Chapitre 0 : Introduction

publicité
Chapitre 0 : Introduction
25/01/2007
On accuse la mondialisation de bien des maux : délocalisations, chômage, etc. On subirait la
mondialisation tandis que d’autres en profiteraient.
On lui impute aussi les déréglements climatiques...
Qu’est-ce que la mondialisation ?
Il s’agit d’un phénomène économique lié au libéralisme économique, c’est-à-dire à
l’ouverture des économies et des frontières nationales, la circulation intensifiée des biens
économiques et des capitaux.
Il s’agit ainsi d’un phénomène capitaliste à l’échelle planétaire.
Il s’oppose ainsi aux économies socialistes, fondée sur la critique sociale du marxisme et sur
l’analyse des sociétés industrielles. Pour les marxistes, c’est la possession de l’appareil de
production qui détermine la classe sociale dans une société industrielle. C’est l’Etat qui régule
l’économie et poursuit l’objectif d’avènement d’une société nouvelle.
Il s’oppose également aux économies féodales, fondées sur une société d’ordres où la
naissance fige la position sociale.
Il s’oppose de fait aux économies dites "traditionnelles". C’est-à-dire aux échanges fondés sur
les réseaux communautaires, une logique d’autosubsistance, et sur l’idée de maintenir la
société en l’état, sans volonté ni de profit ni de progrès.
C’est une économie qui privilégie les circuits courts, qui est peu monétarisée et qui connait de
fait des formes de troc. Il s’agit essentiellement d’économies locales.
Le capitalisme a tendace à absorber toutes ces économies. Le communisme s’est effondré et
les économies traditionnelles sont de plus en plus intégrées.
Le capitalisme désigne un régime économique et social dans lequel les capitaux
n’appartiennent en général pas à ceux qui les mettent en oeuvre par leur propre travail.
Le libéralisme est la doctrine du capitalisme. Le tenant politique s’appuie sur
l’individualisme ; la partie économique s’appuie sur la libre-entreprise et la libre concurrence
lesquelles sont les moteurs d’une bonne économie.
Le libéralisme s’accompagne d’une dimension sociale et culturelle qui est lié à l’avènement
de la société de consommation. Va-t-on vers une homogénéisation des sociétés et des
cultures ?
Plusieurs dynamiques contraires s’affrontent.
Par exemple, le créole se maintient bien aux Antilles. Il s’agit d’un acte de résistance organisé
par les institutions.
Des associations comme les groupements altermondialistes prétendent également jouer un
rôle contre l’uniformisation culturelle.
Même s’il existe un phénomène de standardisation, celui-ci est bien souvent hybridé par les
cultures locales : MacDonald ajuste ses menus en fonction des habitudes cullinaires locales.
La langue subit elle-même des adaptations et des phénomènes de métissage. C’est aussi le cas
de la musique.
La mondialisation est ainsi une notion polysémique qui révèle plusieurs dynamiques
contraires.
Il s’agit d’un concept qui s’est forgé dans les années 1950.
C’est un phénomène planétaire qui touche le commerce, les évènements sportifs, la culture,
les médias, Internet, les modes d’alimentation, etc.
Dans les années 1970, Marshall McLuhan parle de "village-monde".
Cette expression révèle tant la révolution médiatique, que la circulation de plus en plus
intense des biens, des hommes et des idées...
La mondialisation est également un concept forgé par les chercheurs qui voient en elle
l’accélération de la diffusion du capitalisme à l’échelle de la planète.
Chapitre 1 : Histoires de mondialisation
25/01/2007 - suite
Le phénomène de mondialisation s’étend sur un temps très long de l’histoire de l’Humanité.
L’intensification de ce processus relève d’un temps beaucoup plus court, largement lié à la
naissance du capitalisme en 1500 et à son extension à l’ensemble du monde, à partir de
l’Europe.
I. Les prémices : « archéomondialisations » et « empiresmondes » (Dagorn)
A. Archéomondialisations
1. Peuplement de la planète
L’Homme apparaît il y a 2 millions d’années le long du Grand Rif. Ce foyer s’étend jusqu’à
l’Afrique du Nord, puis jusqu’à l’Europe. En Asie, il s’étend à l’Indonésie et à la Chine.
Parallèlement, l’Homme continue sa progression sur la planète : l’Humanité se diffuse au sein
du continent africain et au Proche-Orient et plus tard en Australie et en Amérique.
Aujourd’hui, il y a 6,5 milliards d’Hommes sur Terre.
Vers -5000, on estimait la population mondiale à 10 millions d’habitants.
Malgré le fait que l’Homme peuple toute la planète, il demeure de fortes inégalités dans la
distribution du peuplement. Il existe des régions vides d’Hommes comme les déserts blancs et
les déserts arides. Ils ne sont pas inhabitables mais contraignent les populations à s’adapter
comme les pratiques du nomadisme. Ici, les conditions de vie sont des facteurs limitants au
développement du peuplement.
Il existe cependant quelques zones densément peuplées comme les foyers européen, asiatique
et indien. Au XVIIe siècle, Mexico est ainsi la ville la plus peuplée du monde.
2. Elevage et agriculture
A partir de -5000, il y a accélération du peuplement de la planète par un processus de
sédentarisation et grâce à une révolution technologique fondamentale qu’est la Révolution
Néolithique. Celle-ci porte la naissance de l’agriculture et plus largement le développement de
la domestication de la faune et de la flore.
Cette révolution agricole connaît plusieurs foyers où elle se développe de manière similaire
mais distincte :
l’Afrique centrale ;
le Proche-Orient et les rives méditerranéennes (blé, orge) ;
la Chine, autour du fleuve Jaune et du Huang Hu ;
le bassin de Mexico (courge, haricot, maïs) ;
les Andes (piments, haricots).
3. L’urbanisation planétaire
La sédentarisation est également lié à l’apparation des villes qui deviennent le lieu d’échanges
des surplus agricoles et de l’accumulation des richesses.
B. Les empires-mondes comme préfiguration de la mondialisation
Les différents empires-mondes sont :
l’Empire chinois à partir du XVIIe siècle av. J.-C. ;
l’Empire perse à partir de 700 av. J.-C. ;
l’Empire romain à partir de 50 av. J.-C.
Les empires-mondes ont préfiguré la mondialisation.
1. L’empire, cadre privilégié des échanges
L’Empire romain s’organise comme le cadre privilégié des échanges, notamment sur la partie
orientales des rives de la Méditerranée. Elle étend progressivement sa puissance commerciale
à l’Europe et se heurte aux abords du monde perse et de la frontière barbare.
Rome délimite également son emprise territoriale à travers le limes.
2. L’unité impériale
Il existe plusieurs grandes voies commerciales :
Les voies maritimes relient Rome aux différents ports de l’Empire que sont Carthage,
Antioche et Alexandrie, voire Burdigala (future Bordeaux) sur l’Atlantique.
Les routes terrestres vers l’Indre et l’Egypte se développent le long du limes et les routes
caravanières traversent les grandes cités commerciales comme Palmyre. Des interconnexions
se font entre les mondes romain et barbare.
L’empire est ainsi propice au déplacement des Hommes et des biens. Parmi les conséquences
figurent les premiers phénomènes de spécialisation des régions au coeur du système
économique :
la Tunisie est spécialisée dans les oliveraies pour l’approvisionnement de Rome en huile ;
la Tunisie et l’Egypte sont les greniers à blé de Rome ;
l’Espagne est la région de la métallurgie.
L’unité civile s’incarne à travers la Pax Romanae. Il s’agit d’une logique de tressage de
l’espace (multiplication des voies de communication) et de maillage de l’espace (affinement
progressif de l’administration de l’espace).
3. La diffusion de la civilisation
La diffusion de la civilisation romaine consiste en l’application d’un droit écrit.
Les villes romaines sont fondées sur le même modèle, c’est-à-dire un plan en damier et des
équipements publics récurrents comme les forums, les thermes, les théâtres : il existe un
certain « Art de vivre » romain et des pratiques culturelles spécifiques autour de l’instruction,
la culture et le sport.
La société romaine est une société de loisirs qui servent à l’instruction et à la construction
personnelle : otium.
01/02/2007
II. Le « bouclage du monde » et la formation des « économiesmondes » (Braudel) à partir de la fin du XVe siècle
A. Naissance du capitalisme
L’essor du capitalisme est un élément de rupture au XVe siècle. La création du capitalisme
commercial est synonyme des « économies-mondes ». Il se forme le long des grandes routes
caravanières qui sont autant de liens entre les réseaux commerciaux lointains.
Ces réseaux commerciaux s’étaient lancés depuis longtemps dans le commerce des épices. On
leur prêtait des vertus médicinales. Il s’agissait d’un commerce rentable qui nécessitait
l’implication de nombreux intermédiaires.
Le voyage durait 2 ans, c’est-à-dire qu’il fallait pouvoir investir sur un durée aussi longue.
Il s’agissait également d’un commerce risqué : ce qui impliquait une prise de risque et une
acceptation des pertes (1 bateau/5 arrivait à bon port).
Il persistait des difficultés dans les moyens de paiement.
Les obstacles apparents au bon déroulement de ce commerce ont nécessité la mise en place
d’un certain nombre d’outils financiers :
les lettres de change (ancêtres des chèques) ;
les compagnies d’assurance, pour assurer les bateaux ;
les bourses de commerce.
Les initiatives commerciales nécessitaient ainsi un capital pour l’investissement, que les
commerçants ont commencé à cumuler. C’est la naissance du capitalisme commercial.
Les commerçants sont surtout flamands, vénitiens, italiens et anglais.
B. Améliorations logistiques et conquêtes maritimes
1. Progrès dans le domaine de la navigation
Les progrès techniques sont déterminants dans la navigation :
on invente la voile triangulaire qui permet de remonter au vent ;
on améliore le gouvernail ;
on améliore les techniques de navigation : boussole ; celà implique que les marins ne sont
plus cantonnés au cabotage et peuvent envisager des traversées.
De plus, la cartographie fait son apparition. Il s’agit d’un acte d’appropriation relative et fait
écho aux exploitations commerciales et politiques. « La cartographie sert à faire la guerre »
(Y. Lacoste).
2. Les Européens à la conquête des mers
Entre 1400 et 1460, les Portugais expériment ces nouvelles techniques le long des côtes
africaines et y installent leurs premiers comptoirs commerciaux.
Au même moment, les Chinois entreprennent le même type de démarche et dépassent le Cap
Horn avant les Portugais. Cette étape marque aussi leur arrêt de la conquête des mers.
En 1487, les Européens ont contourné l’Afrique et souhaitent découvrir de nouvelles routes
vers l’Inde.
En 1492, les Espagnols découvrent l’Amérique en charchant de nouvelles routes maritimes
vers l’Asie.
3. La mise en place des premières voies de communication circumplanétaires
Suite à ces découvertes, les Européens ouvrent de nouvelles voies commerciales vers
l’Afrique et l’Amérique.
Se met également en place à partir des côtes occidentales de l’Afrique (actuels Bénin, Nigéria,
Angola) les itinéraires de traite des esclaves entre l’Afrique et l’Amérique et que l’on appelera
commerce triangulaire avec l’implication de l’Europe.
Anecdotique, le Gallion de Manille est la première liaison internationale régulière en reliant
chaque année les Philippines à Séville.
Cette réorganisation des espaces commerciaux aboutit à une reconfiguration des centres de
gravité européens.
