La Première Guerre mondiale
I- Aux origines
- Les rivalités européennes :
o Rivalités économiques : le Royaume-Uni craint la concurrence de
l’Allemagne sur les marchés extérieurs ;
o Rivalités coloniales : les territoires à coloniser sont devenus rares les
puissances européennes se les disputent : 1904-1911, France et Allemagne
évitent deux fois une guerre à propos du Maroc ;
o Problèmes liés au tracé des frontières : la France n’a jamais renoncé à
l’Alsace-Lorraine que l’Allemagne a reconquis en 1871 et veut prendre sa
revanche. L’Italie revendique les territoires peuplés d’italiens situés dans
l’Empire austro-hongrois.
- Les alliances et la « course aux armements » :
o Craignant un affrontement, les Etats européens cherchent à se protéger par
des alliances défensives. Deux systèmes d’alliance opposés sont peu à peu
mis en place :
La Triple-Alliance unit les empires allemands, austro-hongrois et
l’Italie.
La France constitue la Triple-Entente avec la Russie et le Royaume-
Uni.
o Les Etats se livrent à une « course aux armements ». La quantité des armes
augmente, armes de plus en plus meurtrières en raison des progrès
techniques. Chaque pays semble se préparer à la guerre : en 1913, en
France, le service militaire passe de 2 à 3 ans.
- 1914 : le déclenchement de la guerre :
o Depuis le début du siècle, les Balkans sont un grand foyer de tension en
Europe : la Serbie ne cache pas sa volonté de créer une Yougoslavie
regroupant les Serbes et les autres Slaves sous domination autrichienne
(Croates, Bosniaques…).
o Accompagné de son épouse, l’archiduchesse morganatique Sophie de
Hohenberg, l’archiduc François-Ferdinand, l’héritier de l’empire
d’Autriche, inspecte les troupes de Bosnie-Herzégovine. Pour les
extrémistes serbes, il s’agit d’une provocation : la société secrète
nationaliste la Main noire projette d’assassiner l’archiduc le 28 juin à
Sarajevo. Le service d’ordre, mal organisé, facilite la tâche des conjurés :
Une bombe éclate près du cortège mais fait peu de victimes ;
Juste après la réception à l’hôtel de ville, un étudiant serbe, Gavrilo
Princip, abat le couple princier à coups de revolver. Lors de son
procès, à l’interrogatoire, il déclare d’ailleurs : « je suis un
nationaliste yougoslave, j’aspire à l’union de tous les Yougoslaves,
sous quelque forme politique que ce soit, et à leur délivrance de
l’Autriche ».
L’Autriche a un prétexte pour écraser son voisin : le 23 juillet,
Vienne envoie à Belgrade, à propos de l’enquête sur l’attentat, un
ultimatum en 6 points très durs. Mais la Serbie accepte les 5
premiers, et émet des réserves sur le 6ème, véritable ingérence
autrichienne dans les affaires intérieures du petit royaume.
→ Vienne rejette la réponse Serbe et déclare la guerre à la Serbie, le 28
juillet. Guillaume II, après un instant d’inquiétude, soutient son allié.
o C’est ensuite l’engrenage des alliances :
La Russie puis la France et le Royaume-Uni se rangent au côté des
Serbes, l’Allemagne au côté de l’Autriche-Hongrie. En août, dans
chaque pays, on mobilise les troupes et les partis politiques
s’unissent dans des gouvernements d’union sacrée.(1er août
l’Allemagne déclare la guerre à la Russie puis le 3 à la France, la
Grande-Bretagne déclare la guerre à l’Allemagne après la violation
du territoire belge, 12 août France et Angleterre déclarent la guerre
à l’Autriche-Hongrie, le Japon déclare la guerre à l’Allemagne).
Jusqu’au, l’espoir d’une médiation des pays neutres subsiste, mais
les opinions sont moralement prêtes pour une guerre que tous
imaginent très court. La mobilisation s’effectue avec discipline : 2%
de réfractaires alors que l’état-major en attendait 13%. Les civils
forment des cortèges patriotiques, fleurissent les monuments de la
guerre de 1870.
II- Quatre ans de guerre
- L’échec de la guerre de mouvement :
o 1914, le plan allemand, appelé plan Schlieffen a pour objectif d’éviter le
combat sur deux fronts (écraser la France, en passant par le Belgique
neutre, puis se retourner contre la Russie).
