l’idée que « tout compte fait la quantum d’action traduit le caractère insécable du rapport sujet-
objet. » Cette idée laisse entendre un rapport sujet-objet statique or d’une façon distincte on
pourrait considérer que h serait une grandeur qui serait plutôt révélatrice du procédé générique
par lequel l’être humain conçoit des objets et des concepts qui font sens et partant sont
accessibles à ses facultés intellectuelles déterminées et non pas universelles. Si, comme j’en
fais l’hypothèse, l’existence de h peut jouer le rôle d’un révélateur, je précise tout de suite que
cette constante ne peut pas se confondre pour autant avec le geste ontologique. Comme
l’indique le titre du chapitre il s’agit de penser en amont de h.
A ce stade de ma réflexion, je dois dire que j’étais assez dubitatif car si j’avais plus ou
moins l’intuition qu’il valait la peine de prolonger cette réflexion, je n’étais pas du tout assuré
de pouvoir le faire jusqu’au stade d’une expression quantitative. Or je considérais que je devais
satisfaire l’obligation reprise avec autorité par Kant : « J’affirme que, dans toute théorie
particulière de la nature, on ne peut trouver de science à proprement parler que dans l’exacte
mesure où il peut s’y trouver de la mathématique. » Heureusement qu’à ce stade de mon travail
j’ai retrouvé les traces de lectures anciennes très intéressantes dans le livre d’Olivier Rey,
‘Itinéraire de l’égarement’, édit. Seuil, 2003, qui rappelle les bases, selon lui, de la genèse des
mathématiques. Ce développement se trouve à partir des pages 160 que je vous recommande.
Dans ces pages, à juste raison, il indique que la géométrie n’est pas une construction de l’esprit
mais une reconnaissance, que les démonstrations sont monstrations d’elles-mêmes et qu’un
objet se montre lui-même dans la mesure où il coïncide exactement avec sa définition. En
conclusion O. Rey confirme une idée qui me convient totalement : « Les mathématiques
procèdent de l’action en direction de l’objet. » Il évoque aussi Poincaré qui en son temps
avait exprimé un point de vue assez semblable : « Pour un être complètement immobile, il n’y
aurait ni espace ni géométrie : car ce sont les actions qui engendrent l’espace, et leur
structuration ultérieure en opérations l’espace mathématique… l’expérience fondamentale en
géométrie ne tient pas à la « vision » des figures, mais à leur tracé. » Quelques citations qui
montrent que O. Rey est allé assez loin dans sa réflexion sur ce sujet : « Mais si les
mathématiques s’enracinent dans l’action, qui considérée en elle-même conduit aux structures
opératoires, il est concevable qu’en retour elles permettent d’appréhender quelque chose du
monde. » et plus loin : «La dualité action-objet disparaît par la médiation d’un espace
mathématique approprié, constitué à partir des actions, et dans lequel le monde objectal
se manifeste à titre de conséquence. L’activité n’est plus subordonnée à l’être, comme
dans l’adage scolastique operari sequitur esse (l’œuvre vient de l’être), elle le constitue. »
Ce qui conduit l’auteur à rappeler : « Les liaisons, autrefois s’ajoutant aux choses, s’identifient
à elles, « les choses sont supposées et posées pour porter la relation, la liaison est nécessaire à