Les nouvelles routes concurrencent le réseau vénitien et de nouvelles places du commerce se
développent :
Bordeaux ; Séville ; Lisbonne ; Nantes ; Bristol ; Liverpool.
Le point commun de toutes ces villes est la proximité d’une façade atlantique.
Une autre ville va jouer un rôle prépondérant sur le commerce international : Amsterdam.
C. L’« occidentalisation » du monde
1. Le premier partage de la planète par les Européens
Le traité de Tordesillas, signé à Tordesillas (Valladolid) en Castille le 7 juin 1494, établit le
partage du Nouveau Monde seulement entre les 2 puissances coloniales émérgentes l’Espagne
et le Portugal.
D’après ce traité, le royaume de Castille, ainsi que les îles Canaries, seraient pour Isabelle et
Ferdinand, tandis que Madère, Porto Saintto, les Açores et les îles du Cap-Vert, ainsi que le
droit de conquête du royaume du Maroc et le droit de navigation au sud du parallèle des
Canaries, seraient pour le Portugal.
2. Diffusion de la civilisation européenne
La diffusion de la civilisation européenne se fait surtout à travers la diffusion de certaines
modes de pensée et de la religion chrétienne (était-ce d’ailleurs un des objectifs ?) : des
communautés religieuses créent des reduciones, véritables républiques théocratiques en
Amérique du Sud.
Il se diffuse également la langue dominante des Européens : le latin.
Se diffusent également le maniérisme (style artistique) et l’aristotélisme, en écho à un
mouvement philosophique qui accorde la primauté à l’empirique et à la raison.
Cette première mondialisation équivaut à une européanisation, comme si les cultures
indigènes n’avaient pas d’impact ni de prise sur ce processus.
3. Les périphéries sont aussi des acteurs de la mondialisation...
Les Européens n’avaient pas le monopole de la diffusion du savoir.
On a retrouvé à Mexico un journal tenu par Chimalpahin Quauhtlehuanitzin, où cet indigène
du Mexique a noté les visites des délégations japonaises de 1610 et 1614. Il note ces faits dans
sa langue maternelle : le nahuatl.
Ce journal indique ainsi qu’il y a eu des contacts entre les périphéries (ici le Mexique et le
Japon) sans ingérence européenne. L’Europe n’était donc pas incontournable.
D’ailleurs, on sait que des imprimeries étaient installées à Mexico et à Manille : les
périphéries produisaient donc du savoir et de l’influence. On remarque grâce à ce journal que
les indigènes produisaient leur propre regard sur le monde et commentaient également
l’actualité européenne qui arrivait jusqu’à eux. On retrouve dans le journal de Chimalpahin la
mention de la mort d’Henri IV de manière précise et détaillée, avec seulement quelques mois
de retard. On y relève que Chimalpahin a également une bonne connaissance de la société
française de l’époque.
Il mentionne également d’autres faits qui lui sont contemporains, comme l’exécution des
martyrs de ?agasaki, au Japon.
On peut également déduire que Mexico devait être une plaque tournante importante dans le
monde.
Chimalpahin place Rome au centre du monde et assimile le roi d’Espagne au « Seigneur
universel ».
Les habitants des périphéries sont ainsi des acteurs à part entière de cette mondialisation.
Le phénomène de mondialisation est impulsé par l’Europe et dominé par elle, mais il faut
tenir compte du regard des périphéries.
III. Mondialisations contemporaines
Il s’agit de deux périodes d’accélération de l’extension du capitalisme.
A. La « première mondialisation » (Berger) : 1870-1914
1. Les signes de l’ouverture de l’économie internationale
Le volume et la valeur des exportations sont multipliées par 30.
L’accélération a lieu à partir de 1870, c’est-à-dire au moment où les exportations augmentent
le plus.
Le Royaume-Uni apparaît alors comme la première puissance commerciale du monde. Il est
progressivement concurrencé par l’Allemagne, qui accélère une industrialisation tardive. La
Russie s’industrialise également, tandis que la France et l’Espagne maintiennent le niveau de
la Première ère industrielle.
De manière générale, l’Europe domine les exportations et constitue le berceau de
l’industrialisation.
Les Etats-Unis connaissent un décolage tardif et une croissance considérable entre 1870 et
1913. Ils accèdent au 3e rang des puissances mondiales en 1913. L’industrialisation tardive
leur permet de se doter d’un appareil productif plus moderne et plus performant.
Parallèlement, on assiste à un petit décollage de l’Amérique du Sud et de l’Asie (au Japon
s’ouvre l’ère Meiji).
L’Afrique reste visiblement hors du système.
Il y a une augmentation sans précédent du commerce mondial. La suprématie européenne est
liée à la précocité anglaise. Mais le décollage américain est également suivi par les puissantes
émergentes que sont les anciennes colonies de peuplement : Brésil et Australie, entre autres.
Le Royaume-Uni constitue 41% des investissements mondiaux et se révèle ainsi la première
puissance financière. Il est suivi dans l’ordre par la France, l’Allemagne et les Etats-Unis.
Les pays neufs n’apparaissent pas.
Le Royaume-Uni investit dans les pays neufs à hauteur de 40%.
La France investit surtout en Russie et en Europe de l’Est (cf. affaire des emprunts d’Etat
russes) et un peu en Europe occidentale : l’Afrique n’est pas privilégiée.
Les Etats-unis investissent en Amérique latine, fidèlement à la doctrine Monroe.
Il y a grande mobilité des marchandises et des capitaux. L’Europe est alors le centre
d’impulsion de la première mondialisation, avant que celui-ci glisse vers les Etats-Unis.
15/02/2007
De plus, les firmes multinationales (FMN) apparaissent à la fin du XIXe siècle ; c’est-à-dire
des entreprises avec des stratégies de développement mondial.
Celles-ci doivent s’approvisionner en matières premières. C’est le cas par exemple de
Michelin qui prend le contrôle d’exploitations d’hévéas en Indochine et à Madagascar.
Parmi les autres objectifs figure la pénétration de certains marchés de consommation, et ainsi
le détournement des barrières douanières.
Des entreprises installent ainsi des succursales à l’intérieur des marchés de consommation
qu’elles convoitent.
C’est le cas de Singer qui crée sa filiale en Ecosse en 1869, au Canada en 1873 et en Autriche
en 1883.
Il y a également une grande mobilité des Hommes à l’échelle planétaire. Entre 1870 et 1914,
55 millions d’Européens partent s’installer en Amérique et dans les pays neufs. Ils sont
souvent Irlandais ou Anglais (XIXe siècle), puis Italiens (surtout de Calabre et de Sicile ; avec
eux ainsi les réseaux mafieux).
L’Irlande et la Suède perdent ainsi jusqu’à 10% de leur population.
2. Les facteurs de la « grande transformation » (Polányi)
Le premier facteur est technologique ; il est lié à la révolution des transports et des
communications.
Alors qu’il fallait un mois et demi pour relier les Etats-Unis à l’Europe, le bateau à vapeur
permet de raccourcir le temps de traversée à 5 jours au XIXe siècle. En 1912, 90% de la flotte
mondiale est constituée de bateaux à vapeur.
Le train quant à lui réduit le temps des transports terrestres.
Il s’agit de nouveaux transports rapides et dont la régularité favorise davantage le commerce.
En 1865 est installé le premier cable télégraphique transocéanique qui relie l’Europe à
l’Amérique du Nord. Progressivement, le réseau s’étend au monde entier.
Au début du XXe siècle, la communication est presque instantanée.
Dès 1914, toutes les grandes places mondiales peuvent communiquer en temps réel.
Parallèlement aux innovations technologiques se mettent en place des innovations
institutionnelles et politique.
En 1860 est instauré le premier accord de libre-échange entre la France et l’Angleterre.
Au milieu du XIXe sicèle, le système monétaire international fondé sur l’étalon-or limite les
risques de fluctuation des cours et sécurise les investissements.
Dans les années 1860, toutes les législations sont prises en faveur de la création de SARL.
L’entrepreneur fait ainsi appel à des actionnaires anonymes, ce qui permet la concentration de
davantage de capitaux.
Se développe ainsi l’actionnariat. L’investissement dans la production industrielle et dans les
opérations commerciales se rentabilise.
En Grande-Bretagne, 40% de la richesse nationale est ainsi placée à l’étranger.
Tous les épargnants jouent désormais dans l’expansion du capitalisme.
L’Etat intervient également, notamment à travers les systèmes de protection sociale qui
installent les sociétés industrielles. La Russie investit notamment dans l’économie.
De manière générale, l’Etat modernise les infrastructures nécessaires au développement
économique.
3. L’entreprise coloniale ou l’intégration forcée des « Suds » à l’économie internationale
L’entreprise coloniale connaît un regain d’intérêt jusqu’à la moitié du XXe siècle.
Celle-ci permet d’assoir l’autorité de l’Europe sur les continents du Sud, qui les force ainsi à
intégrer un système-monde qu’elle domine.
La colonisation aboutit à un nouveau partage du monde, mis en exergue dans une Afrique
tirallée entre les puissances européennes.
Les deux principaux adversaires sont la France et la Grande-Bretagne. A côté, la Belgique,
l’Espagne et le Portugal dominent également de vastes territoires africains. Ce n’est que plus
tardivement que l’Allemagne et l’Italie se lancent dans l’entreprise coloniale.
Les puissances coloniales doivent administrer les territoires et gérer les ressources
économiques.
Cette gestion passe par un découpage administratif, qui symbolise le relai de la métropole ;
des capitales sont ainsi créées par la colonialisation.
Les administrations coloniales ont également confié l’exploitation de portions vastes de ces
territoires à des compagnies concessionnaires. Toutes les zones sont ainsi déléguées à des
compagnies qui disposent de privilèges et de monopoles, et qui instaurent parfois le travail
forcé.
Ce système colonial a ainsi été dénoncé par quelques journalistes et écrivains, dont André
Gide.
Les puissances coloniales ont également mis en place des réseaux de transports,
essentiellement par voie d’eau. Les réseaux sont intégralement tournés vers l’interface
maritime : le port. Tout est organisé pour acheminer les matières premières vers la métropole.
L’entreprise coloniale a détruit les structures locales. Les plantations ont notamment remplacé
les économies vivrières et l’économie locale a été intégrée de force à l’économie mondiale. Il
s’y est installé un rapport de force inégal qui a largement profité aux Européens.
D’autres parties du monde ont été concernées par la colonialisation : c’est le cas de l’Inde qui
s’est vue imposer le libre-échange par les Anglais.
En 1869, ce libre-échange a détruit l’activité textile indienne et a entrainé la fermeture
d’ateliers de cotonnades.
Ainsi, le libre-échange n’a pas que des effets positifs, mais également dévastateurs sur les
pays à bas salaires.
B. La seconde mondialisation : à partir des années 1980
Celle-ci est caractérisée par :
les révolutions technologiques ;
la diffusion planétaire de l’idéologie libérale ;
l’explosion de la finance internationale.
1. Les révolutions technologiques et leurs conséquences
Celles-ci consistent en une maîtrise de plus en plus aboutie du temps et de l’espace.
Les transports sont caractérisés entre autres par le gigantisme naval :
1910 : capacité de charge : 16 000 t TPL ;
1975 : capacité de charge : 500 000 t TPL. Le coût du transport des marchandises baisse
également. La tonne pas de 95 à 25 $.
