1225-1274- Thomas Aquinas - Biblica. Super Evangelium Johannis
Saint Thomas d'Aquin
Commentaire de l'évangile selon Saint Jean
chapitre 1 à 8
COMMENTAIRE DE L'ÉVANGILE DE SAINT JEAN
PAR SAINT THOMAS D'AQUIN
Docteur des docteurs de l'Eglise
notes prises en cours par son secrétaire, Frère Réginald de Piperno
(1269-1272)
Traduction sous la direction du père Marie-Dominique Philippe o. p.
Deuxième édition Internet: 2 avril 2004. .
PROLOGUE DE SAINT THOMAS
JE VIS LE SEIGNEUR SIEGEANT SUR UN TRONE SUBLIME ET ELEVE; ET
TOUTE LA TERRE ETAIT REMPLIE DE SA MAJESTE, ET CE QUI E TAIT AU-
DESSOUS DE LUI REMPLISSAIT LE TEMPLE.
1. Les paroles du Prophète Isaïe que nous venons de citer sont celles d’un homme qui
contemple; et, si on les reçoit de la bouche même de Jean l’Evangéliste, elles conviennent bien
pour présenter son Evangile. En effet, comme le dit Augustin 2, les autres Evangélistes nous
forment à la vie active, mais Jean nous forme aussi à la vie contemplative. Isaïe 6, 1.
Ces paroles d’Isaïe décrivent de trois manières la contemplation de Jean parce que Jean lui-
même a contemplé la divinité du Seigneur Jésus de trois manières. Cette contemplation, elles la
montrent en effet élevée, ample et parfaite. Elevée: JE VIS LE SEIGNEUR SIEGEANT SUR
UN TRONE SUBLIME ET ELEVE; ample: TOUTE LA TERRE ETAIT REMPLIE DE SA
MAJESTE; parfaite: CE QUI ETAIT AU-DESSOUS DE LUI REMPLISSAIT LE TEMPLE.
JE VIS LE SEIGNEUR SIEGEANT SUR UN TRONE SUBLIME ET ELEVE
2. Au sujet de ce premier aspect de la contemplation de Jean, remarquons que l’élévation et la
sublimité de la contemplation consistent surtout dans la contemplation et la connaissance de
Dieu: Levez au plus haut votre regard et considérez qui a fait ces choses Isaïe 40, 26. Lorsque
l’homme élève au plus haut le regard de sa contemplation, il voit en effet et contemple le
Créateur même de toutes choses. Et, parce que Jean s’élève au-dessus de tout le créé, c’est-à-
dire au-dessus des montagnes, des cieux, des anges, et parvient au Créateur même de toutes
choses, il est donc manifeste, comme le dit Augustin, que sa contemplation fut la plus élevée.
Aussi dit-il: JE VIS LE SEIGNEUR; et parce que selon les paroles de Jean lui-même
Isaïe a dit cela quand il a vu sa gloire, celle du Christ, et qu’il a parlé de Lui Jean 12, 41, ce
SEIGNEUR SIEGEANT SUR UN TRONE SUBLIME ET ELEVE est donc le Christ.
Or ces paroles d’Isaïe dévoilent la quadruple grandeur que Jean contempla du Verbe incarné.
Sa seigneurie: j’ai vu LE SEIGNEUR; son éternité: SIEGEANT; la dignité et la noblesse de sa
nature: SUR UN TRONE SUBLIME; enfin sa vérité incompréhensible: ET ELEVE.
Ce sont bien les quatre manières dont les philosophes anciens parvinrent à la contemplation
de Dieu.
3. Certains en effet parvinrent à la connaissance de Dieu par sa seigneurie; c’est la voie la plus
efficace. Nous voyons en effet, dans la nature, les réalités agir en vue d’une fin, et atteindre des
fins utiles et déterminées. Etant dépourvues d’intelligence, ces réalités ne peuvent se diriger
elles-mêmes à moins d’être mues et dirigées par l’intelligence d’un autre. Ainsi, ce mouvement
même des réalités de la nature vers une fin déterminée indique l’existence d’une réalité plus
élevée qui les dirige vers leur fin et les gouverne. Et donc, puisque toute la nature suit son
cours et se dirige avec ordre vers une fin, il nous faut nécessairement reconnaître une réalité
plus élevée, qui dirige les autres et les gouverne comme un maître; et cette réalité, c’est Dieu.
