Rapport périodique
Original : français
Rapport périodique 11 n° 00755/Algérie - page 1
CONVENTION POUR LA SAUVEGARDE DU
PATRIMOINE CULTUREL IMMATÉRIEL
COMITÉ INTERGOUVERNEMENTAL DE
SAUVEGARDE DU PATRIMOINE CULTUREL IMMATÉRIEL
Sixième session
Bali, Indonésie
novembre 2011
RAPPORT PERIODIQUE N° 00755 / ALGERIE
RAPPORT SUR LA MISE EN ŒUVRE DE LA CONVENTION ET SUR LETAT DES ELEMENTS QUI ONT ETE
INSCRITS SUR LA LISTE REPRESENTATIVE DU PATRIMOINE CULTUREL IMMATERIEL DE LHUMANITE
A.
PAGE DE COUVERTURE
A.1.
État auteur du présent rapport
Dans le cas d’un rapport au sujet d’un élément inscrit sur la Liste représentative soumis
par un État non partie à la Convention, le nom de l’État doit être indiqué, accompagné de
la mention « État non partie à la Convention ».
Algérie
A.2.
Date du dépôt de l’instrument de ratification, d’acceptation, d’approbation ou
d’adhésion
Elle peut être consultée en ligne à l’adresse suivante :
www.unesco.org/culture/ich.
15/03/2004
A.3.
Éléments inscrits sur la Liste de sauvegarde urgente, le cas échéant
Veuillez établir une liste de tous les éléments présents sur le territoire de votre pays qui
sont inscrits sur la Liste de sauvegarde urgente et indiquer en quelle année ils y ont été
inscrits ; pour ce qui est des éléments multinationaux, veuillez indiquer quels autres États
sont concernés.
Néant
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A.4.
Éléments inscrits sur la Liste représentative, le cas échéant
Veuillez établir la liste de tous les éléments présents sur le territoire de votre pays qui sont
inscrits sur la Liste représentative et indiquer en quelle année ils y ont été inscrits ; pour ce
qui est des éléments multinationaux, veuillez indiquer quels autres États sont concernés.
L’Ahellil du Gourara (2008)
A.5.
Programmes, projets ou activités considérés comme les plus conformes aux
principes et objectifs de la Convention, le cas échéant
Veuillez établir la liste de tous les programmes, projets ou activités de votre pays que le
Comité a décidé de promouvoir en vertu de l’article 18, en indiquant en quelle année ils
ont été sélectionnés ; pour ce qui est des éléments multinationaux, veuillez indiquer quels
autres États sont concernés.
Néant
A.6.
Synthèse du rapport
Veuillez fournir une synthèse du rapport, qui permette au grand public de comprendre
l’état davancement général des mesures prises au niveau national pour mettre en œuvre
la Convention.
500 mots au maximum.
Le patrimoine culturel immatériel en Algérie a régi la vie sociale depuis des temps
immémoriaux. Même si les structures et les modes de vie induits par la modernité ont
largement investi les rapports sociaux, la culture transmise oralement a conservé toute sa
vigueur. Les normes sociales et les valeurs éthiques de la société ont été diffusées et relayées
par le verbe et la praxis qui conservent un statut lisible dans le comportement des citoyens.
L’écrit est perçu comme atone et anonyme. La parole engage, personnifie, témoigne. C’est
pourquoi la tradition orale est demeurée vivace. C’est par le verbe que les réunions de
l’assemblée de village sont conduites et conclues.
La graphie dans ses usages sociaux, dans l’ensemble du Maghreb, n’a pas trois mille ans. Les
vestiges scripturaires les plus anciens sont en caractères libyques puis tifinaghes pour
transcrire la langue Amazighe avant d’être relayés par la graphie arabe dès le VIIIème siècle,
surtout à partir de l’époque des royaumes berbères médiévaux. Mais les écritures
n’intervenaient que sporadiquement dans la fixation de la culture. Aussi la mémoire collective a-
t-elle été considérablement renforcée par la nécessité de conserver le souvenir de décisions, de
normes, de savoirs et de savoir-faire sous formes de gestes, de poèmes, de légendes ou de
proverbes qui transmettent contenants et contenus.