L’avion favorise quant à lui la mobilité des Hommes et des biens précieux. C’est un transport
réservé à une élite jusque dans les années 1960. La tendance actuelle est à sa démocratisation.
Les télécommunications connaissent une véritable révolution numérique avec les fibres
optiques et les satellites. Ceux-ci augmentent considérablement les capacités de circulation de
l’information.
Le coût de la communication baisse également.
Le prix du téléphone :
1920 : 250 $ ;
1990 : 5 $.
Internet consiste en une révolution informatique (Bull et IBM) fondée sur la numérisation des
données (binaires) et leur encodage.
En 2000, les utilisateurs d’Internet représentent 400 000 000 de personnes dans le monde.
En découle surtout l’explosion des échanges et par voie de conséquence toute une
réorganisation des activités de production au sein des entreprises.
Un fait concret de l’explosion des échanges : de 1990 à 2000, nous sommes passés de 53 à
100 milliards de minutes de téléphone.
Entre 1970 et 2002, les trafics maritimes doublent. Ceux-ci concernent surtout les produits
pétrôliers, les produits manufacturés et les biens de consommation à forte valeur ajoutée (ces
deux dernières catégories transportées par des conteneurs).
Le système maritime relie essentiellement les grands ports de la Triade : l’Europe (Rotterdam)
avec les ports de la côte Est des Etats-Unis (New York) ; les ports de la façade Pacifique
américaine (San Francisco, Los Angeles) avec les ports asiatiques (Shanghai, Singapour).
Les plus grands ports sont connectés aux grands centres de décision et aux nouveaux ateliers
du monde.
Le transport aérien connait un maillage similaire au transport maritime, à ceci pret qu’il
exclue pratiquement les ateliers du monde des interconnexions. Il concerne essentiellement la
liaison des centres de décision.
Seulement, la maîtrise de ces nouvelles capacités technologiques est très inégale selon les
pays.
La fracture numérique notamment met particulièrement en valeur le fossé Nord-Sud. Les
différences d’accès sont imputables à la présence et à la qualité des équipements. L’essentiel
des échanges Internet se fait ainsi entre les régions de la Triade.
La réorganisation des activités de production concerne en premier chef les ingénieurs.
Le schéma traditionnel faisait intervenir les ingénieurs entre les équipes de conception et de
recherche et les exécutants.
Les ingénieurs sont ainsi supplantés par l’informatique dans la transmission des procédés de
fabrication.
Il n’est ainsi plus nécessaire de rapprocher concepteurs et exécutants.
Il s’agit de la révolution modulaire.
On peut désormais délocaliser pour faire face à la mondialisation.
Pourtant, face à la mondialisation, 3 stratégies demeurent possibles :
"entreprises fragmentées" (S. Berger) comme Dell : sous-traiter, externaliser au maximum ;
entreprises à organisation verticale intégrée comme Samsung : elles ne délocalisent pas ;
districts industriels comme Biella : réseau de coopération serrée entre entreprises du même
secteur.
Il n’existe ainsi pas une réponse unique pour s’adapter à la mondialisation.
2. La diffusion planétaire de l’idéologie libérale
Le libéralisme a largement bénéficié de l’effondrement du communisme.
Les grands cycles commerciaux ont cherché à étendre les principes du marché à toute la
planète :
Dans les années 1970 : le cycle de Tokyo a abouti à une baisse de 30% des droits de douane.
Dans les années 1990 : le cycle d’Uruguay Round a concerné tous les produits agricoles.
En 1997 : l’Accord général sur le commerce des services (AGCS) a programmé une
déréglementation progressive des services d’expertise, de banques et de télécommunications.
La suppression des quotas sur le textile le 1er janvier 2005 a aboutit à une offensive rapide de
la part de la Chine sur le marché mondial.
21/02/2007
Le libéralisme se diffuse également à travers les grands organismes internationaux tel le FMI
et la Banque mondiale. Cette dernière a pour vocation de financer la reconstruction de certains
pays et depuis plus récemment le développement des pays pauvres et la réforme de leur
montage institutionnel.
Ces deux structures imposent aux pays endettés des mesures économiques particulières,
dénommés "programmes d’ajustement structurel". Il s’agit de mesures macro-économiques.
Ces mesures sont nettement inspirées par le libéralisme, dans le sens où elles visent
l’ouverture commerciale et la promotion du libre-échange.
Il s’agit également de privatiser les marchés intérieurs (afin de rendre les entreprises et les
services publics plus rentables), ce qui correspond au final à réduire drastiquement toute
intervention étatique.
Celà correspond également à la discipline budgétaire, qui entraine des licenciements dans la
fonction publique et la supression des subventions à la production et à la consommation (cf.
allocations de toutes sortes).
Celà implique enfin une rigueur monétaire.
Les effets pervers de ces mesures résident dans :
la fuite des capitaux ;
la destruction de l’appareil de production local ;
la dépendance accrue à l’extérieur et aux bailleurs de fonds.
Ces remises sont ainsi de plus en plus remises en question.
3. L’explosion de la finance internationale et le triomphe du capitalisme financier
Il s’agit d’une des nouveautés de la deuxième mondialisation.
Elle consiste en 3 facettes.
La première est la formation d’un marché financier planétaire et interconnecté. On constate
ainsi une série de déréglementations successives par les Etats :
abandon de la convertibilité du dollar en or entre 1971 et 1973 ;
généralisation des changes flottants en 1976 ;
accord général sur le commerce des services en 1997.
Les NTIC favorisent l’interconnexion :
1929 : il faut 4 ans pour que se propage le krach boursier ;
1997 : il faut 24h pour que se propage la crise asiatique.
La deuxième est l’explosion de la capitalisation boursière (somme de la valeur de toutes les
actions côtées en bourse).
1990 : 10 000 000 000 000 $ ;
2000 : 35 000 000 000 000 $.
La capitalisation boursière a ainsi triplé. Elle représente en 2000 114% du PIB mondial, ce qui
veut dire que la bulle financière dépasse la capacité de production réelle. Ceci est lié à la lutte
entre FMN dans un contexte de plus en plus concurrentiel.
C’est également lié au progrès de la spéculation boursière : les actions côtées en bourse sont
réduites à des marchandises qu’on achète en fonction de l’opportunité.
L’évaluation de la valeur d’une action se fait en fonction des dividences supposées.
La troisième facette de la financiarisation de l’économie est ainsi la déconnexion entre la
spéculation boursière et l’économie réelle.
Jean Peyrelevade : « La bourse est un endroit où on peut gagner ou perdre en fonction des
seuls pronostics des spécialistes sans attendre le résultat réel des courses ».
Les anticipations du cour des actions ne sont pas forcément rationnelles ; or, ces
comportement peuvent être à l’origine de graves crises financières.
La finance dicte ainsi le cour et l’évolution de l’économie réelle. La finance influence ainsi
l’économie des entreprises et des firmes
Progressivement, les priorités des chefs d’entreprises ont changé :
auparavant : performance, développement, innovation ;
désormais : rémunération du capital et enrichissement des actionnaires.
Les logiques financières qui visent la rémunération du capital l’ont remporté sur les logiques
de production qui visent la croissance économique.
Ce "triomphe du capitalisme financier" (Peyrelevade) aboutira-t-il à de nouvelles régulations
planétaires ?
B. Vers un nouveau système-monde ?
1. La gouvernance de la mondialisation
Cette expression désigne l’ensemble des règles et des acteurs qui dirigent le processus de
mondialisation.
A quelles règles obéit la mondialisation en cour ? Quels en sont les acteurs ? Les Etats ? Les
marchés ? Les FMN ? Les places boursières ?
La première manière de répondre à ces questions est celle de Jean Peyrelevade. Selon lui, « le
capitalisme financier règne sans partage ni contre-pouvoir sur le monde et ses richesses ».
Ainsi, les Etats n’auraient plus de prise réelle sur le fonctionnement économique, dont la seule
logique serait financière.
Les mouvements de capitaux se réalisent dans un cadre de plus en plus déréglementé. Les
Etats seraient également les premières victimes de leur perte de contrôle sur l’économie.
Les crises financières à répétition mettent certains Etats en situation de banqueroute (c’est le
cas de l’Argentine en 2001) ou ruinent les économies nationales.
Une règle s’imposerait alors : le « capitalisme total ».
La deuxième approche est celle de Suzanne Berger. Selon elle, l’Etat reste un acteur majeur
de la mondialisation. Par exemple, les Etats investissent dans les supports logistiques et
matériels, ainsi que dans la formation initiale et la recherche fondamentale. Ceux-ci partipant
également à la réglementation ou à la déréglementation des marchés intérieurs et
internationaux.
Enfin, la troisième vision est représentée par Graz, qui estime qu’il faut dépasser le débat
entre les deux premières pensées. Pour lui, la gouvernance de la mondialisation est le fait
d’une multitude d’acteurs : Etats, institutions internationales, ONG, FMN, etc. ; mais
également d’acteurs informels liés aux trafics, aux contrebandes, aux paradis fiscaux. Ces
derniers constituant par ailleurs un des points d’ancrage de la mondialisation en cour.
Graz distingue 3 types de gouvernance et de régulation :
La régulation impériale prônée par les Etats-Unis ; elle obéit à des objectifs américains qui
sont la supériorité militaire, le contrôle politique, l’accumulation de profits.
Les coopérations multiniveaux par secteurs : elles engagent les acteurs étatiques et nonétatiques sur plusieurs secteurs (comme le secteur financier). Depuis les années 1950, des
plates-formes institutionnelles et des commissions ad hoc se multiplient : elles sont
composées de représentants d’Etats, du secteur bancaire, d’experts de la finance
internationale ; ces organisations reçoivent des mandats des acteurs étatiques pour élaborer les
règles de fonctionnement de la finance mondiale ; elles dirigent de facto la finance
internationale. Il s’agit notamment des club de Paris, club de Londres, G8, forum sur la
stabilité financière, etc.
Les horizons cachés de la régulation globale du capitalisme : il s’agit de zones offshore de la
production et de la finance : trafics de drogue et d’armes, paradis fiscaux mais également
coopérations informelles dans le secteur privé comme les ententes cartellaires. Il s’agit dans
une autre mesure d’Internet dont la direction échappe aux acteurs étatiques.
Des acteurs restent prépondérants :
les Etats les plus puissants (Etats-Unis, Chine, etc.) ;
les lobbys des grandes entreprises ;
certains mouvements sociaux (dont les altermondialistes).
2. L’ordre mondial et ses évolutions récentes
Pour Carroué, la mondialisation reforce nettement le caractère hégémonique du systèmemonde.
Les pouvoirs économiques et financiers sont polarisés dans les mains de quelques uns :
les Etats les plus puissants ;
les banquiers ;
les traders (ceux-ci se trouvent dans les villes globales de la Triade : New York, Londres et
Tokyo).
La mondialisation renforce ainsi les inégalités entre certains Etats.
Les pays développés cumulent les richesses et les savoirs :
20% de la population mondiale ;
80% du PNB mondial ;
86% de la capitalisation boursière ;
80% des transports ;
80% des investissements à l’étranger ;
80% de la recherche et de l’enseignement.
Le Nord a ainsi le monopole large des richesses et de la fourniture des prestations
intellectuelles et des innovations.