Isaïe, dans le texte cité, montre bien cette seigneurie que possède le Verbe de Dieu quand il dit
LE SEIGNEUR; et le Psaume déclare à son sujet: Toi, tu domines sur la puis sance de la mer
et tu apaises le mouvement de ses flots Ps 88, 10 comme pour dire: "Tu es le Seigneur de la
nature et celui qui gouverne toutes choses". Jean, lui, montre qu’il possède cette connaissance
du Verbe quand il dit: Il est venu chez lui Jean 1, 11, c’est-à-dire dans le monde, car le monde
entier Lui appartient en propre.
4. D’autres parvinrent à la connaissance de Dieu à partir de son éternité. Ils virent en effet que
tout dans les réalités de la nature est soumis au changement, et que plus quelque chose est
noble dans les degrés des réalités, moins cela est soumis au changement: ainsi les corps
inférieurs sont soumis au changement à la fois quant à leur substance et quant au lieu; tandis
que les corps célestes, qui sont plus nobles, sont immuables selon la substance et ne sont mus
que selon le lieu. De on peut conclure avec évidence que le Principe premier de toutes les
réalités, qui est aussi le Principe suprême et le plus noble, est immuable et éternel. Et c’est
cette éternité du Verbe que le Prophète désigne quand il dit SIEGEANT, c’est-à-dire au-delà de
toute mutabilité et ayant la préséance dans son éternité. Le Psalmiste l’affirme: Ton trône, ô
Dieu, est établi pour toujours Ps 44, 7; et saint Paul aussi: Hier et aujourd’hui Jésus-Christ est
le même He 13, 8; Il le sera à jamais. Cette éternité, Jean la montre quand il dit: Dans le
Principe était le Verbe Jean 1, 1.
5. D’autres encore accédèrent à la connaissance de Dieu à partir de la dignité de Dieu Lui-
même; ce sont les Platoniciens. Ils considèrent en effet que tout ce qui est par participation se
ramène à ce qui est tel par son essence comme au premier et au suprême; c’est ainsi que tout ce
qui est feu par participation se ramène au feu qui est tel par son essence: Il est donc nécessaire,
puisque toutes les réalités existantes participent à l’être et sont des êtres par participation, qu’au
sommet de toutes les réalités existe quelque chose qui soit l’être même par son essence, de telle
sorte que son essence soit son être; et cette réalité, c’est Dieu, qui est la cause absolument
suffisante, suprêmement digne et parfaite de tout l’être, et de qui tout ce qui existe participe
l’être. Isaïe montre cette dignité lorsqu’il dit: SUR UN TRONE SUBLIME, ce qui, selon
Denys (Cf. DENYS, La hiérarchie céleste, 13, 4 (304 C), se rapporte à la nature divine De même le
Psalmiste: Le Seigneur est élevé au-dessus de toutes les nations Ps 112, 4. C’est aussi cette
dignité du Verbe que nous montre Jean lorsqu’il dit: Et le Verbe était Dieu Jean 1, 1.
6. D’autres enfin parvinrent à la connaissance de Dieu à partir de l’incompréhensibilité de la
Vérité. En effet, toute vérité que notre intelligence peut saisir est limitée; car, selon Augustin,
"tout ce qui est connu est limité par la compréhension de celui qui connaît" (Cité de Dieu, 12, 19);
et si [ce qui est connu] est limité, [ce qui est connu] est déterminé et particularisé. C’est
pourquoi il est nécessaire que la Vérité première et suprême, qui surpasse toute intelligence,
soit incompréhensible et infinie; et cette Vérité, c’est Dieu. Aussi le Psalmiste dit-il: Ta
grandeur, ô Dieu, est élevée au-dessus des cieux Ps 8, 2, c’est-à-dire au-dessus de toute
intelligence créée, non seulement humaine, mais même angélique car, comme le dit l’Apôtre,
Dieu habite une lumière inaccessible 1 Tm 6, 16. Isaïe nous montre l’incompréhensibilité de
cette Vérité quand il dit: ET ELEVEE, c’est-à-dire au-dessus de toute connaissance d’une
intelligence créée. C’est cette incompréhensibilité que nous fait entendre Jean par ces paroles:
Personne n’a jamais vu Dieu Jean 1, 18.