Durant la période coloniale, face au droit français, la société avait maintenu un droit coutumier
local pour exprimer normes et valeurs. Il comprenait des règles non écrites mais
scrupuleusement apprises et transmises de génération en génération. Qu’il fût question de droit
civil ou de droit pénal, la société pratiquait des règles originales issues du croisement
alchimique de la civilisation musulmane et du substrat culturel Amazighe.
La société algérienne a aussi été créatrice de savoir-faire répondant à des besoins sociaux et
économiques et des arts étayant les temps forts de la vie. La chorégraphie traditionnelle s’est
développée en se déclinant en modalités régionales plurielles. Aujourd’hui encore, les danses
qui accompagnent l’ahellil, celles de la transe mystique, les danses de fêtes liées au mariage, à
la naissance, à la circoncision s’offrent dans leur unité - on les retrouve à travers le pays- mais
aussi dans leur diversité - chaque province conserve son style propre-. Le chant traditionnel
connaît des formes plurielles qui éclatent elles-mêmes en nombreux sous-genres. Tout cela a
induit l’émergence d’une gamme d’instruments musicaux fabriqués par des artisans talentueux.
C’est dire la fonction majeure de la tradition orale qui a permis la formation des artistes et des
artisans fabriquant céramique, bijou, tissage, ainsi que toutes sortes d’instruments et
Rapport périodique 11 n° 00755/Algérie - page 3
d’aménagements.
C’est fort de ce savoir et en déférente considération à ce legs que l’Algérie, après avoir
activement participé à l’élaboration de la convention de 2003, a adopté cet instrument
international comme premier Etat au monde. La loi nationale de 1998 reconnaît explicitement le
rôle prépondérant dans la construction de l’identité nationale, du patrimoine culturel immatériel.
L’Algérie s’est dotée des moyens réglementaires et juridiques lui permettant de le collecter, le
protéger, le promouvoir et le diffuser. Elle s’attèle aujourd’hui à l’inventorier, l’enregistrer, le
conserver, l’étudier et le revivifier en le structurant dans une banque nationale de données dont
l’alimentation est confiée aux chercheurs, aux érudits, aux détenteurs, aux praticiens et aux
communautés.
B.
MESURES PRISES EN APPLICATION DE LA CONVENTION
Dans toute la partie B, ci-dessous, on entend par « mesures » les mesures juridiques,
techniques, administratives et financières appropriées prises par l’État ou par la société
civile communautés, groupes, voire, lorsque c’est approprié, individus sous l’impulsion
de l’État. L’État doit décrire, chaque fois que c’est pertinent, les efforts qu’il déploie pour
assurer la plus large participation possible des communautés, des groupes et, le cas
échéant, des individus qui créent, entretiennent et transmettent des éléments de
patrimoine culturel immatériel et pour les impliquer de près dans leur gestion (article 15 de
la Convention).
B.1.
Capacités institutionnelles de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel
Rapport sur les mesures visant à renforcer les capacités institutionnelles de sauvegarde
du patrimoine culturel immatériel, comme indiq à l’article 13 de la Convention et au
paragraphe 99 des Directives opérationnelles.
B.1a
Organismes compétents pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel
Chaque État doit « désigner ou établir un ou plusieurs organismes compétents pour la
sauvegarde du patrimoine culturel immatériel présent sur son territoire » (article 13).
Veuillez indiquer à quelle(s) entité(s) cette responsabilité a été confiée et en communiquer
les coordonnées complètes.
Introduction : Actions de sauvegarde entreprises dès le recouvrement de l’indépendance
Dès le recouvrement de son indépendance en 1962, l’Algérie a pris conscience de l’importance
majeure de son patrimoine culturel qui fut pendant 132 ans ethnologisé, marginalisé ou
instrumentalisé comme folklore exotique au mieux, dilapidé et méprisé au pire. En recouvrant
sa souveraineté, l’Etat algérien a eu très vite pour souci de restaurer, réhabiliter et repositionner
dans leur statut légitime ce que les anthropologues ont appelé les constituants de la
personnalité de base. Ce qui fait que chaque Algérien ressemble à un autre Algérien, ce qui fait
en un mot l’identité collective et qui est d’essence éminemment culturelle.
