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n’est pas de la monnaie. En revanche, on peut se libérer d’une dette sans monnaie,
par exemple avec un compte courant : c’est de la « quasi-monnaie. »
b – elle est une unité de compte. Un euro n’est pas seulement la pièce qui permet de
payer un produit valant ce prix. C’est aussi un « équivalent général », comme disait
Marx, qui peut exprimer le prix de toutes les marchandises. Alors que dans le système
du troc, la valeur d’un bien dépend de sa comparaison avec un autre bien (par exemple,
un kilo de poulet équivaut à cinq kilos de blé), dans un système monétaire, les valeurs
de tous les biens sont référés à la même unité monétaire (par exemple, un kilo de poulet
vaudra 5€ et un kilo de blé 1€.)
Dans un système monétaire, c’est donc le prix qui traduit une valeur en monnaie.
NB : On peut comparer cette situation avec celle du mètre étalon qui traduit dans une
référence commune toutes les longueurs et les distances.
Cette fonction suppose plusieurs conditions :
Qu’il y ait beaucoup de biens à échanger. Sinon, la traduction en monnaie ne serait
pas nécessaire : on pourrait établir des équivalences produit contre produit (troc)
Qu’il y ait beaucoup d’échangistes. Là encore, un petit nombre de partenaires
pourrait s’accommoder de relations non monétaires.
Surtout, qu’il y ait confiance entre les échangistes dans la valeur de la monnaie. Si
celui qui cède un bien a le sentiment qu’il est payé dans une monnaie en voie de
dépréciation, il hésitera à se séparer de son bien ou il tentera de la vendre plus cher
pour se couvrir de la dépréciation qu’il redoute.
Remarquons qu’aujourd’hui, les fonctions de paiement et d’unité de compte sont réunies
dans le même signe monétaire. Cela n’a pas toujours été le cas. Sous l’Ancien Régime,
les paiements se faisaient en or ou en argent alors que l’unité de compte a été la Livre
tournois. Plus récemment, avant le passage à l’euro, chaque pays européen avait
comme moyen de paiement sa monnaie nationale alors que l’unité de compte, au sein
de l’Union Européenne, était l’Écu avant de devenir l’Euro.
c – elle est une réserve de valeur. La monnaie permet de conserver un pouvoir
d’achat dans le temps et donc, de différer une dépense. C’est la fonction de l’épargne.
Bien sûr, cette fonction concerne davantage les personnes dont le revenu est
suffisamment élevé pour envisager de reporter à plus tard une partie de leur dépense.
Lorsque, pour reprendre l’expression de Keynes, la « propension à consommer » est
forte, la monnaie détenue remplira intégralement sa fonction de paiement pour des
achats immédiats. Lorsqu’elle est faible, ce qui est le cas de personnes aisées, celles-ci
pourront exprimer leur « préférence pour le futur », comme disent les économistes.
Cette troisième fonction suppose plus que toutes la stabilité du signe monétaire :
stabilité physique, bien sûr (il faut que la monnaie soit durable, qu’elle ne soit pas un
produit périssable), stabilité économique également (il faut que la valeur de la monnaie
se conserve dans le temps et ne soit pas soumise à une dépréciation.)