PORTRAIT Allocation sectorielle Selon le cycle conjoncturel en cours, certains secteurs performent mieux que d’autres. La croissance économique varie selon des cycles. A côté des cycles économiques longs (cycle de Kondratieff) qui portent sur 50 à 60 ans, il y a aussi les cycles économiques ‘normaux’ qui s’étendent sur une période de 4 à 6 ans. Nous nous pencherons sur ces cycles ‘plus courts’. Attention toutefois car la durée d’un cycle n’est pas l’autre. La crise du crédit a, plus tôt que prévu, précipité l’économie d’un cycle de haute conjoncture vers un cycle de basse conjoncture. Le moteur (bancaire) étant enroué, c’est l’économie au sens large qui paie les pots cassés. Même la confiance des consommateurs n’est plus en mesure d’offrir beaucoup de résistance. Au contraire ! Les licenciements prévus (fermetures d’usine) risquent de précipiter leur confiance au point zéro. L’amplitude (vigueur de la hausse ou de la baisse) et sa durée peuvent grandement varier d’un cycle économique à l’autre. Mais chaque cycle affiche une constante : une phase baissière est toujours suivie d’une phase haussière (et inversement). Il ne pourrait d’ailleurs en être autrement. Même si la crise financière actuelle revêt un caractère exceptionnel, à un certain moment, l’économie repartira de l’avant et recherchera de nouveaux sommets. Rotation sectorielle vs répartition du portefeuille Gérer son portefeuille en fonction de la rotation des secteurs liée aux cycles économiques est sûrement un must. Répartir votre portefeuille sur plusieurs secteurs ou actions reste le but ultime car il ne convient pas de mettre tous ses oeufs dans le même panier. Le passage d'un cycle économique à un autre ne se fait pas de but en blanc et donne le plus souvent lieu à une zone intermédiaire importante. En sus des facteurs conjoncturels viennent se greffer des facteurs spécifiques (bonne gestion, restructurations, …). N'empêche, rééquilibrer son portefeuille en faisant tourner les secteurs en fonction du cycle conjoncturel s’avère payant. Dans notre portefeuille, le secteur pharma a ainsi reçu un poids supérieur à la moyenne. Mais ce choix n’était pas uniquement fondé sur la phase économique en cours mais aussi sur des facteurs comme la valorisation, la croissance défensive (Omega Pharma, Arseus, IBA) et la bonne santé financière du secteur. Par contre, les actions cycliques qui affichaient en sus un lourd endettement ont été écartées du portefeuille. L’Investisseur - 18 novembre 2008 Rotation sectorielle Désormais, l’investisseur devrait regarder plutôt la forêt que les arbres. Chaque phase conjoncturelle, aussi bien ascendante que descendante, a ses ‘avantages’. Suivant la phase dans laquelle le marché se trouve, certains secteurs spécifiques performent relativement mieux que d’autres. Sachant cela, il est donc opportun d’opérer régulièrement des rotations au sein de votre portefeuille en fonction de la phase conjoncturelle en cours. Cela s’appelle la rotation de secteurs. Un bon timing est néanmoins essentiel : si vous anticipez trop tôt une phase déterminée, vous risquez d’engranger au départ des pertes (importantes). Si vous attendez trop longtemps, vous risquez de rater une partie importante de la hausse. La meilleure solution consiste à franchir le pas progressivement. Mais comme les bourses précèdent toujours un peu la conjoncture, il convient d’anticiper et donc d’agir quelque peu à contre-sens (politique ‘contrarian’). Des secteurs défensifs vers … Dans quelle phase conjoncturelle sommes-nous actuellement? Quelles actions faut-il avoir en portefeuille ? Il est clair que nous nous trouvons depuis un certain temps en phase IV (cf graphique), une phase baissière se traduisant par un ralentissement économique. Lors de cette phase, ce sont traditionnellement les secteurs défensifs (alimentation, boissons, pharma, télécoms) qui s’en tirent le mieux. Nous nous préparons toutefois déjà à vivre la phase I, une phase de repli conjoncturel, synonyme de repli de la croissance. Selon les manuels d’économie, durant cette phase, il faut garder un cœur de pierre et se défaire progressivement des actions défensives. Selon ces mêmes ouvrages, le secteur financier performe le mieux durant cette phase, du fait de la baisse des taux qui dope leurs marges d’intérêt et leur assure davantage de bénéfices futures. Vu la nature de la crise cette fois, qui frappe de plein fouet le secteur financier, ce dernier aura besoin de plus de temps pour sortir du marasme dans lequel il s’est enfoncé. Et c’est justement parce que le secteur bancaire met en danger l’ensemble de l’économie, que des mesures de régulation supplé- Les secteurs que nous privilégions actuellement … … hormis le secteur pharma, ils ne sont pas légion pour l'instant. Les ventes massives qui caractérisent l'exercice 2008 n'ont épargné aucun secteur. Suite à la crise du crédit, les fonds à levier ont vu leur capacité d'investissement se tarir. Idem pour les fonds classiques, qui ont été assaillis par des investisseurs exigeant leur argent. Conséquence : en vue de libérer des liquidités, ils ont été contraints de vendre des actions en masse, quelque soit la valorisation des titres. Il en est de même pour les banques qui, en pleine pénurie du crédit, ont dû trouver du cash. Dans un marché vide (peu ou pas d'acheteurs), ce processus provoque de brusques chutes de cours auxquelles n'échappe aucun secteur. Lors d'un redressement général des bourses, presque chaque secteur devrait pouvoir remonter. Un rebond technique général au sens large donc. A plus long terme toutefois, il vaut toujours mieux éviter les perdants. De là notre conseil de rester à l'écart d'entreprises cycliques fortement endettées. Celles-ci pourraient encore annoncer de mauvaises nouvelles. Leurs cours se retrouveraient alors en queue de peloton. mentaires risquent de brider leur croissance bénéficiaire future. Dans le pire des scénarios, les banques se verront dégradées au rang d’entreprises d’utilité publique, mises au service de l’économie et non inversement. Dans ce cas, leurs bénéfices futurs auront le mérite d’être plus défensifs et transparents au prix d’un peu de potentiel de croissance sacrifié. A terme, cette tendance pourrait malgré tout tirer la valorisation de leurs cours vers le haut. Le secteur financier a donc encore du potentiel, mais compte tenu de la nature de la crise, son rebond pourrait se faire attendre. Le scénario classique est donc perturbé par la crise du subprime qui cloue l’ensemble du système financier au sol. Ces incertitudes pourraient perdurer un certain temps. Aussi, ne vous tournez que vers les valeurs les plus solvables. de transport de vrac sec, qui reflète l’évolution des tarifs d’un grand nombre de routes maritimes, est à ce propos un baromètre fiable. Un autre secteur précurseur est l’intérim. Lorsque l’économie repart, les chefs d’entreprise se montrent d’abord prudents et ne se lancent pas directement Rotation sectorielle classique Financieres - Banques - Assurances Phase IV Croissance PIB Phase I … les cycliques ? Non, car c’est prématuré. Cette abstention vaut pour toutes les entreprises et sûrement aussi pour les grands conglomérats industriels. Ceux-ci reviennent surtout à la surface en phase II du cycle. Même si les récentes sanctions de cours ont rendu la plupart des actions cycliques industrielles bien plus attrayantes, l’impact de leur sensibilité conjoncturelle sur leur chiffre d’affaires et leur bénéfice n’est pas à négliger. Les résultats trimestriels à venir pourraient encore décevoir. De plus, la crise du ‘subprime’ risque de prolonger le cycle conjoncturel baissier. Autrement dit, il est dans l’ensemble trop tôt pour se rabattre déjà en masse sur des actions cycliques (pétrole, acier, matières premières, construction, auto). Mieux vaut attendre le moment où certaines entreprises (risquent) de basculer et (menaceront) de licencier en masse. Et ce ‘sommet’ n’est toujours pas atteint. Dans cette optique, tenez surtout à l’oeil les secteurs de début de cycle. Si les activités économiques mondiales redémarrent, le secteur du transport, notamment, en cueillera immédiatement les fruits. L’indice Actions cycliques Actions industrielles - Energie - Acier - Papier - Chimie de base Phase III Phase II Actions de croissance - Technologie - Médias Actions defensives - Actions d’utilité publique - Alimentation & Boissons - Biens de consommation - Pharma - Télécom source: Deutsche Bank dans des embauches coûteuses et à durée indéterminée. Ils se rabattent donc sur le travail intérimaire. L’investisseur qui anticipe peut donc, à condition de répartir dans le temps et en quantité, prendre de petites positions. Ne sélectionnez que les entreprises affichant une structure bilantaire saine. Pour les actions d’acier et des matières premières, il est préférable de patienter encore. Car vu la très nette baisse des cours des matières premières, ces entreprises risquent de voir leurs résultats (pertes possibles) encore baisser. Le marché doit prendre conscience que les matières premières cycliques peuvent encore connaître l’autre extrême (pertes). Nous laissons également l’or de côté. Cette matière précieuse sert avant tout de refuge en cas d’inflation. Or comme l’inflation a déjà dépassé son pic, nous pouvons en conclure que l’or restera aux oubliettes durant un certain temps. L’Investisseur - 18 novembre 2008