La mondialisation crée ainsi une hiérarchisation entre :
les Etats hégémoniques dominants : Etats-Unis, Japon, Europe occidentale, qui correspondent
à des dynamiques de surintégration ;
les Etats intégrés autonomes : NPI et la Chine ;
les Etats déconnectés : la Russie et l’Inde ;
les Etats intégrés dominés : les pays d’Europe centrale et orientale (PECO), les pays
émergents d’Amérique du Sud, les pays pétrôliers ;
les Etats délaissés ou "punis" : cf. Centrafrique, Haïti, Soudan, etc. ainsi que les "Etatsvoyous" tels l’Irak, la Lybie, Cuba, la Corée du Nord, etc.
Cette hiérarchisation est à nuance si l’on tienne compte de la montée en puissance de l’Inde et
de la Chine qui rivalisent de plus en plus avec les centres historiques d’impulsion de la
mondialisation.
La Chine est le deuxième créancier des Etats-Unis et les Etats-Unis financent par leurs
importations une part importante du développement chinois. La Banque nationale chinois
finance le déficit américain.
Pourtant, ce processus n’est pas viable car ce n’est pas le rôle de l’épargne de consommer la
consommation des Américains.
Aussi, les économies chinoises et indiennes ont des stratégies très offensives. On peut citer
l’OPA de Mittal-Still (Inde) sur Arcelor (France). Les firmes du Sud partent ainsi à la
conquête des firmes du Nord.
C’est également le cas avec Lenovo, créé il y a une quinzaine d’années en Chine, initialement
spécialisé dans la construction d’ordinateurs bas de gamme. IBM et HP ont passé des
alliances avec afin de pénétrer le marché chinois. En 2005, Lenovo a racheté la branche PC
d’IBM et s’est lancé dans la recherche de haut-niveau. Lenovo est désormais présent sur le sol
américain au sein du Ressearch Triangle Park axu côtés d’IBM et d’Intell. Beaucoup de
jeunes entreprises du Sud viennent ainsi investir dans les temps de l’industrie occidentale.
Chapitre 2 : Le monde : un espace uniforme ?
01/03/2007
La circulation des Hommes et des biens, l’économie produisent-ils un espace homogène ?
On ne parle de mondialisation que depuis le premier pas de l’Homme sur la Lune. C’est à ce
moment là que l’on a vu la Terre de l’extérieur, que l’on a pris conscience qu’on vivait dans
un espace restreint et unique.
De la même façon, la disparition apparente des Etats nous conduirait-elle vers une
gouvernance mondiale ?
S’il n’y a qu’une Terre, y’aurait-il un acteur collectif que serait l’humanité ?
Pourtant, les conflits persistent...
La terre est-elle habitable jusqu’où ? durablement ?
Devant l’extension finale de la démocratie et de l’économie de marché, des libertés
individuelles et collectives, l’historien Francis Fukuyama a annoncé la « fin de l’Histoire ».
Le rétrécissement du monde dû à l’augmentation des vitesses de déplacement, la montée en
puissance de firmes mondiales, l’affirmation des télécommunications (qui créeraient
pratiquement un "monde virtuel"...) et la tendance à leur instantanéité, l’accroissement rapide
des mobilités des Hommes, des idées, des marchandises annonceraient-ils ainsi la fin de la
Géographie ?
Marshall McLuhan évoque le "village planétaire", en référence à une communauté humaine
unique.
La Terre deviendrait ainsi un lieu unique, uniforme, égal et isotrope.
Ce n’est que la prédiction d’une tendance.
Comment penser alors la construction des espaces, de l’échelle des individus à celle du
monde, dans la sphère de l’économie et des échanges ?
On pourrait prêter la mondialisation et ses dérives à un cercle restreint de personnes, parmi
lesquels figurerait John K. Pemberton, inventeur du Coca Cola... On pourrait parler de World
Compagny... ?
La mondialisation n’est pourtant pas un complot mondial.
En elle-même, la mondialisation n’est ni bonne, ni mauvaise.
Il s’agit d’un processus complexe, systémique, évolutif.
Elle n’est cependant pas indifférente aux lieux, aux distances, aux espaces et aux Hommes.
L’espace-monde exprime le sens de l’échelle mondiale pour réalité quelconque.
La complexité, c’est que malgré la bonne connaissance d’un sstème, on ne peut pas prévoir
ses finalités.
Ce qui existe, ce sont des acteurs dotés de compétences, de pouvoirs, de relations plus ou
moins vastes et très inégalement partagés.
Ce qui existe, c’est une croissance du nombre des Hommes, des productions, des échanges,
des marchés.
Ce qui existe, c’est une seule planète pour porter toutes ces réalités...
Nous pouvons présenter quelques unes des données permettant de poser les quelques thèmes
du débat dans le cadre de la mondialisation économique :
les échanges matériels ou invisibles : quelle valeur de l’espace-monde pour ces réalités
économiques ?
les firmes trans-nationales, créateurs et/ou bénéficiaires de l’économie mondiale ?
comment différents types de lieux et d’espaces se forment ou se sont formés dans une
mondialisation économique ?
I. Un monde de réseaux
Les réseaux sont des supports techniques, des flux, des objets géographiques. Ils portent et
trans-portent Hommes, biens, services et informations.
Ils sont concret ou invisibles et leur valeur est largement métaphorique.
Le commerce planétaire est rendu "visible" par les flux : celui des marchandises "concrètes"
exprimées en valeur, celui du pétrôle en masse, etc.
Les liens et les noeuds de ces réseaux (on devrait construire les réseaux techniques derrière
ces graphiques de flux) sont connus dans les grandes lignes.
Les flux financiers sont peu visibles, mal connus, mal compris : c’est un monde de chiffres, de
techniques obscures, auquel on prête volontiers le pouvoir absolu doublé d’une totale
immoralité.
Il est vrai que les capitaux cherchent à échapper aux taxes et aux impôts, qui sont le seul réel
moyen de les contrôler.
Il y a bien d’autres échanges...
Il est banal de dire que nous sommes dans l’ère de l’échange "instantané" des informations.
Mais celà suppose des réseaux techniques très coûteux, des opérateurs de réseaux, des
marchés.
Par les satellites, on pourrait remarquer que le réseau "déborde" d’une certaine façon, sauf si
l’on admet que la gravité est liée à la Terre.
Les flux humains, les migrations sont les échanges les plus importants. Ils ont une grande
valeur économique (leur espace ressemble à celui des marchandises...), mais leurs motivations
sont très complexes, autant que leur fonctionnement.
Les flux marchands sont, à l’échelle-monde, à 80% maritimes.
La "planète-mer" veut croître chaque année le trafic : il est construit par des lignes et des ports
qui déplacent des navires de toutes sortes : pétroliers, gaziers, cargos, vracquiers, et surtout
des portes-conteneurs.
Les conteneurs sont des boîtes en métal qui peuvent être manipulées assez facilement et
posées sur de nombreux supports : navires, péniches, wagons, camions et avions.
Les échanges croissent beaucoup plus vite que l’économie mondiale.
Ce sont les entreprises chinoises qui ont mis au point dans les années 1960 le trafic maritime
sous forme de conteneur.
Les conteneurs réduisent les coûts (manutention, stockage, sécurité, temps d’immobilisation),
peuvent voyager pleins ou vides, peuvent être entreposés, groupés, dégroupés, changer de
propriétaire et de destination...
Les coûts du transport maritime sont les plus faibles de tous les modes et par ailleurs, le coût
écologique est le plus bas. Mais ces coûts sont encore réduits par la course à la taille des
navires.
On a aboutit à des charges, limites, à des normes de sécurité constamment revues...
Les installations portuaires et les aménagements de ligne (détroits, canaux) nécessaires
limitent le nombre de lieux pouvant porter un tel trafic.
Chaque conteneur est informatisé.
La réflexion systémique la plus élémentaire amène vite à comprendre les convoitises sur
toutes ces marchandises.
La "piraterie" s’est développée avec le trafic, sur les lieux où se conjuguaient des "mafias",
des passages importants, et des refuges possibles. Ces lieux restent insuffisamment contrôlés
et surveillés.
La marchandise la plus sensible est la source principale d’énergie : le pétrôle. Sa fin prévisible
non programmée accroît les tensions sur le marché et les échanges.
Les hydrocarbures nécessitent des installations particulières. Les tankers visent à limiter les
trajets et les coûts.
Le développement devra se paser rapidement du pétrôle : les réserves restent élevées mais ne
sont pas inépuisables.
Certains lieux ont su capter les flux à leur profit. La géographie du monde mondialisé est très
réticulaire.
Singapour a inventé la raffinerie flottante...
Le monde des capitaux n’est pas totalement obscur : l’une des concrétisations étant les places
boursières.
Il existe pourtant des chiffres d’affaire cachés, largement criminels, liés à l’évasion fiscale,
etc.
Ce chiffre est estimé à des niveaux non négligeables, soit environ 10% des échanges.
Les lieux de l’économie souterraine sont les paradis fiscaux et bancaires ainsi que les zones
franches.
L’aspect le plus spectaculaire de la mise en réseau du monde est Internet. Il n’existe aucun
pays où Internet n’existe pas.
Les régulations tardent à se mettre en place.
La toile est également très inégalement construite par les serveurs. Les enjeux sont pourtant
décisifs.
En moins de 20 ans, la toile a pris une importance énorme, qui rend impensable toute
rétroaction.
Chaque espace de la Terre aura ainsi intérêt à s’hyperspécialiserpour offrir un intérêt ou une
valeur ajoutée.
15/03/2007
II. Un monde de firmes géantes ?
Nous sommes évidemment tentés par le mythe de la World Company.
Le rétrécissement des distances, voire leur annulation par l’accélération des vitesses, la
croissance vertigineuse des réseaux, des flux, l’émergence d’un "individu cosmopolite"
(Ullrich Beck) semblent autant de conséquences d’une action mondialisée des firmes, toujours
plus grandes, toujours plus riches et toujours plus puissantes...
Ces firmes elles-même ne seraient (paradoxe ?) que des jouets aux mains du monde de "la"
finance, à la recherche de taux de profit toujours plus élevés. Bref, le monde des affaires serait
un vautour s’acharnant sur les Hommes et leur Terre. Sauf qu’après, il n’y aura nul part où se
rassasier...
L’histoire du monde économique serait alors celle d’une montée en puissance progressive et
néanmoins brutale du pouvoir prédateur et suicidaire des capitaux et de leurs détenteurs ?
Ca n’est sans doute pas aussi simple...
Quelle est la réalité des rapports de force ?
En France, en Europe, aux Etats-Unis, MacDonald a eu la malchance de fixer une partie des
représentations sur les "multinationales" comme des firmes tentaculaires à la recherche du
seul profit financier, éliminant tous les concurrents, imposante son seul produit, sous la même
forme et dans des lieux identiques.
MacDonald a cristalisé certaines rencoeurs contre la mondialisation. Pourtant, les
établissements MacDonald sont souvent très liés à l’économie locale (au niveau de la main
d’oeuvre et de l’approvisionnement). Souvent, seule tient à MacDonald la franchise accordée
à un restaurant.
Il y a bien une géographie des FTN mais elle est sans surprise : elle suppose une économie
développée, des capitaux et des savoirs-faire.
Pourtant, il ne faut ni les sous-estimer, ni exagérer leurs pouvoirs.
Cette géographie pose le problème de la domination des pays développés.
Pourtant, des FTN naissent désormais en Chine, en Inde, au Brésil, à Singapour, etc. Il ne
s’agit pas d’un paysage monolithique.
