22 Chapitre 1. Enjeux, valeur & systèmes d’information
certains objets de coûts (tels la mise à disposition du poste de travail, des applications,
mais aussi les projets, la maintenance évolutive...1).
C’est aussi pendant cette période que l’on abandonne, quand cela est possible, le
développement spécifique pour les solutions sur « étagère », qu’il s’agisse de progiciels
de gestion globaux, susceptibles de traiter presque toutes les fonctions de l’entreprise,
les bien-nommés ERP, ou de progiciels spécialisés sur certaines fonctions telles la
CRM, la compta-gestion-finance, les workflows achat, la BI (Business Intelligence), etc.
qui alimenteront les approches best of breed des entreprises non convaincues par le
« tout en un » des PGI (Progiciels de gestion intégrée).
Au passif de cette période, on notera cependant des approches « achat » qui sont
souvent tombées dans le piège du « prix d’achat unitaire » le plus bas possible et qui ont
géré les prestations intellectuelles comme des achats de matériels, sans se préoccuper
du « coût total d’une prestation » et en omettant d’y inclure aussi celui de la qualité.
Il s’en est suivi : une course au jour/homme le moins cher possible, des projets
d’externalisation massive sans maîtrise des activités sous-traitées, le lancement de
projets off-shore sans en mesurer ni les impacts culturels ni le coût total car trop attirés
par un coût direct facialement bas de la main d’œuvre locale. La liste des expériences
hasardeuses, car ni réfléchies ni maîtrisées, est longue, mais c’est certainement le prix
à payer pour gravir les marches qui mènent à la maturité économique.
1.1.3 Et si l’on parlait « valeur »
À
présent, les « IT techno-fashion victims » sont (presque) sous contrôle, les « cost-
killers » sont davantage en sourdine, et une nouvelle question se pose : le système
d’information et l’informatique qui le porte représentant un investissement et une
dépense récurrente de premier plan, comment les valoriser et comment en mesurer la
contribution au développement de l’entreprise ?
Cette question renvoie, de façon synchrone, à celle de la valorisation du capital
immatériel de l’entreprise qui est au cœur des enjeux de notre système économique :
le moteur de l’économie moderne, en effet, est immatériel.
Selon plusieurs études
2
, 75 à 90 % de la capitalisation boursière des entreprises
cotées est constituée par des actifs immatériels
3
. « Si les clients de l’entreprise sont en
voie de paupérisation, si les salariés ont des compétences obsolètes ou si le SI n’est pas
très fiable, alors l’entreprise n’ira pas très loin malgré un bon parcours jusqu’à ce jour
et une bonne performance présente »4.
1.
« Pilotage économique du système d’information : Définir et présenter les coûts informatiques »,
CIGREF, 2007.
2.
Ernst Young, « Le capital immatériel, première richesse de l’entreprise », mars 2007 ; Rapport
Lévy-Jouyet, « L’économie de l’immatériel, la croissance de demain », décembre 2006.
3.
Nous ne parlons pas ici, bien évidemment, de la valeur boursière d’une entreprise qui relève d’une
autre démarche.
4.
Alan Fustec, Bernard Marois, Valoriser le capital immatériel de l’entreprise,
É
dition d’Organisation,
2006.