ACORN A4
AsteRISC chez les Bretons
Nous sommes en 1992 après Jésus-Christ. Toute l'Europe est occupée par les processeurs Intel et Motorola... Toute ?
Non ! Une île peuplée d'irréductibles Bretons résiste encore et toujours à l'envahisseur. Leur potion magique a pour
nom Acorn A4, un ordinateur sympa, portatif et convivial articulé autour d'un processeur RISC aux performances
époustouflantes, n'est-il pas ?
Acorn Computers est la société anglaise à l'origine de ce notebook pas comme les autres. Elle met sur le marché,
depuis plus de cinq ans, une gamme d'ordinateurs commercialisés sous le nom générique d'Archimedes. Peu
répandus sur le continent, ils connaissent un succès honorable en Angleterre où ils inondent le milieu scolaire en
remplacement des vénérables BBC. En 1990, voit le jour Advanced RISC Machines (ARM), une société crée
conjointement par Acorn, Apple et VLSI Technology . ARM se lance dans la fabrication de performants
microprocesseurs RISC. On retrouve l'ARM dans certaines imprimantes laser et dans les cartes accélératrices Radius
pour Macintosh. L'ARM 610 a été retenu par Apple pour équiper ses futurs 'Personal Assistant' Newton tandis
qu'Acorn a opté pour l'ARM 3, un processeur 32 bits doté d'une mémoire cache de 4 Kb. Il s'agit d'un processeur
RISC (Reduced Instruction Set Computing) c'est-à-dire d'un processeur disposant d'un jeu réduit d'instructions par
opposition au processeur CISC (Complex Instruction Set Computing) et son jeu complexe d'instructions.
Lors de la réalisation d'un microprocesseur, l'approche traditionnelle consiste à incorporer dans ce
microprocesseur un nombre croissant d'instructions. Les fonctions les plus fréquemment utilisées par le système
d'exploitation ou par les applications sont reproduites sous forme d'instructions en langage machine de manière à
obtenir une exécution plus rapide. Les processeurs CISC, tels ceux de la famille Intel 80x86 ou Motorola 680x0,
obéissent à cette approche. Cette philosophie a néanmoins ses limites: plus le jeu d'instructions croît, plus le temps
d'interprétation d'une instruction par le processeur augmente. Le processeur, en effet, doit faire face à des instructions
de plus en plus complexes et met de plus en plus de temps à sélectionner une instruction parmi une myriade d'autres.
Les microprocesseurs de type RISC par contre évoluent vers une réduction du nombre d'instructions. Leur réalisation
sous la technologie VLSI ( Very Large Scale Integration ) s'en voit considérablement simplifiée. L'espace gagné par
le jeu réduit d'instructions est réutilisé pour accroître le nombre de registres du processeur. Les registres sont
exploités au maximum. Utilisés notamment pour le passage de paramètres lors de l'appel de procédures, ils
augmentent considérablement les performances du CPU. Un compilateur conçu spécialement pour une machine
RISC à multiples registres utilisera ces registres pour conserver un maximum de données intermédiaires, éliminant
de la sorte le besoin de passer par de coûteuses opérations de transfert entre les registres et la mémoire.
Deux fois plus vite
Sur une architecture CISC, une instruction réclame généralement plusieurs cycles du processeur. Par
contre, un processeur RISC se contente le plus souvent d'un cycle par instruction. Un programme RISC est en
moyenne 20% plus grand que son homologue CISC mais puisqu'il s'agit d'instructions très simples, donc très rapides,
le programme s'exécute en moyenne deux fois plus vite.
Quatre fois plus vite
L' ARM 3 est construit selon une architecture dite en super pipeline. Le cycle de l'horloge interne est deux
fois plus rapide que ce qui est vu par l'extérieur. Le bus de l'ordinateur hôte perçoit le CPU comme fonctionnant à 12
MHz alors que l'horloge interne atteint les 24 MHz. Puisque le pipeline interne du CPU avance au double de la
vitesse d'horloge, deux instructions sont menées à bien à chaque cycle de l'horloge. L'architecture en super pipeline
se conçoit donc un peu à la manière d'une chaîne de montage où le travail est divisé en une série d'étapes courtes et
rapides. De cette façon, l'ARM 3 peut traiter plusieurs opérations à la fois. Par exemple, au test des Dhrystones,
l'Acorn A4 réalise 19000 opérations par seconde contre 12500 pour notre 386DX/40 personnel.
Comme Olivetti est un des principaux actionnaires d'Acorn Computers, l'A4 a pu bénéficier des meilleurs designers
du géant italien pour la conception du boîtier. L'écran est de type LCD 'supertwist'. La batterie Nickel Cadmium a
une autonomie de trois heures. Le clavier de 83 touches a exactement la même configuration que celui d'un PC.
Comme sur la plupart des PC, on trouve une interface parallèle Centronics, une sortie série DB-9 et un disque dur au
standard IDE. Le lecteur de floppy haute densité reconnaît les formats ADFS (1.6 MB, 800 KB, 640 KB) et MS-
DOS (1.44 MB et 720 KB) et même le format Atari !
Ils sont fous ces ROMains.
Le système d'exploitation retenu par Acorn s'appelle RISC OS et en est à sa troisième version. Il est intégralement
contenu dans une ROM de 2MB. Cela signifie qu'il est pratiquement impossible de corrompre le système
d'exploitation, que le temps de chargement est extrêmement court, que la RAM et le disque dur sont soulagés au
maximum. RISC OS 3 est multi tâches. Tout le noyau de l'interface graphique se trouve également en ROM. Le GUI
(Graphical User Interface) est suffisamment familier pour ne pas dérouter les utilisateurs de Windows ou du
Macintosh. Il ne faut que quelques minutes pour s'habituer au maniement des trois boutons de la souris, le bouton du
milieu étant le plus sollicité. La surface de travail s'appelle ici Pinboard. En dessous d'elle, apparaît une petite zone
comportant en permanence les icônes des disques durs et des applications en cours. Sur la droite, deux accessoires,