Une disposition de décembre 1962 reconduisait la législation française pour autant que celle-ci
ne portait pas atteinte à la souveraineté nationale algérienne. C’est ainsi que les activités
culturelles et les initiatives portant sauvegarde du patrimoine culturel immatériel pouvaient être
envisagées dans le respect de la loi et non pas dans l’anarchie.
Dès l’année 1967, l’ordonnance 67-281 du 20 décembre 1967 organise la gestion et la
protection des biens culturels. Même si la culture immatérielle n’est pas explicitement citée, il
demeure que ce texte prend en compte la culture dans son intégralité. Son article 57 précise
d’ailleurs : « Tous les objets mobiliers ou immobiliers par destination, présentant un intérêt
national certain, du point de vue de l’histoire, de l’art et de l’archéologie ». Or, la culture
immatérielle présente un intérêt patent du double point de vue de l’art et de l’histoire.
En 1973, l’algérianisation de la législation nationale permettra d’initier des lois régissant de
façon originale et adéquate tous les secteurs de la vie nationale et en particulier celui de la
culture.
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L’Algérie, dès la fin de la colonisation française s’est attelée simultanément à développer les
instruments modernes de la culture (le livre avec la création de la Société Nationale d’Edition et
de Diffusion, le cinéma avec le lancement de l’Office National du Commerce et de l’Industrie
Cinématographiques, le théâtre avec la création du Théâtre National Algérien et de ses
théâtres régionaux, la valorisation du patrimoine et des musées etc. et à sortir de la
marginalisation pour la revivifier, sa culture traditionnelle millénaire.
En 1964 déjà, le ministère de l’information comprenait une « Direction de la culture populaire ».
Sous son égide, le « premier festival national du folklore » était organisé en juin-juillet 1964 et a
permis de réunir des groupes d’artistes venus de toutes les contrées de l’Algérie. Les musiques
populaires et les chorégraphies traditionnelles ont fait alors l’admiration du public qui découvrait
la richesse de son patrimoine culturel immatériel. Les troupes folkloriques venues de l’Algérie
profonde ont notamment donné d’inoubliables spectacles composés de danses costumées
représentant les styles et les régions du pays (targui, kabyle, al’alaoui, reguibi etc.).
Sur décision de l’Organisation de l’Union Africaine (OUA), l’Algérie a organisé en juillet 1969 le
premier festival culturel panafricain. Ce fut une opportunité historique précieuse pour le pays
organisateur de produire au grand jour et de valoriser son patrimoine culturel immatériel
millénaire. Ce fut le lieu et le moment d’affirmer sa personnalité de base et son identi
collective qui, après 132 ans d’occupation et de colonisation de peuplement, demandaient à
être réinvitées. L’Algérie montrait au monde que sa matrice civilisationnelle était
consubstantielle à son peuple et son terroir. Un des organisateurs de la grandiose
manifestation culturelle de juillet 1969, écrit dans la Revue du Festival : « Il est indispensable
qu’un continent qui s’ouvre volontairement aux lumières du progrès et au bonheur de vivre,
comprenne pourquoi nous ne sommes pas les héritiers du siècle de Périclès et les
constructeurs des cathédrales gothiques et pourquoi nous avons travaillé l’ivoire et l’ébène,
construit les murs de Fez et fait chanter les tambours et les cuivres ». Autrement dit, à la faveur
du festival, l’Algérie a dit haut et fort qu’on ne peut contribuer à l’universel que si l’on possède
des biens propres. Il fallait sortir du complexe du colonisé et du mimétisme culturel qui
l’accompagne. Il fallait signifier qu’on n’est pas redevable à une culture qui s’impose par la
contrainte. C’est pour analyser la force de résistance et les fonctions régaliennes de la culture
que fut organisé, dans le cadre du festival panafricain de 1969, le symposium d’Alger sur la
culture africaine. De nombreux chercheurs nationaux et étrangers y ont débattu pendant 10
jours de tous les aspects de la culture et, en particulier, de la place privilégiée qu’occupe la
culture immatérielle à travers le Continent.
