12 mai 2005 Trois modèles de commerce intra-industriel 1. Concurrence monopolistique (Krugman 1980) Modèle servant à introduire l’idée que le commerce contribue à la variété des produits disponibles sur le marché, pas seulement aux gains dus à la spécialisation. Comportement du consommateur n Fonction d’utilité fortement séparable : U (c1...cn ) ci ; i 1 n max ci n p c y donne L c y i i i i pi c i . i 1 i n n s.c. i Condition du premier ordre : 1 ci 1 p 1 pi → ci i Demande de marché 1 p 1 Ci Lci L i Elasticité de la demande (de marché) ln Ci ln L 1 ln ln pi ln 1 Hypothèse : On suppose que le produit i est assez faible dans les budgets individuels pour qu’une variation du prix pi n’affecte pas l’utilité marginale du revenu. Alors i ln Ci 1 0 ln pi 1 1 Technologie Soit li la quantité de travail pour produire xi. Technologie à coût fixe, li xi ce qui implique une seule entreprise par produit. Soit L la force de travail (égale à la population) ; demande aggrégée xi Lci D’où n l i 1 i n L ( xi ) i 1 Maximisation du profit : max i xi pi ( xi ) w( xi ) xi pi ( xi ) w w On note que le symétrie des préferences et des technologies donne nécessairement les mêmes valeurs d’équilibre à pi , ci , xi . On supprime donc les indices i, et le problème de l’entreprise représentative devient max x x p( x) w w . La CPO est tout simplement recette marginale (p + xp’) égale coût marginal (βw) : p 1 1 x p 1 p ' w → w p x 1 1/ 1 p ' p et la marge prix/coût marginal est p xp ' w → p 1 1 w 1 1/ (droite horizontale PP dans la Figure 1) Le prix de marché est donc p w / . 2 Structure de marché L’entrée libre signifie que des profits positifs entraînent nécessairement une augmentation du nombre d’entreprises (et donc du nombre de produits), ce qui va donner le nombre de produits et d’entreprises. Condition de profits nuls : x p w w 0 wx 1 w (courbe ZZ) 1 1 x Lc Nombre d’entreprises d’équilibre : par la constrainte budgetaire du consommateur, npc w , d’où n w w (courbe NN) pc w c c Effet de l’ouverture du commerce entre deux pays symétriques : le seul changement est que le nombre de consommateurs passe de L à 2L. Dans la version ultra-simple ici, l’élasticité de la demande est inchangée, ainsi que les prix et marge optimaux. L’output d’équilibre passe alors à x = 2Lc. La courbe PP est inchangée, mais la courbe ZZ devient 1 2 Lc ce qui la fait se déplacer vers le bas (ou vers la gauche, c’est pareil), et la courbe NN devient 2n w . pc c ce qui la fait se déplacer vers la gauche par la même distance. Résultat : plus de diversité (deux fois plus de produits sur le marché), mais pas de changement dans les prix, les marges ou l’échelle de production. Dans un modèle plus riche où l’élasticité de la demande est une fonction croissante de la consommation, on a deux effets supplémentaires : une compression des marges (μ diminue) et le volume de production augmente. 3 2. Dumping réciproque (Brander-Krugman, 1980) Hypothèses, structure de base et notation Une entreprise par pays Pas de différentiation des produits Demandes symétriques et linéaires : pi a bzi , i = 1 (national) ou 2 (étranger) Coûts marginaux constants (c) et symétriques, pas de coûts fixes Marché Désignation des National Etranger variables d'output Nationale x x* Entreprise Etrangère X* X Quantités totales sur chaque marché Marché national : z1 x X * Marché étranger : z2 x* X Equilibre sur le marché 1 Fonction de réaction de l’entreprise nationale Profit de l'entreprise nationale sur le marché national ( 1 ) 1 x a bz1 c Pour simplifier, on suppose que a c b 1 . Alors 1 x(1 z1 ) x(1 x X * ) x x 2 xX * Condition de premier ordre 1 2 x X * 0, ce qui donne la fonction de réaction de l’entreprise nationale sur son marché : x 1 X* r1 ( X * ) 2 2 Pour les besoins du graphique, on met X * en ordonnée et x en abscisse. On inverse alors r1 ( X * ) , ce qui donne 4 X * 1 2x c’est-à-dire une droite avec une pente de -2. Courbes d'isoprofit Le long d’une courbe d’isoprofit, π1 est constant : 1 x x 2 xX * const Par différentiation totale par rapport à x et X*, on a d 1 dx 2 xdx X * dx xdX * 0 ou X * x 1 const 1 2x X * x On observe deux choses à partir de cette expression : (i) elle est égale à zéro à X * 1 2 x ; le long de la fonction de réaction de l’entreprise nationale, sa courbe d’isoprofit est donc horizontale ; (ii) en dérivant une seconde fois X* par rapport à x, on a une valeur négative ; la courbe d’isoprofit est donc concave (voir Figure 3). Fonction de réaction de l’entreprise étrangère La seule différence est un tarif τ qui frappe les ventes de l’entreprise étrangère. Profit de l'entreprise étrangère sur le marché national ( 1* ) : 1* X * 1 z1 D’où 1* X * (1 z1 ) X * (1 x X * ) X * xX * X *2 X * Condition de premier ordre 1 2 X * x 0, ce qui donne la fonction de réaction de l’entreprise étrangère sur le marché national : X* 1 x 1 x R1* ( x) 2 2 2 5 L’équilibre est déterminé par résolution simultanée des deux fonctions de réaction x 1 X * / 2 et X * 1 x / 2 , ce qui donne (voir Figure 4) xc 1 1 2 . et X *c 3 3 Conclusion : le tarif peut être manipulé à volonté pour augmenter la part de marché de l’entreprise nationale et réduire celle de l’entreprise étrangère. Ce qui se passe sur le marché étranger est symétrique, sauf que c’est le gouvernement étranger qui peut maintenant pénaliser l’entreprise nationale. On note que les équilibres sur les deux marchés peuvent être obtenus par solutions séparées vu qu’il n’y a pas d’interdépendance, les coûts marginaux étant constants. 3. Import protection as export promotion (Krugman 1988) Hypothèses On remplace les hypothèses précédentes par la présence d’économies d’échelle sur la production globale de chaque entreprise. On n’a plus besoin de l’absence parfaite de différentiation des produits. On a alors deux courbes par marché et par entreprise : la recette marginale (décroissante) et le coût marginal (décroissant aussi à cause des économies d’échelle, mais moins. L’expérience consiste à laisser le gouvernement étranger (Japonais) imposer un tarif douanier sur son marché et à observer ce qui se passe sur le marché national US) par effet boomerang. C’est ce qui est montré sur les Figures 5-6. Conclusion : une barrière au commerce sur le marché japonais peut, en présence d’économies d’échelle, renforcer la position des entreprises japonaises sur le marché US. 6 Figure 1 Equilibre d’autarcie dans le modèle de concurrence monopolistique PP 1 ZZ c c0 NN n* Figure 2 Effet du commerce PP 1 ZZ c1 ZZ’ NN’ c0 NN n* 7 c Figure 3 Fonction de réaction de l’entreprise nationale X* 1 -2 1/2 x 1/2 Figure 4 Equilibre sur le marché national X* 1 -2 π1 augmente (1-τ)/2 Π*1 augmente x 1/2 8 1 Figure 5 Effet d’impact du tarif japonais Japanese market US market € € Marg.revenue Motorola Marg.cost Japanese tariff Induced cost increase Quantities Quantities € € Fujitsu Quantities Quantities Figure 6 Effet final du tarif japonais Japanese market US market € € Marg.revenue Motorola Marg.cost Induced cost increase Jap.tariff Quantities Quantities € € Induced increase in marg. revenue Induced increase in marg.revenue Fujitsu Induced cost decrease Quantities Quantities Final effect for Fujitsu on US market 9