut
user de la raison ; Pour faire de la philosophie comme de la science, il faut se défaire de ce
qui apparaît dans la matière, dans le réel. Il faut se dégager de ce qu’on croit ou ce qui
semble le plus vrai ; Pour faire une enquête, ce qui apparaît manifestement n’est jamais ce
qui est vrai ; Il s’agit donc de dévoiler la vérité. Reconstruction de la vérité à l’aide de la
raison. La raison est un guide permettant de se repérer et de donner une signification, de
comprendre l’enchaînement logique ou physique d’une réalité ; La vérité ne se manifeste
donc pas dans la contemplation du réel mais dans l’action de la raison pour y mettre un
ordre ; pour autant, si tous les hommes disposent de la raison, il s’agit ensuite de bien
l’utiliser pour accéder au vrai ; la vérité ne se donne pas ; elle se trouve. Descartes,
discours de la méthode : « Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée […] car
ce n’est pas assez d’avoir l’esprit bon, mais le principal, c’est de l’appliquer bien »
Il s’agit donc d’appliquer une méthode qui soit sûre ; Pour Descartes, le critère de la vérité
c’est la clarté et la distinction de l’évidence ; Les mathématiques qui sont nécessairement
vrais et indubitables sont le modèle sur lequel s’appuyer pour parvenir à une vérité
certaine. « Je me plaisais surtout aux mathématiques à cause de la certitude et de
l’évidence de leurs raisons…les fondements étant si fermes et si solides, on n’avait rien
bâti dessus de plus relevé » ; Chercher le vrai c’est d’abord douter, remettre en question
ses croyances pour reconstruire de manière plus assurée. « Mais que, pour toutes les
opinions que j avais reçues jusqu’alors en ma créance, je ne pouvais mieux faire que
d’entreprendre une bonne fois pour toutes de les en ôter, afin d’y remettre par après, ou
d’autres meilleures, ou bien les mêmes, lorsque je les aurai ajustées au niveau de la
raison. » ; Il s’agit donc d’agir avec prudence et méthode « comme un homme qui marche
dans les ténèbres ». Il faut suivre une méthode très simple permettant d’accéder au vrai.
« chercher la vraie méthode pour parvenir à la connaissance de toutes les choses dont
mon esprit serait capable » ;
4 règles de la méthode : Evidence, analyse, ordre et dénombrement : « Le premier était
de ne jamais recevoir aucune chose pour vraie, que je ne la connusse évidemment être
comme telle : c'est-à-dire d’éviter soigneusement la précipitation et la prévention et de ne
comprendre rien de plus en mes jugements que ce qui se présenterait si clairement et si
distinctement à mon esprit que je n’eusse aucune occasion de le mettre en doute.Le
second, de diviser chacune des difficultés que j’examinerais, en autant de parcelles qu’il
se pourrait, et qu’il serait requis pour les mieux résoudre. Le troisième, de conduire par
ordre mes pensées en commençant par les objets les plus simples et les plus aisés à
connaître pour monter peu à peu, comme par degrés, jusqu’à la connaissance des plus
composés, et supposant même de l’ordre entre ceux qui ne se précèdent point
naturellement les uns les autres.Et le dernier de faire partout des dénombrements si
entiers et des revues si générales que je fusse assuré de ne rien omettre. »
Transition : La méthode est donc le guide permettant de bien conduire la raison. En
s’appuyant sur le modèle des vérités mathématiques, on peut accéder au vrai dans les
autres champs ; La vérité a donc également un aspect moral l’opposant au mensonge ;
Dire le vrai c’est être légitime. Dire le vrai c’est avoir des arguments et des preuves
logiques et matérielles permettant de remplir l’exigence d’adéquation entre le jugement et
le elle ; C’est la raison qui en est la garante. Pour accéder au vrai, il s’agit donc de
désenchanter le monde selon l’expression de Max Weber ; Il faut distinguer le vrai, le réel
de l’imaginaire, de l’irrationnel, de l’illusoire. C’est l’objet de la science ; Aujourd’hui ce
qui est considéré comme vrai est ce qui témoigne de preuves concrètes ancrées dans
l’expérience. Mais alors la vérité platonicienne qualifiée d’absolue et soutenue par une
hiérarchie des essences peut être considérée comme de la pure spéculation. La philosophie
cartésienne ; même dans le sens elle ne s’appuie que sur la pensée en rejetant
l’expérience comme source de connaissance est elle invalidée ? Si on enlève la qualité
d’absoluité qui ne peut être garantie que par u principe divin dont nous n’avons pas la
preuve, la vérité s’effondre t’elle ? Non dans le champ de l’épistémologie (philosophie des
sciences) , paradigme moderne de la vérité, les critères sont à saisir dans l’expérimentation
et dans l’adéquation du jugement et des faits.
II- Quels sont les critères de la vérité scientifique ?
1- Nécessité de l’expérience dans la connaissance
Problème : philosophie antique et même classique ne s’appuient sur des idées dont nous
n’avons pas la preuve car nous n’en avons aucune expérience. Dés lors c’est de la
spéculation qui ne peut se référer au modèle des sciences expérimentales.
- Hume, Enquête sur l’entendement humain ; Toute idée vient de la sensation. Sans
expérience, aucune idée possible ;
- Kant, critique de la raison pure, Seul le phénomène, objet d’expérience est
connaissable, toute ce qui le dépasse est pensable mais ne peut être objet de savoir, on
ne peut donc pas en détenir la vérité. « Toute connaissance commence avec
l’expérience », « Il n’y a de connaissance qu’à partir de l’expérience. »
- L’expérience permet une vérification, elle est « une pierre de touche » selon
l’expression de Kant. Sans elle la raison divague et cherche à affirmer ce qu’elle ne
peut connaître. « En dehors de la pierre de touche de l’expérience, la raison humaine
est vouée à des contradictions inévitables et sans fin »
- Dans le domaine de la science, de l’épistémologie, l’expérience est indispensable à
toute affirmation de vérité. Dans le champ scientifique, la méthode hypothético-
déductive est la seule acceptable ; L’expérience est le lieu de la validation ou du rejet
des hypothèses. Elle est seul juge des jugements humains, critère de vérification de la
fausseté ou de la vérité. Francis Bacon, précurseur de la méthode expérimentale
moderne affirme le primat de l’expérience ? Pour lui, les concepts sont des idoles
altérant l’image de la nature. Il prône l’induction (rassemblement d’observations pour
saisir les formes de la nature). L’expérience a donc un statut privilégié ;
Transition : Pour autant, si l’expérience est fondamentale dans l’acquisition d’une
connaissance, d’une vérité, Est-elle suffisante, peut elle se passer de la raison ? Faut-il séparer
théorie et expérience, matière et esprit, raison et réel ? La vérité ne rencontre t’elle pas
précisément dans l’union des deux ?
2- Dans la méthode hypothetico déductive, théorie et expérience sont irrémédiablement
liées :
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