Les Français ont également tendance à oublier que la France n’est pas qu’une victime de la
mondialisation, mais représente la 5e puissance économique mondiale et à l’origine de très
nombreuses FTN.
Alcatel cherche par exemple à construire une firme sans usines, uniquement en réseau.
Il existe aussi des FTN modestes, comme le français Bongrain.
Le numéro 1 du ciment est le français Lafarge, qui possède des installations aux Etats-Unis,
après avoir racheté l’américain Blue Circle.
Le coût du transport comparé à la faible valeur du ciment amène à disposer d’usine
nombreuses et dispersées.
Quelle est la nationalité d’une FTN ?
Elles ont des sièges sociaux dans des pays. S’appliquent à elles les lois de ces pays.
Leur dimension internationale ne tient à qu’à la pénétration des marchés étrangers...
Les FTN investissent parfois sur le long terme : elles financent des travaux de recherche, des
thèses. Certainent FTN forment leurs propres cadres et développent une véritable identité
d’entreprise.
LEs FTN ont aussi tendance à une certaine opacité.
III. Les lieux du monde global
L’idée reçue la plus répandue sur une géographie de la mondialisation exprime en gros que
l’uniformisation des espaces est en marche et qu’elle est inéluctable.
Les mêmes réseaux, gares, aéroports ; les mêmes villes, les mêmes nourritures et les mêmes
modes de vie, voire les mêmes lieux de vacances...
Cette uniformisation aboutirait à la notion de "non-lieu" ?
Les lieux des échanges sont toujours très différents des espaces dans lesquels ils sont
implantés. C’est le cas des zones franches.
Les ports constituent par exemple des FTN à part entière, avec une mise en réseau par contrats
et des accords avec d’autres ports internationaux.
La mondialisation peut être à l’origine de villes entières. C’est le cas de Taippei à Taïwan. La
forme de ces villes est caractérisée par des grattes-ciel dû à une forte concurrence pour
approcher les noeuds de réseau qui entraine une inflation immobilière.
Autant la mondialisation peut se faire à échelle mondiale, autant elle ne se fait pas à surface
mondiale.
Chapitre 3 : La Terre, un lieu habité
22/03/2007
La transition urbaine a lieu essentiellement dans les pays pauvres.
La mondialisation économique a tendance à focaliser l’attention et les débats. La valeur
économique est indissociable des autres valeurs sociales mais elle est loin d’être la seule
manifestation de l’échelle-monde.
Depuis longtemps, les plantes, les animaux et les micro-organismes circulent de proche en
proche tout autour du globe. Ils n’ont pas eu besoin des hommes pour celà mais leur mobilité
croissante contribue largement à celle des autres êtres vivants, volontairement ou non.
Pour cette question, l’approche environnementale qui est posée est par définition globale.
L’environnement désigne l’ensemble des relations (actions, réactions) systémiques entre les
hommes et les réalités bio-physiques de la planète. La nature désigne quant à elle l’ensemble
des représentations et des idéologies que les hommes se font de ces éléments.
Ainsi, les éruptions volcaniques, les météores (c’est-à-dire les événements liés au temps qu’il
fait), etc. ont des "natures" très diverses selon les cultures et les époques, et les réactions à
leurs égards sont également variées.
Tempête de sable venant du Sahara
Selon que l’évènement atteigne une métropole d’un pays développé, chargée de culture ou
qu’il concerne les déserts, les relations environnementales seront bien différentes.
Il faut donc se garder de poser les questions environnementales comme étant l’ensemble des
atteintes des hommes à "la" nature.
D’abord, les hommes sont aussi des êtres naturels ; ensuite, nul partage ne saurait être fait,
durablement, entre la (bonne ?) nature et les (mauvaises ?) sociétés...
Il est clair que les hommes, par leur simple existence, ont modifié et modifient
l’environnement.
Il est clair que les hommes prennent de plus en plus de "place" dans l’environnement terrestre.
Augustin Berque propose d’appeler cette place l’écoumène, soit l’ensemble des lieux habités
et habitables.
L’écoumène est d’abord construit par la place, par l’ensemble des lieux de l’humanités, mais
y’a-t-il une seule humanité qui fasse suffisamment société pour avoir à habiter un monde
commun ?
Il comprend tout autant les actions engendrées par les sociétés humaines que les processus de
réactions humaines à des phénomènes "naturels". La dimension spatiale, géographique de ces
systèmes est fondamentale pour leur compréhension.
C’est aussi la tentative de construire, dans le savoir des hommes, une réflexion globale, qui
reste cependant encore surtout à la mesure de nos ignorances et de nos peurs.
I. L’habitat humain
Habiter, c’est bien plus qu’avoir une adresse, une résidence fixe. C’est déjà vrai à l’échelle de
chaque individu.
C’est encore plus vrai à l’échelle-monde. L’appréciation d’un habitat de l’humanité suppose
que celle-ci soit considérée comme un tout signifiant, une "société-monde" cohérente.
C’est évidemment loin d’être le cas... L’actualité nous offre tous les jours l’occasion
d’apprécier à quel point les hommes habitent des mondes différents.
L’écoumène est plutôt fait d’un ensemble de lieux, plus ou moins reliés les uns aux autres,
souvent superposés, entremêlés, parfois quasi-autarciques...
Il est par nature inégal, inégalitaire, mais de plus en plus construit par des réseaux et des
échanges.
Les hommes ont développé leur habitat depuis 3 ou 4 foyers qui sont demeurés étonamment
stables dans le temps, à l’exception peut-être du foyer proche-oriental qui s’est déplacé
progressivement vers l’Europe actuelle.
Quelques foyers secondaires se sont formés depuis un siècle avec l’accélération formidable de
la croissance des populations. La notion de désert a alors perdu beaucoup de son sens et les
hommes savent maintenant parcourir la planète en toutes directions, au point de faire du
Sahara un terrain de jeu...
La population se concentre de plus en plus en ville, ce qui n’est pas nécessairement "mal"
d’un point de vue environnemental.
Les villes deviennent l’environnement majoritaire des hommes.
Dans l’état actuel des modes d’alimentation, les hommes pourraient être 15 milliards environ.
C’est en Afrique que la croissance la plus forte est attendue. Elle a déjà eu lieu ailleurs.
La croissance historique du nombre des hommes est un évènement unique et exceptionnel
pour les hommes comme pour la planète.
La fécondité humaine baisse désormais très sensiblement ; le seuil des 10 à 12 milliards
d’humains est prévisible pour 2050-2100.
L’une des causes les plus fréquentes de déplacement est le tourisme, lié à la curiosité et à
l’exotisme. Il est plutôt le fait des pays riches.
L’autre ensemble de causes de mobilités est formé par les migrations à motif plus ou moins
directement économiques. Elles sont difficilement construites par les statistiques : qu’est-ce
qu’un migrant permanent ?
Les migrations de travail touchent tous les pays et des dizaines de millions d’humains.
La troisième cause de mobilité est plus instable : elle concerne tous ceux qui fuient ou sont
chassés de leur habitat, que leurs motivations soient ou non vérifiables. Les pays pauvres, bien
plus instables, sont les premiers concernés.
Les réfugiés, en principe, finissent par rentrer, mais c’est loin d’être toujours le cas. Leur prise
en charge par l’ONU, et d’autres organismes est l’un des enjeux majeurs de l’écoumène et
donc de l’environnement.
Beaucoup d’hommes sont aussi amenés à demander un abri, une protection, plus ou moins
loin de chez eux. Le mouvement se fait alors plus vers les pays les plus à même de garantir, à
leurs yeux, cette protection.
Il y a un lien net entre développement et sécurité des individus.
Beaucoup de ces causes ont tendance à s’entremêler. L’échelle-monde construit en effet un
espace habité très inégal, même en s’appuyant sur le découpage (contestable dans ce casà en
états.
La simple survie physique est loin d’être assurée partout pour tous.
Si l’ONU a défini un droit à l’eau pour tous, celui-ci reste aléatoire.
C’est une question de construction de la ressource, de mise à disposition de marché aussi. La
concentration en villes pose de façon aiguë le déplacement des eaux de consommation et
l’évacuation des eaux usées.
Ancrée dans la ressource disponible en eaux utilisables par les hommes, la relation
environnementale eaux/hommes dépend aussi beaucoup des systèmes humains, du traitement
des eaux rejetés et des relations entre sociétés.
En fait, les inégalités de toutes sortes existent au sein de chaque pays.
L’indice de Gini mesure les inégalités d’ensemble dans la répartition du revenu ou de la
consommation. Le chiffre 0 correspond à l’égalité parfaite et le chiffre 100 à l’inégalité
parfaite.
La difficulté d’évaluer les inégalités tient à l’appréciation des liens entre les diverses sociétés
humaines.
II. Exemples de relations environnementales
Il s’agit de montrer la construction en systèmes des questions d’environnement. La notion de
système interdit de poser une cause pour un effet.
Elle récuse l’idée d’équilibre durable et surtout d’immobilité, qui équivaut à la fin du système.
Elle construit un ensemble de liens entre des éléments divers et solidaires.
Les espaces environnementaux sont plus aisément pensables ainsi. Ils sont nombreux.
Dans certains cas, les responsabilités humaines sont claires : tel groupe, telle société a
inconsidérément agi, en connaissance de cause ou pas, pour des motivations trop étroitement
conçues.
Dans d’autres cas, les hommes sont plutôt "victimes" d’évènements nés hors de leur monde.
Le plus souvent, les systèmes mêlent inextricablement des réalités diverses.
Les modifications de l’écoumène, les épidémies, les modes de vie humains offrent des
exemples de systèmes environnementaux.
La mer d’Aral, reliquat d’un "océan" qui s’est "naturellement" réduit durant les derniers
millions d’années, a été privée d’une grande partie de son alimentation en eaux douces depuis
les années 1950. Elle s’est alors rapidement évaporée et les conditions météorologiques
locales ont été modifiées.
L’agriculture et l’approvisionnement en eau des populations d’Asie centrale ont été assurées
par l’utilisation des fleuves Amou et Syr’.
La gourmandise du côton en eau a été la principale cause de déssèchement de la mer d’Aral.
Les eaux qui y parviennent encore sont salées, poluées par les intrants de culture.
Ce cas reste relativement clair, comme exemple direct de responsabilité humaine.
Par définition, toute activité entraîne des effets ; il n’y a pas de consommation d’énergie sans
conséquences sur l’environnement. De même, toute activité de production provoque des
émissions diverses : le souffre par exemple est pointé car il modifie la composition et le
fonctionnement de l’atmosphère.
L’arrêt des centrales au charbon et au fuel amène sa diminution. Les centrales nucléaires, de
ce point de vue, sont sans rejet et donc "propres".
La perception par les sens d’un phénomène ne doit pas faire illusion : le danger n’est pas lié à
ses manifestations.
Les dégâts provoqués par mes radiations et les émissions d’éléments radio-actifs lors d’une
implosion nucléaire sont encore très difficile à évaluer.
Ils interfèrent avec de nombreux autres phénomènes. Le caractère stratégique de cette énergie
rend un oeu plus opaque sa connaissance environnementale.
Les radiations sont naturelles mais dans ce cas, pas leur "production".