Ainsi la contemplation de Jean, dans son élévation, découvrit la seigneurie, l’éternité, la dignité
du Verbe et son incompréhensibilité, et son incompréhensibilité, et c’est cela qu’il nous a livré
dans son Evangile.
TOUTE LA TERRE ETAIT REMPLIE DE SA MAJESTE
7. La contemplation de Jean fut encore ample. En effet, la contemplation est ample quand, dans
une cause, quelqu’un peut voir tous les effets de cette cause, c’est-à-dire quand il connaît non
seulement l’essence de la cause, mais encore sa puissance qui la fait s’étendre à de nombreux
effets. C’est de cette extension que parle l’Ecclésiastique: Il fait abonder la sagesse comme les
eaux du Phison et comme le Tigre à la saison des fruits 17, et le Psalmiste: Le fleuve de Dieu
déborde d’eaux 18; car la profondeur de la sagesse de Dieu se voit dans sa connaissance de
toutes choses Avec toi, Seigneur, dès le commencement est la sagesse qui connaît tes
oeuvres 19 Ainsi donc, parce que Jean l'Evangéliste a été élevé à la contemplation de la nature et
de l’essence du Verbe divin, quand il dit: Dans le Principe était le Verbe et le Verbe était
auprès de Dieu 20, il nous manifeste aussitôt la puissance de ce Verbe, selon laquelle Il est
présent en toutes choses, en disant: Tout a été fait par Lui C’est pourquoi sa contemplation fut
ample. Aussi, dans le texte cité, le Prophète, après avoir dit: JE VIS LE SEIGNEUR
SIEGEANT, ajoute t-il au sujet de sa puissance: ET TOUTE LA TERRE ETAIT REMPLIE
DE SA MAJESTE, c’est-à-dire: tout l’ensemble des réalités et de l’univers vient de la majesté
et de la puissance du Verbe de Dieu, par qui tout a été fait et dont la lumière illumine tout
homme venant en ce monde 22. Le Psalmiste, lui, dit à ce sujet: Au Seigneur est la terre et tout
ce qu’elle renferme.
17. Sir 24, 35 (LXX 24, 25).
18. Ps 64, 10.
19. Sag 9, 9.
20. Jean 1, 1.
21. Jean 1, 3.
ET CE QUI ETAIT AU-DESSOUS DE LUI REMPLISSAIT LE TEMPLE.
8. Enfin la contemplation de Jean fut parfaite. En effet la contemplation est parfaite quand celui
qui contemple est conduit et élevé à la hauteur de la réalité contemplée; s’il demeurait à un
niveau inférieur, si haut que soit ce qu’il contemple, sa contemplation ne serait pas parfaite.
Aussi faut-il, pour qu’elle soit parfaite, qu’il s’élève et atteigne la fin même de la réalité
contemplée en s’attachant et adhérant, par la volonté aimante et par l’intelligence, à la vérité
contemplée. Job nous dit Connaissez-vous les routes des nuées c’est-à-dire la contemplation
de ceux qui prêchent , savez-vous qu’elles sont parfaites? 24 parce qu’ils adhèrent ferme
ment, par la volonté aimante et l’intelligence, à la Vérité suprême contemplée. Or Jean n’a pas
seulement enseigné comment le Christ Jésus, le Verbe de Dieu, est élevé au-dessus de tout, et
comment tout a été fait par Lui, mais aussi que nous sommes sanctifiés par Lui et que nous
adhérons à Lui, par la grâce qu’Il répand en nous, lorsqu’il dit: De sa plénitude nous avons tous
reçu. Ainsi sa contemplation, on le voit, fut parfaite. Isaïe montre cette perfection lorsqu’il
ajoute: ET CE QUI ETAIT AU-DESSOUS DE LUI REMPLISSAIT LE TEMPLE. Le chef du
Christ, en effet, c’est Dieu, et ce qui est sous le Christ, ce sont les sacrements de son humanité,
par lesquels les fidèles sont remplis de la plénitude de la grâce. Ainsi donc, CE QUI ETAIT
AU-DESSOUS DE LUI, c’est-à-dire les mystères de son humanité, REMPLISSAIT LE
TEMPLE, c’est-à-dire les fidèles qui sont le temple saint de Dieu, comme le dit saint Paul 27.
En effet, par les sacrements de son humanité, tous les fidèles du Christ reçoivent la plénitude
de sa grâce.
La contemplation de Jean fut donc élevée, ample et parfaite.