→ Août : les Allemands pénètrent en Belgique le 2 août, provoquant l’exode
des civils. Ils se dirigent ensuite sur la France et, au début du mois de
septembre, arrivent près de Paris. L’offensive allemande est stoppée par la
contre-offensive française lancée par le général Joffre, chef d’état-major sur la
Marne, le 6 septembre. Depuis la capitale, un million d’hommes est transporté
en hâte sur le front en empruntant parfois des taxis réquisitionnés (les fameux
« taxis de la Marne »). Dans les semaines suivantes, les armées tentent de se
déborder et s’engagent dans une « course à la mer ». Fin 1914, le front se
stabilise le long d’une ligne qui va de la mer du Nord à la Suisse.
o A l’Est de l’Europe, les armées russes pénètrent en Prusse orientale. Elles
sont battues à Tannenberg (17 août) et commencent à reculer.
- Une longue guerre de position :
o Sur le front occidental, la guerre de position succède à la guerre de
mouvement :
Les troupes face à face s’enterrent dans les tranchées, séparées d’un
espace d’un ou deux kilomètres sur lequel se livrent tous les
engagements ; l’armement s’adapte, avec les mortiers et les
grenades au tir courbe, les lance-flamme et les gaz asphyxiants ; on
s’observe avec des ballons et des avions qui finissent par bombarder
les tranchées et par se battre dans les airs.
1915-1917 : toutes les offensives pour percer le front sont un échec
Ex. : offensive des Allemands à Verdun de février à juin 1916
durant lequel les Français commandés par le général Pétain tiennent
bon (plus de 300 000 morts de chaque côté).
o La guerre se prolongeant, les camps se cherchent de nouveaux alliés.
→ Ouverture de nouveaux fronts dans le Nord de l’Italie, dans les Balkans
et au Moyen-Orient.
- Le tournant de 1917 et la fin de la guerre :
o Les difficultés militaires se multipliant, la lassitude s’empare des deux
camps : défaites russes, échec sanglant de l’offensive française lancée par
le général Nivelle au Chemin des Dames, désastre italien à Caporetto…
A l’arrière, les grèves se multiplient.
Toutes les armées sont frappées par des mouvements d’indiscipline.
En France, au printemps 1917 éclatent des mutineries. Les mutins,
minoritaires, sont jugés et exécutés pour l’exemple. Pétain calme le
mouvement en améliorant la vie quotidienne des soldats et
renonçant aux attaques inutiles.
En Russie, une révolution éclate et le nouveau pouvoir engage des
négociations avec l’Allemagne qui aboutissent à la paix séparée de
Brest-Litovsk (mars 1918).
o En riposte au blocus économique dont elle fait l’objet, l’Allemagne mène
une guerre sous-marine à outrance qui provoque l’entrée en guerre des
Américains (2 avril 1917) au nom de la « liberté des mers » et de la
sauvegarde de leurs intérêts financiers. Même si les Américains mettent à
disposition des Alliés la puissance de leur économie, les conséquences de
l’intervention américaine sont modestes pour 1917.
o Mars 1918 : les Allemands lancent une grande offensive sur le front
occidental qui les mène jusqu’à la Marne. Les Alliés, sous le
commandement du maréchal Foch, bénéficient du renfort de près de 2
millions de soldats américains et d’un flot de matériel de guerre. Bulgarie,
Turquie, Autriche-Hongrie s’effondrent.
→ L’Allemagne signe l’armistice à Rethondes le 11 novembre 1918, après
l’abdication de l’empereur Guillaume II et l’avènement de la République.
III- Une guerre totale
- L’économie tournée vers la guerre
o Pour répondre à la demande des Etats, les industriels reconvertissent leurs
usines vers la production de matériel de guerre ou construisent de nouvelles
usines d’armement. Pour qu’elles ne tombent pas aux mains de l’ennemi,
celles-ci sont implantées loin des fronts (Lyon, Paris, Bordeaux ou
Toulouse en France). Ainsi, la production en voiture des usines Renault
passe de 1484 unités en 1914 à 553 unités en 1918. Par contre, alors que les
usines Renault ne produisaient pas de char d’assaut en 1914, elles en
produisent 750 en 1918.
o Les dépenses des Etats augmentent (achat d’armes, entretien des
troupes …) : les impôts augmentent donc, les Etats recourent à l’emprunt
ou impriment de nouveaux billets (dépréciation de la monnaie donc hausse
des prix).