L’un des ennemis déclarés de l’environnement serait le gaz carbonique. C’est lui faire
beaucoup d’honneur. Il est indispensable à l’expression de la vie sur Terre. Il n’est pas le seul
à produire l’excès de l’effet de serre, autre ennemi déclaré.
L’évolution des activités économiques fait décroître son émission, sauf dans les pays
pétrôliers qui brûlent des torchères de gaz faute de le récupérer à des valeurs économiques
acceptables.
La pollution de naufrages de pétroliers est spectaculaire, inexcusable, même si l’absence de
naufrage est inenvisageable. Pourtant, les océans semblent, à l’expérience, mieux réagir que
prévu au pétrole.
N’oublions pas que les hydrocarbures sont parfaitement naturels. Ce sont des rochers et ils ne
sont pas des polluants "par nature".
La croissance du trafic et sa concentration rendent une surveillance étroite nécessaire.
L’effet des sens et des représentations...
L’image idyllique de paysans cultivant de très jolies fleurs nous fait oublier qu’il s’agit de
pavot ou de feuilles de coca, dont la transformation en drogue et leur vente par des trafiquants
permet à ces paysans d’avoir des revenus convenables très supérieurs à ceux assurés par les
cultures vivrières.
La culture se fait avec de fortes doses d’intrants souvent répandus par voie aérienne. La lutte,
sans aucun doute légitime, passe pour certaines autorités par l’épandage d’exfoliants souvent
très dangereux pour les hommes et leur environnement.
Les cocaleros estiment qu’ils peuvent ainsi financer leur développement, que ce sont les pays
riches qui consomment.
Le SRAS a agité le monde des médias plusieurs mois... L’un des phénomènes les plus visibles
est encore le virus du SIDA qui décime des populations entières.
Pour l’heure, les maladies les plus mortelles sont les moins médiatisées : malaria, etc. Elles
sont mondiales et témoignent de l’inégale construction de l’écoumène.
Chapitre 4 : Nouvelles migrations et « mondialisation
par le bas » (Tarrius)
29/03/2007
La mondialisation serait principalement le fait des FMN. Pourtant, tout le monde a sa part
dans la mondialisation ; les habitants du Nord comme ceux du Sud.
Les migrations internationales désignent des déplacements hors des frontières nationales pour
une période qui va au-delà de quelques mois.
I. La mondialisation des migrations internationales
Il s’agit d’un phénomène ancien, d’un mouvement non achevé de déplacement des
populations. Il connaît même une accélération au cour du XXe siècle.
A. L’intensification des migrations internationales à partir du XIXe siècle : quatre grandes
étapes
1. Les grandes migrations transocéaniques (XIXe siècle)
Elles concernent la seconde moitié du XXe siècle.
55 millions d’Européens quittent leur pays d’origine pour aller vers les pays neufs, les
colonies de peuplement :
en premier lieu les Etats-Unis,
l’Australie,
l’Afrique du Sud, convoitée pour ses mines de diamant,
le Brésil, l’Argentine et quelques pays d’Amérique centrale,
la Sibérie, considéré comme le front pionnier russe.
Les pays européen d’émigration sont dans un premier temps les pays du Nord comme le
Royaume-Uni, l’Irlande et la Suède qui perdent jusqu’à 10% de leur population. Dans un
second temps, l’émigration concerne l’Europe du Sud avec la Grèce et surtout l’Italie du sud,
marquée par une économie rurale en crise.
Parallèlement au mouvement transatlantique, les Chinois migrent vers l’Amérique du Nord,
tandis que les Indiens vers les Caraïbes (lire Vidiadhar Surajprasad Naipaul).
L’intégration suit une stratégie de regroupement communautaire dans certains quartiers. Au
contraire des ghettos, ces quartiers constituent des sas entre pays d’origine et pays d’accueil et
qui favorisent l’intégration (voir les études de l’Ecole de Chicago).
2. Le reflux des migrations pendant l’Entre-deux-guerres
Les pays neufs n’ont plus bespon de main d’oeuvre à cause de la crise économique. Des
contraintes à l’immigration sont fixées.
3. L’élargissement et la complexification des espaces migratoires aujourd’hui
L’après-guerre connaît une reprise des mouvements migratoires vers les pays neufs, dont la
croissance économique redémarre.
Fait nouveau, l’immigration concerne désormais les anciens pays européens d’émigration.
Celà est lié à une recrudescence des besoins en main d’oeuvre non qualifiée.
Les Etats mettent en place de véritables filières d’immigration. C’est le cas entre la France et
le Portugal, puis les pays du Maghreb.
Ce système migratoire prend fin vers le milieu des années 1970 avec le choc pétrolier.
Progressivement, il y a un élargissement des aires de départ et des bassins d’accueil.
On émigre essentiellement vers les pays de la Triade (hors Japon) et vers la Russie. On émigre
aussi vers les nouveaux pôles attractifs au Sud :
les pays du Golfe arabo-persique qui accueillent des habitants des pays arabo-musulmans
ainsi que des Indiens et des Pakistanais ;
l’Afrique du Sud.
En Europe et en Amérique du Nord, on fixe des contraintes juridiques pour limiter
l’immigration.
Certains passages comme la transsaharienne par où cheminent plusieurs milieurs de migrants
sont bloqués aux abords de l’Europe. Ces flux migratoires empreintent alors d’autres voies
vers la Lybie notamment.
Certains migrants se heurtent au blocage armé des frontières de l’Europe. C’est le cas à Ceuta
et Melila. Des migrants tentent d’empreinter la voie maritime, réputée périlleuse et risquée à
tous les égards.
On parle ainsi plutôt de migrations transnationales que de migrations internationales, actant
ainsi des migrations qui se font en dehors de toute convention interétatique et tout cadre
juridique.
Les restrictions aux frontières de l’Union européenne et des Etats-Unis participent à
l’émergence d’espaces de "rebondissement", zones de transit tels le Maroc, le Mexique et la
Turquie.
Paradoxalement, certains pays d’émigration deviennent dans un même temps des pays
d’accueil. On a constaté par exemple l’installation d’une communauté sénégalaise à Tunis.
Les aires d’origine s’élargissent également. On constate une diversification des pôles
d’émigration. Celle-ci concerne :
une partie de l’Asie ;
l’Afrique subsaharienne (auparavant, l’émigration touchait surtout l’Afrique occidental. On
a également remarqué une dilatation du point d’ancrage des ouest-Africains en France ;
surtout concentrée à Paris, cette population se retrouve désormais dans les villes de
provincen.) ;
l’Europe de l’Est avec les Ossis (Allemands de l’Est), les Aussiedlern (minorités
germaniques qui ont longtemps habité les pays de l’Est comme les Saxons en Roumanie) et
les minorités Roms d’Europe centrale et de l’Est et des Balkans.
4. La fuite des cerveaux
A celà s’ajoute le phénomène de la fuite des cerveaux, qui accentue le sentiment de
complexité des espaces migratoires.
Cette fuite des cerveaux a lieu entre autres du Sud vers le Nord ; elle concerne les personnes
qualifiées qui se font embauchées au Nord.
3% des diplomés indiens sont embauchés à l’étranger ;
25% des diplomés coréens ;
80% des diplomés jamaïquains.
Pour le Nord, cette main d’oeuvre qualifiée représente une économie de dépense, car il n’y a
pas lieu d’investir pour leur formation.
Dans la Silicon Valley, un tiers des ingéniers indiens... mais ils ne touchent qu’entre 25 et
30% du salaire des Américains.
Il existe également un mouvement du Nord vers le Nord ; il concerne notamment les
chercheurs ou employés français qui émigrent vers les Etats-Unis ou l’Irlande pour des
raisons de crédits de recherche ou pour des motifs fiscaux.
Il existe enfin un mouvement du Nord vers le Sud d’ingénieurs occidentaux employés par les
Indiens notamment.
B. Les causes de l’émigration : facteurs d’attraction et de répulsion
La conjugaison de facteurs de répulsion et d’attraction est appelé phénomène de Push and
Pull par les chercheurs anglo-saxons.
1. Facteurs répulsifs
Il s’agit entre autres de la multiplication des conflits et des guerres :
1975 : 2,5 millions de réfugiés politiques ;
2000 : 25 millions de réfugiés politiques.
La pauvreté et la pression démographique entrainent des migrations de travail.
Les catastrophes naturelles comme la désertification (Sahel, Iran), et de plus en plus le
réchauffement climatique et la montée des eaux entrainent des migrations essentiellement
régionales. La notion de "réfugiés climatiques" émerge et pourrait concerner les habitants de
certaines îles du Pacifique menacées par la montée des eaux ainsi que les Bangladeshis.
2. Facteurs attractifs
L’Europe occidentale comme l’Amérique du Nord sont perçues comme un Eden, qui
cumulerait :
mieux-être économique ;
sécurité des biens et des personnes ;
libertés politiques et confessionnelles ;
accès aux biens de consommation emblématiques de la modernité.
C. Prendre la mesure des migrations pour en finir avec le mythe des invasions
Les migrations internationales constituent un phénomène planétaire qui concerne 175 millions
de migrants dans le monde pour 65 millions en 1960.
Cette progression en chiffres absolus est à prendre avec précaution car reporté à la population
mondiale, les migrants pèsent certes 3% en 2003, mais 5% en 1960.
Il y a une complexification des espaces migratoires, liée à une mobilité accrue des
populations. L’espace migratoire pourrait être assimilé à un territoire circulatoire.
Aussi, le profil des migrants évolue. Les migrations concernent de plus en plus de femmes et
de plus en plus de personnes qualifiées.
II. Les migrants, acteurs de la migration économique
A. Transferts financiers du Nord vers le Sud : la part énorme des migrants
1. En termes de volumes
Les transferts financiers sont importants en termes de volumes. En 2002, ceux-ci étaient
évalués à 80 millions de dollars, soit 3 fois plus que dans les années 1990.
Ces transferts représentent également :
40% des flux d’IDE (investissements directs à l’étranger) en direction des PED ;
le double de l’APD (aide publique au développement) ;
une somme supérieure aux revenus d’exportation de certains PED.
2. L’impact des transferts financiers sur les économies des régions d’origine
Ces transferts permettent le maintien des autres familles dans le pays d’origine.
Les migrants ont tendance à beaucoup consommer lors de leur retour au pays, soit un gain non
négligeable pour les commerçants locaux.
Les émigrés font également construire dans leur pays d’origine. Il s’agit souvent de demeures
de standing amélioré et qui tranchent avec les autres habitats urbains.
Plus marginalement, certains entrepreneurs émigrés vont parfois investir dans l’appareil de
production local.
C’est le cas de la diaspora chinoise, qui représente entre 25 et 30 millions de personnes dans
le monde. Les émigrés chinois réinvestissent de plus en plus dans les régions de la Chine
littorale ; cette dynamique est encouragée par les autorités chinoises.
Ce type d’investissement joue un effet accélératoire au développement de l’économie locale.
B. La « mondialisation par le bas » : des circuits économiques transnationaux animés par les
migrants
1. Réseaux méditerranéens
Les réseaux méditerranéens constituent un réseau transfrontalier organisé en plusieurs
dispositifs.
Le quartier de Belsunce est un quartier populaire de Marseille, qui abrite beaucoup de
migrants, notamment des Maghrébins.
Ce dispositif marseillais connait des ramifications jusqu’au Maroc, Turquie et Italie, voire
jusqu’en Belgique ou encore jusque dans l’Afrique subsaharienne (Sénégal, Mali).