22. Jean 1, 9.
23. Ps 23, 1.
24. Jb 37, 16.
25. Jean 1, 16.
26. 1 Co 11, 3.
9. Cependant il faut remarquer que ces trois modes de contemplation correspondent aux
différentes sciences. A la science morale, qui traite de la fin ultime, revient la perfection de la
contemplation; la science naturelle, qui considère les êtres procédant de Dieu, en a la plénitude;
tandis que la métaphysique possède, entre toutes les sciences philosophiques, la hauteur de la
contemplation. Mais l’Evangile de Jean renferme tout à la fois ce que ces sciences possèdent
séparément: sa perfection est donc totale.
10. Ce qui précède nous apprend donc quelle est la matière de cet Evangile. En effet, alors que
les autres Evangélistes traitent principalement des mystères de l’humanité du Christ, Jean
montre avant tout dans son Evangile, et d’une manière qui lui est propre, la divinité du Christ,
sans taire pour autant les mystères de son humanité. En voici la raison: après que les autres
Evangélistes eurent écrit leurs Evangiles, des hérésies s’élevèrent au sujet de la divinité du
Christ; elles enseignaient que le Christ était homme seulement, comme Ebion et Cérinthe le
pensaient faussement. C’est pourquoi Jean l’Evangéliste, qui avait puisé la vérité de la divinité
du Verbe à la source même du coeur divin, écrivit, à la prière des fidèles, cet Evangile il
nous a livré son enseignement sur la divinité du Christ et a réfuté toutes les hérésies.
27. 1 Co 3, 16.
28. Voir plus haut, n° 1.
29. Ebion est le fondateur supposé de la secte des ébionites. " Origène (Contra Celsum, VI, 61, 65; In Matth.
Comment., XVI, 12; P. G. XIII, 1409) sait que parmi les Judéo-chrétiens il en est qui croient en Jésus, comme
tous les fidèles de la grande Eglise, tandis que d’autres (les ébionites) pensent que Jésus est comme les autres
hommes et ne reconnaissent pas sa divinité. Semblablement, S. Irénée (Adv. haereses, I, XXVI, 2) avait noté que
les ébionites reconnaissaient l’existence d’un seul Dieu, créateur de l’univers, rejetaient la conception virginale de
Jésus, utilisaient uniquement l'Evangile de S. Matthieu (...), s’opposaient aux doctrines antino mistes de S. Paul et
vivaient conformément aux ordonnances de la Loi de Moïse. A ces renseignements, S. Hippolyte ajoute que, pour
les ébionites, les observances juives suffisaient à procurer la justification; Jésus avait accompli toute justice en
recevant le baptême de Jean et en pratiquant la Loi, d’où il suivait que tous les hommes peuvent comme lui
devenir des Christs par leur fidélité à Moïse (Philosoph., VII, XXXIV; X, XXII)" (G. BAROY, art. Ebionites, in
Catholicisme, III [et Ané 19521, col. 1231).
Cérinthe est, lui aussi, un hérétique de la fin du 1 siècle. " S. Irénée, le premier à parler de Cérinthe (...) le fait
enseigner en Asie (Adv. Haereses, I. XXVI) et l’y montre en opposition avec S. Jean (ibid., III, III, 4): Il existe
encore des gens, écrit-il, qui ont entendu Polycarpe raconter que Jean, le disciple du Seigneur, vint un jour aux
thermes d’Ephèse. Lorsqu’il aperçut Cérinthe, il en sortit précipitamment sans prendre de bain, en disant: Fuyons,
de peur que l’édifice ne tombe sur nous. Cérinthe s’y trouve, l’ennemi de la vérité !“ L’anecdote ainsi rapportée a
de grandes chances d’être authentique. Quant à la doctrine de Cérinthe, S. Irénée la résume en disant que
l’hérétique a enseigla distinction du Créateur et du Dieu suprême, celui-ci restant inconnu du démiurge; de
plus, selon Cérinthe, Jésus était fils de Marie et de Joseph, un homme semblable à tous les autres, sur qui, au jour
du baptême, était descendue une vertu sortie du Dieu suprême, et qui, abandonné de cette vertu avant la Passion,
avait souffert et était mort selon la loi commune (ibid., I, XXVI, 1; III, XI, 1; cf. Hippolyte, Philosoph., VII,
XXXIII, 1-2 X, XXI). Irénée ajoute, et ceci est important (ibid., III, XIII, 1), que S. Jean a écrit son Evangile
contre Cérinthe, pour montrer que Jésus n’était pas simple ment un homme, mais le Fils de Dieu venu en ce
monde, le Verbe fait chair" (G. BARDY, art. Cérinthe, in Catholicisme, II, col. 834).
