
 
Maïmonide partagera avec bien d’autres les concepts ontologiques d’Avicenne (X° siècle) 
et la rigueur démonstrative mise au point par Aristote (IV° av. J.C.), en affirmant qu’il ne faut 
point mélanger deux types de connaissance : celle des prophètes et celle des philosophes ! Il 
s’agit donc déjà, à cette époque, d’une réflexion relevant de deux usages de la vie apparemment 
irréductibles l’un à l’autre : la tension entre la foi en l’intellect, d’une part, et l’amour de la Loi, 
d’autre  part ;  un  double  postulat  vers  la  solitude  philosophique  et  vers  l’existence 
communautaire…  
 
Du point de vue de la religion, ce que les humanistes de la Renaissance, tels Pic de la 
Mirandole en Italie au XV° siècle, Erasme en Hollande au XVI°, etc., ont retenu de ce pèlerinage 
aux sources, c’est que la  philosophie platonicienne ou  stoïcienne  (Zénon, au III° av. J.C. puis 
Epictète et Sénèque, 50 ap. J.C.) est une propédeutique à la philosophie chrétienne et que la 
fréquentation des grands auteurs, tels que Platon (IV° av. J.C.) ou Cicéron (50 av. J.C.),  peut 
avoir une finalité éthico religieuse et que le monde de la culture est « Un ». De même, Bérulle 
(en France, au XVI°), s’opposant à la dévotion, préparera ainsi la voie à Pascal  (fameuse nuit 
mystique du 23 Novembre 1654 !) dans une spiritualité héritée de Saint Augustin (III°-IV° ap. 
J.C.). 
 
Sur le plan politique, le pacifisme, l’esprit d’œcuménisme et parfois de cosmopolitisme, 
l’amour  du  peuple  et  la  volonté  d’équilibre  et  d’harmonie  entre  les  pouvoirs,  sont  des  traits 
communs à tous les humanistes du XV° et XVI° siècle. Ils sont alors volontiers réformateurs 
(More,  Rabelais) :  le  sens  de  l’histoire  et  de  la  continuité  du  destin  de  l’humanité  leur  fait 
préférer une réforme intérieure à un renversement brutal des institutions sociales, car ils restent 
persuadés du triomphe nécessaire de l’esprit. 
 
  Au XVIII° siècle (1765), il s’agit d’un mouvement caractérisé par un effort pour relever 
la dignité de l’esprit humain et le mettre en valeur en rénovant la culture Antique. L’humanisme 
oppose donc au formalisme scolastique (enseignement théologique du XI° au XVII°) une culture 
plus vivante, un ensemble d’études plus humaines. Par lui, se répand le meilleur de la sagesse 
Antique. Fort de la philosophie païenne, il aide à secouer le joug de la théologie et révèle le 
monde des idées pures… A l’esprit de soumission il substitue l’esprit d’examen, le goût de la 
recherche  critique.  De  là  un  vaste  effort  de  rénovation  spirituelle  et  esthétique  (Javinski : 
Histoire de la littérature française). En  fait,  l’humanisme  est  simplement  le  fait  de  se  rendre 
compte que le problème philosophique concerne des êtres humains s’efforçant de comprendre un 
monde d’expériences humaines avec les ressources de l’esprit humain (Schiller).