Marseille est ainsi un tête de réseau avec une série de villes succursales, comme Alicante en
Espagne.
Alicante est une plate-forme commerciale animée entre autres par des entrepreneurs
marseillais. Y circulent comme marchandises des fruits et légumes et des produis
manufacturés (voitures, textiles, etc.). Ce commerce est à la limite des secteurs formels et
informels. Cependant, la drogue empreinte d’autres circuits.
On parle de nouveaux nomades. Ce terme désigne à la fois les anciens migrants, les nouveaux
migrants qui tentent leur chance comme passeurs mais aussi les descendants de migrants.
Ces nouveaux nomades élaborent des stratégies économiques complexes. Par exemple, il
existe des filières d’exportation de voitures vers le Sud. Dans les années 1980, il s’agissait du
réseau des Peugeot 505 (ou des Ford, des Mercedes) qui étaient au départ à Marseille,
réparées en Algérie et revendues à des courtiers au Bénin ou au Niger.
Ce commerce automobile génère une activité intense liée à la réparation, aux pièces
détachées, etc.
Il a notamment suscité un développement économique très remarquable à Marseille.
05/04/2007
Les migrants ont un savoir faire original qu’ils circulent et font circuler grâce à des points
d’appui - notamment familiaux. Ces trafics sont à l’équilibre entre une économie formelle et
informelle.
Quel est l’effet des circuits transnationaux sur l’espace, l’économie et la société .
Au niveau des réseaux méditerranéens, on constate un impact économique majeur. Ainsi, les
quartiers déshérités sont en même temps des zones économiques essentielles.
On constate la construction de nouveaux territoires circulatoires comme l’Afrique du
Nord/l’Italie/Marseille.
Ce sont des territoires marqués par la mobilité.
Ce sont des territoires transfrontaliers.
Ce sont des territoires marqués par la circulation des marchandises.
La mondialisation par le bas est propice à la formation d’une société cosmopolite qui est
marquée par l’éthique de la parole donnée autour du personnagle du "notaire informel".
Ce statut désigne un migrant qui jouit d’une notoriété solide, d’une honnêteté et d’une
rectitude morale.
Les notaires informels jouent ainsi d’intermédiaires entre les migrants, les réseaux et les
institutions. Ils permettent parfois de débloquer quelques problèmes administratifs.
2. Quelques éléments sur la diaspora chinoise
Cette diaspora concerne toute la planète.
Elle dispose cependant de quelques points d’appui :
l’Asie du Sud-Est, essentiellement liée à la Chine par la proximité géographique et des
migrations historiques ;
le continent américain, surtout dans un premier temps la façade pacifique, et notamment
celle des Etats-Unis ;
l’Europe occidentale (France et Royaume-Uni) ;
la Russie ;
l’Afrique du Sud et les îles de l’Océan Indien, également liés par des migrations anciennes ;
on constate cependant une affirmation récente des Chinois en Afrique, lié au renforcement de
la présence chinoise dans l’investissement dans l’économie africaine.
La diaspora chinoise concerne 30 millions de personnes.
Les Chinois offrent une grande ouverture sur l’économie locale et un effort certain pour
pénétrer les marchés locaux.
Par exemple, on peut citer les magasins de gros et de semi-gros qui investissent des quartiers
comme Bastille et Belleville à Paris. Ainsi, les Maghrébins semblent céder la place aux
entrepreneurs chinois.
Entre 50 et 75% de la population active chinoise à Paris travaille dans des entreprises
chinoises.
Cette réalité souligne le fait que les migrants génèrent des richesses et qu’ils créent des
emplois pour les autres migrants.
Parfois, les migrants prennent le contrôle de l’économie locale ; c’est le cas à la place d’Italie
à Paris.
C’est encore plus vrai en Asie du Sud-Est où la diaspora chinoise possède entre 50% et 80%
du capital privé national.
On constate également un investissement en retour en Chine, avec pour corollaire la
dynamisation économique de la Chine littorale.
Les Hui sont au coeur du dispositif des relations au sein de la diaspora. Il s’agit d’associations
de crédits fondées sur les réseaux familiaux et sociaux de type communautaire. Elles servent
de caisse d’emprunt pour fonder des entreprises qui fonctionnent également en réseaux. Il y a
ainsi une circulation de savoirs, d’hommes et de capitaux entre ces entreprises.
On assiste parallèlement à une mise en contact des réseaux des villes chinoises avec des
métropoles asiatiques.
L’espace réticulaire est animé par une élite d’entrepreneurs, d’universitaires formés dans les
grandes écoles occidentales. Cette élite circule entre les points d’ancrage de la diaspora.
On retrouve également l’éthique de la parole à travers la figure du "tonton" ou du "papa". Il
s’agit d’une appellation d’origine affective. Celà révèle une conception familiale de
l’organisation sociale.
Le rôle du "papa" ou "tonton" est orienté vers le développement économique et la stimulation
de la communauté.
Le point de départ des relations à l’égard de ce qui ressemble au "notaire informel" est le prêt
d’argent qui installe un rapport de dette morale. La relation à l’égard des "tontons" et "papas"
est fondée sur des obligations réciproques entre un patron et ses protégés.
III. Les Etats du Nord face aux « nouvelles » migrations
A. Existe-t-il une gouvernance mondiale des migrations ?
Il n’existe aucune institution spécialisée pour réguler les migrations au niveau international.
L’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) définit une politique générale des
migrations.
Le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR ou HCR dans l’espace
francophone) est une agence spécialisée de l’ONU. Il a pour but de protéger les réfugiés, de
trouver une solution durable à leurs problèmes et de veiller à l’application de la Convention
de Genève sur les réfugiés.
Le concept de migrations ordonnées associe deux types de mesures :
des mesures restrictives pour contrôler les flux migratoires et lutter contre l’immigration
clandestine ;
des mesures incitatives pour recruter de la main d’oeuvre qualifiée.
Les migrations ordonnées impliquent l’alignement des politiques nationales expérimentées
aux Etats-Unis, au Canada et en Australie.
Il s’agit d’un système de points permettant de sélectioner les candidats à l’immigration selon
plusieurs critères :
l’âge,
le niveau de diplôme et de qualification,
la maîtrise de l’anglais.
Ce système permet d’établir des catégories et de les hiérarchiser :
les hommes d’affaire et personnels hautement qualifiés ;
les enseignants, comptables et professions intermédiaires ;
les ouvriers peu qualifiés dans les secteurs en pénurie de main d’oeuvre (qui connaissent
une durée limitée fixée à l’avance et une interdiction de tout regroupement familial) ;
les artistes et sportifs de haut niveau ;
les étudiants.
La finalité est l’obtention d’un permis temporaire de travail.
Ce modèle inspère d’autres Etats occidentaux. Il rappelle en France le principe d’immigration
"choisie".
B. L’affirmation récente d’une gestion multilatérale des migrations
Elle implique pour l’UE la mise en place d’une politique européenne des migrations.
Elle est liée aux accords de Schengen de 1985 qui abolissent les frontières à l’intérieur de
l’espace des Etats ayant ratifié le traité.
L’objectif est de garantir la libre circulation des personnes au sein de l’Union Européenne.
Ces accords impliquent en contrepartie le renforcement des frontières extérieures de l’Union.
La lutte contre l’immigration clandestine se fait ainsi entre l’Union Européenne et les espaces
riverains de transit comme le Maroc, la Mauritanie et la Lybie.
Ces Etats bénéficient de contreparties en termes d’équipements, d’édification de centres
d’accueil pour les migrants. Des patrouilles mixtes assurant la surveillance des frontières.
Les accords de Dublin en 1990 sur les demandes d’asile renforcent les contrôles par un
système informatique commun et un système d’empreintes digitales. Sauf automutilation, il
devient ainsi de plus en plus difficile de changer d’identité.
Les accords de Dublin II durcissent les procédures en obligeant les demandeurs d’asile à faire
les démarches de demande d’asile uniquement dans le premier pays européen qu’ils
atteignent.
Ne devra-t-on pas par ailleurs prévoir à l’avenir une réouverture des frontières ?
La question se pose, notamment par le biais de la pénurie de main d’oeuvre dans certains
secteurs et le vieillissement de la population.
Koffy Anan avait d’ailleurs déclaré l’Europe "terre d’immigration".
En Allemagne, un système de quotas a été installé pour faire venir de la main d’oeuvre avec
une régularisation pour tous ceux qui ont un contrat de travail.
En Espagne et en Italie, des régularisations massives ont eu lieu en 2003 et 2005, ainsi sur la
signature de quelques accords bilatéraux avec des pays de l’Est pour faire venir de la main
d’oeuvre.
C. Effets des politiques migratoires actuelles sur les conditions de vie des migrants
1. L’émigration : un parcours de plus en plus difficile
Entre 10 et 50% des partants des pays africains vers les Canaries n’arrivent pas à destination.
Nous avons tous en tête les scènes de bateaux surchargés qui échouent.
2. Clandestinité et précarité : la dégradation des conditions de vie
Aux portes de l’Europe, il existe une grande précarité des conditions de vie pour les migrants.
Ils sont quelques fois soumis à l’arbitraire policière et ne bénéficient d’aucune protection
efficace.
En France, 80% des demandeurs d’asile étaient régularisés dans les années 1980 et seulement
20% aujourd’hui.
L’Office français de protection des réfugiés et apatrides ou OFPRA est en France un
établissement public chargé d’assurer l’application des conventions, accords ou arrangements
internationaux concernant la protection des réfugiés. Il est placé sous la tutelle du Ministère
des Affaires étrangères et a été créé par la loi du 25 juillet 1952 relative au droit d’asile.
Chargé d’accueillir les migrants, il est devenu progressivement un organisme de sélection des
étrangers.
Les demandeurs d’asile déboutés sont expulsés, c’est-à-dire invités à quitter le territoire
national ou expulsés de force par un système de contrôle renforcé. Ils sont sous rétention
administratives et expulsés s’ils obtiennent le laisser-passer indispensable de la part du pays
d’accueil. Ces laisser-passer sont souvent négociés sous la forme d’accords financiers avec les
pays d’origine. C’est le cas avec le Sénégal et la Roumanie.
Certains pays d’accueil refusent d’accorder des laisser-passer ; certaines personnes deviennent
ainsi ni régularisables ni expulsables.
IV. Conclusion
La mondialisation est l’affaire de tous : des FMN mais aussi des migrants qui construisent une
économie transnationale et planétaire.
Il existe un décalage entre les politiques migratoires et les formes populaires de
mondialisation.
Les Etats raisonnent en termes de territoire national alors que la réalité économique est
transnationale.
On ne peut plus penser les migrations en termes de transferts de population mais il faut
prendre en compte la mobilité accrue des hommes au sein des territoires circulatoires.
Chapitre 5 : Mondialisation et culture
05/04/2007 - suite
La mondialisation et la culture est un sujet à la fois banal et complexe.
Banal car tout le monde en parle. Coca Cola, Mac Donald et les films américains sont autant
de signes qui font dire qu’il y’a alignement des goûts et des comportements sur le modèle
américain. Ce processus d’uniformisation est-il réel ? Y’a-t-il une homogénéisation des
cultures et des mentalités ?
Complexe car ce sujet pose des problèmes de définition. Il existe au moins deux dimensions
de la mondialisation culturelle :
l’intégration des pratiques et biens culturels implique l’idée d’une marchandisation de la
culture ;
la circulation planétaire des biens culturels fait que l’on retrouve des produits partout : café,
soda, sucre...