Ces paroles d’Isaïe montrent encore clairement l’ordre suivi dans cet Evangile. En effet, Jean
nous présente d’abord LE SEIGNEUR SIEGEANT SUR UN TRO NE SUBLIME ET ELEVE,
quant il dit: Dans le Principe était le Verbe 30. Ensuite il montre comment TOUTE LA TERRE
ETAIT REMPLIE DE SA MAJESTE, par ces paroles: Tout a été fait par Lui 31. Enfin il
manifeste comment CE QUI E TAIT AU-DESSOUS du Seigneur REMPLISSAIT LE
TEMPLE, en disant: Et le Verbe s’est fait chair (...) et nous avons vu sa gloire 32.
De même ces paroles d’Isaïe manifestent bien la fin de cet Evangile: il faut que les fidèles,
devenus le temple de Dieu, soient remplis de la majesté divine. C’est pourquoi Jean lui-même
dit: Ces miracles ont été écrits pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et
qu’en croyant vous ayez la vie en son Nom 33.
Nous voyons donc clairement par là quelle est la matière de cet Evangile la connaissance de
la divinité du Verbe , quel est son ordre et quelle est sa fin.
II
11. Tout ce qui vient d’être dit permet de situer l’auteur lui-même de cet Evangile, et cela de
quatre manières: du point de vue de son nom, de sa vertu, de son symbole et de son privilège.
Le nom de l’auteur de cet Evangile est Jean, nom qui signifie" en qui est la grâce". En effet,
seuls ceux qui ont en eux la grâce de Dieu peuvent contempler les secrets de la divinité, et c’est
pourquoi l’Apôtre dit: Nul ne connaît les secrets de Dieu, si ce n’est par l’Esprit de Dieu34
Jean vit donc LE SEIGNEUR SIEGEANT SUR UN TRONE SUBLIME ET ELEVE. A cela, il
fut disposé du fait qu’il était vierge. C’est aux vierges en effet qu’il appartient de voir le
Seigneur, comme le Seigneur Lui-même l’a dit: Bienheureux ceux qui ont le coeur pur, car ils
verront Dieu 35.
Le symbole de Jean est l’aigle. Voici pourquoi: les trois autres Evangélistes se sont occupés de
ce que le Christ a accompli dans la chair et ils sont désignés par des vivants qui marchent sur la
terre, à savoir par l’homme, le boeuf et le lion36. Jean, lui, volant comme un aigle au-dessus des
nuages de la faiblesse humaine, contemple la lumière de l’immuable Vérité avec les yeux du
coeur, du regard le plus pénétrant et le plus ferme qui soit possible à l’homme, et, attentif à la
divinité même de Notre Seigneur Jésus-Christ, par laquelle Il est égal à son Père, il s’est
efforcé principalement, dans son Evangile, de la manifester autant que, homme parmi les
hommes, il l’a cru nécessaire. De ce vol de Jean il est dit au Livre de Job: L’aigle c’est-à-dire
Jean à ton commandement s’élèvera t-il en haut? et encore: Ses yeux perçants voient de
loin37, car du regard de l’esprit il contemple le Verbe même de Dieu dans le sein du Père.
Quant à son privilège, il fut d’être, parmi tous les disciples du Seigneur, celui qui fut le plus
aimé par le Christ: Jean fut en effet le disciple que Jésus aimait 38, comme lui-même l’a dit sans
se nommer. Or aux amis on révèle ses secrets, comme le montrent ces paroles de Jésus: Je ne
vous appelle plus mes serviteurs, mais mes amis, parce que tout ce que j’ai appris de mon Père,
je vous l’ai fait connaître39. Le Christ a donc vélé ses secrets de façon toute spéciale à ce
disciple très spécialement aimé. A ceux qu’enfle la démesure à savoir les orgueilleux le
Christ cache la lumière c’est-à-dire la vérité de sa divinité et il annonce à son ami
Jean que la lumière est son partage 40; c’est lui en effet qui, voyant plus parfaitement la
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