THEME 3 ECONOMIE DE LA CONNAISSANCE (Français)
Les expressions économie du savoir, économie de la connaissance ou encore économie de
l'immatériel désignent ce qui serait une nouvelle phase de l'histoire économique dans laquelle nous
sommes entrés depuis les années 1990.
Cette mutation de l'économie serait aussi celle d'un nouveau mode de régulation du capitalisme. Des
mutations du même type ont déjà eu lieu à différentes périodes de l'Histoire : à la Renaissance
(républiques italiennes et école de Salamanque), au XVIIe siècle (mercantilisme) et au XIXe siècle
(Révolution industrielle et capitalisme industriel).
Enfin, certains parlent de "nouvelle économie" ou "d'économie post-industrielle"
Une économie fondée sur de nouvelles formes de connaissances
Les facteurs d'évolution à l'origine du concept
Cette nouvelle ère économique, connaîtrait son essor sous l'effet conjugué :
du développement du secteur tertiaire et des activités immatérielles,
des progrès technologiques, avec depuis peu les NTIC - et les biotechnologies, qui forment la
nouvelle économie,
du développement de l'intelligence économique territoriale, des pôles de compétitivité, des
échanges en partenariat et avec des parties prenantes,
de la mondialisation qui réduit la rémunération du travail physique mais accroît le profit des
"idées", en leur fournissant des débouchés élargis (vendre une idée à 10 personnes coûte
autant que de la vendre à des milliers, mais les profits dégagés sont supérieurs dans le 2nd cas.
de la prise en compte dans l'économie de concepts de soutenabilité et de responsabilité
sociétale pour prendre en compte les contraintes écologiques
Le capital immatériel : un avantage compétitif ?
Il est considéré, dans ce type d'économie, que :
un avantage compétitif donné aux personnes, institutions et lieux géographiques qui la
détiennent ne se situe plus dans le matériel (MP, denrées…) mais dans l'immatériel
(l'information, le savoir faire et la connaissance).
Moins d’importance du travail physique qui est sous traité ou considéré comme non
stratégique, par rapport aux compétences technique, scientifique (théorie du capital humain) ;
l’accumulation porte majoritairement sur la connaissance et sur la créativité, c’est-à-dire sur
l'immatériel. Au niveau microéconomique -> capital intellectuel et "valeur-savoir".
L'ingénierie des connaissances comme moteur de développement
La valeur travail traditionnelle est remplacée par le capital savoir de l'organisation, en termes
d'ingénierie des connaissances (en anglais "knowledge management"). L'ingénierie des connaissances
n'est autre que la déclinaison au niveau microéconomique, dans les E et les administrations centrales
ou territoriales, de l'économie de la connaissance.
Évaluation des conséquences pour les parties prenantes
Employés / Dirigeants
L’accumulation de connaissances profiterait autant aux travailleurs (détention du savoir donc poids sur
le processus de production) qu'aux investisseurs (détenteurs des moyens matériels).
Pour d'autres, cela augmenterait l'exploitation des salariés en les dépossédant de leurs connaissances..
Administrations
L'avènement de l'économie de la connaissance touche nécessairement à la fiscalité.
En France, deux rapports sont parus en 2006 :
le rapport de la Cour des comptes qui met en évidence l'importance des actifs immatériels,
le rapport Lévy-Jouyet[2] sur l'économie de l'immatériel.
Ces 2 rapports conduisent le gouvernement français à créer en 2007 une agence publique, l'APIE,
Agence du patrimoine immatériel de l’État pour recenser, gérer et valoriser ses actifs immatériels
Comptabilité et finances des entreprises
Mise en place des IAS IFRS donne une place importante au capital immatériel ( immo incorpo) donc
susceptible de donner lieu à des investissements au même titre que les immobilisations classiques dites
corporelles (usines, immeubles).
Complexité du fait des interactions et des services
En réalité, complexité car patrimoine commun entre d'activités marchandes et non marchandes
nécessairement interdépendantes. De plus, elles évoluent continuellement en fonction de facteurs
économiques, sociaux, environnementaux, juridiques et techniques, ...