De leur côté, et dès l’indépendance, l’Université d’Alger et le Centre de Recherches
Anthropologiques, Préhistoriques et Ethnographiques (CRAPE) ont mis sur pied des
programmes d’enseignement et de recherche visant à collecter et à analyser le substrat culturel
oral d’une densité et d’une richesse alors insoupçonnées. De nombreuses équipes de
recherche ont investi, entre les premières années de l’indépendance et le début du troisième
millénaire, des terrains anthropologiques productifs et variés. Le Centre National de
Recherches Préhistoriques, Anthropologiques et Historiques a organisé sur plusieurs années
de nombreux colloques internationaux du plus haut niveau sur le soufisme, sur l’anthropologie
et la musique, sur la culture orale, sur les savoir et savoir-faire …
Le CRAPE (Centre de recherches Anthropologiques, Préhistoriques et Ethnographiques)
devenu le CNRPAH a, en effet, organisé depuis près d’un demi-siècle de nombreux colloques
et séminaires consacrés au patrimoine culturel immatériel. Il dispose d’ores et déjà de plus
d’une centaine d’heures d’enregistrement de poésie populaire écrite et déclamée des XVIIème,
XVIIIème et XIXème siècles et le programme d’enrichissement de cet inventaire se poursuit. Il
dispose également de plusieurs centaines de bandes magnétiques enregistrées durant les
années 70 portant sur des musiques et chants du patrimoine national et qu’il est en train de
numériser. Les supports scientifiques de ce Centre (revues et collections) ont accueilli des
centaines d’études et d’articles consacrés en particulier à tout ce qui a trait à la tradition orale et
aux savoir-faire locaux. Pour n’évoquer à titre illustratif que quelques travaux d’anthropologie
culturelle publiés dans Libyca, on peut citer :
- Signification des rites et coutumes relatifs aux céréales
- les rituels
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- l’ahellil du Gourara
- La toilette féminine
- Aspect de l’artisanat chez les Kel Ahaggar
- Partage de la viande
- Enquête sur le portage de l’eau en Algérie
- Le décor chiromorphe des poteries
- Songes et Présages
- Stèles funéraires
- Observations sur les échelles musicales des Touaregs de l’Ahaggar
- Culture savante et culture vécue en Algérie
- Le récit héroïque de source arabe dans la littérature populaire algérienne
- Chants nationalistes algériens
- La transcription de la poésie chantée etc.
Dans ses diverses collections, le Centre National de recherches Préhistoriques,
Anthropologiques et Historiques (CNRPAH) a en outre, publié de nombreux ouvrages. Nous
n’en citerons que quelques uns à titre indicatif ;
- Les tanneurs de Marrakech
- Oralité africaine, colloque international (tI et tII)
- Littérature orale algérienne
- Art, civilisation et culture en Afrique
- Un village algérien, structure et évolution récente
- Djazia une princesses berbère
- l’ahellil du Gourara
- Cheikh Mohand a dit tI et tII
- L’imagerie mystique dans le folklore algérien
- Récits et histoire
- Du nomadisme : essai d’anthropologie historique
- Textes zénètes du Gourara
- Des voies et des voix
- Chants de femme en Kabylie
- Ksour et saints du Gourara
- Anthropologie et musique
- Mutations touarègues
- Chaussures traditionnelles algériennes
- Ecrits et paroles de Mouloud Mammeri
- Le jeu de la Bouqala
- Proverbes et dictons populaires du Mont Chenoua
- Les routes des caravanes
- Les touaregs du Hoggar
- Les collections ethnographiques des musées algériens etc.
Le CNRPAH a par ailleurs réalisé une série de films documentaires anthropologiques dont les
principaux sont :
- l’ahellil du Gourara
- l’imzad
- les bijoux traditionnels
- le rakb ((le pèlerinage au mausolée de Sidi Cheikh),
Il a également contribué à la réalisation d’autres documentaires anthropologiques en
collaboration avec l’Entreprise Nationale de Télévision.
De même que le CNRPAH est chargé de constituer la filmothèque de tous les dossiers
proposés au classement par l’UNESCO.
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