Qu’est-ce également la culture ?
Warnier oppose la définition du ministère de la culture qui prend en compte le patrimoine et
la création à la définition plus englobante des ethnologues, c’est à dire "l’ensemble de ce qui
est appris par un individu en tant que membre d’une société donnée".
12/04/2007
A quoi sert la culture ?
Elle sert à s’identifier, construire sa personnalité.
Elle sert à vivre en société, montrer son adhésion à des communs afin de mieux se distinguer
d’autres groupes.
Elle contribue à l’ouverture d’esprit : de la culture dépend le rapport au monde : c’est-à-dire
comment le penser et agir dedans.
La culture se transmet par l’éducation. Il s’agit d’un processus long quelles que soient les
sociétés.
Elle se transmet par la tradition, qui désigne l’ensemble des processus d’apprentissage
culturel.
La culture n’est pas figée ; elle à chaque fois réinventée. La tradition est toujours inventée par
ceux qui la disent.
Les cultures observées sont souvent singulières, distinguées. Elles peuvent être propres à des
régions : c’est le cas de la corrida qui dispose d’une aire culturelle. Elles peuvent être propres
à certains groupes ethniques ; c’est le cas de la musique pygmée. Elles peuvent être propres à
certaines communautés dispersées comme la diaspora chinoise.
On constate une confrontation entre la circulation planétaire des biens culturels et les cultures
traditionnelles localisées.
Y’a t-il donc homogénéisation des cultures avec une importante influence anglo-saxonne ou
plutôt la multiplication des brassages qui augmenterait la diversité culturelle ?
I. La circulation planétaire des biens culturels
A. La révolution des transports et des communications
1. Le bouclage progressif du monde
Le bouclage progressif du monde est lié à la révolution des transports et des communications.
Il implique la formation d’aires d’échange économique et culturel à l’échelle continentale et la
circulation des biens à l’échelle de la planète.
On parle de révolution logistique.
2. Innovations dans le champ des médias
L’imprimerie se diffuse en Europe au cour du XVe siècle.
Elle connaît cependant un essor sans précédent au XIXe siècle avec l’industrialisation des
procédés d’imprimerie.
Le cinéma est inventé à la fin du XIXe siècle.
La première projection a lieu à Paris en 1895. Il existe à l’époque deux types de films que sont
les documentaires (frères Lumière) et les fictions (Melliès).
Puis Warner a inventé le cinéma parlant.
Les radios se sont développés au lendemain de la Première Guerre mondiale et la télévision
dans les années 1950 et 1960. Elle incarne encore le symbole de la société moderne de
consommation.
La révolution numérique, c’est-à-dire le remplacement de l’analogique par l’enregistrement
numérique a consacré la fin des premières industries du son et de la photo.
Cette révolution a été accompagnée par l’invention du multimédia qui combine image, son et
texte.
B. Naissance et développement de l’industrie culturelle
1. Définitions et caractéristiques de l’industrie culturelle
L’industrie culturelle est une expression récente inventée en Allemagne au XIXe siècle par
Adorno. Il la définissait comme "la reproduction en séries de biens culturels [qui met en péril
la création artistique".
Il y a ainsi un lien étroit en les techniques de fabrication en séries et les nouvelles productions
culturelles permises par les nouvelles technologies.
Il faut bien distinguer le contenu (Software) et le support (Hardware).
Concrètement, l’industrie du cinéma englobe l’ensemble des activités liées au cinéma.
L’industrie culturelle est la mise en oeuvre de techniques de production en séries qui évoluent
très rapidement (à cause des progrès technologiques).
Elle nécessite des besoins importants en investissements, en capitaux et implique une
organisation du travail profondément modifiée.
Elle évolue sur un modèle capitaliste où les créateurs sont assimilés à des salariés de
l’industrie culturelle et les création à des produits culturels.
Il s’agit d’une dynamique de marchandisation de la culture.
2. Branches d’activité
Le cinéma se distingue entre le cinéma grand public (produits d’ingénieur, marketing, scenarii
stéréotypés) qui dépasse les aires culturelles : on parle de cinéma mondial ; et le cinéma
national qui concerne un public averti.
Les disques et cassettes se distinguent entre des labels indépendants, des musiques
underground et des grands groupes, des labels de masse.
Les livres connaissent deux planètes de diffusion que sont les pays occidentaux d’un côté et
les pays asiatiques de l’autre.
Enfin, le multimédia connait une évolution rapide et des restructurations rapides contraintes
par un contexte fortement concurrentiel.
3. Restructurations en cours de l’industrie culturelle
Ces restructurations obéissent aux mêmes mécanismes que les autres secteurs de l’économie :
fusion, acquisition, etc.
Ces mécanismes visent à la concentration du capital.
Il n’existe que 130 groupes multimédias dans le monde.
Il y’a d’un côté les groupes spécialisés dans l’industrie culturelle (BBC...) et de l’autre les
groupes non spécialisés comme Vivendi. Pour ce dernier, celà s’explique par l’intérêt que
portait ce qui s’appelait à l’époque la Lyonnaise des Eaux à profiter de la distribution de
réseaux optiques en même temps que de la distribution de l’eau.
Ceci nous rappelle le lien très important entre le support et le service.
Ces groupes multimédias sont des FMN avec des capacités financières énormes et attentives
aux nouveautés, gages de réussite.
C. Quelques éléments sur la gouvernance de la mondialisation culturelle
Il existe quelques organismes internationaux chargés des affaires culturelles. C’est le cas de
l’UNESCO qui regroupe sous son égide l’éducation, les sciences sociales, le patrimoine
culturel et historique.
Cependant, les grandes régulations de l’industrie culturelle sont plutôt le fait des FMN et des
Etats.
Warnier a considéré la mondialisation de la culture comme "un vaste brassage culturel sous
l’emprise hégémonique des industries privées du triangle Amérique-Europe-Asie et encouragé
par les Etats".
Aussi, la culture n’a pas que des enjeux économiques. Elle a également des enjeux
géopolitiques (d’où l’implication des Etats). On peut par exemple citer la Francophonie.
Il existe également des enjeux de politique intérieure liés au contrôle de l’information et des
communications.
Mais aussi des enjeux sociaux avec la socialisation et l’encadrement des jeunes par exemple.
II. L’érosion des « cultures singulières »
A. Des réacions variées
1. Rester en dehors du système
Certaines sociétés cherchent à rester en dehors du système.
On peut citer à titre d’exemple les Amiches, des colons suisses allemands qui refusent le
progrès et tout apprentissage scientifique. Ils vivent en Amérique du Nord comme au XVIIIe
siècle.
Warnier évoque le cas de quelques tribus indiennes qui se sont mises à la marge du progrès,
comme les Mboros au Nigéria.
2. Résistances et affirmations identitaires
A partir du XIXe siècle, on constate une affirmation des régionalismes, notamment en France.
Celle-ci se fait sur la base des langues régionales et sur des études ethnographiques.
Beaucoup de traditions sont ainsi inventées sur la base d’un passé idéalisé ou réinventées.
C’est le cas de la tradition celtique et des cultes druidiques réinventés au XIXe siècle.
Ces formes de résistance identitaire ont pour corollaire une opposition aux logiques
d’acculturation liées à l’affirmation des Etats-Nations.
3. Une tendance générale : l’érosion des cultures singulières
La tendance la plus fréquente reste l’érosion des cultures-traditions.
Cette tendance à la baisse s’explique par la menace de disparition de certains peuples comme
les Aborigènes, certaines tribus amazoniennes comme les Akuntsus qui ne comptent plus que
6 personnes ou les Kanoes : 5 personnes.
Ces tribus ont été disséminées à cause d’épidémies ou à partir des années 1970 et 1980 à
cause des éleveurs et hommes de main des grands planteurs de soja au Brésil.
On constate également le déclin de certaines pratiques culturelles.
B. Les mécanismes de l’érosion : l’exemple des pays du « Sud »
1. L’expansion continue du capitalisme
Elle s’accompagne de la conquête de nouveaux territoires comme l’ouverture de fronts
pionniers au Brésil au détriment des populations indiennes.
Des exploitants de minéraux comme le diamant expulsent des populations pour pouvoir ouvrir
des mines comme en Afrique du Sud ou au Bostwana.
2. La diffusion de la « culture matérielle » occidentale
Le spectacle de la télévision remplace les modes de convivialité plus anciens. La télévision
contribue à la formation de nouvelles références identitaires.
Par exemple, les milices armées de Brazzaville s’identifient aux Ninjas et aux Cobras.
Des cultures comme le Rap ou le Reggae influencent considérablement les formes artistiques
mais aussi les comportements.
III. Les mécanismes et processus du métissage culturel
Uniformisation ou diversification ? On constate malgré toutes les observations dominantes
une réelle créativité issue des métissages...
A. Les rites afro-brésiliens
Le Brésil est un pays-creuset.
Cet Etat regroupe des autochtones et des acteurs extérieurs venus d’Europe et d’Afrique (de
l’ancienne côte des esclaves : Angola, Zaïre)
Il existe deux pôles religieux liés à ces provenances.
On constate ainsi un pôle européen et spiritiste et un pôle africain et condomblé. Le
condomblé est une religion qui reconnait plusieurs esprits : les Orishas.
Entre ces deux pôles existe toute une série de pratiques et de cultes intermédiaires.
La première interaction est le détournement des cérémonies catholiques qui se transforment
en culte à des esprits où est réaffirmée l’organisation africaine de la société.
On ne parle pas de clivage entre identités et pratiques religieuses mais de combinaisons.
Le carnaval de Baia par exemple, est précédé de fêtes dédiés aux saints catholiques et aux
esprits.
Le deuxième jeudi de l’année est marqué par l’honoration de Jésus, Seigneur de bonne fin
mais aussi d’Oxala, le père de tous les Orishas.
Le 2 février, on honore Marie la mère du Christ et Yemandja, la déesses des eaux salées et la
mère de tous les Orishas.
La correspondance et très nette.
Lors de la commémoration de Jésus et d’Oxala, on assiste à une grande procession à l’Eglise.
Ce sont les adepts du condomblé qui lavent le parvis de l’église avec des eaux parfumés, ce
qui équivaut à un rite de purification.
On assiste clairement à une combinaison des divinités et des pratiques culturelles.
B. L’invention de la tradition africaine
Jusqu’aux années 1960, le condomblé est dévalorisé au profit des cultures européennes.
Il est revalorisé suit à des travaux d’ethnologues qui font le lien entre l’Afrique et le Brésil.
Pierre Berger et Bastide sont même devenus des dignitaires du condomblé.
IV. Conclusion
Quelles sont les relations entre mondialisation et culture ?
Plusieurs dynamiques se dégagent :
forces propices à l’homogénéisation culturelle liée au développement du capitalisme ;
multiples "bricolages" opérés par les sociétés locales au contact de la mondialisation et qui
participent d’un mouvement de diversification culturelle.
Soit l’on a une lecture globale qui insiste sur l’uniformisation (cf. le choc des civilisations),
soit l’on a une lecture locale qui souligne la créativité et la force des processus de métissage.
Claude Lévi-Strauss affirme de son côté qu’il y aura toujours un maximum de diversité à
l’échelle de la planète car les hommes ont fondamentalement besoin de se distinguer les uns
des autres...
Téléchargement