Quoiqu'il en soit, le phénomène de mondialisation montre assez clairement qu'il y a une tendance de
fond à l'évolution structurelle de l'économie.
Économie du savoir dans les grandes zones développées
Amérique
L'épicentre de l'"économie du savoir" se trouve sans conteste en Californie. à l'université de
Stanford -> Paul Romer intégre dans ses analyses la contrainte constituée par les limitations des
ressources naturelles dans le monde.
Il n'est pas étonnant que ces nouvelles approches émanent de Californie, puisqu'on y trouve la
Silicon Valley, prototype des pôles de compétitivité (cluster en américain), donc les meilleures
compétences en informatique : développement des processeurs nécessaires au matériel
informatique ("hardware").
On voit également une forte concentration autour de la capitale Washington : département de la
défense, département de la justice,... qui utilisent des registres pour accéder aux ressources
numériques.
Les principaux serveurs racines du Domain name system (qui gère les noms de domaines de l'internet)
sont localisés en Virginie (Dulles), au Maryland ( autour de Washington) et à Santa Clara (Silicon
Valley). La bibliothèque du Congrès américain, qui contient 128 millions de volumes, soit trois fois
plus que la Bibliothèque nationale de France, est un fer de lance de l'utilisation des métadonnées dans
l'accès aux ressources Web.
On voit donc se mettre en œuvre des stratégies globales autour de nouveaux concepts de
systèmes d'informations, où la gouvernance d'internet joue un rôle majeur.
Japon / Chine
L'un des meilleurs penseurs sur le sujet est le professeur japonais Ikujiro Nonaka. Le Japon est très
vigilant sur la protection de la connaissance, notamment avec l'utilisation de métadonnées dans la
description des ressources informatiques correspondant aux images numériques, pour l'industrie
photographique.
Europe
L'Europe entre dans cette phase progressivement mais freinée par des difficultés organisationnelles.
L'Union européenne a défini en l'an 2000 une stratégie visant à faire entrer l'économie
européenne dans la « société de l'information » : la stratégie de Lisbonne.+ dimension
environnementale grâce au Conseil européen de Göteborg
On parle société de la connaissance plutôt que société de l’info.
Mais éco de l'immatériel prennent en considération les objectifs sur le développement durable ?
Statut de la connaissance en matière de proprié
Nécessité de revoir la protection de la propriété
Le noyau de l'économie de la connaissance est lié à l'appropriation des connaissances et à la
production continuelle d'innovation.
La manière classique de protéger la propriété dans l'économie industrielle au XIXe siècle était le
brevet. Le droit de l'informatique s'est donc appuyé sur le brevet, qui était le fondement de la
propriété industrielle. L'économie du savoir se place donc aujourd'hui dans une perspective plus
large de propriété intellectuelle, qui interfère avec les nouvelles formes du droit de
l'informatique.
Nouvelles méthodes sur les droits d'usage
Ceci suppose une extension des concepts traditionnels de la propriété privée, et donc la
possibilité d'appliquer à cette connaissance un droit privatif afin d'en exclure l'usage gratuit aux
autres. On parle alors de "nouvelles enclosures". Le savoir étant non rare et partageable, ces
protections contre la coopération sont cependant difficiles à mettre en œuvre.
De nouvelles méthodes de production et de diffusion de connaissances apparaissent, sans droit de
propriété exclusif, se basant sur la coopération : les logiciels libres, l'art libre...
D'autre part, l'économie du savoir se place, au moins en partie, à l'intersection entre la propriété
littéraire-artistique, et la propriété industrielle. C'est la raison pour laquelle les dessins et modèles
industriels ont un statut hybride en France, qui devrait conduire à une harmonisation du droit
communautaire dans ce domaine, lorsque les États-membres de l'Union européenne se seront mis
d'accord sur les droits d'auteur.
Patrimoine informationnel
Le passage à une économie ouverte pilotée par des systèmes d'information nécessite de structurer le
capital immatériel du point de vue de la sécurité technique des données. Il devient alors nécessaire
d'évaluer les actifs immatériels, d'un point de vue comptable. Corrélativement, il convient d'adopter
une approche de protection juridique du patrimoine informationnel de l'entreprise.
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