Service de presse de Travail.Suisse N° 6 20 avril 2009 Marché du travail
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Troisième paquet conjoncturel: augmenter les chances de croissance
Il est clair pour Travail.Suisse, l’organisation faîtière indépendante des travail-
leurs et travailleuses, qu’un troisième programme conjoncturel, vaste et efficace,
est nécessaire, étant donné la détérioration des perspectives économiques. À
l’inverse des deux premiers programmes conjoncturels, les investissements en-
visagés dans le troisième paquet doivent surtout être orientés vers les chances
de croissance de la Suisse à long terme. Faute de quoi, notre pays court le risque
d’être tributaire – au niveau structurel des pays européens qui l’entourent.
La Suisse connaît une période de récession qui devrait durer largement jusqu’en 2010. Par
expérience, on sait que la reprise du marché du travail se produira encore plus tard. Les
conditions préalables et la nécessité d’un troisième paquet conjoncturel sont donc don-
nées.
Pour Travail.Suisse, les critères valables pour un programme conjoncturel sont les sui-
vants :
l’efficacité pour l’emploi,
l’empêchement de problèmes sociaux et structurels, et
l’orientation vers des branches porteuses.
Le troisième point implique qu’une politique conjoncturelle sensée doit contribuer aussi à
des changements durables, à long terme, qui augmentent les chances de croissance de
l’économie. Le niveau élevé de la formation, une infrastructure moderne de haut niveau et
l’orientation de l’économie d’exportation vers des marchés mondiaux de croissance font
partie des facteurs de croissance futurs essentiels pour l’économie helvétique.
1. Un niveau de formation élevé pour la quasi-totalité de la population
Lors d’une crise économique, il existe un risque important que les travailleurs ne suivent
pas de formation ou de formation continue ou qu’ils ne puissent pas en suivre une, voire
qu’ils perdent leurs qualifications professionnelles en raison du chômage. De plus, les
travailleurs peu qualifiés sont les premiers à perdre leur emploi, et seule une formation ou
une formation continue leur donnera une chance de revenir sur le marché du travail. Le
fait que les travailleurs ne puissent pas exploiter leur potentiel en raison d’un manque de
formation et de formation continue crée une situation inefficace du point de vue écono-
mique. C’est alors que l’Etat doit assumer un rôle actif.
Mesures à prendre:
La formation continue pendant le chômage partiel doit être propagée activement et
financée par la Confédération, du moins en partie. De plus, les ORP doivent accompa-
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gner les entreprises pratiquant le chômage partiel et les conseiller en leur présentant
des offres de formation continue.
L’assurance-chômage doit veiller à ce que les travailleurs non qualifiés suivent une
formation reconnue (par ex. un apprentissage) pendant qu’ils sont au chômage, et ce,
indépendamment de leur âge et en continuant à leur verser une indemnité journalière.
D’une part, cela augmente leurs chances sur le marché de l’emploi et, d’autre part, cela
contribue au potentiel de productivité de l’économie helvétique.
Il faut que les apprenti-e-s ayant terminé leur formation et devant s’inscrire au chô-
mage puissent également recourir aux offres de formation continue (par ex. offres de
formation professionnelle supérieure), grâce à des bons de formation continue, en de-
hors de l’assurance-chômage.
2. Une infrastructure de haut niveau sur l’ensemble du pays
Afin que les investissements n’aient pas une influence seulement à court terme, mais
qu’ils contribuent aussi à la croissance à long terme de l’économie helvétique, il faut in-
vestir maintenant dans l’infrastructure de demain. Nul doute qu’un réseau attrayant de
transports publics et un réseau de fibres optiques pour les télécommunications font partie
de l’infrastructure de demain.
Mesures à prendre:
Pour les CFF, les entreprises de transports sous concession ainsi que pour le trafic
d’agglomération, il est possible de réaliser rapidement des projets d’infrastructure de
l’ordre de quelque 3 milliards de francs. Mais la Confédération doit en garantir le fi-
nancement dans le cadre d’un troisième paquet conjoncturel.