- L’effort de guerre des civils
o Les pays belligérants manquent de bras : dans les usines, les champs, les
femmes remplacent les hommes et obtiennent des responsabilités
nouvelles. Ainsi, dans les usines Renault, alors que les femmes ne
constituaient que 3,8% des travailleurs en 1914, elles passent à 31,6% en
1918. Les industriels font aussi venir des travailleurs des colonies.
o La population souffre de pénurie de vivres et de produits de première
nécessité (charbon…) causée par la désorganisation de l’économie
(manque de main d’œuvre, reconversion des usines civiles, occupation
étrangère…). La situation est dramatique dans les empires centraux à cause
du blocus naval, qui rend impossible les importations par mer.
o Dans les régions occupées de Belgique et de France, les habitants doivent
payer de lourdes indemnités de guerre, supporter les réquisitions et les
travaux forcés. Les auteurs d’actes de résistance sont fusillés.
- Des libertés sous contrôle
o Pour que l’arrière garde le moral, les Etats font de la propagande, du
« bourrage de crâne ». Le courrier en provenance du front et la presse, qui
pourraient faire passer de mauvaises nouvelles, sont censurés. Les
communiqués militaires sont toujours enthousiastes.
o En 1917, certains socialistes s’opposent à la guerre : c’est la fin de l’Union
sacrée. Les gouvernements dirigés par des hommes énergiques cherchent à
maintenir l’unité nationale en réprimant violemment les grèves et les
manifestations. C’est le cas de Georges Clémenceau en France, surnommé
« le Tigre ». Républicain radical, Clémenceau est appelé à la tête du
gouvernement pour résoudre la crise grave que traverse le pays en
novembre 1917. Il réprime les manifestations, rétablit l’ordre et impose son
autorité aux chefs militaires. Il obtient des Alliés le commandement en chef
des troupes alliées pour le général français Foch.
IV- La nouvelle Europe
- L’Europe redessinée par les traités
o La Conférence de la paix siège à Paris de janvier 1919 à août 1920. Le
texte servant de base aux discussions est le message en 14 points du
Président des Etats-Unis Wilson, qui défend le droit des peuples à disposer
d’eux-mêmes et propose la création d’une association de nations pour
garantir la paix.
5 traités sont signés entre Alliés et vaincus :
Le traité de Versailles signé avec l’Allemagne en 1919, déclare
celle-ci responsable de la guerre et la condamne à payer des
réparations aux vainqueurs ; elle perd une partie de son territoire et
de ses colonies ; son armée est réduite et privée d’armes lourdes, la
région du Rhin est démilitarisée et en partie occupée.
Les traités signés avec l’Autriche, la Hongrie et la Turquie
démembrent les empires et dessinent les frontières de nouveaux
Etats, alors que celui signé avec la Bulgarie réduit son territoire.
Tous les traités sont précédés d’un préambule créant la Société des
Nations (SDN) chère à Wilson.
o De nombreux Etats ne se satisfont pas de leurs nouvelles frontières. Ce
n’est qu’en 1923, après plusieurs conflits locaux, qu’elles se fixent.
- L’Europe affaiblie par la guerre
o Le bilan humain est catastrophique.
1914-1919 : plus de 11 millions de morts.
Accusés de traîtrise par les Turcs qui viennent de subir une défaite
face aux Russes, les Arméniens subissent à partir d’avril 1915 un
exode forcé. Massivement exterminée en 1916, la population
arménienne connaît le premier génocide du XXème siècle, qui fait
plus d’un million de victimes
A partir de 1918, une terrible épidémie de grippe s’abat sur les
populations affaiblies.
Déficit des naissances pendant la guerre (créations de classes d’âge
creuses). La population de l’Europe est désormais vieillissante.
Des millions de mutilés, de malades et de névrosés vivent dans le
souvenir d’une guerre traumatisante ;
o Désastre matériel et financier :
les régions situées sur le front sont en partie ruinées ;
les Etats sont endettés et doivent financer la reconstruction des
régions dévastées, aider les veuves, les orphelins, les mutilés…
La hausse des prix est rapide, liée à la création artificielle de
monnaie et à la forte demande de marchandises alors que la
production reste faible.
o L’Europe ne domine plus le monde :
Les Etats-Unis ont développé leur commerce en Amérique latine,
accru leur production, grâce aux achats alliés et sont les créanciers
de l’Europe.
Dans colonies européennes, des mouvements nationalistes
commencent à réclamer davantage de liberté.
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