La Confédération doit intégrer le réseau de fibres optiques dans la concession du ser-
vice universel et, en sa qualité d’actionnaire majoritaire de Swisscom, faire en sorte
que Swisscom entreprenne aussi rapidement que possible l’extension du réseau de
fibres optiques sur tout le territoire. Mais les cantons et les communes sont priés, eux
aussi, en tant que propriétaires des grandes centrales électriques, d’exercer leur in-
fluence en faveur de l’extension rapide et de grande envergure du réseau de fibres op-
tiques (voir Fribourg, Bâle).
3. Une orientation de l’industrie d’exportation vers des marchés de croissance mon-
diaux
La politique conjoncturelle ne se fait pas exclusivement par le biais de programmes
d’investissements directs, elle se fait aussi par l’encouragement des activités économiques
des particuliers. Afin d’avoir aussi un sens pour les chances de croissance futures de
l’économie helvétique, de telles mesures d’incitation doivent être orientées vers des mar-
chés de croissance mondiaux. Du point de vue global, les technologies visant à promou-
voir l’efficacité énergétique et à exploiter les énergies renouvelables au cours des pro-
chaines décennies constituent un marché de croissance mondial. Des taux de croissance
mondiaux de 20 ou 30 % par an sont réalistes. L’économie suisse remplit les conditions
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préalables nécessaires (savoir-faire, travailleurs qualifiés, etc.) pour participer à ce marché
de croissance et, ce faisant, maintenir des dizaines de milliers d’emplois au fil des décen-
nies et en créer de nouveaux.
Mesures à prendre:
Il faut supprimer immédiatement la limite à l’encouragement aux énergies renouve-
lables (rétribution de l’injection à prix coûtant). Etant donné que les moyens sont limi-
tés, des investissements de l’ordre de 500 millions de francs sont bloqués ne serait-ce
que pour l’utilisation de l’énergie solaire, alors qu’ils profiteraient au développement
de l’industrie énergétique suisse. En quelques années, l’Allemagne a catapulté sa
propre industrie énergétique au premier rang mondial, au moyen d’une rétribution il-
limitée de l’injection.
Le programme d’assainissement des bâtiments, voté lors de la session de printemps
par le Conseil national, doit être approuvé le plus rapidement possible par le Conseil
des Etats, afin de pouvoir entrer en vigueur début 2010. En plus des effets à court
terme qu’il aura pour le secteur de la construction, ce programme contribuera, lui aus-
si, au développement du savoir-faire et des technologies que les entreprises suisses
utiliseront également au niveau international.
La Suisse ne doit pas être tributaire de l’étranger
Pour Travail.Suisse, il est choquant de constater la véhémence idéologique pour ne pas
parler de l’étroitesse d’esprit – dont font preuve de nombreux chefs de file en Suisse en
abordant la politique conjoncturelle. En particulier, la persistance à fixer des délais pour
toutes les mesures et la séparation stricte des politiques conjoncturelle, structurelle et in-
dustrielle qui est par exemple mise en évidence à chaque occasion par Economiesuisse
ont un effet irritant. Quiconque argumente de la sorte, s’est davantage mis dans la tête de
ne rien faire plutôt que de faire quelque chose d’efficace.
Cette attitude est d’autant plus grave que les autres pays européens sont plus pragma-
tiques en l’occurrence et qu’ils mènent sans fausse honte par leur politique conjoncturelle
également une politique à long terme pour l’industrie, la formation et la société. De ce fait,
la Suisse risque de rester à la traîne. C’est pourquoi la conseillère fédérale Doris Leuthard
et ses experts doivent agir immédiatement et présenter sans tarder leurs propositions
pour un troisième programme conjoncturel. Ainsi seulement, le Parlement pourra-t-il
prendre des décisions à ce sujet, lors de la session de juin, et ainsi seulement sera-t-il pos-
sible de garantir que les premières mesures pourront être mises en œuvre à temps au
cours du deuxième semestre de 2009 déjà et au plus tard début 2010.
Martin Flügel, Président de Travail.Suisse
Travail.Suisse, Hopfenweg 21, 3001 Berne, tél. 031 370 21 11, [email protected],
www.travailsuisse.ch
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